mardi 28 mai 2019

Après les élections européennes, partie 1 : les colosses au pied d’argile

Macron a réussi une chose : focaliser les élections européennes sur le duel RN / LREM. Dans la dernière ligne droite, la question de celui qui arriverait en tête a saturé le débat, au point de pousser une partie de l’électorat à adopter un vote dit utile, pour ces deux listes. Mais du coup, dans un tel contexte, les résultats du RN et de LREM sont-ils véritablement si bons que cela ?


Le vote par défaut pour les deux premiers

La manœuvre électoraliste du président est choquante à bien des titres. D’abord, s’engager autant dans une élection sans en tirer la moindre conséquence est totalement contraire à l’esprit des institutions voulues par le Général de Gaulle. Sans forcément demander la démission du président, que son engagement pourrait justifier pour certains, a minima, un gros remaniement ou un changement de premier ministre devraient être à l’ordre du jour. Mais là, malgré l’objectif affiché de devancer le RN, l’échec ne se traduira par aucun changement, démonstration flagrante de l’irresponsabilité de ceux qui nous dirigent. En outre, l’analyse des résultats n’est pas très positive pour la majorité en place.

Déjà, les 22,4% et les 5,07 millions de voix de la liste LREM sont en dessous des 24% et 8,65 millions de voix obtenus par Macron au premier tour en 2017. Finalement, il n’obtient les voix que de 11% des inscrits. Ce léger recul en pourcentage est d’autant moins satisfaisant que cela a été obtenu dans le cadre d’une campagne très polarisée, où il y a eu beaucoup de vote « utile », en faveur de LREM. Sans cela, le cap des 20% n’aurait potentiellement pas été atteint. En outre, il ne faut pas oublier que LR est passé de 20 à 8,5% et comme une part non négligeable est partie vers LREM, cela peut camoufler un affaiblissement qui va au-delà de la perte de près de 3,6 millions de voix en cinq ans…

Pour le RN, tous les compteurs pourraient sembler au vert a priori : une première place, le gain de six cent mille voix par rapport à 2014, et l’effondrement de tous les autres concurrents potentiels pour atteindre le second tour en 2022, mettant la PME politique Le Pen en position de premier opposant à Macron. En effet, la première année du mandat Macron avait été difficile, après le débat du second tour, et l’établissement de Mélenchon et LFI comme premiers opposants. Mais il faut noter que le RN recule de 1,5 points par rapport à 2014 et que nous restons loin des 7,7 millions de voix du premier tour. L’effondrement de LR et le recul de DLF auraient du propulser le RN bien plus haut que cela.

En somme, si la course à la première place leur a probablement fait gagner des centaines de milliers de voix, cela signifie aussi que la pente naturelle des deux premières listes du scrutin était sensiblement plus basse que les scores finalement réalisés, probablement plus proche des 20%. L’artifice grossier de cette course a indubitablement fonctionné, comme le montre l’effondrement des Républicains. Mais ce dopant est artificiel et ne peut marcher à plein que pour cette élection. Dans d’autres contextes, il jouera moins, ce qui pourrait révéler que les deux premiers mouvements politiques de France ne sont pas si forts que cela. En somme, ne sont-ils pas là où ils sont en partie par défaut ?


Si la manœuvre politicienne tout mitterrandienne de Macron peut sembler gagnante à certains, je crois qu’ils négligent un peu trop la force réelle du RN et de LREM, dopés au « vote utile ». Pas sûr que les Français soient toujours réceptifs à ce duel qui ressemble un peu trop à un duo. Je crois que les résultats montrent surtout une insatisfaction politique forte, dont ils pourraient aussi être un jour les victimes.

18 commentaires:

  1. Quand on voit l'éparpillement des voix sur des petites listes et le succès de EELV, on peut douter que le "vote utile" ait été si important que vous le dites.

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    1. Comme il ne s'agissait pas d'une élection pour une fonction nationale et qu'il n'y a qu'un tour, beaucoup de gens votent pour le parti de leurs conviction.

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    2. Il n'y a pas eu de vote utile puisque le RN a fait moins bien qu'en 2014 et LREM moins bien qu'en 2017.

      Les deux listes arrivées en tête ne font, au total, que 45%. Ca signifie que la majorité des électeurs a voté pour d'autres listes. Mais comme il y en avait 34, ces électeurs qui n'ont pas voulu choisir entre Macron et Le Pen se sont éparpillés, ce qui donne l'impression d'un duel entre RN et LREM.

