Décidément, Macron a le don pour provoquer des
mouvements sociaux qui battent des records de durée. Après les Gilets
Jaunes, qui continuent à protester toutes les semaines depuis plus d’un an,
l’opposition
à la réforme des retraites bat des records de longévité, malgré
des média souvent complaisants pour la majorité. Une
mauvaise réforme qui laissera des traces…
Enfumage et conséquences
Le scénario était tellement prévisible qu’il était
déjà écrit mi-décembre. Il faut vraiment relire le
papier du 13 décembre de Thomas Guénolé dans Marianne, qui décrivait assez bien à l’avance ce qui s’est
passé : l’âge pivot était une forme de faux pivot sur lequel le
gouvernement était prêt à reculer pour faire passer sa réforme. En revanche, le
recul s’est fait un peu plus tard, et il n’est que très partiel, le retrait de
l’âge pivot ne semblant que temporaire. Sa conclusion « il
n’est toutefois pas certain que le stratagème (…) parvienne à casser la
dynamique de la grève » est particulièrement bien vue avec du
recul tant le mouvement ne semble pas s’éteindre, gagnant en force ce qu’il
perd en nombre…
Le
papier que j’avais écrit le 9 décembre n’a pas mal vieilli également, où
j’évoquais un « Macron perdant à
tous les coups ». En effet, l’étude de son projet révèle des choix
tellement révoltants qu’une majorité des citoyens restera probablement
convaincue du caractère néfaste de cette réforme, même
si le gouvernement cède sur un certain nombre de sujets ou pour un certain
nombre de professions. Et parallèlement, ces compromis nourrissent une
critique en faiblesse coupable, comme cette
vidéo qui circule où l’on voit Macron dire en avril qu’il ne faudra pas céder,
sous peine de provoquer un effet domino, suivi par les annonces d’Edouard
Philippe à l’égard de telle ou telle profession…
Macron risque de perdre sur tous les tableaux :
ne convaincre personne qui était opposée dès l’origine à cette réforme, tout en
perdant sur les plus droitiers de ses soutiens, qui risquent de trouver qu’il a
trop cédé. Il faut dire que cette réforme a suscité une levée de boucliers
assez spectaculaire. Henri
Sterdyniak signe un réquisitoire implacable dans Alternatives Economiques où il dénonce l’imposition d’équilibre
du système, quel que soit la conjoncture, ce qui accentue les cycles, au lieu
de les atténuer, la gouvernance, les coupes implicites des pensions (qui
toucheront particulièrement les femmes et les chômeurs), ou la sortie des
revenus supérieurs à 10 000 euros mensuels du système.
Natacha
Polony et Jean-Michel Quatrepoint dénoncent « la réforme la plus injuste et la plus illisible », et Julien
Aubert a réussi à réunir 26 parlementaires LR pour dénoncer la suppression des
cotisations sur les très hauts salaires, qui fait « avancer le gouvernement vers un système de retraite par capitalisation
pour tous ». Ce seul choix n’est pas neutre car il représente à
lui seul jusqu’à la moitié du déficit du régime des retraites prévu par le COR
en 2025, qui justifie les coupes prévues par le projet. Ces
prévisions continuent d’être largement critiquées tant elles reposent sur
des choix du gouvernement, qui a mis le régime en déficit pour pouvoir mieux le
déconstruire par la suite…
Même si le pourrissement fonctionnait, avec le manque
de moyens des grévistes, Macron s’expose à une
convergence des luttes redoutable, illustrée par la mobilisation des
professeurs, qui
ont bien compris que les annonces de Blanquer étaient dérisoires. Même si
la réforme passe, Macron pourrait ne pas être vraiment gagnant, mais en plus,
les manifestations n’ont pas cessé…
Le gouvernement et Edouard Philippe en particulier nous prennent vraiment pour des perdreaux de l'année avec l'âge pivot. T'auras le droit de partir bien qu'à partir de 64 ans si tu as tout bien cotisé et que tes trimestres sont effectivement validés.
