C’est un
témoignage dont il faudra se souvenir et auquel il faut accorder la plus grande
publicité. Les
média ont probablement été l’un des premiers secteurs économiques bouleversé
(on dit « disrupté » dans la novlangue oligolibérale). Résultat,
aujourd’hui, le secteur est racheté par des milliardaires à l’agenda trouble, comme
le montre aujourd’hui le cas du Canal Plus de Bolloré.
L’information,
façon Pravda
Le
journaliste a notamment évoqué la censure d’un sujet sur le Togo fin 2017,
évoquant des manifestations contre le dictateur et affirme que Canal « a
fait diffuser à l’antenne un publi-reportage pour nous expliquer que le Togo
est un modèle de stabilité politique ». Ce faisant, il démontre
que les milliardaires qui rachètent des média ne le font peut-être pas
tellement pour l’argent, la rentabilité du secteur n’étant pas très élevée,
mais bien davantage pour contrôler ce qui est dit et servir leurs intérêts. Un
nouveau précédent qui s’ajoute à ceux de LVMH et la presse économique, d’Aude Lancelin et de la
direction de l’Obs, ou d’Hervé
Kempf, qui a
fondé Reporterre après avoir quitté le Monde…
Ces rachats
tendent trop souvent à uniformiser et aseptiser un monde médiatique, qui
souffre déjà d’une trop grande uniformité de vue libérale-libertaire, même
si cela s’explique en partie par le sort économique qui lui a été dévolu depuis
la révolution numérique, qui a fortement fragilisé le modèle économique des
média. Heureusement, subsistent quelques
ilôts d’ouverture aux idées alternatives, de
Polony TV, à Frédéric Taddéi, en passant par France Culture ou Elise Lucet.
Mais le moins que l’on puisse dire est que tous ces investissements de
milliardaires dans les média n’apportent jamais un plus au débat public,
nourrissant au contraire son aseptisation et les conflits d’intérêt.
Même
si Canal Plus n’a pas toujours, loin de là, été un exemple d’ouverture au
débat, prêchant trop souvent comme un ayatollah sa pensée oligolibérale, le
virage pris avec Vincent Bolloré contribue à appauvrir plus encore un espace
médiatique qui n’en n’avait pas besoin. Cela rappelle que la question du statut
des média devrait être posée politiquement, comme l’avait fait François Bayrou
un temps.
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