Bien sûr, l’ampleur
de la crise sanitaire imposait sans doute des mesures exceptionnelles,
encore que si l’État s’était bien préparé, ces mesures auraient probablement pu
être moins radicales, comme le montre l’Allemagne. Mais il est assez stupéfiant
de constater à quel point notre gouvernement sacrifie
une profession qui est pourtant une des plus emblématiques de notre pays.
Un État à la fois trop et pas assez
interventionniste
La restauration, c’est la
France. Le terme restaurant est français. Notre cuisine a conquis le monde et
notre art de vivre est la référence de la planète, avec l’Italie. C’est
un secteur qui représente beaucoup d’emplois et dont l’importance est
probablement cruciale pour l’attractivité de notre pays, que ce soit pour
les touristes ou pour s’y installer. Il est par conséquent assez effarant de
constater la légerté avec laquelle l’Etat traite la restauration depuis le mois
de mars. Déjà, annoncer
le samedi 14 mars soir la fermeture des établissements dès le lendemain,
tout en envoyant des millions de français voter était aussi contradictoire
qu’irrespectueux pour le secteur. Il n’est pas normal de ne pas leur avoir
donné plus de temps pour se préparer, ne serait-ce que pour la gestion des
stocks d’aliments périssables !
Malheureusement, le gouvernement continue à être
trop dur avec le secteur, et à envoyer des oukases dans des délais trop souvent
incompatibles avec la gestion courante d’une telle entreprise. Déjà, on se
demande pourquoi les restaurateurs
n’ont pas pu rouvrir en même temps que les autres commerces, le 11 mai. Certes, les bars peuvent
être des lieux propices à la propagation de l’épidémie. Mais avec des mesures
de distanciation physique, les restaurants ne sont pas plus dangereux que bon
nombre de commerces, restés ouverts, ou qui ont rouvert le 11 mai. Et l’annonce du
déconfinement pour le 2 juin laissait à nouveau peu de temps pour les
restaurateurs afin de se préparer, d’autant plus que l’on peut faire confiance
à ce pouvoir pour produire des règles
aussi ubuesques que trop complexes.
Le refus d’autoriser la réouverture des restaurants
dans les zones orange, si ce n’est sur des terrasses, est tout aussi
contradictoire qu’arbitraire. Si seules les terrasses sont sûres, en quoi le
métro, les supermarchés, ou les autres commerces déconfinés le 11 mai
pourraient-ils véritablement l’être ? Ensuite, cela place la profession
dans une situation effarante où certains, qui n’ont pas de terrasses, doivent
rester fermer, quand
les autres, qui en ont, peuvent rouvrir, sous réserve qu’il puisse être
intéressant de rouvrir cette seule partie. Ici, notre Jupiter de pacotille
semble se prendre pour un empereur romain dans un cirque : malheur à ceux
qui vont mourir... Des chefs prestigieux ont à
nouveau alerté l’opinion sur la situation parisienne en soulignant l’importance
de la restauration pour le secteur touristique.
Et ce n’est pas tout. Car dans son manque criant de
préparation, nous avons appris mercredi
dernier que la médiation de Bercy sur les loyers des commerces avait tout
simplement échoué, laissant les commerçants contraints de fermer au bon-vouloir de leur
bailleur ! Cette situation est proprement révoltante. Bien sûr, le chômage
partiel a été une aide précieuse et des annulations de cotisations sociales ont
été annoncées, mais sur les loyers, les commerçants et les restaurateurs sont
abandonnés à leur triste sort. Il devrait lui revenir de
donner un cadre, législatif s’il le faut, à la négociation entre commerçants,
bailleurs et banquiers pour un juste partage du coût de la fermeture des
commerces,
dont les restaurateurs. Et il est révoltant que l’Etat ait laissé trainer ces
discussions, qui auraient du débuter en mars, et n’auraient jamais dépasser avril, tant le temps qui passe revient à
accepter la loi du plus fort.
Encore une fois, la
gestion de cette crise sanitaire aura été extrêmement mauvaise, mélangeant des
excès autoritaires pour compenser l’impréparation crasse du pouvoir, à un
laisser-faire stupéfiant dans certains domaines. Il est vraiment triste que
les restaurateurs, représentants du meilleur de notre savoir-vivre, soient
parmi les premières victimes de l’arbitraire effarant de la macronie.
C'est simple : ils sont tendres avec leurs copains et durs avec les autres...
RépondreSupprimerLes restaurateurs, on en tient la preuve ici, ne constituent pas un "lobby". Les vignerons non plus, malgré les couinements des bien-pensants à dénoncer le "lobby du pinard" dès que l'on refuse une de leurs mesures néo-puritaines emballées dans un "progressisme" factice.
" tendres avec leurs copains et durs avec les autres" eh oui! On l'a vu dès le début, quand les marchés de plein air ont été fermés alors que les supermarchés ne l'ont jamais été. Les groupes de pression qui se font entendre de ce régime ne sont pas constitués de petits entrepreneurs, susceptibles de porter un gilet jaune.
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