On ne compte plus les dérapages
verbaux d’Emmanuel Macron depuis son accession au pouvoir, d’abord comme
ministre, puis comme candidat, et enfin comme président. Le florilège de
ses déclarations a dessiné le portrait d’un homme sûr de lui, hautain et
méprisant à l’égard des Français. Nouvel exemple avec sa sortie « essayez la dictature et vous verrez »
de retour d’Israël il y a quelques jours.
Sans filtre, méprisant et manipulateur
Ce qui assez incroyable avec Macron, c’est la
complaisance des grands média, même si cette dernière commence à très
légèrement se fissurer. Qu’auraient-ils dit si Nicolas Sarkozy avait fait et
dit exactement ce que Macron a fait et dit depuis son élection ? Il y a
fort à parier qu’ils
ne défendraient pas son bilan économique sur la foi de quelques statistiques
partielles et partiales. Mais la différence serait probablement encore plus
grande dans le traitement des innombrables dérapages verbaux du président.
Autant ceux de Sarkozy ont été abondamment, et pas injustement, critiqués,
autant ceux
de Macron sont traités avec une très grande complaisance de la part de la
majorité des média.
Pourtant, le passif est chargé. Déjà, ministre, il
avait évoqué les « illettrés » de Gad ou « l’alcoolisme et le tabagisme » du
bassin minier.
Son accession à la présidence a déclenché un déluge, comprenant deux facettes.
D’une part, une critique des Français, y compris à l’étranger, évoquant les
« Gaulois réfractaires au changement », affirmant « je ne cèderai pas au triste réflexe de la jalousie française » ou interpellant un jeune
chômeur en lui disant « je
traverse la rue et je vous trouve un emploi ». De l’autre, une
défense agressive de ses idées, parlant de « ceux qui ne sont rien », des « premiers
de cordée » qui doivent tirer « le reste de la cordée », ou en soutenant aussi qu’il n’est
« pas vrai qu’on est juste si on
empêche les gens de réussir (…) les riches se débrouillent très bien tous seuls ».
Bien sûr, quelques personnes ont pu parler,
excessivement, de dictature, mais la sortie du président n’en reste pas moins
excessive, manipulatrice et même indigne. Le procédé est classique :
caricaturer ses critiques pour ne pas répondre aux justes questions qui se
posent, sur le fait que l’on peut avoir peur pour sa santé en manifestant dans
sa France, sur
les dérives liberticides de la loi Avia, ou plus globalement, sur
le caractère autoritaire de ce régime qui refuse de rendre des comptes et
qui avance dans sa bulle, sans écouter ni rien ni personne. Ce n’est pas parce
qu’il y a pire ailleurs qu’il faudrait accepter ses projets, comme
le souligne Marianne. La
manipulation est très grossière.
Mais les français ne sont pas dupes, comme le montre le sondage
désastreux de BFMTV. Non seulement il y a encore une nette majorité de 61% pour le retrait du
projet de loi sur la réforme des retraites, malgré la propagande de la majorité des
éditorialistes, mais le jugement global sur Macron est probablement encore plus
sévère que sur ces prédécesseurs. A peine 14% jugent son
action en tant que président satisfaisante, et 62% décevante. Et si 24% jugent
que son action améliore la situation du pays, 75% ne le pensent pas. Pire, à peine
17% pensent que son action a permis d’améliorer leur situation personnelle,
contre 82%.
Ici, le désaveu est probablement plus fort que pour Hollande et Sarkozy.
En outre, il faut noter que cette
nouvelle saillie présidentielle a encore eu lieu hors du cadre d’une interview
classique, en direct, exercice qu’il évite au point d’avoir mis fin au
rendez-vous traditionnel du 14 juillet, préférant des échanges plus maîtrisés.
Sans doute un moyen pour limiter les dérapages. Mais ce faisant, il est devenu
un président à la fois trop bavard, tout en étant fermé au débat…
Je pense que les grands médias sont complaisants avec le pouvoir, surtout si celui-ci est néolibéral et pro-européen, ce qui était le cas de Hollande et de Sarkozy. Je n'ai pas le souvenir que les médias aient été anti-sarkozystes. Après, il faut bien distinguer la forme du fond. Ce qui est très critiquable chez Macron, comme ça l'était chez Sarkozy et chez Hollande, c'est le fond. La forme, je m'en fiche.
RépondreSupprimer« Nouvel exemple avec sa sortie « essayez la dictature et vous verrez » de retour d’Israël il y a quelques jours. »
RépondreSupprimerSi Macron continue de se comporter de cette manière insupportable, à la fois hautaine et bravache sur fond de chienlit persistante, les Français vont finir par le prendre au mot et se dire que les choses ne seraient pas pires sous un régime dictatorial et que cela vaudrait peut-être la peine d'essayer...
Le coup d'état permanent c'est depuis 1958 et les idioties de de Gaule.
SupprimerRappelez-moi, le coup d'État permanent, c'était bien la formule d'un décoré de la Francisque à propos de la Ve République ?
