La capitalisation boursière de Tesla a gagné 13
milliards de dollars, environ 30%, en deux séances de bourse, à l’annonce des résultats de l’entreprise
pour le troisième trimestre, affichant un retour inattendu aux profits, à 143 millions de dollars
sur un chiffre d’affaire de 6,3 milliards, en léger recul. Difficile de ne pas voir
dans la réaction des marchés une nouvelle preuve de leur
folie.
Quand Tesla « vaut » plus que GM ou
BMW…
D’abord, il faut relativiser les chiffres annoncés
car le chiffre d’affaire recule
de 12% par rapport au troisième trimestre de l’an dernier, et les profits de
54%... Il
en va de même pour le niveau de marge, qui était 3 points supérieur. Pour la première fois
depuis longtemps, le chiffre d’affaire recule sur une année ! Mais cette
nouvelle a été plus qu’effacée par un retour timide à la rentabilité et les
perspectives de croissance : l’ouverture du premier marché du monde avec l’usine
en Chine et le renforcement sur les modèles les plus populaires aujourd’hui, les
SUV. Cela n’a aucune logique puisque ces projets sont loins d’être nouveaux et
montre que les marchés ont une mémoire de poisson rouge
En effet, il faut se souvenir qu’il y a un an, Elon Musk annonçait des
résultats positifs tous les trimestres en 2019. Et il vient discrètement,
mais de manière prévisible, d’ajuster à la baisse ses prévisions 2019. Pire, les perspectives de
croissance ne semblent pas si roses. Qu’attendre réellement du marché chinois, où les
constructeurs locaux n’ont pas attendu Tesla et dont les consommateurs ne
seront pas forcément sensibles à la marque étasunienne ? Le succès y est
tout sauf garanti. Le petit SUV arrive tard dans l’année. Pire, le
développement de la concurrence, notamment allemande, pourrait peser sur les
ventes, comme l’indique déjà le
recul des ventes de Model S et X (-39% sur un an).
Encore pire, comment justifier aujourd’hui la valorisation boursière totalement délirante de
l’entreprise : plus de 58 milliards de dollars, pour un chiffre d’affaire
attendu autour de 24 milliards, et des pertes annuelles. Il faut rappeler ici
que BMW vaut moins, malgré un CA quatre fois
plus important et un profit de plus de 7 milliards d’euros l’an dernier, en
vendant plus de 2 millions de voitures ! Idem, GM ne vaut que 52 millilards pour 147 milliards de CA et
8 milliards de profits ! Rien ne justifie aujourd’hui que Tesla vaille
plus que ces deux entreprises. Au mieux, en anticipant un CA 2022-23 de 50
milliards et 2 milliards de pofits, les multiples de l’industrie donneraient à
Tesla une valeur de 15 milliards.
Aujourd’hui, comme Uber, Tesla est une allumette
allumée dans la pétaudière financière étasunienne, souvent prompte à des
emballements complètement déraisonnables. La question qui se pose aujourd’hui,
c’est de savoir quand et quel sera l’impact du retour
prochain à la réalité de cette licorne qui mérite bien son nom tant le jugement
des marchés défie la réalité des chiffres.
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