Après
le TAFTA, Danièle Favari poursuit son œuvre de service public avec
l’analyse du CETA. Capitalisant sur son
décryptage des trop nombreux et peu connus mécanismes qui protègent les
multinationales des choix politiques des Etats, elle décrit comment ces
accords dits de libre-échange affaiblissent la démocratie et mettent en place
un véritable ordre oligo-libéral.
La
démocratie grignotée par un droit envahissant
Comme
pour le TAFTA, Danièle Favari revient longuement sur les RDIE, qui mettent en
place les tribunaux d’arbitrage. L’objectif du traité est officiellement de
favoriser les investissements en assurant une plus grande certitude et une
meilleure prévisibilité, outre le fait de lever les obstacles à
l’investissement étranger, tels que les plafonds de participation étrangère,
tout en offrant un mécanisme de résolution des différends comme les tribunaux
d’arbitrage, qui sont moins à la main des États. Le RDIE (Règlement des
Différends Investisseur-État) permet à un investisseur de poursuivre un État
devant une instance internationale, plutôt que des mécanismes alternatifs qui
leur sont moins favorables.
Elle note que
le RDIE « fait obstacle à
l’effectivité du droit primaire et secondaire de l’UE, notamment dans le
contexte de son marché intérieur, (…) permettant, en effet, aux investisseurs
étrangers d’annuler les amendes et les autres sanctions financières imposées en
application des traités de l’UE (…) introduisant une voie de droit spéciale pour les investisseurs
étrangers (…) un avantage par rapport aux entreprises françaises ».
Elle pointe le « risque majeur du
conflit d’intérêt et, plus généralement, de la partialité des arbitres »,
avec une élite de quinze arbitres, tous anglo-saxons ou liés à des cabinets
anglo-saxons, est impliquée dans 55% du total des différends. Il faut rappeler
ici que même
The Economist avait apporté de l’eau
au moulin de la critique de ces mécanismes d’arbitrage…
Elle ajoute
que le traité « porterait aussi
atteinte aux conditions essentielles d’exercice de la souveraineté nationale »,
à travers les transferts de compétence vers des organes ne faisant pas partie
de l’UE. Enfin, « le CETA ne
prévoierait aucune mesure à même de respecter le principe de précaution »,
une commission d’évaluation ayant alerté le premier ministre sur « l’absence de garanties sur les farines
animales, les antibiotiques comme activateurs de croissance, l’étiquetage des
produits OGM et le type et les niveaux de pesticides autorisés ».
Pire, l’UE a recours à une « mise en
application provisoire » qui accélère son application partielle, y
compris de dispositions relatives à la protection des investissements, qui
resteraient en virgeur pendant 20 ans après une éventuelle dénonciation !
Danièle
Favari nous apprend que dans le cadre du CETA, l’UE et le Canada ont prévu de
mettre en place un Organe/ Forum pour la Coopération Réglementaire (OCR/ FCR)
qui vise à « déterminer les
approches permettant de réduire toute conséquence néfaste des divergences
existantes de la réglementation sur le commerce et l’investissement bilatéraux ».
L’auteur rappelle que, pour la Commission, « le terme de coopération réglementaire décrit, en effet, le processus
d’alignement des réglementations existantes des deux côtés de
l’Atlantique ; son objectif est d’assurer que les biens produits d’un côté
de l’Atlantique puissent être exportés de l’autre, et visent à éviter la
duplication des lois de part et d’autre ». Pire, « il a pour objet de faire converger un champ
de normes sectorielles plus large que celui que les Etats européens ont accepté
de transférer à la Commission européenne (…) L’OCR donnera tous pouvoirs à
des experts d’évaluer les règlements existants et futurs des deux côtés de
l’Atlantique afin de s’assurer qu’ils sont ‘compatibles’ et ne portent pas
atteinte à des intérêts commerciaux. Il leur permettra ainsi d’arrêter ou
d’affaiblir les réglementations et les normes, et ce en dehors des circuits
habituels de prise de décision démocratique des deux côtés de l’Atlantique et
donnera aux lobbies d’affaires davantage de pouvoir pour influencer les projets
de lois et de réglementations publiques ».
Elément très
intéressant, elle rapporte qu’au Canada « un traité signé et ratifié par l’exécutif doit quand même être intégré
au droit national pour être exécuté à l’échelle du pays. La transformation d’un
texte juridique international en un texte juridique interne n’est pas un
processus automatique au Canada ». Si le Parlement a adopté le traité
par 408 voix pour et 254 contre, seuls 16 des 74 eurodéputés français ont voté
pour. Mais le CETA impose l’accord de tous les Etats car, selon la CJUE,
« les dispositions de l’accord
relatives aux investissements étrangers autres que direct ainsi que celles
relatives au règlement des différends entre investisseurs et Etats ne relèvent
pas de la compétence exclusive de l’Union », clause qui avait empêché
la conclusion de l’accord de libre-échange avec Singapour.
Bref, pour
comprendre tout ce qui est en jeu avec le CETA, je vous encourage à lire le
livre de Danièle Favari, qui développe une expertise très enrichissante sur
ces traités dits de libre-échange, et qui sont en réalité des coins enfoncés
profondément dans nos démocraties. Un grand merci pour ce travail, qu’elle a
mis à jour avec un nouvel ouvrage « Pour
tout comprendre aux accords de libre-échange de nouvelle génération :
JEFTA, Mercosur, ALENA, TAFTA, CETA ».
Source :
Danièle Favari, « L’accord de
libre-échange entre l’Union européenne et le Canada », L’Harmattan
Que de soucis vous vous faites ! Que de tracas vous vous donnez !
RépondreSupprimerPourquoi n'agissez-vous pas avec ces traités comme vous le faites avec l'immigration ?
Faites pareil : mettez vos mains sur vos oreilles, et répétez vous en boucle que Ceta et Tafta ne posent et ne peuvent poser aucun problème. Et vous verrez, vous serez plus heureux.
prp cheveux prix tunisie
RépondreSupprimerreduire seins sans chirurgie
RépondreSupprimer