Il y a plus de 20 ans, le
thème de la fracture sociale contribuait à faire élire Chirac à la présidence,
marquant l’émergence intellectuelle de la question des inégalités. Depuis, le
débat a beaucoup progressé, porté
par Piketty, Guilluy ou Stiglitz. En revanche, la
question semblait largement sortie du débat politique, jusqu’à ce que les
gilets jaunes remettent enfin le sujet au cœur du débat. Merci à vous.
Refuser l’injustice sociale
Et finalement, c’est bien ce message qu’ont porté
les gilets jaunes : une
révolte face à l’injustice crasse de cette société qui tourne de plus en plus
pour une minorité globalisée, au détriment de l’immense majorité, qui doit
toujours se serrer davantage la ceinture, qui perd des services publics
essentiels, quand on donne toujours plus aux mêmes, notamment Macron. Ce
ras-le-bol couvait depuis longtemps. Chirac l’avait utilisé sans scrupule
en 1995 avant de le trahir après l’élection. On peut considérer que 2005
avait également été une expression du refus de cette société où la liberté des
plus riches et des plus forts ne cesse de grandir, quand celle de tous les
autres est de plus en plus contrainte.
Gràce
à l’action des gilets jaunes, bien des questions mises sous le tapis ont
ressurgi. Bien sûr, le
pouvoir et des média sidérés ont tenté de travestir le message de ce mouvement,
ne manquant aucune occasion de le rapprocher de l’extrême-droite ou
habillant un désir de justice sociale et fiscale en ras-le-bol fiscal bien plus
compatible avec l’agenda oligo-libéral de recul de l’Etat. Mais les
Français n’ont pas été trompés par le prisme médiatique déformé, continuant à
soutenir dans leur grande majorité le mouvement, malgré les violences et
les débordements, souvent le fait de casseurs et d’extrémistes sans aucun
rapport avec les gilets jaunes. La
fracture sociale s’est incarnée en 2018.
Il faut dire que Macron
est le meilleur catalyseur de ce réveil politique. Sa
politique de classe assumée, son mépris aristocratique de la France du bas,
« gaulois réfractaires »,
« gens de rien », à qui il
faudrait dire de traverser la rue pour trouver du travail, exprime
plus que jamais la coupure des élites d’avec l’ensemble du peuple. Cette
présidence agit comme un révélateur, non seulement d’une coupure, mais du
mépris d’une partie des élites pour leurs propres compatriotes, comme
l’a exprimé le patron des députés de la majorité, pour qui le gouvernement
aurait été « trop intelligent »
dans sa réponse aux gilets jaunes, manière de dire qu’ils sont trop bêtes
pour comprendre le phénix élyséen.
Cette rupture s’illustre aussi dans les
réactions violentes d’une partie des commentateurs à un article du Monde sur un couple de gilets jaunes
ou l’incompréhension
d’une grande partie de la haute fonction publique. L’historien Gérard
Noiriel a bien raison de dire que « les
élites continuent à dire au peuple, vous n’avez pas compris, on va vous
expliquer », comme l’ont illustré les appels à cesser le mouvement
avant l’acte V, de la part de la majorité, comme de certains éditorialistes.
Encore une fois, dans un entretien au FigaroVox,
l’auteur de la France périphérique Christophe
Guilluy voit juste en soulignant que « ce
n’est pas au peuple d’écouter les prescripteurs d’opinion mais l’inverse ».
Face à une classe politique incapable de changer
leur vie, les
gilets jaunes ont permis à la France de refaire corps politique, d’exprimer
qu’une grande majorité d’entre nous refuse l’oligo-libéralisme destructeur à
l’œuvre depuis trop longtemps. Merci d’avoir permis cela, car, même s’il
n’y a pas de conséquence concrète à court terme, ce réveil sera forcément le
prélude à des choses plus grandes.
"En se conservant, les élites croient conserver tout ce qu'elles représentent, mais elles ne se demandent jamais si elles sont encore des élites, c'est-à-dire si elles en remplissent les devoirs ; je ne me lasserai point d'insister sur ce point capital. Une société où le prestige ne correspond plus exactement aux services rendus, où les classes dirigeantes reçoivent plus de la communauté qu'elles ne lui donnent, est une société vouée à la ruine."
RépondreSupprimerGeorges Bernanos, Lettre aux Anglais, 1942.
On pourrait citer aussi Confucius :
SupprimerDans un pays bien gouverné, être pauvre est une honte. Dans un pays mal gouverné, être riche est une honte.
Ivan
Macron et ses sbires peuvent s'attendre à un certain renouvellement des exaspérations avec l'IR à la source tel que conçu qui va attiser la rage des GJ:
RépondreSupprimer"Enfin, il existe des variations de revenus qui ne conduisent pas à un changement de taux mais donneront lieu à des régularisations. Il existe aussi des cas où la forte précarité (par exemple pour les intermittents du spectacle ou les intérimaires) entraîne des variations de revenus sur un an et à l’intérieur d’une année. Le prélèvement à la source aura du mal à s’adapter à ces cas.
