Les professeurs sont mobilisés contre la réforme des
retraites, qui
dégraderait encore une condition indigne de leur rôle, et nettement
inférieure à celle d’autres pays. Le
gouvernement a annoncé une augmentation de 8 à 10 milliards de leurs salaires,
faisant
dire trop rapidement au Figaro qu’ils
sont les grands gagnants de la réforme. Mais ainsi, en réalité, ils restent
perdants dans tous les domaines…
Avis de fausse nouvelle du gouvernement
Huit
à dix milliards de plus pour le traitement des professeurs : les
chiffres annoncés semblent indiquer une véritable revalorisation du traitement
des professeurs. Mais la date évoquée, 2037, démontre qu’il s’agit d’une arnaque.
Déjà, pour une majorité élue en 2017, annoncer une revalorisation démarrant en
2021 et sensée durer jusqu’en 2037 est assez ridicule. Macron n’a rien fait
pour les professeurs pour trois des cinq budgets qu’il avait à sa main, mais
annonce s’engager pour les trois mandats présidentiels suivants ! Ce
simple rappel des faits devrait inciter à la prudence : ne dit-on pas que
les promesses n’engagent que ceux qui les entendent, surtout à une échéance
aussi lointaine ?
Par-delà la limite de ne pouvoir s’engager
réellement que sur deux années sur les seize programmées, les chiffres évoqués
sont en réalité très limités. Contrairement à ce
qu’écrit le Figaro, et qui est
repris par bien des média malheureusement, le gain pour les enseignants est
loin d’être évident. Si l’article évoque un plus qui s’ajouterait aux
augmentations de point d’indice et à celles à l’ancienneté, il faut rappeler
que le point d’indice n’est souvent pas revalorisé et que le caractère purement
additionnel est, là aussi, une promesse sensée engager trois mandats suivant celui-ci
! Mais surtout, l’horizon 2037 permet d’afficher de gros chiffres à bon compte
pour Macron, mais pas pour les professeurs.
En effet, sur 16 ans, 1,5% d’inflation annuelle
génère une hausse des prix cumulée de 27% environ. Ce rappel élémentaire remet
en perspective la rallonge budgétaire, qui n’équivaut qu’à 15 à 19% du budget
de l’Education nationale, qui
atteint 51,7 milliards en 2019. En clair, l’argent promis par Blanquer
couvre à peine deux tiers de l’augmentation des prix que l’on peut prévoir… Loin
d’une hausse de leur traitement, ces chiffres ne représentent même pas une
garantie de maintien du pouvoir d’achat des professeurs ! Pire, si
l’on prend en compte les contributions aux retraites, de plus de 20 milliards,
cette somme représente à peine 11 à 14% du budget total. Bref, un montant bien
trop faible…
D’ailleurs, en
2012, quand j’étais en charge du projet présidentiel de NDA, nous avions
présenté un projet de budget qui relativise grandement les annonces du
gouvernement. Près de 70% des crédits supplémentaires étaient concentrés sur
l’éducation. En seulement 5 ans, c’était pas moins de 5,7 milliards de crédits
de plus, en plus de l’inflation, pour l’éducation nationale et 6,9 pour
l’enseignement supérieur et la recherche ! Sur 5 ans, nous avions prévu
plus que ce que Macron et Blanquer annoncent sur 16 ans… Les gros chiffres ne
sont qu’un artifice obtenu par le choix d’une période extrêmement longue et
lointaine. Dommage que les média ne dénoncent pas cette mascarade absolument
ridicule.
D’ailleurs, Henri
Sterdyniak a analysé les hypothèses communiquées par le gouvernement et
démontre qu’en réalité, cela aboutit à un recul de 36% de la retraite des
enseignants. Derrière le brouillard des annonces, et malgré le montant
important annoncé par Blanquer, rien ne permet de conclure que les professeurs
gagneront quoi que ce soit. Aujourd’hui, ils perdent sur tous les tableaux.
Ce commentaire a été supprimé par l'auteur.
RépondreSupprimerAu-delà de ces chiffres, Blanquer veut en profiter pour "redéfinir" le métier d'enseignant, lubie technocratique qui traîne depuis des années dans les "Think Tank" genre Institut Montaigne. Autrement dit : -
RépondreSupprimer- dénaturer le métier et en vider le contenu intellectuel, comme le prouve le nouveau CAPES Blanquer, quasiment sans épreuve scientifique et bourré de pédagogisme ;
- ajouter des tâches administratives et de la présence pour faire de la garderie ;
- Transformer les enseignants en dispenseurs de "compétences" ineptes du référentiel des eurocrates de Bruxelles ;
- Soumettre les carrières aux petits chefs locaux, sous prétexte d' "autonomie" des établissement, ce qui est tout le contraire de l'autonomie des enseignants et de l'autonomie des élèves.
- Imposer une "mobilité", autrement dit, comme dans la banque, obliger à déménager, emménager, redéménager tous les quatre ans, ce qui bouffera en frais de notaires dix ou vingt fois la minable augmentation donnée en sucette. Cette destructuration néolibérale est à relier au néomanagement, en particulier celui bien connu de France Telecom.
Tout cela ressemble à la transformation du statut des professeurs en celui de VRP en portes et fenêtres. En atteste d'ailleurs le nouveau slogan de Blanquer, "pour l'école de la confiance", qu'il a allé chercher visiblement chez Darty
Il manque une fonction "éditer"... Je suis obligé de supprimer et de republier pour corriger une coquille et je viens d'en trouver une deuxième à la fin "qu'il a allé"...
SupprimerDans un pays où un journal comme le Figaro peut se permettre, sans que cela fasse scandale, de publier un article de pure propagande comme celui de Pech et Beyer, absolument grotesque au regard d'un minimum d'esprit critique, mais parfaitement adéquat s'il s'agit de renforcer le conditionnement d'une partie de son lectorat, tout - c'est-à-dire le pire - devient envisageable.
RépondreSupprimerYPB
Faute d'autre lieu où le publier je mets ça ici (et au fond ça concerne aussi un peu les conséquences de la casse sociale): Slate m'apprend qu'en laissant la Grèce exsangue Berlin a précipité Athènes dans les bras des Chinois qui investissent à tour de bras dans le cadre du projet de Route de la Soie. Les Grecs sont bien sûr contents et ont mis en place un programme investissement immobilier vs visa inspiré du Portugal. Les retraités allemands ne râlent pas puisqu'évidemment ce n'est pas leur fric qui va vers les "Grecs fainéants". Double honte: 1) parce que si les Russes proposaient leurs services tout le monde crierait à l'Europe en danger. 2) parce que c'est un gros coup porté à la puissance économique de l'Europe.
RépondreSupprimerJZ
@ Rodolphe,
RépondreSupprimerMerci pour ces rappels. Malheureusement, Blanquer n’aura apporté quasiment aucun progrès par rapport à ses sinistres prédécesseurs
@ YPB
Naturellement, pas de réponse à mes tweets, polis, d’interpellation…
@ JZ
Très juste
Pourtant, Pech et Beyer lisent tous leurs tweets...
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