Supprimer"décoré de la Francisque" puis résistant, ce qui ne change rien au constat que la V ème est une ânerie qui livre trop de pouvoirs à l'exécutif.
SupprimerIl n'a jamais été résistant.
SupprimerBen ouais et il n'y a aussi jamais eu de guerre de 39-45 et ma grand mère est un autobus quand elle fait du patin à roulettes.
SupprimerNon, Mitterrand n'a jamais été résistant. Il a pris contact avec la Résistance lorsqu'il a senti, après Stalingrad, que le vent tournait. Et il n'y a joué aucun rôle malgré ses prétentions. Mais cela a suffi pour qu'il ne soit pas classé collaborateur, ce qui était tout ce qui lui importait. Il n'a jamais été socialiste non plus, comme l'ont signalé la plupart de ceux qui l'étaient sincèrement avant lui, Guy Mollet en premier.
SupprimerMais quand on a un autobus pour ancêtre, on ne peut pas savoir tout ça.
@ Anonyme10 février 2020 à 09:38
SupprimerC'est un peu plus compliqué que cela. Mitterrand est censé avoir été un maréchaliste passé à la Résistance. Il a fondé un mouvement de résistance qui a été reconnu officiellement comme tel en 1943. Mais on ne sait rien de concret de son activité. Les témoignages d'amis résistants comme Pierre Guillain de Bénouville lui sont favorables, mais sans apporter rien de solide non plus sur la réalité de son engagement. Il a par ailleurs constamment menti sur son action durant cette période, y compris sur sa Francisque, qu'il a niée avoir reçue. Certains ont prétendu qu'il ne l'avait acceptée que pour donner le change, sur ordre de la Résistance. Cela ne rend que plus curieuse la persistance de Mitterrand dans le déni. Pierre Péan le premier a signalé le mensonge, preuves à l'appui. Ce n'est pas le seul. Voir par exemple cet article du grand reporter Jacques-Marie Bourget : https://www.legrandsoir.info/mitterrand-et-les-mensonges-d-outre-tombe.html
YPB
Disons simplement quelques faits : 1. La séparation des pouvoirs en France n'existent pas : nous avons un parlement de godillots enrégimentés par l'exécutif et incapables de penser par eux-mêmes. Le judiciaire est aux ordres de l'exécutif protégeant les amis du pouvoir et enfermant les opposants. Ces derniers sont matraqués par les nervis du pouvoir. Le pouvoir médiatique est aux petits soins pour cette clique. Et il nous dit d'essayer quoi ?
RépondreSupprimerCa s'appelle la V ème république qu'adorent tant les gaullistes et qui nous refile depuis plus de 40 ans des monarques autoritaires.
SupprimerTroll.
SupprimerAnonyme9 février 2020 à 11:14
SupprimerCrétin trololo !
"DIEU SE RIT DE CEUX QUI MAUDISSENT LES CONSÉQUENCES DES CAUSES QU’ILS CHÉRISSENT." Bossuet
Tiens, la citation favorite de l'extrême-droite...
Supprimer@ Moi
RépondreSupprimerIl me semble tout de même que tous les médias « de gauche » - type France Inter, L’Obs, Le Monde, Libé… - se comportaient d’une manière complètement différente avec Sarkozy, qui, à l’époque, était paradoxalement plus modéré que ne l’est Macron. Et cela vaut sur le fond et la forme. Qu’auraient dit ces quatre média si Sarkozy avait pris les mesures que Macron a prises ?
@ Marc-Antoine
Je crois qu’il va finir par rendre possible la victoire de MLP si cela continue à ce rythme
@ Tous
Je préfère des institutions conçues pour un bon président (France, 5ème République) que pour un mauvais (Etats-Unis). Après, cela n’exclut pas de revenir sur de mauvaises évolutions (temps de parole pendant les campagnes par exemple) et faire quelques ajustements.
Et si vous avez un mauvais président, il se passe quoi avec vos institutions ?
Supprimer"Et si vous avez un mauvais président, il se passe quoi avec vos institutions ?".
SupprimerRien de pire qu'avec un régime d'assemblée impuissant qui finit par dégoûter de la démocratie représentative.
Donc le régime français est le summum de tous les régimes, c'est pour ça que tout va pile poil, qu'on a un parlement godillot, alors que les autres pays c'est le chaos...
SupprimerPersonne ici n'a jamais dit que tout allait bien sous le régime actuel, troll stupide. Mais si tu es vraiment à court d'arguments intelligents, tu as raison de chercher à le faire croire. La caricature grossière des arguments d'autrui, c'est tout ce qui te reste en matière de procédé rhétorique.
SupprimerOn attend toujours ton projet de réforme institutionnelle. Si tu as à l'esprit quelque chose de plus intelligent que de rétablir la IVe République, c'est le moment de le proposer. Mais évidemment, cela cesserait d'être du trollage pour devenir de la réflexion. Et cela exigerait un peu de culture politique. On comprend que tu cales.