Bercy répond à ces objections en indiquant qu’en cas de baisse de revenus, l’impôt avancé par le prélèvement à la source sera abaissé puisque désormais, le calcul s’effectue par un pourcentage du revenu. C’est vrai, mais ceci ne vient pas en contradiction avec le fait que l’impôt sur le revenu en France étant progressif et non proportionnel, celui qui a un taux erroné ne paiera pas l’impôt juste et devra attendre un an et demi la régularisation de sa situation."
https://www.mediapart.fr/journal/france/010119/prelevement-la-source-une-revolution-fiscale-inutile-et-dangereuse?onglet=full
"La Ve République, qui voit le jour dans un contexte de guerre, il ne faut jamais l’oublier, accentue un processus de concentration du pouvoir de décision et de sélection sociale des gouvernants. Elle aboutit à exclure presque totalement les classes populaires des assemblées, en faisant primer le critère de la compétence, voire de la technicité, sur la question de la représentativité sociale des élus. Et c’est ce modèle, que certains auteurs qualifient de « post-démocratique » (une démocratie sans les classes populaires), qui montre aujourd’hui ses limites de manière exacerbée."
RépondreSupprimerhttps://www.mediapart.fr/journal/france/311218/un-systeme-politique-inegalitaire-produit-des-politiques-injustes?onglet=full
Loin de moi de rejeter a priori les analyses de sociologues comme Desage. Mais les institutions de la Ve République ont bon dos. Je pense qu'elles doivent être réformées, mais aussi que ces réformes ne produiront pas les fruits miraculeux escomptés par certains.
SupprimerLa dérive technocratique qui tend à faire primer le critère de technicité des questions à traiter sur le critère de représentativité sociale n'est pas nouvelle, n'est en rien spécifiquement française, et la littérature sociologique internationale la documente depuis près d'un siècle. Cette évolution qui caractérise le mode de gouvernement contemporain se retrouve partout, dans des pays dont les institutions ne présentent pas les mêmes caractéristiques de concentration des pouvoirs entre les mains de l'exécutif, qui est pourtant le trait cardinal des institutions de la Ve République (voir la bibliographie non-francophone sur la question du défi posé à la démocratie par le mode de gouvernance technocratique : https://ecpr.eu/Events/PanelDetails.aspx?PanelID=6812&EventID=112).
Ce que nous savons des assemblées de la IIIe République ou de la IVe République ne permet certainement pas d'affirmer d'ailleurs qu'elles étaient socialement plus représentatives pour des motifs institutionnels. Le rétablissement du régime des partis qui a discrédité les deux régimes précédant la Ve République risque de décevoir assez rapidement les partisans irréfléchi de certaines réformes (proportionnelle...). On peut regretter que les assemblées soient dépossédées par des technocrates du pouvoir réel de décider. Mais il est aussi paradoxal de le déplorer alors même qu'on déplore la faible représentativité sociale de ces assemblées...
Ce qui a rendu les assemblées sans doute moins représentatives socialement est le déclin de la notion de classe. Les élus communistes étaient souvent issus d'un milieu ouvrier et, à ce titre représentatifs de leurs électeurs. Mais cela supposait l'existence d'une classe ouvrière à peu près cohérente, définie par un ensemble de critères identitaires (éducation, conditions de travail, mode de vie, représentations...) et d'une conscience de classe. Ce qui a disparu à cet égard dans nos sociétés du XXIe siècle ne sera pas recréé par une réforme de la Constitution, parce que le problème que pose à la démocratie l'autonomisation d'élites hors-sol n'est pas exclusivement ni même essentiellement d'ordre institutionnel.
Cela ne signifie pas qu'il faille renoncer à réformer les institutions. Mais il ne faut pas attendre des réformes préconisées autre chose que ce qu'elles peuvent donner. La mystique de la VIe République qu'on voit se développer depuis plusieurs années est lourde de futures déceptions. Modifier la Constitution, les institutions, est ce qu'il y a de plus simple. Fort logiquement, c'est donc ce que l'on proposera... Transformer les rapports sociaux, dans un contexte où la vraie fracture n'est peut-être plus d'ordre socioéconomique (dans la vision marxienne : le rapport aux moyens de production), mais éducative (c'est le point de vue de Todd), sera une autre affaire.
YPB
"Transformer les rapports sociaux, dans un contexte où la vraie fracture n'est peut-être plus d'ordre socioéconomique (dans la vision marxienne : le rapport aux moyens de production)"
SupprimerC'est bien, vous n'avez strictement rien compris aux évolutions productives actuelles à l’ère du numérique, vous êtes complètement à côté de la plaque.
Troll de 16:40
SupprimerLe passage que vous citez ne donne nullement mon avis sur les évolutions productives à l'heure du numérique, à part pour constater que des conceptions anciennes des rapports sociaux ne sont plus directement transposables dans la société actuelle. Que dites-vous d'autre ? Rien, en fait.
Merci d'avoir joué. Le trollage habituel, rien de plus.
YPB
À quoi servirait de changer les institutions si la France reste dans l'UE et dans l'OTAN? Nous serions toujours gouvernés par les mêmes! Quittons l'UE et l'OTAN et nous pourrons ensuite parler de réformes.
RépondreSupprimerAntoine
@ Anonyme 11h12
RépondreSupprimerMerci pour la citation. La désertion fiscale de certains montre justement ce qu’ils font de leurs devoirs…
@ Anonyme 12h24
Je suis d’accord avec le commentaire d’YPB. La Ve République n’est pas responsable, car c’est un phénomène qui se retrouve dans bien des pays. L’accroissement des inégalités est plus fort ailleurs qu’en France, ce qui pourrait signifier qu’au contraire, la Ve République modère les dérives produites par les politiques oligo-libérales. Plus important encore, elle permet à un Président qui voudrait un vrai changement de le mettre en place.
@ Anonyme 19h38
Assez juste
Salve
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