Billet invité de L'Oeil de Brutus
Dédé a derrière lui toute vie de droiture. Il a durement
travaillé et ne doit rien à personne. Bien qu'il ne le regrette absolument pas,
un seul choix de vie lui laisse un goût d'amertume. Ce fut lorsqu'il annonça à
son père qu'il ne reprendrait pas l'exploitation agricole familiale. Une vie
complète asservie à la terre et aux bêtes pour gagner trois fois rien voire
pour finir par se pendre au fond d'une grange, très peu pour lui. Et
d'ailleurs, quand il regarde ce que sont devenus ses copains d'enfance qui ont
essayé, souvent en vain, de vivre de leur ferme, il se dit qu'il a bien eu
raison. Mais la dispute avec son père fut violente et cassa quelque chose pour
toujours dans leur relation. Le vieux n'admettait pas que ces terres qui se
transmettaient de père en fils depuis quatre générations partent à vau-l’eau.
Lorsque deux ans plus tard Dédé obtint son bac C et une admission en BTS, il
put lire une grande fierté dans les yeux de son père, lui qui avait arrêté
l'école à 16 ans. Mais le vieux ne lui dit rien. Quelque chose était brisée.
Aussi, lorsque la nouvelle boîte de Dédé fut restructurée
alors qu'Amélie venait tout juste, enfin, de signer un CDI, il s'est dit qu'il
était hors de question de retomber dans la galère. Il accepta donc un poste à
40 kilomètres de chez lui et ferait donc la route tous les jours. Et il la fait
toujours.
Il la fait le nez sur le compteur pour ne pas se faire
flasher. Parce qu'une prune de 45 euros et c'est le budget viande du mois qui
part en fumée. Il a fait le calcul : avec la nouvelle limitation à 80
kilomètre/heures, cela lui fait désormais 15 minutes de plus par jour sur les
routes. 1H15 par semaine, 5 heures par mois. Il y avait bien une ligne de train
qui lui aurait permis de raccourcir son temps de voiture, mais elle a été
fermée il y a bien longtemps.
Avec la poste de son village qui a elle aussi fermé, cela
lui fait aussi 10 kilomètres supplémentaires à faire pour aller chercher le
moindre colis. Idem pour les courses, le toubib et le dentiste (lorsque ses
fins de mois lui permettent d'y aller). Et ne parlons même pas des spécialistes
: Dédé et Amélie ne savent plus ce que c'est.
Chez eux, les fins de mois sont difficiles. Bien que leurs revenus
ne soient pas très hauts, depuis qu'ils n'ont plus les enfants à charge
fiscalement, ils passent un mois et demi de salaire en impôts sur le revenu.
Lorsque Dédé voit certains qui gagnent bien plus que lui être non imposables en
profitant des niches fiscales, il est écœuré. L'exemple le plus flagrant est un
cousin éloigné qui a fait un bel héritage et a tout placé en rentes dans des
niches. Il gagne mieux que lui, paye moins d'impôts tout en restant à la
maison. Alors quand Macron a annoncé sa "flat tax" sur les revenus du
capital et la suppression de l'ISF, Dédé a eu un haut le cœur. Car en plus des
impôts sur le revenu, la taxe foncière du petit pavillon qu'il a acheté à
crédit ne cesse d'augmenter. Quand il regarde sa facture d'électricité, Dédé ne
comprend pas. Il paraît qu'il faut arrêter le fuel et le gasoil, mais sa
facture n'arrête pas d'augmenter, même en chauffant au strict minimum son petit
pavillon. Et quand il regarde le détail de sa facture, il voit des taxes
partout.
Non, Dédé ne comprend pas. Il ne comprend pas tous les
cadeaux qui sont faits, des dizaines de milliards, aux grosses boîtes qui
suppriment des emplois. Il ne comprend pas les dizaines de millions que gagnent
les grands patrons. Il ne comprend pas tout ce fric qui va sa cacher dans les
paradis fiscaux. Il ne comprend pas qu'un ancien ministre qui a caché des
centaines de milliers d'euros, mentit au président, aux représentants du peuple
et à tous les Français, que cet ancien ministre condamné à de la prison soit
exonéré de peine. Il ne comprend pas qu'on lui ressasse depuis vingt ans qu'il
faut être plus compétitif, qu'il faut se serrer la ceinture. Que l'Europe le
protège. Ah, l'Europe, quelle belle escroquerie ! En 2005, il avait bien essayé
de lire le projet de traité constitutionnel. Mais le verbiage des technocrates,
très peu pour lui. Et puis on lui avait déjà promis qu'avec Maastricht et
l'euro, tout irait mieux. En fait, tout a été pire. Et la deuxième fois qu'il a
perdu son boulot, c'est quand son usine est partie en Slovaquie. Alors, Dédé
avait voté non. Quand quatre ans plus tard, le traité de Lisbonne est passé en
douce, Dédé s'est dit que les politicards se foutaient vraiment bien de sa
gueule. Depuis, Dédé ne vote plus.
Sa vieille Clio, il craint qu'elle ne passe pas le nouveau
contrôle technique. Si c'est le cas, il ne sait pas comment il fera pour aller
travailler. Il n'a jamais acheté de voiture neuve de sa vie et ce n'est pas
avec le bonus de 4000 euros du gouvernement qu'il peut se le permettre. Et puis
de toute façon à quoi ça sert ? Aussi bien dans 2 ans, dans 3 ans, dans 4 ans,
on sortira une nouvelle norme ou un nouvel impôt qui l'empêchera d'utiliser une
nouvelle voiture.
