Plus de 300
milliards ! C’est la capitalisation boursière qu’a atteint Tesla, déclenchant
un bonus à 10 chiffres pour Elon Musk. Tesla
est tout simplement le constructeur automobile qui vaut le plus en bourse
aujourd’hui ! Pourtant, le moins que l’on puisse dire, c’est que les
résultats du deuxième trimestre devraient inciter à la prudence. Une
nouvelle preuve de la
folie des marchés.
Tesla vaut trois fois plus que BMW et Mercedes réunis !
J’attendais avec impatience les résultats de ce
trimestre pour
essayer de comprendre ce qui a pu pousser les marchés financiers à propulser la
valeur boursière de Tesla à un niveau aussi extravagant. En bourse, Tesla vaut théoriquement
trois fois plus que BMW et Mercedes réunis, dont les seuls profits
s’approchent pourtant du chiffre d’affaires de Tesla, et même près de deux fois
plus que BMW, Mercedes et Volkswagen réunis ! La meilleure résistance de
Tesla à la crise actuelle par rapport aux autres constructeurs, avec
une baisse des revenus de seulement 5%, et le fait de réaliser un profit
pour le quatrième trimestre consécutif semblent justifier la valorisation de
l’entreprise pour les marchés. On peut juste souligner que le cours de l’action
a sensiblement baissé en fin de semaine.
Pourtant, les chiffres communiqués le 22 pourraient
être interprétés de manière extrêmement inquiétante. Bien sûr, Tesla
se targue d’être le seul constructeur à avoir augmenté ses livraisons au
premier semestre, mais cet argument est un peu court. D’abord, le
constructeur réalise une grande partie en ligne et s’appuie bien moins sur son
réseau physique, qu’il
avait menacé d’abandonner pour faire des économies l’an dernier. Il était
donc logique qu’il résiste beaucoup mieux. En cela, le recul de 5% du chiffre
d’affaires n’est pas une si bonne performance, d’autant
plus que la valorisation de Tesla devrait reposer sur une forte croissance.
Pire, le prix moyen des véhicules vendus baisse, un signe inquiétant,
probablement la conséquence d’une concurrence allemande qui se renforce à
grands pas…
En outre, si
Tesla a généré un profit, celui-ci provient exclusivement de la vente, pour 428
millions de dollars, de crédits réglementaires d’émission de CO2 à ses
concurrents. Enfin, malgré cela, les niveaux de marge restent sensiblement inférieurs
à ceux des marques allemandes. Bref, le second semestre sera critique et Tesla
devrait fortement renouer avec la croissance et amplifier ses progrès en
matière de marges pour justifier ne serait-ce qu’une infime partie de la
valorisation de l’entreprise. On
peut estimer qu’un constructeur automobile qui vendrait un million de voitures,
réaliserait 60 milliards de CA et 3 milliards de profits devrait valoir environ
20 milliards en bourse. Aujourd’hui, Tesla aura du mal à réaliser la moitié
de cela, tout en valant 15 fois plus. En clair, l’action Tesla est 15 à 30 fois
trop cher !
La valorisation totalement extravagante et
déconnectée de la réalité de Tesla démontre à nouveau la folie des marchés
financiers, qui se comportent avec son action comme
les spéculateurs du 17ème siècle avec les bulbes de tulipe.
Tesla n’est pas Google, Facebook ou Amazon. Renault
vient de reprendre la première place en Europe pour la vente de véhicules
électriques et l’offensive des constructeurs allemands ne fait que
commencer. L’action Tesla finira par percuter le mur de la réalité. Et même si
cela prend du temps et permet aux fans de moquer les cris d’alarme de ceux
qui s’inquiètent de la bulle, l’effondrement viendra car le cours actuel
n’a absolument aucun sens. Il démontre néanmoins l’ampleur des
dysfonctionnements des marchés financiers, qui sont, à son sujet, totalement
étrangers à la raison.
L’effondrement de l’action Tesla est quasiment
certain, même s’il peut tarder. Le recul du permier
semestre 2019 n’était qu’un amuse-bouche par rapport à ce qui arrivera
quand les marchés financiers réaliseront que Tesla ne peut pas valoir 300
milliards et que la
valeur réelle de l’entreprise est au moins 10 fois inférieure. Il y aura du
sang sur les murs quand la réalité rattrapera la créature d’Elon Musk.
