C’est
ce qui était demandé depuis plus de quinze jours par des experts venus
d’horizon très divers : la mise en confinement du pays, à
la manière de ce qui a été mis en place en Italie. Las, après
des tergiversations bien politiciennes et inconséquentes, le pouvoir a
tardé à prendre la mesure de la crise, au
point de maintenir le premier tour des élections municipales, Au global, sa
gestion de la crise sanitaire, qui ne suit pas encore les
recommandations de l’OMS, n’est pas bonne.
Services publics aussi exemplaires
qu’oubliées
S’il est un
point où Macron a eu raison sur la forme, c’est
dans l’hommage qu’il rend aux personnels médicaux qui sont en première ligne dans
cette grave crise sanitaire. Leur mobilisation est d’autant plus
remarquable qu’ils le font dans de mauvaises conditions suite
aux coupes sombres réalisées depuis plus de dix ans qui ont malheureusement
déterioré l’état de notre système de santé. Mais
s’il y avait des mots dans l’allocution du président, malheureusement, il
n’y avait guère plus. Pire, l’annonce
du déplafonnement des heures supplémentaires du 8 mars, si elle était malheureusement
sans doute nécessaire, était d’autant plus cavalière sur la forme que l’Etat est
encore en retard dans le paiement des heures passées et il
a fallu attendre le 17 mars pour une petite annonce du gouvernement !
En outre, il
faut bien rappeler ici que cette majorité, comme les précédentes, a
procédé à de nouvelles coupes dans les budgets des hôpitaux. On peut aussi rappeler
les
22 000 postes supprimés en 2015 par Hollande et Macron. Cette gestion
purement comptable fait qu’il n’y a aujourd’hui aucune marge de manœuvre pour
gérer un afflux exceptionnel de malades, qui impose de faire des arbitrages inhumains.
Et un tel afflux suppose également d’en demander toujours plus à des personnels
de santé pourtant déjà en grande tension. Pire, malgré l’épidémie, cette
triste majorité n’a débloqué que des moyens dérisoires par rapport aux besoins
réels : à peine 2 milliards ! Quel contraste avec Boris Johnson, qui,
même si sa gestion de la crise pose question, a
lancé un plan d’investissement de dizaines de milliards pour la NHS et des
dizaines de milliers de professionnels de plus, avant le coronavirus…
Le bilan sanitaire
actuel incite à questionner, durement, les choix du gouvernement. Si nous ne
sommes pas dans la dramatique situation italienne, nous
semblons en prendre le chemin, avec une dizaine de jours d’écart. Car nous ne
sommes pas dans la
situation de la Corée du Sud ou de l’Allemagne,
qui affichent un nombre de morts et des taux de mortalité largement inférieurs.
Rappelons ici le
succès de la Corée du Sud à contenir l’épidémie alors que le pays a longtemps
été le deuxième foyer le plus virulent de la planète. Pour l’instant, le
pays a contenu les cas à moins de 10 000 et les morts à une centaine. Notre
voisin d’outre-Rhin, s’il a beaucoup de cas, a beaucoup moins de morts. Deux
points communs : beaucoup de tests pour identifier les personnes contaminés, et
un bon équipement avec 7
lits de soins intensifs pour 1000 habitants en Corée, 6 en Allemagne, contre 3
en France et 2,65 en Italie…
Ni anticipation, ni
réactivité, ni masques et ni tests
Ce
qui frappe en prenant un peu de recul, c’est le manque criant de réactivité de la
majorité, alors que l’épidémie a été plus tardive dans notre pays, ce qui
aurait du nous permettre d’anticiper davantage. Il
a fallu attendre le 3 mars pour avoir des décrets d’achat de masques, et ce
n’est ce samedi 21 que nous avons appris les quantités commandées, dont la
livraison sera progressive ! Le
conseil scientifique auquel se référait Macron lors de son intervention du 12,
avait été mis en place le 11 ! Et il
a fallu attendre le 20 mars pour la création d’une cellule d’anticipation,
qui aurait du être mise en place dès janvier, ce qui aurait sans doute permis
d’anticiper davantage, que ce soit sur les masques, les tests, ou même les
ouvertures de lits supplémentaires, qui viennent bien tardivement par rapport
au cycle de la crise. Le
changement de ministre de la santé en pleine crise n’a probablement pas aidé…
Olivier
Berruyer a peut-être bien raison d’écrire que la France est « le pire élève de la planète » dans
