Alors
que de plus en plus de peuples se révoltent contre leurs dirigeants, que
l’économie mondiale est en difficulté, il y a quelque chose de surnaturel à
constater la croissance des marchés financiers en 2019, 26%
pour le CAC 40, 27%
pour le Dow Jones et 32% pour le Nasdaq. Une performance particulièrement révélatrice
de tous les dysfonctionnements de notre époque.
Misère en bas, champagne en haut
Bien sûr, des analystes à courte vue trouveront
toujours des raisons pour expliquer au premier degré l’évolution des marchés
financiers en 2019 : retournement
de la politique monétaire étasunienne, détente dans le conflit commercial entre
les Etats-Unis et la Chine ou clarification du Brexit. Mais ce qui frappe
dans les comptes-rendus de ces « performances », c’est le manque
absolu de recul dans la présentation de cette envolée des cours de la bourse,
qui va produire un nouvel enrichissement exceptionnel des milliardaires. Il ne
serait pas inintéressant de souligner le contraste avec l’état chancelant de
l’économie mondiale, et plus encore, la
révolte des peuples devant la dégradation de leur condition.
Ce grand écart illustre on ne peut plus clairement le
déséquilibre de notre système économique, qui tourne pour une toute petite
minorité au détriment de tous les autres. Le constraste entre l’envolée de
la valeur des entreprises et la situation sociale actuelle est révoltant. Il
faut malheureusement reconnaître que cela reflète une double réalité. D’abord,
une réalité structurelle : jamais
les grandes entreprises n’ont réalisé autant de profits et réussi à générer
autant de valeur pour leurs actionnaires, pour reprendre le jargon des
affaires. Ensuite, une réalité conjoncturelle, avec des
politiques publiques en leur faveur : les Etats baissent leur fiscalité
dans une course au moins-disant suicidaire, tout en démantelant les droits
sociaux, quand les banques centrales ajustent les politiques monétaires à
leurs besoins.
En somme, cette envolée reflète une triste réalité
économique, celle
d’une élite qui peut s’approprier toujours plus au détriment de tous les
autres, avec le soutien des Etats. Mais ce constat est à double tranchant,
tant il accrédite la dénonciation des politiques inégalitaires menées depuis
des décennies, et provoque une remise en question politique de plus en plus
radicale, comme le montrent la
primaire démocrate aux Etats-Unis ou l’évolution
du discours d’un Thomas Piketty. Difficile de ne pas penser que nous
approchons d’un point de rupture tant les excès actuels sont révoltants, comme
l’illustre le palmarès des patrons étasuniens les mieux payés, où le dixième a
empoché la bagatelle de 44 millions de dollars !
Pire, cette hausse des bourses est bien évidément
une nouvelle bulle, après celles de 2001 et 2008. Certes, le CAC 40 n’est
revenu qu’à ses sommets de 2007, après plus de 12 ans. En revanche, la
situation outre-Atlantique est totalement extravagante avec un Dow Jones deux
fois plus élevé qu’avant le krach de 2008 ! Pire, le
NASDAQ, à plus de 9000 points, est plus de trois fois plus élevés qu’à son pic
de 2008 et près de deux fois plus qu’en 2001. La valorisation de certaines
entreprises est totalement irrationnelle, notamment Uber, malgré la chute de
son cours, ou Tesla, dont
les performances financières n’ont strictement aucun rapport avec la
valorisation de l’entreprise, la deuxième de l’industrie automobile, derrière
le groupe Volkswagen, mais devant GM, Daimler-Benz, BMW ou Renault…
Cette envolée des marchés en 2019 en dit long sur
tout ce qui ne va pas dans notre monde : inégalités
extrêmes, puissances publiques au service des 1% et plus globalement, système
économique qui ne tourne plus que pour une minorité. Pire, comme toujours,
cette minorité créé une nouvelle bulle financière, qui va éclater dans les
prochaines années, et fera du mal à ceux qui n’y ont rien à voir…
Plus dure sera la chute.
RépondreSupprimerEt le rééquilibrage, tôt ou tard, aura forcément lieu.
Thanks great blog poost
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