Par Rodolphe DUMOUCH, enseignant de biologie-géologie
et géographe ruraliste.
Le conservatisme néolibéral : faire une société
plus propre à défaut d’une plus juste
Ce conservatisme éclate en pleine lumière quand, dans
certaines villes de gauche, s’applique avec le moins de discernement les
règlements municipaux, avec un côté «faire la discipline dans la rue »,
qui caractérise habituellement l'idéal médiocre de la droite bête à la Robert
Ménard. Ainsi, à Charleville-Mézières, l’ancienne mairie de gauche a été
renversée par les électeurs notamment à cause du caractère infernal que prenait
la circulation, avec le stationnement payant qui remontait les rues chaque
année comme la gangrène remonte une jambe. Il y avait aussi les verbalisations
faites à la sortie des écoles, au moment où les parents venaient rechercher
leurs enfants Le nouveau maire, Boris Ravignon (LR), a assoupli largement les
conditions de stationnements. Cette dégénérescence de la gauche vers le
formalisme, l’obsession règlementaire et disciplinaire – à laquelle on pourrait
ajouter de nombreux autres exemples – procède d’une perte profonde de ses
idéaux. Ayant renoncé à faire une société plus juste, elle désire désormais en
faire une plus propre. Une société sans crottes de chiens, sans linge aux
fenêtres, sans fumée dans les bars, sans gros mots sur Internet et où les
bagnoles sont bien garées au carré : autant d’idéaux enthousiasmants,
progressistes et capables de mobiliser massivement la jeunesse…