RépondreSupprimerSauf que avec l'allongement des études, la difficulté pour les jeunes générations de s'insérer sur le marché du travail, cette pratique de licencier les salariés expérimentés à partir de 50/55 ans (et moi je suis convaincu que ce seuil s'abaisse gentiment à 47/50 ans, 2 exemples dans mon entourage), l'âge pivot il est là !!!! et bien là !!! En fait est-ce que tout le monde part au même âge à la retraite ? Est-ce que tout le monde à 60/62 ans a toutes ses cotis' et ses trimestres validés ? Non !
Jeff'
"(et moi je suis convaincu que ce seuil s'abaisse gentiment à 47/50 ans, 2 exemples dans mon entourage),"
SupprimerJ'ai 53 ans.A 47 ans licenciée. Ma société était installée depuis 25 ans en grande banlieue sud. J'y suis entrée à 30 ans. Elle a été revendue par et le nouveau directeur l'a repositionnée.Locaux refaits. Les équipes augmentaient.Un jour de rentrée on nous a annoncé qu'on déménageait dans l'ouest parisien. Pour beaucoup d'entre nous chômage assuré car au niveau déplacement mission impossible.Certains passaient à 4h de transports A/R ! Moi à 2H30 (1H15 matin et soir). Avec 3 correspondances.Le but recherché par la direction était de se délester d'un max de salariés dont la tranche 45-52 ans était la plus importante. Nous avons été remplacés par des contrats en apprentissage, par des CDD ou par des jeunes diplômés payés entre le smic et le salaire médian.La société tourne bien mais pas mieux qu'à notre époque. J'ai fait un bilan de compétences : vous êtes dans une tranche d'âge médiane,moment le mieux payé d'une carrière.Vous avez de l'expérience, des diplômes. Mais vous êtes une femme, vous êtes expérimentée, vous avez des considérations salariales justifiées, vous avez 47 ans.Tous ces points auraient joué en votre faveur 10-15 ans en arrière. Mais plus aujourd'hui. Perso' ayant déjà fait de la formation à distance Je n'ai pas cherché plus. J'ai trouvé un taff' à temps partiel, me suis inscrite au CNAM en cours en semi-présentiel pour passer une 1ère année de master. Master en poche j'ai cherché un CDI. On n'a pointé plusieurs fois mon âge de 48 ans et le trop plein d'expérience. Nous sommes allés aux prud'hommes. Bien qu'il y avait des doutes sur l'utilité de déménager la société pas de preuves concrètes pour prouver que c'était une façon de dégraisser. On a obtenu plus de primes mais la direction a payé. Le déménagement des sociétés ou des sièges sociaux de la grande banlieue vers les portes de Paris ou vers les métropoles régionales ou de la province vers l'Ile de France et inversement a toujours existé (il y a pire il y a la délocalisation) mais depuis quelques années cette pratique connaît une activité non négligeable. Dans bien des cas, déménager n'est pas particulièrement utile à la société (la mienne aurait pu rester là où elle était sans aucun problème. Nous étions dans une ville nouvelle en plus donc pas dans la pampa non plus) mais ces déménagements permettent de dégraisser au passage. J'ai un cousin germain bossant pour une très grosse entreprise installée depuis X années en grande banlieue. Aucune raison d'abandonner le site historique bien au contraire...elle va déménager dans le nord ouest de Paris. Beaucoup ne vont pas pouvoir suivre dont mon cousin. Dégraissage en vue sans compter plus value immobilière pour la société quand elle aura revendu son site historique. Mon cousin a 49 ans, il a préparé en 2019 un master II (alors qu'il a fait sup' de commerce paris). Il vient tout juste de décrocher un CDI.
On nous parle de bosser jusqu'à un âge pivot de 64 ans. Mon cas va se multiplier (abaissement de la tranche d'âge). Perso', ouf ! bien tirée mais Si un coup comme ça se produit une 2ème fois je suis professionnellement morte.Le poste que j'ai retrouvé est dans un grand et gros cabinet de professions libérales. Quand je suis arrivée il était repris par une nouvelle équipe.Depuis octobre, je suis en e-learning pour finir mon cursus master en faisant une 2ème année en informatique option gestion comptable.
