La réponse à la crise économique la plus grave depuis une génération aurait dû être rapide, forte et simple à mettre en œuvre. La réponse de l’UE est tout le contraire. Tardive : les fonds n’arriveront au mieux que près d’un an après le début de la crise. Faible : il n’y a plus que 0,7% du PIB sur 3 ans. Complexe, ce qui va sans dire. Et pire pour nous, la France y perdra au moins 15 à 20 milliards de plus !
Trop tard, trop peu, trop complexe, trop contraignant
Et le montant des fonds est tout aussi ridicule. 750 milliards d’euros, soit 5% du PIB de l’UE, cela aurait été un plan à la hauteur s’ils avaient été dépensés sur 2020 et 2021. Mais, en juillet, il n’y avait plus que 390 milliards de crédits et 360 de prêts très hypothétiques, et rien ne devait être disponible avant la mi-2021. Le Figaro nous révèle qu’en deux mois, le plan s’est précisé : le montant des crédits a perdu 20% depuis le sommet de juillet, à seulement 312 milliards d’euros, à peine 2% du PIB de l’UE et ces crédits seront dépensés de 2021 à 2023. Le plan de relance de l’UE, c’est donc à peine 0,7% du PIB de crédits supplémentaires sur trois ans, sans la moindre garantie qu’ils soient vraiment additionnels et ne viennent pas en pure substitution d’autres budgets. Encore raté !
Et ce n’est pas tout, comme le titre Le Figaro, « Bruxelles verrouille l’utilisation des fonds européens par les Etats membres ». Il faudra consacrer 37% des fonds pour le climat, 20% pour le numérique, de nouvelles réformes seront demandés, et le tout devra être renseigné dans le « formulaire aride de la Commission », d’ici fin avril 2021. Pour couronner le tout, les discussions se poursuivent entre le Conseil et le Parlement européen, qui souhaite être associé aux plans nationaux. Pour finir, les Parlements nationaux devront encore ratifier le dispositif. Bref, ce qui est clair, c’est que faire des choses avec l’UE aboutit à perdre du temps, et à le faire de manière extraordinairement compliquée, sans même parler de la question pourtant essentielle de la souveraineté nationale, encore abîmée ici.
Autre point complètement effarant : la présentation de ce plan par la majorité actuelle. Jean Casteix parlait du financement de 40% de notre plan de relance. Las, il ne reste plus que 22,7 milliards pour la France en 2021 et en 2022, quasiment moitié moins qu’anticipé, 14,7 milliards ne venant qu’en 2023. Bien sûr, cela ne posera pas de problème, tant les marchés sont friands de notre dette, au point de payer pour nous prêter à 10 ans. Mais cela montre à nouveau que ce gouvernement parle trop vite et très faux. Et surtout, il faut encore rappeler que le bilan économique global pour la France sera très largement négatif, puisque nous assumons 17% du budget européen. Ce plan nous coûtera au moins 15 à 20 milliards de plus. Ce n’est pas l’UE qui nous finance, c’est la France qui paiera encore plus à l’UE…
Bien sûr, il n’y avait pas d’illusion à avoir sur la réaction de l’UE à la crise. Encore une fois, l’UE est incapable de nous aider, étant à la fois dérisoire, trop lente, et trop complexe. Pire, tout ceci fait encore gonfler la facture pour notre pays, qui n’en a pas besoin. Et pour couronner le tout, l’euro a pris 10%, annulant l’effet de bien des plans de compétitivité…
Lire également le très bon papier d’Olivier Berruyer sur son site Les Crises
PLAN DE RELANCE EUROPÉEN : LA POLOGNE ET LA HONGRIE REFUSENT D’ENGAGER LE PROCESSUS DE RATIFICATION
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