Alors ce soir, après le boulot, comme hier soir et comme
demain soir, Dédé mettra son gilet jaune et ira rejoindre quelques copains sur
un rond-point. Bien sûr, il n'approuve pas les casseurs et tous ceux qui font
n'importe quoi. Les tags sur l'acte de triomphe, ça l’a fait gerber. Mais ce
qui le fait encore plus gerber, c'est le mépris et l'arrogance de ces bobos
parisiens pour les Français qui roulent au gazole et fument des clopes, pour
ceux qui n'ont pas les moyens de se payer un costard, pour ceux qui ne trouvent
pas un boulot juste en traversant la rue, pour ceux qui ne sont rien, pour les sans-dents. Oui, Dédé en a vraiment plein le
cul de tout cela.
Au fond, Dédé ne demande rien. Juste qu'on lui foute paix et
qu'on laisse vivre sa vie dignement.
Ce portrait ne définit qu'une partie des GJ dont les revendications sont très disparates. Une chose est sûre c'est l'aspect meurtrier de la riposte de l'état avec le LBD 40 et la grenade GLI-F4 utilisés nulle ailleurs en Europe, d'où des morts et des mutilés à vie, ça c'est particulièrement écœurant.
RépondreSupprimerEt ça, c'est pas l'UE qui le demande.
SupprimerCe n'est pas l'UE qui le demande, mais l'UE, ce parangon de toutes les vertus politiques, censé nous protéger contre les horreurs de l'abominable lèpre nationaliste qui rappelle les heures les plus sombres de notre histoire, ne l'empêche pas non plus, parce que cette répression se fait largement au nom d'intérêts qui lui sont liés.
SupprimerLa baisse de l'ISF après laquelle gueulent les GJ, c'est l'UE ? Non plus. La privatisation des autoroutes ? Non plus. A force de raconter des âneries, vous passerez pour des ânes auprès des GJ qui n'en peuvent plus de supporter vos mensonges parmi ceux de Macron.
SupprimerVous ne faites que récupérer un mouvement social pour vendre votre propagande de guignol.
OK. Mon piège à troll est opérationnel. Il a mordu à l'appât. J'étais sûr que ça marcherait.
SupprimerLa privatisation des autoroutes, aucun rapport avec l'UE ? Bien sûr que si. Cette mesure été vendue en par Bercy à Dominique de Villepin comme une recette miracle pour faire baisser la dette (c'est Raffarin qui le dit : "Quand j’ai quitté Matignon, Bercy est arrivé pour prendre sa revanche et pour vendre au Premier ministre de l’époque cette idée sublime qui était de privatiser les autoroutes", voir https://www.franceinter.fr/societe/la-tres-rentable-privatisation-des-societes-d-autoroutes). Il faut avoir de la merde dans les yeux pour ne voir aucun lien entre cette obsession à laquelle on sacrifie tout et le Pacte de stabilité et de croissance.
Supprimer"Cette mesure été vendue en par Bercy" : je voulais écrire "Cette mesure a été vendue en 2005 par Bercy" (Raffarin quitte Matignon fin mai 2005, après l'échec du oui au référendum sur le projet de constitution européenne).
Supprimer""Quand j’ai quitté Matignon, Bercy est arrivé pour prendre sa revanche et pour vendre au Premier ministre de l’époque cette idée sublime qui était de privatiser les autoroutes""
SupprimerEt en quoi l'UE intervient dans cette histoire ? Faut avoir de la merde dans la bouche pour raconter de telles conneries.
"OK. Mon piège à troll est opérationnel. Il a mordu à l'appât. J'étais sûr que ça marcherait."
Pauvre con d'âge mental de 4 ans, tu vois pas que c'est toi le gros troll. Tu crois que les GJ sont des cons qui vont se faire embrigader par des nazes grotesques et irresponsables de ton genre ? Prank clown !
En quoi l'UE intervient ? J'avais répondu très clairement à la fin de mon post, mais tu as, comme je l'avais supposé, de la merde dans les yeux (elle doit te couler du cerveau, en fait), comme l'habitude de ne citer que ce qui t'arrange : l'obsession de réduire la dette publique quitte à lui sacrifier toute autre considération découle directement Pacte de stabilité et de croissance...
SupprimerEt ce n'est pas qu'un problème français. On en a l'illustration avec le scandale que provoque à Bruxelles la prétention du gouvernement Salvini d'engager plus de 80 milliards d'Euros dans un plan de rénovation des infrastructures routières à la suite du désastre de Gênes. Or, l'UE est directement impliquée dans la catastrophe, pour avoir poussé à privatiser la gestion des autoroutes italiennes, autoroutes dont les péages ont augmenté de 44 % en dix ans pour le plus grand profit d'Autostrade per Italia (qui paie des impôts ridiculement bas au Luxembourg...), sans aucune contrepartie quant à la qualité de service ou à la sécurité (https://scenarieconomici.it/crollo-ponte-morandi-i-vincoli-europei-centrano-e-come-di-paolo-becchi-e-giuseppe-palma/). Et la preuve du lien entre privatisations et pressions bruxelloises est bien illustrée encore par l'obligation dans laquelle s'est trouvée récemment le gouvernement italien de promettre la vente de 18 milliards d'Euros d'actifs pour rassurer la Commission européenne sur son budget 2019 (http://www.lefigaro.fr/conjoncture/2018/11/14/20002-20181114ARTFIG00320-budget-l-italie-promet-des-privatisations-massives-a-bruxelles.php).
