L’interprétation de l’accord de mardi n’a pas fini générer
des débats entre partisans de l’UE, qui continuent à y voir un
moment hamiltonien, et critiques qui y voient une forme de chant du cygne. Même s’il ne
faut pas négliger la réelle, même si limitée, évolution fédéraliste, sur le
fond l’UE persiste dans la même impasse. Et la France de Macron est bien le dindon de la farce pour
reprendre Natacha Polony.
Une UE dérisoire et caricaturale, un Macron qui oublie la France
Bien sûr, en affichant un montant de
750 milliards d’euros, les dirigeants de l’UE préservent les apparences. Le chiffre semble énorme
et ils pourront claironner que l’UE a été à la hauteur des enjeux de la crise
que nous traversons. Sauf que, quand on met en perspective
ces chiffres,
ce montant est en réalité dérisoire. Il faut d’abord rappeler que les États
avaient déjà mobilisé 2000 milliards au premier semestre. En outre, les sommes
dont on parle pour ce plan portent sur six années, ce qui relativise grandement
leur importance. Enfin, sur les 750, seuls 390 sont
inscrits en dur dans les budgets, 360 correspondant à des prêts que l’UE
pourrait faire à ses membres s’ils le demandent. Pas sûr que l’expérience
passée soit très motivante pour d’éventuels candidats au mécanisme, d’autant
plus que le niveau extrêmement bas
des taux
rend le passage par ces prêts totalement inutile aujourd’hui…
En réalité, alors que l’UE s’est mise
d’accord sur un budget d’environ 1100 milliards d’euros pour 2021-27, les 27 se
sont accordés pour ajouter une rallonge de 390 milliards. Le budget de l’UE
passerait donc de 1 à 1,4% du PIB sur la période… On a vu plus ambitieux qu’un
plan de relance qui accroit les dépenses de 0,4% du PIB. Pire, dans le magma
des plans divers et variés, il y a fort à parier qu’il y aura des effets de
substitution, comme le révèlent déjà les
coupes apportées à certains budgets, dénoncées au parlement
européen. D’ailleurs,
la France a annoncé que les 40 milliards du plan européen feront partie du plan
de 100 milliards. En clair, en partant du principe que seulement la moitié
viendra en additionnel, ce plan n’apportera sans doute qu’un supplément de
budget de 0,2% du PIB sur la période, seulement à partir de 2021. Totalement
dérisoire sachant que le PIB va reculer de 10%...
En outre, si un montant de dépenses a été fixé, le principe de rembourser
avec de nouvelles ressources propres à l’UE est extravagant. Il faudra l’accord des 27
pour y arriver. La taxe plastique est anecdotique et une taxe sur les GAFA plus
qu’hypothétique, entre une Irlande qui se fera leur avocat et une Allemagne
soucieuse de ne pas fâcher Washington… Bref, dès 2027, il y a fort à
parier que les Etats devront contribuer en plus pour rembourser les 390
milliards.
Plus globalement, cette négociation montre que l’UE n’est pas le bon cénacle
pour agir à l’échelle européenne. Devoir se mettre d’accord à 27 est trop
complexe et impose trop de circonvolutions pour aboutir à des accords à la
portée dérisoire. Au final, les « frugaux »
ont cédé contre de l’argent, et une baisse de leur contribution nette.
En somme, l’UE n’a pas évolué depuis quarante ans
quand Margaret Thatcher voulait qu’on lui rende son argent. A ce titre, la
position de Macron est profondément révoltante d’un point de vue de l’intérêt
national. Il est sans doute le dirigeant européen qui a le moins défendu son
pays. En acceptant un fond de 390
milliards, dont la France n’en récupèrera que 40, de facto, parce que notre
pays représente environ 20% du PIB de l’UE, il a signé un chèque de 40
milliards à ses partenaires ! Ce point est insuffisamment mis en avant dans
notre pays. Et son satisfecit sur l’agriculture est aussi prématuré
qu’excessif. Aujourd’hui, le budget de la
PAC est seulement stabilisé, mais la condition agricole montre qu’il est insuffisant et les
prochaines négociations risquent de le mettre en danger.