      Si, au lieu d'avoir EELV à 13%, LR à 8 et LFI à 6, etc. on avait eu une liste qui aurait fait 20%, on n'aurait pas parlé de duel.

      Donc, en fait, le problème c'est le morcellement du corps électoral en de multiples groupuscules, la palme revenant aux souverainistes qui se chamaillent dans des cabines téléphoniques. UPR : 1,17%, Les Patriotes : 0,65%...

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  2. Asselineau, présent depuis plus de 20 ans dans le paysage politique, et 10 ans en solo, reçoit moitié moins de votes que le parti animaliste.

    Philippot moins du quart.

    DLF, Philippot et Asselineau ensemble auraient pu avoir des élus. Séparés, ils n'en ont aucun.

    L'auteur de ce blog va continuer à pérorer et à rêver au grand soir, comme ses homologues de gauche : les différentes variétés de trotskystes, aussi sectaires qu'inutiles.

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  3. Je n'ai jamais voté RN (FN).
    J'ai voté BLANC en 2017.
    Si Macron est au 2ème tour en 2022, je voterai RN.

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  4. Bien plus de participation à cette élection, ce qui bat en brèche votre Frexit, les gens s'intéressent de plus en plus à l'UE et n'ont que faire des frexiters qui n'existent qu'à dose homéopathique, même les extrêmes droites misent sur l'UE, selon leurs conceptions.

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    1. Si les gens s'intéressaient de plus en plus à l'UE, alors on verrait une progression nette de la participation au fil des élections passées.

      Ce n'est pas le cas. En fait, la participation la plus élevée a eu lieu en... 1979 (61%), la deuxième plus élevée en 1984 (57%). Aujourd'hui, on atteint triomphalement 50%.

      (cf. https://www.france-politique.fr/elections-europeennes.htm )

      Le plus probable, c'est que le degré d'interêt pour les institutions européennes n'a pas changé, et que les gens prennent leur decision de vote en fonction du contexte national. La forte polarisation autour de Macron et du RN, qui jouent chacun un rôle de repoussoir pour une bonne partie de l'électorat, explique la mobilisation.

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    2. Les gens se contrefichent de l'UE dont ils ne connaissent même pas le fonctionnement et les attributions.
      Ils ont simplement voté en suivant de façon moutonnière le cartel des partis et des médias qui leur fait croire à chaque fois que le parlement européen est une transposition continentale de l'assemblée nationale.
      C'est totalement faux et ils le savent, mais business as usual ! Les partis remplissent leurs caisses et les médias remplissent leur temps d'antenne.

      Chacun y est allé de son Europe sécuritaire, progressiste, sociale ou écologique, en oubliant toujours opportunément de préciser que l'Europe dont ils parlent est totalement imaginaire.
      A la fin, il n'y aura que ce qu'il y a depuis le début : la commission, qui est une machine à libéraliser à l'infini, et le parlement qui n'est là que pour tamponner.

      Quant au FREXIT, ne doutez pas qu'il arrivera tôt ou tard.
      La question est : voulons-nous sortir de façon contrôlée ou bien attendre que l'UE finisse lamentablement comme un cachalot mourant naufragé sur une plage ?

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    3. @ Moi

      Je pense que les scores de LR et DLF montre que certains partis en ont souffert

      @ Anonyme 8h33

      Je reviendrait dessus dans quelques jours

      @ Anonyme 9h03

      Bien sûr, le Frexit reste pour l’instant une idée minoritaire, mais cela était le cas du Brexit longtemps…

      @ Antoine

      Bien d’accord

      @ Tom

      Assez d’accord, sauf sur le vote moutonnier : les mouvements ont été forts

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  5. Réunion du Groupe Bilderberg : le grand chef de l'OTAN sera à Montreux.

    Jens Stoltenberg, secrétaire général de l'OTAN, sera présent à Montreux de jeudi à dimanche. Envoyé par Donald Trump, le secrétaire d'Etat Mike Pompeo devrait également rejoindre la réunion.

    https://www.24heures.ch/economie/le-grand-chef-de-l-otan-sera-a-montreux/story/12916626

    Emmanuel Macron a participé à la réunion du Groupe Bilderberg en 2014. Son premier Ministre est Edouard Philippe, qui avait participé à Bilderberg 2016. Son ministre de l'Education Nationale est Jean-Michel Blanquer, Bilderberg 2018. Son ministre de l'Economie est Bruno Le Maire, qui participera à Bilderberg 2019 dans deux jours.