Pour ce qui est des gilets jaunes, ne fais pas semblant d'être leur porte-parole, en ne prenant en compte que les revendications qui collent à tes thèses. Voilà qui ne trompera personne.
C'est bien toi le troll : "âneries", "ânes", "propagande de guignol"... Dès ton deuxième message ! Tu as fait le choix de qualifier ainsi des idées qui te déplaisent, avant que qui que ce soit t'ait attaqué ou qualifié de manière péjorative tes propos. Tu n'attends pas d'être attaqué pour te défendre. Chez toi l'insulte est immédiate et spontanée, parce que quiconque est en désaccord avec toi ne peut être qu'un con ou une ordure. Par contre, dès que l'on te répond du tac au tac, tu t'insurges. Ben voyons ! Lâche, stupide et hypocrite tu es ; lâche, stupide et hypocrite tu resteras. C'est toi l'ordure.
"l'obsession de réduire la dette publique quitte à lui sacrifier toute autre considération découle directement Pacte de stabilité et de croissance"
SupprimerEt alors, ça n'a rien avoir avec une obligation de privatiser les autoroutes qui si elles avaient été conservées auraient contribué bien mieux aux finances publiques.
La preuve, c'est que de nombreux pays de l'UE n'ont pas privatisé les autoroutes qui y sont moins chères qu'en France, voire même gratuites.
Donc ? La merde qui te tient lieu de cervelle elle répond quoi à ça ?
Aucune revendication des GJ ne revendique une sortie de l'UE ou l'Euro, à tel point qu'Herblay veut les convaincre dans un de ses derniers.
Comment veux tu qu'un crétin tout pourri comme toi puisse convaincre les GJ, personne n'en veux de tes fakes solutions à la gomme, t'es qu'un pauvre débile qui s'auto illusionne, faut que t'arrête les drogues, ça te rend encore plus con qu'au naturel.
Les privatisations sont une réponse directe aux exigences des GOPÉ de l'UE (sous la formulation suivante : « utiliser les recettes exceptionnelles pour accélérer la réduction du ratio d’endettement public »). On l'a vu en France, on l'a vu en Italie. Dans un autre contexte, avec une pression encore plus forte, on l'a constaté aussi en Grèce, qui a dû privatiser ses ports, ses autoroutes, ses aéroports, son énergie. Des pays n'ont pas utilisé cette possibilité ? Et alors ? Cela prouve qu'ils avaient déjà vendu leurs bijoux de famille ou utilisé d'autres recettes, ou étaient moins exposés au problème de la dette publique. En aucun cas cela n'apporte la preuve qu'une politique alternative était durablement possible dans le cadre du carcan budgétaire imposé par l'UE (on l'a vu au Portugal, qui a défié l'austérité un temps, avant de finalement rentrer dans le rang), ni n'exonère le système européen de sa responsabilité dans la mise en oeuvre des privatisations dans les pays qui ont dû y recourir. Tu peux mettre en cause la sottise des élites françaises si ça te chante. Sauf qu'elles n'émargent pas massivement à l'UPR ou à DLF...
SupprimerJe ne t'ai pas attendu pour lire sous la plume de journaleux incompétents que les GOPÉ ne sont que des lignes directrices, sujettes à discussions et accommodements, ou que la France a obtenu à plusieurs reprises un délai de la Commission européenne pour ne pas les respecter (https://www.lemonde.fr/les-decodeurs/article/2017/04/07/presidentielle-le-festival-d-intox-des-candidats-sur-l-europe-lors-du-grand-debat_5107575_4355770.html). Ce ne sont pourtant que des services rendus à des copains qui communient dans la même vision du monde que les technocrates bruxellois. Dès lors qu'un dirigeant prétend faire bande à part et s'affranchir des règles communes, la même bande de potes crie haro sur le baudet. Si nécessaire, on saura le faire remplacer par quelqu'un qui appliquera à la lettre les consignes, comme ce fut le cas pour la succession de Berlusconi en novembre 2011. Le Monde a formulé les choses à cette occasion avec une franchise d'une brutalité sans aucun doute involontaire : "Samedi après-midi, la Chambre des députés avait définitivement adopté à une large majorité (380 pour, 26 contre) les mesures d'austérité promises à l'Union européenne pour réduire la dette et relancer la croissance, ouvrant la voie à la démission de Silvio Berlusconi. [...] L'enveloppe de mesures promises à l'UE, baptisée loi de stabilité financière, porte notamment sur des cessions d'actifs publics, les retraites, les libéralisations, la simplification des procédures administratives ou les incitations à l'embauche." (https://www.lemonde.fr/europe/article/2011/11/12/l-italie-adopte-l-austerite-berlusconi-va-bientot-demissionner_1603030_3214.html).
Il suffit de voir le contraste sidérant entre l'attitude d'un Moscovici dès qu'il s'agit de commenter les prévisions de déficit du gouvernement Salvini (https://www.lesechos.fr/monde/europe/0600188246773-pierre-moscovici-les-derapages-italiens-sont-considerables-2223595.php) et son empressement à se montrer conciliant lorsque les anticipations pessimistes viennent plutôt du côté français. On qualifie aussitôt les dépenses françaises d'"indispensables", pour juste concéder que les dépassements devront rester limités dans leur ampleur et dans le temps. Mais les dépassements italiens, limités pourtant à l'objectif de 2,4 % du PIB pour 2019, pourquoi seraient-ils moins "indispensables ?". Parce que ce sont de méchants populistes ?
