Même si nous sommes au pic hospitalier de cette seconde vague et que le gouvernement vient de prolonger le second confinement, un tel questionnement est utile. Dans une démocratie mature et fonctionnelle, un tel débat devrait avoir lieu sereinement. Un reportage très intéressant d’Arte sur les Français, Allemands et Suédois face à la crise pose beaucoup de très bonnes questions.
Débat oublié et oubli des sacrifiés
Il y a des raisons structurelles : des années de sous-investissement et de réductions des capacités d’accueil à l’hôpital, qui ne nous donnent pas les moyens d’accueillir un afflux soudain de patients. Le gouvernement y a ajouté un manque criant d’anticipation, pour les masques, les tests, les équipements, et même les médicaments. Avec l’envolée des cas et des morts, le gouvernement français a pris le parti, en mars comme cet automne, d’imposer à notre pays un des confinements les plus stricts, autoritaires et infantilisants du monde, fermant une grande partie des commerces et imposant une attestation pour sortir de chez soi, à rebours de l’approche d’autres pays. Pour Die Zeit, qui parle d’« Absurdistan autoritaire », il est paradoxal d’avoir un tel bilan sanitaire et un dispositif aussi contraignant.
Bien sûr, les partisans d’un confinement dur peuvent dire que, sans ces mesures, le bilan serait plus élevé. Mais ce raisonnement est un peu court. D’abord, les comparaisons internationales ne le confirment pas : trop de contraintes infantilisantes peuvent avoir des effets pervers. Ensuite, il y a aussi, et heureusement, des exceptions : écoles, travail, transports, supermarchés… Jamais à une fausse-vérité près, les ministres tentent de minorer leur importance, affirmant que seulement 1% des contaminations auraient lieu au travail et 1% seulement aussi dans les transports… Plus globalement, se pose la question de l’usage abusif de l’état d’urgence, qui permet de se passer de l’avis du parlement. Pourtant, de tels arbitrages entre santé, économie et liberté devraient au contraire imposer un véritable débat, d’autant plus que les conséquences très dures des confinements sont tous les jours plus évidentes…
Cela est d’autant plus nécessaire que derrière la présentation partielle et partiale des chiffres de l’épidémie, il faut aussi prendre du recul sur la dangerosité de ce virus. The Economist a publié un bilan mondial qui montre bien qu’il est quasiment sans danger pour les moins de 25 ans (taux de mortalité inférieur ou égal à 0,02%), assez peu pour les moins de 50 ans, et que le taux de létalité serait de 2,5% pour les 65-79 ans et 10,9% pour les 80 ans et plus. Et encore, il s’agit de chiffres globaux, qui ne distinguent pas ceux qui présentent des facteurs de comorbidité des autres. En effet, le risque est nettement moins important pour les personnes en bonne santé. Il n’est pas inutile de rappeler qu’en France, 50% des décès concernent des personnes de plus de 84 ans et 80% des personnes de plus de 75 ans. Et 80% des patients de plus de 90 ans s’en tirent selon les chiffres de Santé Publique France.
Mais face à un virus qui frappe durement surtout des personnes âgées et en mauvaise santé, doit se poser la question de la mesure des restrictions imposées pour limiter la circulation du virus. D’abord, outre le caractère extraordinairement arbitraire des mesures prises en France, quel est l’apport du confinement par rapport à l’addition d’un couvre-feu, de protocoles sanitaires stricts dans les commerces, et d’un appel au civisme ? Les dégâts du confinement sont clairs, mais ce qu’il apporte ne l’est pas autant, au regard du bilan de notre pays par rapport aux autres. Ne faudrait-il pas également cibler les personnes à risque de manière plus différenciée pour limiter l’impact pour tous les autres ? Il est tout de même malheureux que dans le pays des Lumières, ce débat n’ait pas davantage lieu. Plutôt que d’agir comme s’ils étaient sûrs d’eux, les dirigeants actuels gagneraient à permettre un vrai dialogue.
Bien sûr, le gouvernement ajuste ses mesures pour réagir aux protestations des uns et des autres, comme la fermeture des rayons dits non essentiels des supermarchés. Le soutien accordé aux annulations de loyer a été amélioré (passant de 30 à 50% du loyer de novembre pour les indépendants, et à un tiers pour les chaines), mais ce dispositif, certes mieux conçu et plus important, vient bien tardivement et reste toujours optionnel et à la main des bailleurs. En outre, il semble acquis que rien ne restera fait pour la première vague... En somme, le coût de la fermeture d’une si grande partie des commerces apparaît gigantesque au regard d’un bénéfice pas si clair. Combien de vies ruinées ? Combien d’emplois détruits, dans un pays comme le nôtre, qui n’en avait vraiment pas besoin ?
Plus globalement, cette crise sanitaire montre que la recherche de l’intérêt général n’est pas évidente face à une telle menace. Et il est malheureux que ce gouvernement et trop de média aient choisi de faire peur plutôt que de favoriser un débat non seulement légitime en démocratie, mais nécessaire pour adopter la bonne réaction face à cette crise. Aujourd’hui, la France et les Français semblent perdants à tous les niveaux : mauvais bilan sanitaire, mauvais bilan économique et mauvais bilan pour nos libertés.