Corinne.
@Jeff' et Corinne
SupprimerMerci pour vos posts. Bien connu ce que vous décrivez Corinne le coup du déménagement du siège social d'un point de la banlieue est à un point de la banlieue ouest aux portes de Paris. Ce déménagement ne se justifiait pas pire cela a un coût (passer de Montreuil à Châtillon Montrouge pas les mêmes prix). Mais ce fut un excellent moyen pour la société de conseil-diagnostic pour laquelle je travaillais de dégraisser. Et effectivement la tranche 45-55 ans a pris le plus cher car tranche qui dans sa majorité n'a pas pu suivre. Quand j'ai été licencié j'avais 48 ans. Suis resté 9 mois au chômage avec un stage de 3 mois qui m'a servi à juste boucher un trou sur le CV. Parallèlement : validation des acquis pour capitaliser un bac + 5. Retrouvé un boulot en CDI avec un retour au même niveau de salaire qu'avant. Ironie du sort ; j'habite dans la zone de Marne La Vallée et j'ai retrouvé mon CDI à ...Lille. Je fais tous les jours A/R en TGV Marne la vallée-Lille 1h10 de train contre 1H30 avec 3 correspondances SOIT 3 HEURES DE TRANSPORTS EN COMMUN PAR JOUR si j'avais été délocalisé en banlieue ouest. Et en plus mon ancienne boîte à une grosse agence sur...Lille.
Aujourd'hui 52 ans 1/2, je ne souffre absolument pas de ces voyages quotidiens MLV/Lille car je suis tranquille dans le TGV. J'arrive à Lille j'ai 10 minutes à pied. Je pars le matin vers 7h15 tranquille et je rentre le soir vers 20h. Deux à 3 fois par mois je descends à Lyon sur un autre bureau. Pareil je pars de marne la vallée et je fais ma journée à Lyon et je rentre le soir vers 21 h. Une station de tramway arrivé à la Part Dieu.
Franchement je ne regrette pas ce rythme ! Je dirai même mieux que j'ai gagné en confort.
Bonne soirée
Luc
De toute façon tout est fait pour casser le salariat,le fonctionnariat, l’entreprenariat. Tout ça c'est l'ancien monde, les fainéants, les cyniques, les extrêmes. Vivent l'actionnariat, les GAFA etc...etc...
SupprimerJe suis vraiment désabusé et m'inquiète de plus en plus pour l'état de notre pays.
L'Anonyme du jour
Sans parler du sida, des guerres dans le monde, de l'extinction des dauphins, etc... etc...
SupprimerLe chauffeur de taxi du jour
Bonjour le chauffeur de taxi du jour,
SupprimerMerci pour votre post ! en effet, je m'inquiète aussi pour les guerres dans le monde ayant un neveu, militaire actuellement en opérations extérieures. Quand on voit le sens de l'Etat,des institutions, de l'Histoire que déploie E. Macron je vous confirme qu'on peut s'inquiéter notamment pour la France engagée sur certains conflits dans le monde.
Bonne journée à vous
David de Paris aka L'anonyme du Jour
C'était de l'humour, vous l'avez bien compris (on est Charlie ou on l'est pas, hein !)
SupprimerBon courage - et merci - à votre neveu
Le chauffeur de taxi du jour
Effectivement, Macron va décevoir sur sa droite et sur sa gauche, mais c'était inévitable compte tenu de la façon dont il est arrivé au pouvoir et du choix qu'il a fait de nommer Edouard Philippe à Matignon. Il va s'appuyer sur un noyau dur de 20% environ, en espérant que ça lui suffira en 2022 puisqu'il n'a pas de véritable opposition pour le moment.
RépondreSupprimer@ Jeff, Luc et Corinne,
RépondreSupprimerMerci pour vos témoignages et points de vue
@ L’anonyme du jour
Le grand retournement politique se rapproche. Je crois que l’impasse néolibérale est tous les jours plus clairs pour les Français et l’envie de vrai changement grandit