Juste en passant : évite de parler de "preuves" quand tu prétends argumenter avec moi. Tu n'as aucune idée de ce qu'est une preuve.
"Des pays n'ont pas utilisé cette possibilité ? Et alors ? Cela prouve qu'ils avaient déjà vendu leurs bijoux de famille ou utilisé d'autres recettes"
SupprimerDes preuves ?
La France aurait précisément perçu plus de recettes en conservant ses autoroutes publiques.
Et comparer la situation de la France à la Grèce est juste totalement stupide.
Je n'ai pas besoin de prouver que l'Allemagne, le Danemark, ou les Pays-bas n'avaient pas besoin, vu leur niveau d'endettement et leurs ressources, de vendre leurs bijoux de famille dans le cas d'un plan massif de privatisations. La France et la Grèce n'ont certes pas été soumises à un même niveau de pression. C'est la seule différence pourtant. Le discours idéologique tenu par l'UE sur les bienfaits attendus des privatisations a été le même. Et, en France, comme en Grèce, on a trouvé des élites nationales pour y adhérer. Ces privatisations étaient une erreur ? Certainement. Et ceux qui le percevaient en Grèce, en France, au Portugal ou ailleurs auraient pu mieux se faire entendre pour le signaler dans un cadre national réellement souverain.
SupprimerTu peux te tortiller dans tous les sens pour exonérer l'UE de sa responsabilité et affecter d'ignorer que ses membres agissent dans un cadre surdéterminés par des consignes et réglementations d'origine européenne, cela n'y change rien. L'UE n'a pas inventé l'idéologie libérale qui pousse aux privatisations mais elle a très puissamment contribué à sa dynamique en Europe depuis plusieurs décennies.
Je n’ai jamais écrit que des pressions irrésistibles de la Commission européenne étaient à l’origine de tous les plans de privatisations et suffisaient à en expliquer toutes les modalités. Mais le fait que les politiques aient pu varier selon les pays européens ne constitue en rien la preuve, contrairement à ton raisonnement primaire, de l’existence d’une autonomie réellement significative des États. Ce n’est pas parce que TOUT ne peut s’expliquer par le rôle de l’UE que ce rôle peut être compté pour RIEN.
Les études antérieure à la crise de 2008, sans mettre en évidence une stratégie de contrainte de l'UE, signalaient déjà que les privatisations avaient constitué un moyen pour les membres de l'UE de répondre à des nécessités fiscales, comme de faciliter le processus d'intégration économique et réglementaire auquel ils étaient très fortement incités par la législation européenne (https://www.researchgate.net/publication/316270426_Privatisation_in_the_European_Union, ou encore https://www.cairn.info/revue-regards-croises-sur-l-economie-2007-2-page-90.htm).
Par la suite, dans un contexte de crise, certains pays ont privatisé le couteau sous la gorge (les pays d'Europe du Sud), avec des conséquences souvent déplorables dont les institutions européennes autant que les acteurs nationaux complices doivent assumer la responsabilité. Les autres se sont engagés dans des programmes de privatisations d'ampleur variable auxquels ils étaient très fortement incités. Auraient-ils pu refuser ? En théorie, oui. Cela aurait impliqué pour beaucoup de chercher d'autres solutions pour réduire leur dette publique, ce qu'ils n'ont su faire. Il leur aurait peut-être aussi fallu se libérer de l’idéologie libérale qui présentait les privatisations comme une panacée. De ce point de vue, il n’y avait pas de divergence de vue entre les élites dirigeantes nationales et les technocrates bruxellois. Si l'UE n'a pas exercé de contraintes sur tous les pays concernés, elle a en définitive partout poussé à la privatisation. L'association de la pression de la Commission européenne en faveur de la privatisation et de considérations fiscales certes propres à chaque pays, mais elles-mêmes fortement influencées par les exigences européennes, explique ainsi la dynamique de privatisation dans le secteur autoroutier, selon Daniel Albalate, The Privatisation and Nationalisation of European Roads: Success and Failure in Public-Private Partnerships (2014).
Je poursuis le post précédent.
SupprimerIl ne suffit pas de constater l'absence éventuelle de contrainte directe dans les processus de privatisations de la part des institutions européennes, parce que leur influence a pu jouer indirectement. Lors d'un débat sur le thème "Libéralisations et privatisations : profitent-elles aux citoyens et à la collectivité ?", Thomas Abel, directeur de la gestion des eaux dans le Verband kommunaler Unternehmen berlinois a consenti à l’argument que les directives de l'UE ne contraignaient personne. "Il constate qu’il resterait possible, au niveau communal, de fournir soi-même le service ou alors de faire appel au marché. [...] Néanmoins, le simple fait que la proposition ouvre et règlemente cette dernière possibilité pourrait avoir une force de déstabilisation d’un système qui fonctionne." (http://www.europaforum.public.lu/fr/actualites/2013/06/privatisations-europaforum-conf/index.html).