Au global, c’est tout le discours dominant autour de
ce plan qui est révoltant. Outre l’oubli de la facture
potentielle qu’il représente pour notre pays, qui semble le seul à se
désintéresser du coût de l’UE pour lui, toute la présentation est biaisée. Parler de
subventions ou de dons venus de l’europe est ridicule : ce n’est pas de
l’argent magique et même si c’est l’UE qui emprunte, in fine, la France en
garantit bien plus. C’est un simple transfert, où quand nous touchons 1, nous
assumons le double… En outre, avec des marchés prêts à nous payer pour prêter à
la France (les taux à dix ans sont à
-0,2%),
nous n’avons aucun besoin de l’UE. En outre, les négociations sont loin d’être
finies dans cette construction extraordinairement complexe et baroque, qui nous
fait faire peu, de manière compliquée.
Il faut être Le Monde pour croire qu’en s’endettant ensemble pour 30 ans, les Etats membres
disent leur volonté de rester ensemble. Bien sûr, il y a un petit pas fédéraliste,
d’autant plus choquant que le peuple n’a pas son mot à dire, mais ce pas est
petit et très prudent puisque tout est prévu si l’UE ne parvient pas à trouver
de nouvelles ressources, bien hypothétiques.
Toutes les mesures allant dans le sens d'une fédéralisation de l'UE mais sans aller jusqu'au bout vont rendre l'éclatement de l'UE plus problématique et plus difficile, sans l'empêcher. On est toujours dans un entre-deux qui est la pire des situation.
RépondreSupprimerLe plus extraordinaire dans cette séquence médiatique, c'est le passage de "une" et autres tribunes dithyrambiques sur "l'accord du siècle", à une disparition total de ce sujet dans les médias "classiques".
RépondreSupprimerEn moins de 48h. plus un seul article sur l'accord.
Et pour cause, toutes analyses de l'accord entraine le même constat : la France va perdre (encore) des milliards pour tenter d'atteindre son mirage européen.
Macron voulait un symbole, il l'a eu.
Mais à quel prix pour les français ?
"C'est pour l'avenir de l’Europe !, si l'Europe est forte, la France sera forte ! ..."
Ben voyons, cela fait 28 ans que l'on à signé Maastricht (1ere constitution européen de facto, car première compétences exclusives), et pour quel résultat ?
Une destruction de 70% de notre industrie...
Pas grave, continuons !
La foi européenne de 98% des médias est arrivé à un niveau sectaire rarement vu dans l'histoire de France.
Jusqu’à quand ?
Laurent MICHEL
@ Moi
SupprimerTout semble déjà prévu au cas où : les pays assumeraient leur quote-part habituelle… Je ne pense pas que cet accord représente un frein majeur.
@ Laurent Michel
Bien d’accord sur l’aspect sectaire
Peut-être pas un frein majeur mais ça alourdirait le chèque de sortie.
SupprimerBien sûr, c'est juste un petit accord, où on perd 40 petits milliards, accorde un petit rabais financier aux pays qui nous livrent une concurrence déloyale, et transfère un petit peu de pouvoir à l'UE.
RépondreSupprimerPendant le mandat de Macron, il y aura aussi eu quelques petits passages d'entreprises de pointe sous contrôle étranger.
Et il va sans doute y avoir une petite humiliation de la France vis-à-vis de l'Algérie, comme Macron l'avait d'ailleurs annoncé en campagne :
https://www.lefigaro.fr/flash-actu/macron-confie-a-l-historien-stora-une-mission-sur-la-colonisation-et-la-guerre-d-algerie-20200724
Il y a eu de petites libération de prison, quelques petites augmentations des incivilités, et on va peut-être rapatrier un petit peu les djihadistes.
Enfin, quelques petites centaines de milliers d'Africains se seront imposés chaque année de ce mandat.
Donc tout va bien, et Herblay a eu raison de s'abstenir en 2017, puisqu'il nous mijote une grande alternance (pour dans pas longtemps, dans un tout petit peu de temps, en plus) qui va tout arranger.
@ Troll
Supprimer« Quelques petites centaines de milliers d’Africains se seront imposés CHAQUE année de ce mandat » : mensonge aussi grossier qu’inutile qui disqualifie plus encore votre parole
Avec le conflit entre gens "face à face" qui se profile, peu importe si la France est le dindon de la farce de cet accord. Si macron repasse en 2022 on est définitivement foutu.
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