la gestion de cette crise. D’abord, maintenir
le premier tour des municipales était une faute sanitaire incompréhensible,
alors que la propagation de l’épidémie s’amplifiait. Comment
peut-on annoncer la fermeture des écoles et demander à protéger les personnes
âgées tout en convoquant toute la population à se croiser lors d’une
élection ? Il est bien évident que même avec toutes les précautions
nécessaires, un vote représente une occasion critique de propagation de
l’épidémie ! Les chiffres des jours prochains pourraient bien montrer
l’impact du vote du 15 mars. Heureusement,
le second tour a été reporté, mais on peut s’interroger sur la légitimité de
ces élections, entre une campagne largement éclipsée par le coronavirus, une
abstention record, et le décalage du second tour…
Sur le fond,
sur beaucoup de sujets, le gouvernement ne semble pas faire les bons choix. L’OMS
dit qu’il faut tester un maximum de personnes pour pouvoir isoler les malades
et prendre
les bonnes mesures pour l’entourage, comme
le soulignait également Le Quotidien du
Médecin le 6 mars. Sur ces deux sujets, la France a fait le mauvais
choix, malgré
les dires d’Olivier Véran. Et cela est d’autant plus incompréhensible que
ceux qui ont suivi ces recommandations s’en tirent beaucoup mieux. C’est
le cas de la Corée du Sud, qui a réussi à contenir efficacement l’épidémie
en testant 20 fois plus que nous. N’est-il pas effarant de limiter à ce point
les tests et de ne pas tester des personnes aux symptômes modérés ou des
personnes qui ont pourtant été en contact avec des personnes contaminés ? Bien
sûr, l’approvisionnement des tests n’est peut-être pas simple, mais certains
pays réussissent à le faire.
L’OMS
souligne également l’importance de l’usage des masques. Pour cela aussi, la
France n’est pas en pointe, faisant
dire à Philippe Juvin, chef des urgences à l’hôpital Georges Pompidou, très
critique dans Quotidien sur
l’intervention du 16 mars, que « nous
sommes un pays sous-développé en matière de santé » du fait de notre
incapacité à fournir des masques à toutes les personnes exposées, notamment
les professionnels de santé. Vu
d’Asie, cela est d’autant plus incompréhensible que les masques sont portés par
tout le monde. La situation actuelle est d’autant plus révoltante que notre
pays avait un stock important de masques : plus
d’un milliard de masques chirurgicaux et plus de 700 millions de FFP2 en 2009 !
Le
stock a été liquidé par nos dirigeants, enfermés dans une vision comptable des
choses et ce gouvernement a bien tardé pour réagir, se réveillant dans les
derniers jours…
En somme, dans
bien des domaines, ce qui frappe, c’est le manque d’anticipation et le retard
de notre pays, dont le chef envoie nombre de soldats sans équipement au
front. Cela est d’autant plus choquant que la Chine, puis les autres pays
d’Asie, et enfin l’Italie nous offraient un panorama clair des mesures à
prendre. Les décisions en trois temps, jeudi 12, samedi 14 et lundi 16 étaient
peu claires et démontrent a posteriori que les premières salves étaient
inadaptées puisqu’elles ont été corrigées deux jours plus tard à peine.
Pourquoi les annonces du 16 ne pouvaient-elles pas être faites dès le 12 ?
Beaucoup
les demandaient depuis plusieurs jours… Tout
cela donne un sentiment d’amateurisme et d’incapacité à prendre les bonnes
décisions au bon moment inquiétant, à défaut d’être surprenant.
Enfin, ce
gouvernement s’est aussi distingué par son dogmatisme dans le refus de remettre
en cause la liberté de circulation des personnes. Comme
la commission européenne, il a critiqué ceux qui rétablissaient des
contrôles aux frontières, des Etats-Unis à d’autres pays européens, comme
l’Allemagne. Bien sûr, une frontière seule ne peut pas empêcher la propagation
du virus quand il est déjà arrivé, mais il peut tout de même freiner sa
diffusion depuis des zones davantage touchées. Et à ce titre, l’autorisation
de la venue de près de trois mille supporters de la Juventus à Lyon le 26
février est une autre faute dans la gestion de cette crise ! Difficile
de ne pas voir dans la gravité de la situation dans la région lyonnaise une
conséquence partielle de ce choix, aggravé
par le maintien des municipales.