Dans le cas de pays réellement contraints, comme la Grèce, à s'engager dans un processus de privatisation, la rationalité économique invoquée initialement par les instances européennes s'est trouvée battue en brèche par les résultats observables quelques années plus tard. En 2016, la vente des actifs publics grecs, effectué en pleine récession, n’avait rapporté qu’une faible portion de ce qui en était espéré cinq ans auparavant ; seuls les meilleurs actifs avaient trouvé à se vendre, laissant les autres à la charge du contribuable grec (cas de figure des aéroports, dont seuls les plus profitables ont trouvé preneurs). Il a été démontré, par une enquête portant sur six pays de l'UE, que les privatisations n'avaient en rien amélioré l'efficacité économique, en promouvant un modèle de compétition fondé sur la réduction des coûts salariaux, plutôt que sur l'amélioration de la qualité et l'innovation. Les coûts pour le public se sont trouvés notablement augmentés, sans amélioration sensible du service rendu. L'inanité de l'argumentaire de la Commission européenne en faveur du privé apparaît aussi assez clairement lorsqu'on constate que nombre d'actifs publics censés être "privatisés" ont été achetés par des entreprises contrôlée partiellement ou intégralement par des institutions publiques ou des États étrangers (sur l’ensemble de ces questions, voir https://www.opendemocracy.net/can-europe-make-it/nick-buxton-sol-trumbo-vila/winners-and-losers-in-eu-s-great-privatisation-fire-sale, ainsi que https://www.boeckler.de/pdf/wsi_pj_piq_policy_paper_2.pdf).
En résumé, si les responsables nationaux auraient pu certainement mieux jouer leur partie dans les processus de privatisation, ils ont été invités fortement par la Commission européenne, sinon contraints dans certains cas, à s'y engager, à la fois sur la base de biais idéologiques (la croyance dans les vertus magiques du libéralisme) et de calculs erronés : les réponses de la Commission européennes aux inquiétudes de la société civile quant aux effets pervers des programmes de privatisations imposés aux pays d'Europe du Sud sont à cet égard éclairantes (voir par exemple https://www.tni.org/es/node/14461#sept26).
C'est un détail, mais dans l'article, à la fin du premier pragraphe, "quelque chose" est traité comme un féminin : "quelque chose était brisée". Or, "quelque chose" étant une locution pronominale indéfinie du genre neutre, on doit faire par défaut l'accord au masculin (on écrit par exemple "quelque chose de spécial", non "quelque chose de spéciale" : http://www.academie-francaise.fr/quelque-chose-de-speciale).
RépondreSupprimerJ'aurais dû écrire bien sûr "paragraphe", non "pragraphe"... Medice, cura te ipsum !
SupprimerMerci à L. Herblay de nous donner cette "tranche de vie" d'un Français moyen du début du XXIème siècle. Et ça risque de continuer, vu qu'il est presque impossible de poser la question de la cause de tout ça, l'euro et l'UE.
RépondreSupprimerDeux causes de dislocation du mariage et de destruction de la famille sont ici correctement pointées par Dédé :
RépondreSupprimer-le chômage (quand un homme perd son emploi le risque que sa femme demande le divorce dans les 2 ans qui suivent est multiplié par 3)
-l'injonction de mobilité.
Pole Emploi oblige le demandeur d'emploi à "élargir le cercle de ses recherches d'emploi" de plus en plus loin au fur et à mesure que le temps passe. S'il ne déménage pas il aura de très longs trajets à faire chaque jour et ne verra presque plus ses enfants quand même.
Si le couple déménage sa femme mettra une éternité avant de retrouver un emploi. C'est la raison pour laquelle un cadre supérieur en couple (il faut s'attendre à ce qu'il le soit quand on exige qu'il soit expérimenté) généralement avec un autre cadre supérieur refusera tout poste en rase campagne.
Ces couples se limitent aux grandes villes reliées entre elles par TGV.
Il y en a une 3ème, énorme, qu'on ne cite jamais c'est le barème du RSA.
https://www.net-iris.fr/indices-taux/social/34-revenu-solidarite-active-rsa-revenu-minimum-insertion-rmi
Dés le 1er enfant la mère de moins de 25 ans est incitée à mettre le père à la porte et à couper son lien avec l'enfant, car la seule nourriture du père coûtait déjà plus au ménage que les 48 Euros qu'elle va perdre en RSA.
S'il a de son côté moins de 25 ans lui aussi, il n'aura plus droit à rien pour vivre (c'est forcément le but de ceux qui ont fait ce barème) puisqu'il ne partagera plus la charge des enfants.
Si elle est dure de la comprenette à partir du 2ème enfant cela devient très clair. Désormais en passant parent isolé elle ne voit plus son RSA baisser, mais au contraire augmenter de 22 Euros !
Voilà comment on fabrique industriellement des familles monoparentales et des enfants sans père dans notre pays pendant que les médias et les politiques cherchent à diviser les citoyens avec des sujets mineurs comme la PMA homosexuelle ou la GPA.
Depuis la création du RMI les gouvernements qui se succèdent n'ont toujours pas trouvé la recette miracle pour assassiner les jeunes hommes sans faire de leurs enfants des orphelins.
Ivan
Précisions très intéressantes, comme toujours vos commentaires.
SupprimerMerci
SupprimerIvan
Rien compris.
SupprimerQu'est-ce que vous ne comprenez pas ?
SupprimerIvan
Billet ridiculement mégalo. Vous valez mieux que cela, Laurent.
