Dès l’automne 2012, le rapport Gallois avait permis à Hollande, conseillé par Macron, de prendre le virage de la politique de l’offre, ouvrant la voie à des dizaines de milliards de baisse des impôts pour les entreprises et à une déconstruction du droit du travail. Macron a poursuivi dans la même direction. Pourtant, les résultats du commerce extérieur démontrent l’échec complet de ces politiques.
L’inefficace et délétère course à la compéitivité
Mais l’argent n’est qu’une part de ces réformes dites structurelles, l’autre grand volet étant la réforme du droit du travail dans un sens toujours plus favorable aux employeurs. De manière assez extravagante, ce sont pas moins de trois réformes qui se sont succédées en à peine plus de 2 ans, lois Macron et El Khomri puis ordonnances Macron, sans qu’il y ait le temps de faire le moindre bilan des évolutions précédentes. Bref, en quelques années, notre pays a connu un profond changement d’orientation économique, avec un pari clair en faveur de la politique de l’offre pour améliorer notre compétitivité, l’objectif affiché étant de générer emplois et croissance. Près de huit ans après le rapport Gallois, l’heure du bilan de cette politique a sonné. Les résultats sont clairs : son échec est complet.
Et là, les résultats du commerce extérieur au premier semestre 2020 dressent un constat sévère puisque le déficit de la France s’est amplifié, à 34 milliards d’euros, 7 de plus qu’en 2019. Pour qui prend un peu plus de recul, la situation semble extraordinairement stable puisque notre pays affichait déjà un déficit de plus de 60 milliards de 2011 à 2013, avant que la chute du prix du pétrole ne lui permette de reculer d’un tiers en 2015, à un peu plus de 40 milliards. Malheureusemnt, il a progressé de 50% de 2015 à 2018 alors même que Hollande avait multiplié les mesures destinées à améliorer notre compétitivité, démontrant la faillite complète de ces politiques. La reprise du creusement de notre déficit commercial aujourd’hui démontre aussi que les mesures de Macron ne fonctionnent pas du tout.
Malheureusement, ce n’est pas une surprise. Nous avions été nombreux à dénoncer cette effarante politique de l’offre, dénoncée durement par le « prix Nobel d’économie » Paul Krugman, qui voyait dans la politique de Hollande celle de la droite la plus bète. Dans un espace comme l’UE, où les capitaux, les biens et les personnes circulent librement avec des pays où les salaires sont plus de 5 fois plus bas, la course à la compétitivité est une course sans fin pour notre pays : cela revient à arroser le sable d’un désert aride. Mais le pire, trop souvent oublié, est qu’elles ont des conséquences très dures pour la population, entre coupes des services publics et des aides sociales et précarisation généralisée, entre conditions du travail dégradées et renforcement du rapport de force en leur défaveur…
Il est malheureux que quand le Medef, l’ifrap ou l’institut Montaigne proposent de nouveaux volets à cette politique de l’offre, le bilan des huit dernières années ne leur soient pas davantage opposés. Ce sont leurs idées qui ont été appliquées, avec constance et vigueur. Et l’échec est complet. Aux reculs sociaux considérables n’a répondu strictement aucun gain économique pour la France.
Constat imparable. Mais comme vous le dites, les libéraux bêlant continueront à débiter leurs sornettes devant tous les micros complaisamment tendus par l'oligarchie médiatique. Une des conséquences bien visibles de cette politique a été le mouvement des Gilets Jaunes. Il y en aura d'autres. En tout cas, je le souhaite.