    Les vassaux des Etats-Unis vont se réunir autour de leur suzerain lors de la réunion du Groupe Bilderberg 2019 :

    Castries, Henri de, Institut Montaigne

    Azoulay, Audrey, Parti Socialiste, ancienne ministre de François Hollande

    Barbizet, Patricia, société financière Temaris & Associés

    Beaune, Clément, conseiller Europe du président de la République Emmanuel Macron

    Buberl, Thomas, patron des assurances AXA

    Caine, Patrice, patron de l'entreprise THALES

    Godement, François, institut Montaigne

    Le Maire, Bruno, ministre de l'Economie et des Finances

    Nora, Dominique, éditorialiste de l'hebdomadaire L'Obs

    Pouyanné, Patrick, patron de TOTAL

    Ces 10 caniches des Etats-Unis seront présents du jeudi 30 mai au dimanche 2 juin 2019 à Montreux, en Suisse, à la réunion du Groupe Bilderberg.

    Rappel : le traité de Rome a été signé en 1957. Le traité de Rome marque le début de la construction européenne. Il a été conçu par des hommes politiques occidentaux qui étaient soumis aux Etats-Unis, par des grands banquiers, par des patrons de grandes entreprises multinationales, par des diplomates étatsuniens, et par des militaires membres de l’OTAN.

    Dès le début de la construction européenne, le traité de Rome était voulu par les Etats-Unis.

    Une citation très importante :

    « Je pense que vous pourriez dire, déclara un jour le diplomate américain George McGhee, que le traité de Rome, qui a créé le Marché commun, a été mûri pendant ces réunions de Bilderberg et aidé par le flot de nos discussions. »

    Source :

    « L’Europe sociale n’aura pas lieu », de François Denord et Antoine Schwartz, édition Raisons d’agir, page 40.

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  6. A mon sens s'il y a eu vote utile il se porte plus sur LAREM que sur le RN. Le vote RN est depuis longtemps passé d'un vote dit de contestation/opposition à un vote d'adhésion à des idées et un programme. Comme à chaque élection, le RN sait mobiliser ses électeurs (ok ils ont fait moins bien qu'aux précédentes élections européennes) et surtout je pense que l'effondrement LR a été calculé par E. Macron (il s'est fondé et s'est senti conforté par l'expérience PS aux élections présidentielles) mais a bénéficié au RN. En effet, la ligne des LR est totalement illisible et chaotique. A mon sens, il y a une 3ème voie entre le RN et LAREM et les LR pourraient s'approprier cette 3ème voie. Mais là...c'est très mal barré !
    Quant à JL Mélenchon et LFI...J'ai toujours été convaincue que leur position sur l'immigration est vue comme immigrationniste sur l'aspect flux migratoire et trop accommodante culturellement, cultuellement et civilisationnellement avec les immigrés arrivant des pays tiers en France. Et malgré une place honorable à l'élection présidentielle ce n'était pas non plus le Nirvana. Et là les élections européennes, qui auraient dû être une bonne affaire pour LFI, a tourné au vinaigre. Quant aux Verts et Y.Jadot, il y a eu la mobilisation des jeunes qui a joué. Et aussi, Y.Jadot a beaucoup travaillé pour effacer tout élément un peu trop gauchiste ou gauchisant dans son parti et son programme. Et cela a payé. Mais sur une élection nationale ??? Quels résultats ? Peut-être aux municipales dans des villes jeunes, CSP ++. Et après ?
    Bonne journée
    Sylvie