RépondreSupprimerArc de Triomphe, svp et non acte de triomphe ou alors est-ce un jeu de mot ou un pied-de-nez à quelqu'un et/ou quelque chose ?!
RépondreSupprimerBillet d'humeur intéressant...et pourtant bien que venant d'un milieu social aussi modeste que Dédé et plein d'autres gilets jaunes (GJ), je ne me sens pas représentée par elles et eux. De même, bien qu'ayant connu une trajectoire sociale plutôt pas mal, je ne me reconnais pas dans le mouvement de E. Macron. Je fais sûrement partie d'une partie, d'un groupe de Françaises et Français qui ne se reconnaissent ni dans les GJ car ils viennent de milieux sociaux similaires, ils ont tout autant galéré voire plus mais surtout ils se sont arraché peut-être un peu plus la tête (je crois que c'est une expression que j'ai lue sur ce blog parmi des commentaires) que le GJ qu'on peut voir dans les rues et aux rond-points. Et qui ne se reconnaissent encore moins dans la République en Marche car malgré leur réussite, ils ne seront jamais intégrés à ce groupe. A la base, ils proviennent d'une extraction sociale très basse que d'aucuns qualifient de groupe des cas sociaux chez les LREM (entendu par un collègue issu de la petite bourgeoisie qualifiant de façon très condescendante les GJ et qui ne cachent pas son militantisme pour LREM et E. Macron).
RépondreSupprimerDédé n'a pas voulu être agriculteur, a obtenu un bac C et un BTS. A connu la mobilité géographique forcée, la non-activité de son épouse, la crise conjugale. Aujourd'hui, il paie des impôts, toujours plus chers et a perdu 15 minutes à cause des 80 km (?????????????).
Moi je suis issue de la très grande banlieue parisienne, d'un lieu-dit rattaché (ou coupé au choix) par une départementale à une ville qui n'a jamais dépassé les 8000 habitants. Un bus toutes les heures, pas de bus le dimanche pour aller à la gare de banlieue à 20 minutes en voiture. Gare sur la ligne D du RER (bien en bas de la ligne D). Mon père : cuisinier en restauration d'autoroute payé très légèrement au-dessus du SMIC. Ma mère : préparatrice de commande dans une société de la zone d'activité du coin qui fait des emballages et des contenants alimentaires payée toute sa vie au SMIC. Ils ont payé des impôts, aucune bourse pour les études pour mon frère jumeau et moi. Taxe habitation + taxe foncière pour une vieille maison acheté à un ancien ouvrier agricole que mon père a mis une bonne dizaine d'année à restaurer seul. Une chambre pour mon frangin, une autre pour moi, mes parents dormant dans la grande salle commune (séjour + cuisine), toilette dans la salle d'eau (avec un lavabo + une douche pas de baignoire). Mon frère en apprentissage dès 16 ans car comme cela il pouvait se faire un peu d'argent et soulager mes parents. Moi au travail en plus du lycée à 17 ans dans la cafétéria d'autoroute où bossait mon père. Vouloir aller à la Sorbonne à Paris, cela coûte cher et chez moi pas d'argent pour ça. Mon frère a passé les 2 premières années de sa formation après le collège dans un lycée pro' de la ville nouvelle située à 45 minutes en bus. Lycée pro' pourri et puis à 16 ans a intégré un institut pro' dans la petite couronne parisienne et a trouvé un contrat d'apprentissage en banlieue, seul car pas de réseaux ni de piston. Moi, bac A1 avec mention bien en poche, j'ai pu m'inscrire à Paris. Tous les jours à prendre le 1er bus à point d'heure pour être sûre d'être à Paris en temps et en heure. 2 soirs dans la semaine mon père ou ma mère devant venir me chercher à la gare car TD finissant à Paris à 20:15. Travail tous les samedis et dimanches. Puis en licence, ouf...trouvé un job de vendeuse en centre commercial, 3 jours lundi, mercredi et samedi donc adaptation de mon rythme universitaire avec la passation de certaines matières en examen final (pas de TD juste les cours magistraux et débrouille-toi ma poule). Pas de loisirs, pas de vacances. Mon frère : du bac ' pro' jusqu'à son bac + 5 en apprentissage avec les 2 dernières années entre la province et la région parisienne , logé dans un foyer jeune travailleur et chez papa et maman. Lundi, mardi et mercredi en province et jeudi, vendredi et samedi matin en cours à Paris. Mon frère a eu son diplôme et a trouvé du travail en banlieue parisienne. Moi j'ai mon DEA, j'ai passé les concours administratifs. Catégorie B d'abord, 6 mois de formation en province alors que je venais de mettre en couple puis mutée dans la petite couronne parisienne : 1:05 de transport aller et même tarif le soir. Après 4 ans de catégorie B j'ai décroché un concours de catégorie A. Aller hop ! un an d'école en province. A l'issue de la scolarité, mutée 3 ans en province (alors que je préparais mon mariage).
RépondreSupprimerPuis une maternité : bingo ! des jumeaux ! Malgré tout, je décide à 37 ans de passer un examen pro' pour accéder à la catégorie A +. Réussite avec...3 ans de mutation en province ! Alors que j'avais des enfants en bas âge ( 5 ans). J'ai fait mes 3 ans et suis revenue en Ile de France où pour la 3ème fois avec mon mari nous avons déménagé pour concilier notre vie de famille et nos métiers. Je ne suis pas à l'abri d'être encore envoyée en province; C'est le jeu ma pauvre Lucette !