Comme je l'ai déjà écrit dans mes commentaires, il y a 3 stratégies contre la pandémie :
RépondreSupprimer1-éradication totale : stratégie chinoise ;
2-peu ou pas de restrictions : stratégie suédoise ;
3-confinement et restrictions, non pas pour éradiquer le virus, mais pour freiner sa progression et éviter que les hôpitaux ne soient débordés.
Nous aurions accepté des mesures très dures mais limitées dans le temps si le virus avait été éradiqué comme en Chine. Mais nous avons cumulé les contraintes et l'inefficacité.
Et dire qu'ici bas j'entends encore et toujours le même refrain imbécile : "les autres n'auraient pas fait mieux". Certes la classe politique est complétement discrédité depuis longtemps. Mais quand même ! Ce qui est sûr c'est qu'"ils" n'auraient pas fait pire, et que peut-être, n'auraient-ils pas commencé par mentir.
RépondreSupprimerLe fait est que beaucoup de pays ont fait mieux.
SupprimerLa Suède durcit sa stratégie...
RépondreSupprimerhttps://www.lemonde.fr/planete/article/2020/11/17/face-au-covid-19-la-suede-adopte-des-restrictions-sans-precedent-dans-l-histoire-moderne-du-pays_6060051_3244.html
Ils ne sont pas confinés, pas obligés de remplir de la paperasserie pour aller acheter leur baguette, pas obligés de porter un masque, les commerces ne sont pas fermés arbitrairement. Bref, rien à voir avec ce que nous vivons en France.
SupprimerLa Suède...
Supprimerhttps://www.news.com.au/world/europe/swedens-herd-immunity-strategy-has-failed-hospitals-inundated/news-story/374e397d9232036000a1d38548eabff9
@ Moi
RépondreSupprimerEn effet, nous sommes plutôt mal classés si on considère le bilan sanitaire, le bilan économique et le niveau des restrictions
Merci pour la précision sur la Suède : certes, durcissement, mais ils restent loin de nos délires autoritaires
Et maintenant (ou plutôt devrais-je dire enfin ???!!!) on évoque ouvertement la crise psychologique et psychothérapeutique qu'a entraîné l'épidémie et son traitement sanitaire, économique et social. Si l'on croit les chiffres du minsitère de la santé, il y aurait + 20 000 de cas dépressifs de recensés.
RépondreSupprimerEt encore une fois, une preuve flagrante qu'on a foutu en l'air notre système de santé et social. Les organismes de santé publics recrutent 160 psychologues de plus en urgence.
Personnellement, cela m'épuise.
Bonne journée
Bonne santé
Sylvie
Merci Sylvie d'évoquer cette 3ème vague qui est entourée de silence du moins jusqu'à aujourd'hui. Eh oui ! la France ne va pas bien dans sa tête.
SupprimerPersonnellement je me sens très concerné. Comme je l'ai dit dans un précédent post, avec l'épidémie j'ai essuyé les plâtres en terme d'emploi : perte de mon emploi et dans des conditions vraiment dégueu******. Employeur indélicat qui a profité de l'épidémie et de la crise du confinement pour se débarrasser de certains collègues et moi-même. Je me suis bien retourné. Et ça repart plutôt bien. Casse limitée.
Mais tout cumulé : confinement, perte d'emploi plus d'autres tracas quotidiens, moi qui ne suis pas un anxieux, un stressé et autres avec le climat ultra anxiogène et culpabilisant entretenu et proposé clé en main aux citoyens et citoyennes eh bien je l'avoue...moralement j'ai pris un vrai coup avec des signes physiologiques (ex. éruptions cutanées dans le cuir chevelu).
Cela va se remettre (déjà nouveau CDI) et je ne désespère pas ni ne sombre car je me dis qu'il y a plus mal loti que moi et que j'ai une situation familiale solide. Mais nous allons être nombreux qui allons être en crise psychologique et psychothérapeutique de légère à très grave.
Bonne santé à vous -_- !!!!
L'Anonyme du Jour
Bonjour.
RépondreSupprimerJ'aurais aimé un discourt churchillien indiquant un Etat volontariste sur les moyens pour lutter contre la maladie et une liberté "Suédoise" pour les Français.
Je ne souhaite à personne de choper cette saleté mais la position de notre gouvernement est une folie pour le présent en sacrifiant des innocents (Les travailleurs "non essentiels") et une folie pour le futur.
Notre civilisation s'est tellement individualisée que nous sommes en train de nous sacrifier pour sauver la vie de quelques dizaines de milliers de victimes d'un nouveau virus.
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A causa del COVID-19 ho perso tutto e grazie a dio ho ritrovato il mio sorriso ed è stato grazie al signore Pierre Michel, che ho ricevuto un prestito di 65000 EURO e due miei colleghi hanno anche ricevuto prestiti da quest'uomo senza alcuna difficoltà. È con il signore Pierre Michel, che la vita mi sorride di nuovo: è un uomo semplice e comprensivo.
RépondreSupprimerEcco la sua E-mail : combaluzierp443@gmail.com
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