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    1. Pour être plus précis : il y a eu partiellement « vote utile » à droite en faveur de LREM, mais en revanche, les électeurs macroniens de 2017 venus de la gauche ont déserté Loiseau et ont voté Jadot et Glucksmann, ce qui explique le bon score de la liste EELV et le moins mauvais score de la liste PS. Mais on peut effectivement se demander ce qui arrivera en 2022. Il n'est pas certain que ces électeurs macroniens de gauche ne reviendront pas vers Macron. Comme l'a fait remarquer Sapir, les écolos font souvent des bons scores aux élections européennes et des mauvais scores aux élections présidentielles. Le gros problème, c'est que nous sommes à présent dans un face à face Macron-Le Pen, ce qui arrange bien Macron à cause du « plafond de verre » qui empêche le RN d'arriver au pouvoir. A présent, il faut voir ce que vont faire LR et LFI. Ils doivent retrouver un nouveau souffle avec une nouvelle stratégie. LR doit choisir entre se rapprocher de LREM ou se rapprocher de RN, mais à 8%, ils ne peuvent plus espérer revenir au pouvoir seuls. Et LFI doit se demander pourquoi ses électeurs de 2017 se sont abstenus ou ont voté ailleurs. Mélenchon est intelligent, il a su rebondir après l'échec du Front de Gauche, il saura peut-être se refaire une nouvelle fois, ou bien laisser la place à Ruffin ?...

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    2. Mon avis, c'est au contraire que le vote Macron est un vote de conviction. Ce sont les mêmes 20-24% de classes moyennes-supérieures qui ont voté pour lui au premier tour de la présidentielle, et qui considèrent avoir objectivement intérêt au programme de Macron.

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  7. "Pas sûr que les Français soient toujours réceptifs à ce duel qui ressemble un peu trop à un duo. Je crois que les résultats montrent surtout une insatisfaction politique forte, dont ils pourraient aussi être un jour les victimes."

    Oui, c'est tout à fait possible que les français "un jour" se lassent de cette bipolarisation RN/LREM qui semble cependant suffisamment bien installée pour durer assez longtemps.

    Probablement (mais il est toujours risqué de prédire l'avenir) elle durera au moins tant qu'une partie suffisamment importante du peuple français verra dans le RN (à tort ou à raison) un parti qui, une fois au pouvoir, serait capable d'endiguer les vagues migratoires venues d'Afrique et de relocaliser la part de l'industrie manufacturière partie à l'étranger dans des pays de main d'œuvre à bas coût.

    Autrement dit, on ne fera sans doute pas l'économie d'une expérience du RN au pouvoir dans les 10 ou 15 prochaines prochaines années, expérience qui pourrait s'avérer très décevante et conduire alors les Français à se tourner vers une offre politique différente.

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  8. @ Sylvie

    Bien sûr, il y a une part importante de vote d’adhésion à RN. Mais je persiste à penser qu’il s’agit aussi assez largement d’un vote d’opposition au système actuel, ce qui lui a permis de bénéficier d’une partie du vote utile. D’ailleurs, quand les macronistes ont parlé de l’enjeu de la 1ère place, cela a davantage bénéficié au RN qui est passé devant LREM, signe que sans cet enjeu de 1ère place, le RN aurait été plus bas, et qu’une partie des voix qui se sont portées sur lui ne l’étaient que comme véhicule « plus efficace » pour signifier son opposition à Macron.

    L’effondrement de LR, Macron le recherche depuis qu’il est entré à l’Elysée : sa ligne politique, qui réalise les promesses que Sarkozy n’osait pas tenir ne laisse plus de place à la droite puisque Macron est la droite aujourd’hui.

    @ Moi

    C’est juste. L’évolution du vote LREM à Paris est frappant. En 2017, les arrondissements centraux penchaient le plus pour Macron. En 2019, c’est l’Ouest qui l’a privilégié !

    Pour LFI, leur réaction devra être suivie

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  9. @ Antoine

    Pas si sûr. Quand on regarde les études d’opinion, on voit qu’à peine un quart des personnes qui déclarent être satisfaites de Macron sont très satisfaites et que le reste n’est qu’assez satisfait... Il a perdu une partie importante de sa « gauche » pour se recroqueviller sur la partie de droite, comme le montre l’évolution du vote LREM à Paris en deux ans, qui est extraordinairement spectaculaire (il est vraiment le candidat des plus riches).

    @ Marc-Antoine

    Je pense que le changement est encore possible pour 2022

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    1. @Laurent

      Cette « gauche » macroniste s'est fait plaisir en allant voter EELV (cf. résultats IFOP : https://www.ifop.com/publication/europeennes-2019-profil-des-electeurs-et-clefs-du-scrutin/). Je pense qu'elle rentrera au bercail dès la première élection nationale au scrutin majoritaire, comme elle le faisait déjà lorsque le PS était dominant.

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