RépondreSupprimerMon frère a connu une fois le chômage depuis le début de sa carrière (apprentissage à 16 ans). 9 mois à se voir refuser tout même les demandes de financement de reprises d'études (pas prioritaire Monsieur vous avez un bac +5). Il a pris un taf' à temps partiel pour soulager un peu le salaire de sa compagne. S'est payé un nouveau master sur ses deniers perso'. Entre le taf' à temps partiel, le master et le retour à un CDI , est resté 19 mois dans une situation très tangente. Pas de crise conjugale. Un taf' à temps partiel avec 1:30 de transport le matin, 1:30 le soir. Mais bon...
Mes parents qui correspondent pas mal au portrait social des GJ ne veulent rien à voir avec ce mouvement. En effet, dans leur entourage de voisinage, professionnel et même peros' ils ont des personnes qui notamment n'ont pas fait grand chose pour porter leurs enfants. Pour mes parents, ils comprennent les revendications surtout de la part des 50/60 ans et des retraités, ne comprennent pas pour les autres et particulièrement les plus jeunes. Quand ils comparent avec ce que mon frangin et moi avons dû faire pour arriver à notre vie actuelle, alors que d'autres avaient souvent plus de moyens que nous. Ils ont beaucoup, beaucoup de mal.
RépondreSupprimerCas typique : une de leur voisine. 25 ans un enfant de un an conçu avec un gars de 18 ans qui ne veut pas assumer. Retour chez ses parents. Elle a déjà planté 2 formations pro' payées par pôle emploi, la région et soutenues par la mairie. Son père est catégorie B dans la fonction publique territoriale et sa mère est gérante d'une bijouterie dans un quartier pas trop mal à Paris. Et la fille joue les GJ révolutionnaires au rond-point du coin. Tellement révolutionnaire qu'elle s'est crue permise de faire ch...ma mère un samedi car elle sait que ma mère ne soutient pas le mouvement. Elle a commencé à la tutoyer, à amuser la galerie autour d'elle etc...ma mère est restée cool. Sauf que le dimanche elle me raconte ça. Ni une ni deux, j'ai traversé le lieu-dit et suis allée sonner chez la personne en question. Et là elle a compris sa douleur. Son père tellement honteux, l'a littéralement incendiée. Je pense que la révolution lui est passée.
Bon dimanche
Sandra
80 km à 80 km/h au lieu de 90, c'est moins de 7 minutes par jour, pas 15. Et ça a fait un BTS.
RépondreSupprimer"Si la cause des pauvres est défendue depuis longtemps par des associations, ils demeurent les grands absents du débat politique qui s’engage avec ce mouvement. Tous les partis d’opposition ont pris fait et cause pour les gilets jaunes, cette France des petites classes moyennes. Certaines des revendications avancées par ces derniers et soutenues par quelques partis, si elles étaient satisfaites, porteraient pourtant un tort certain aux Français les plus pauvres et d’abord aux chômeurs et aux jeunes peu qualifiés. "
RépondreSupprimer"Mais, au-delà, la question centrale est la suivante : les intérêts des plus pauvres des Français convergent-ils avec ceux des Gilets jaunes qui représentent plutôt une France des classes moyennes telle que nous l’avons définie au début ? On peut en douter pour plusieurs raisons.
Tout d’abord, ce mouvement a pris une forte teinte antifiscale. On le comprend d’ailleurs dans un pays où le montant des prélèvements obligatoires est le plus élevé de tous les pays européens. Baisser la pression socio-fiscale est donc certainement nécessaire. Mais attention. N’oublions pas que cet argent public permet de financer des prestations sociales qui, en France plus qu’ailleurs, constituent une part importante des ressources des personnes aux revenus modestes et plus encore des personnes sans activité professionnelle. 35% du revenu disponible des ménages dont la personne de référence est sans activité professionnelle provient de prestations sociales (6% pour l’ensemble des ménages)2. Baisser le niveau de prélèvements obligatoires, objectif louable, conduira à faire des arbitrages inévitablement douloureux, car contrairement à ce que pensent sans doute beaucoup de gilets jaunes, il n’y a pas en France de trésor caché dans lequel on pourrait puiser. Alors bien sûr revient la question lancinante de l’ISF et l’idée simple de « faire payer les riches ». L’abandon de l’ISF a certainement alimenté le sentiment d’injustice (le « Président des riches »), mais son importance macroéconomique en termes redistributifs est totalement surévaluée quand on met en rapport le coût de son retrait (un peu plus de 3 milliards) et la masse de l’ensemble des prestations sociales (775 milliards en 2016[3]). La question demeure donc : qui seront les gagnants et les perdants d’une refonte massive des prélèvements socio-fiscaux ?"
https://www.telos-eu.com/fr/societe/et-les-pauvres-dans-tout-ca.html
Donc ce mouvement n'a rien à voir avec les thèses de Guilluy, ni avec la pauvreté réelle.
@ Jacques
RépondreSupprimerMerci
@ Ivan
Un grand merci pour cette contribution intéressante au débat
@ Sandra
Merci pour votre témoignage, très intéressant. Heureusement, en France plus qu’outre-Atlantique, l’ascension sociale est encore possible, à force de travail et de lourds efforts. Et ceux qui parviennent ont probablement d’autant plus de mérite que cela est sans doute plus difficile qu’avant.