Bref, à
l’heure du bilan factuel, la note est lourde pour la majorité. Amorphe
jusqu’en mars, se contentant de traiter les premiers foyers, elle n’a
absolument pas su anticiper la situation actuelle, alors même que d’autres pays
sont bien en avance sur nous. De ce fait, nous affrontons l’épidémie avec un
manque criant de moyens (lits, masques, tests) qui
créent une tension horrible dans le système médical et alourdit déjà le
bilan. Non seulement Macron créé des crises internes, mais il se montre
incapable de gérer une crise venue de l’extérieur, parce
qu’il gère sa communication de crise plus que la crise.
"parce qu’il gère sa communication de crise plus que la crise".
RépondreSupprimerVoilà, c'est la clé du problème. La politique réduite à l'art de gérer la défiance de l'électeur...
YPB
Pour les masques...s'il n'y avait que les pro' de la santé qui en avaient besoin...La police et la gendarmerie mais aussi l'armée car cette dernière va être de plus en plus sollicitée et pas uniquement sur le plan médical, les douaniers (si on veut contrôler aux frontières et faire des contrôles sanitaires il va falloir des masques mais aussi des gants), les facteurs (pour les gants...distribuer le courrier n'est pas sans risques) etc...etc...
RépondreSupprimerIl y a un manque d'anticipation, c'est sûr : pas de tests de dépistage, pas de masques, pas de gel désinfectant. Nous sommes désarmés face à la maladie comme si nous étions un pays sous-développé.
RépondreSupprimerIl aurait fallu dès le départ fermer les frontières, faire des tests à tout le monde, distribuer des masques, mettre les personnes infectées en quarantaine et les personnes fragiles en confinement. Si toutes ces mesures avaient été prises à temps, nous aurions pu éviter de mettre tout le monde en confinement et d'arrêter presque toutes les activités du pays, ce qui va provoquer une méga-crise économique et financière.
Les mauvaises choses ont des bons côtés : peut-être que ça fera éclater la zone euro.
Cette interview de Roselyne Bachelot est très intéressante.
RépondreSupprimerhttps://www.les-crises.fr/roselyne-bachelot-ce-que-je-ressens-aujourdhui-de-la-rage/
Je pense que les services publics étaient déjà à l'époque soumis à des restrictions insupportables, et que c'est la raison pour laquelle les moyens mobilisés contre la grippe A ont choqué.
Quand tout le monde manque de moyens celui qui a réussi à en avoir quand même est toujours mal vu.
Et cela, c'était la faute de Sarkozy, quoiqu'en pense Mme Bachelot.
Ivan
quoi qu'en pense Mme Bachelot.
SupprimerIvan
Il y a d'autres aspects scandaleux sur la gestion de cette crise. Pourquoi ferment-ils les marchés ouverts mais pas les grandes surfaces ?
RépondreSupprimerPourquoi ferment-is les petits fleuristes mais autorisent-ils les grandes surfaces à continuer à vendre des fleurs ?
La destruction des indépendants et des territoires ruraux est aggravée par cette crise et, visiblement, à dessein.
Un jour, il faudra les juger.
@ Anonyme 10h51
RépondreSupprimerC’est juste : il manque des masques pour tout le monde. Policiers et gendarmes bien sûr, mais aussi sans doute toute la population…
@ Moi
Cela est effarant. L’argument de la compétence face à Marine Le Pen achève de tomber aujourd’hui. Macron est nu et nul.
@ Ivan
En effet, tous ceux qui ont moqué Roselyne Bachelot en prennent pour leur grade
@ Rodolphe
C’est juste. Les choix qui sont faits ne sont pas neutres
Termine suas dificuldades de dinheiro com minha oferta de empréstimo. Eu ofereço 5000 a 200 000 000 € com um 3% interesse um e-mail de ano: danielagrosu1976@gmail.com
RépondreSupprimer