On aimerait vous croire mais voici ce que vous disiez le 28 décembre 2017 : "J’ai tendance à écarter par principe Macron, qui représente pour moi le cas classique de bulle sondagière, à la conjonction du centre politique théorique et des idées des élites, lui assurant une couverture médiatique sans rapport avec sa réflexion bien limitée. Difficile de ne pas croire que le soufflé retombera rapidement au printemps, entre manque de substance et délicate justification de son absence aux primaires. Pourquoi soutenir un ancien ministre qui aura refusé de se soumettre à l’élection démocratique auquel ses anciens collègues et son ancien Premier ministre se seront soumis ? Tout semble bien réuni pour que le têtard de Hollande retourne dans le marigot dans quelques semaines". Disons que ça nou sincite à la prudence.
RépondreSupprimerJ'ai pensé la même chose en 2017 : que Macron était une bulle. Et honnêtement, je le pense toujours car il n'y avait aucun projet derrière sa candidature, c'était le vide sidéral. C'est juste que les bulles, on ne sait jamais à quel moment elles vont éclater, c'est-à-dire le moment où l'on prend conscience du décalage entre l'investissement que l'on a mis sur quelque chose et le vide de l'objet en question. De la même façon que le QE de la BCE donne un sursis à l'euro, les soutiens médiatiques ont donné à Macron le temps qu'il lui fallait pour gagner l'élection. Mais on voit bien aujourd'hui qu'il est le plus impopulaire de tous les dirigeants européens. La bulle a éclaté trop tard, c'est tout.
Supprimer@ Anonyme
RépondreSupprimerVoici la conclusion de ce papier de décembre 2016 : « L’impression qui domine, c’est que le champ des possibles est beaucoup plus ouvert que la répétition des sondages ne l’indique aujourd’hui. Il y a trop de faiblesses structurelles dans tous les camps pour qu’il n’y ait pas de surprise, à moins que la surprise soit justement le fait qu’il n’y en ait pas et que, tristement, François Fillon gagne le second tour largement face à Marine Le Pen ». Je ne concluais pas. Et entre ce papier et le premier tour, il y a eu le choix de Hamon par le PS, un énorme bonus pour Macron, qui aurait été en moins bonne posture avec Valls en face, au positionnement proche et les affaires Fillon. Le papier me semble équilibré, pointant les limites de tous les principaux candidats :
http://www.gaullistelibre.com/2016/12/quelle-surprise-pour-la-presidentielle.html
Et ici, sur Tesla, ma prévision n’a pas de date, ni même affirmative à 100%, même si je pense que Tesla finira probablement par s’effondrer.
@ Moi
Bien d’accord. Macron était une bulle de vide, il n’y a eu qu’un enthousiasme très minoritaire, mais qui l’a porté à la victoire du fait des énormes limites de tous ses opposants.
Pourquoi comparez-vous Tesla aux valeurs automobiles alors que les marchés la place dans la catégorie technologie ?
RépondreSupprimerCela dit, Tesla est encore une start-up : soit dans 10 ans elle sera 100 fois plus grande et dominera outrageusement son marché, soit elle s’effondrera ; pari à prendre !
Donc, pour vous, Tesla pourrait vendre 40 millions de voitures. En effet, dans ce cas, les 300 milliards de valorisation seraient justifiés. Je pense déjà qu'atteindre 1 million ne sera pas si facile et qu'au mieux, 2 millions serait une belle réussite. Mais dans ce cas, la valorisation est totalement folle. J'en prends le pari.
Supprimer40 millions, ça ferait ~50% du marché. C'est un peu beaucoup oui.
SupprimerMais la triple anticipation de Tesla est que dans moins de 10 ans les voitures vendues seront électriques, connectées et autonomes. Si c'est bien le cas, ils ont une sacré avance.
Espérer vendre 10 millions voitures/an n'est pas extravagant puisque c'est ce que fait Toyota, VAG ou General Motors.