Mais je crois que cela n’enlève rien à la justesse du message des gilets jaunes : nous devons à revenir à plus de justice social. Depuis des décennies, le système économique tourne de plus en plus pour une petite minorité, qui complique toujours plus la condition de la majorité et leur ascension sociale, sans parler de l’appauvrissement de beaucoup trop. Et cela n’est pas juste dans une économie malgré tout en croissance. Le fait que certains parviennent à progresser ne rend pas plus acceptable l’enrichissement d’une petite minorité au détriment d’une grande majorité, un message étonnamment peu présent politiquement, y compris par LFI et en cela, je les remercie. Enfin, je pense que les innombrables détestables déclarations de Macron (« ceux qui ne sont rien », « traverser la rue » pour trouver un emploi…) ont naturellement facilité la mobilisation. Ils expriment un profond rejet du fond et de la forme
@ Troll anti-Guilluy
Non, le cœur du mouvement n’est pas anti-fiscal. Il y a au contraire une demande de services publics. Ce qui choque, c’est l’injustice fiscale : la hausse des impôts sur les classes populaires et la baisse pour les plus riches ou les entreprises, l’agenda Macron en somme.
Toll Herblay
Supprimer"Non, le cœur du mouvement n’est pas anti-fiscal. Il y a au contraire une demande de services publics."
Pas anti fiscal, vous plaisantez ? Tout est parti de la taxation du diesel... et autres taxes comme l'ISF qui ne rapporte qu'infiniment peu par rapport aux dépenses sociales.
Ce mouvement est en train de s'éteindre suite aux mesures de Macron qui ne feront que retirer aux plus pauvres. Peu importe, du moment que les beaufs puissent rouler avec leurs SUV.
" Il y a au contraire une demande de services publics."
SupprimerFinancée comment ? Par les réductions de revenus sociaux des plus pauvres ?
La taxation du diesel est rejetée par les protestataires ; la taxation des grandes fortunes est réclamée par les mêmes. Donc, à l'évidence, Laurent a raison : le mouvement est porteur avant tout d'une revendication de justice sociale. Les gens ne réclament pas une baisse de tous les prélèvements obligatoires, mais une répartition plus juste de ceux-ci. Et à supposer que le mouvement soit en train de s'essouffler, c'est par lassitude et du fait de la répression policière (qui a envie de perdre un œil à la suite d'un tir de flashball ou d'avoir une main arrachée par une grenade ?).
RépondreSupprimerS'appuyer sur Galland pour discréditer le mouvement actuel... Quelle farce ! Il suffit de lire sa conclusion, en forme de plaidoyer en faveur de la politique de Macron : "Sans qu’elle soit affichée de manière aussi claire, la politique d’Emmanuel Macron vise les causes structurelles du chômage et donc de la précarité et de l’exclusion sociale qui touche la partie la plus fragile de la population : réforme du marché du travail, plan pauvreté, plan compétences, dédoublement des classes et renforcement des compétences de base, toutes ces politiques ont pour objectif de traiter à la racine ce qu’on a appelé la fracture sociale.".
l'accueil du plan pauvreté de Macron a été reçu, au mieux, avec scepticisme par ceux qui connaissent un peu le problème (https://www.francetvinfo.fr/economie/emploi/carriere/entreprendre/aides/plan-pauvrete-le-directeur-de-l-observatoire-des-inegalites-denonce-un-double-discours_2938513.html) ; ses réformes du système éducatif, notamment la voie professionnelle, auront des effets catastrophiques ; ses réformes du marché du travail renforceront la précarité sans réduire significativement le chômage... La fracture sociale en sortira renforcée et le mouvement actuel commence déjà à l'illustrer.
Il n'y a pas de trésor caché dans lequel puiser, sermonne Galland. Effectivement, si on est fan de dispositifs comme les crédits d'impôts dits compétitivité emploi ou les baisses de charges sans vraie contrepartie, si on croit à la théorie du ruissellement et si l'on renonce à vraiment lutter contre les diverses formes de fraude, de fuite (l’allègement de l’« exit tax »), ou d'optimisation fiscales...
Galland avait traité Guilluy de charlatan parce qu'il mettait en garde contre les risques liés à l'accroissement des disparités socio-spatiales. Les événements semblent donner raison en grande partie à Guilluy. Pas étonnant que Galland l'ait mauvaise ! Un autre article de la même eau avait été publié sur le même site la veille (belle offensive coordonnée !) sous la plume de Pierre Veltz (https://www.telos-eu.com/fr/societe/gilets-jaunes-un-divorce-dabord-culturel.html). On y trouve le même procès intenté aux analyses de Guilluy, en vue de les discréditer comme grille d'analyse du malaise révélé par la crise actuelle : « Opposer globalement les villes riches à la ruralité déclassée n’a pas de sens ».
Or, ce n'est absolument pas cette opposition simpliste que Guilluy a prétendu mettre en évidence, comme il l'a fait savoir à plusieurs reprises : la France qu'il nomme « périphérique » recouvre, dans ses études, des espaces urbains, ruraux, périurbains, des petites villes, des villes moyennes, aussi bien que des villes-centres. Cela fait des années qu'une camarilla de sociologues (des géographes se sont montrés souvent plus pertinents dans leurs critiques méthodologiques) lui adresse, en ignorant délibérément ses réponses, la même critique, fondée sur une interprétation totalement infondée.
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