RépondreSupprimerLa parité fixe avec l'Allemagne (et ces 20% d'écart) est la cause principale du déficit commercial. Lors de la création de l'Euro (1 janvier 1999 = fixation des partités), la balance commerciale était à l'équilibre. Au regard de l'histoire économique, il allait y avoir divergence (1 nouveau franc de 1960 = 1 mark et dans les années 1990 c'était environ 3.5 francs pour 1 mark). Les lois Hartz de 2003-2005 ont accéléré cette tendance historique (ce qui fut le premier choc asymétrique rencontrée par la sainte monnaie pour reprendre les analyses de Milton FRIEDMAN - https://www.contrepoints.org/2012/07/31/92198-milton-friedman-avait-prevu-la-crise-de-leuro). Le CICE est une tentative desépérée pour combler ces 20% d'écart mais même ces sommes démentielles ne changent quasi rien et l'image de l'arrosage d'un désert aride est une bonne image de la solution apportée au problème.
RépondreSupprimerLa politique de l'offre fonctionne très bien il suffit d'être du bon côté de l'arrosoir. Jamais les riches n'ont été aussi riches et les pauvres aussi nombreux.Vassaux des USA, les Young leaders aidant notre société devient américaine dans tous ses défauts.
RépondreSupprimerEt donc qu'allez-vous y faire ? Une solution électorale ? Avec quelle base d'électeurs ?
RépondreSupprimerJ'entends parler de ce déficit depuis presque 40 ans. Avec comme solution dans les années 80 le dédouanement des magnétoscopes japonais à Poitiers ! Le mal profond dont souffre notre pays c'est au fond "la rivalité hypocrite" entre patrons et salariés qui veulent gagner un max de pognon sans trop se casser la tête ni trop faire d'effort, sous le regard bienveillant des tocards politiques qui ne veulent que rester au pouvoir. Autrement dit, ce qui nous tue c'est le déficit de patriotisme.
RépondreSupprimerEt pourtant nous sommes la Patrie de Colbert...
RépondreSupprimerProduire et vendre, c'est cela qui fait la richesse.
Ce n'est pas acheter à crédit.
(les chinois ont retenu l'exemple !)
D'avis que ce déficit durera encore longtemps.
Tant que cela sera "open bar" au niveau des crédits à l'état, aux entreprises et au citoyens, cet effondrement productif est (presque) indolore.
Le jour où plus de crédit : aie aie aie...
Mais quand ? entre les premières critiques de Vauban sur le système financier féodale-monarchique (intenable à terme sans imposition des nobles) et la Révolution : presque 1 siècle !
Laurent MICHEL
@ Anonyme 8h40
RépondreSupprimerBien d’accord
@ Anonyme 9h41
C’est juste. D’ailleurs, on constate que la situation était équilibrée au début des années 2000.
@ Piedecou
Cela rejoint mon constat sur le cauchemar étasunien :
@ Anonyme 4h10
Encore tôt pour décider. Il faut échanger, réfléchir et peser sur le débat.
@ Laurent
C’est juste
Article sur une réforme en cours de l'interconnexion des systèmes postaux :
RépondreSupprimerhttps://julienfontaine.com/2019/12/05/colis-chinois-tarifs-pascher-upu-trump-fret-poste/
La Californie est à la pointe des black-outs :
RépondreSupprimerhttps://www.nytimes.com/2020/08/17/business/energy-environment/california-blackout-electric-grid.html
https://twitter.com/KaplanBen_Fr/status/1295737487768387586
après un black-out au début des années 2000 suite à la dérégulation du système électrique, en voilà un autre suite à l'introduction à marche forcée d'éoliennes.
Puissent les branquignols pro-Hulot en tirer la leçon, avant de continuer à laisser vandaliser un de nos secteurs de pointe :
https://twitter.com/MarcelBoitant/status/1295733111007973377/photo/1
Herblay, vous dites vouloir peser sur les débats.
RépondreSupprimerVers quelle date pensez-vous avoir un impact significatif ? Vers 2500, 2600 ? Un peu avant, un peu
après ?
Et que restera-t-il de la France (non pas de la république, mais bien de la France) à cette date ?
@ Anonymes
RépondreSupprimerLa situation des Etats-Unis ne cesse de se dégrader. Trump continue à mal se comporter…
@ Troll
Assez vite, je l’espère