Hier, j’ai appris le décès de Coralie Delaume, essayiste de grand talent qui avait été également blogueuse associée à Marianne, et avait rejoint la grande famille de l’hebdomadaire. C’est une très grande perte pour le débat politique en général, et plus particulièrement pour tous ceux qui pensent encore que l’intérêt général a un sens, et passe avant la loi du marché, ou que la nation est le creuset naturel de cet intérêt général, mis à mal par l’Union Européenne, dont elle a été une des critiques les plus fines.
Esprit de service public, sans œillères
Elle laisse un remarquable travail intectuel, fait de notes, quatre livres, et des interviews passionantes. Ce que je retiens d’elle, c’est une curiosité sans faille, sans préjugé et une ouverture d’esprit trop peu courante dans les grands médias. Elle appréhendait son travail intellectuel avec une fraicheur et une innocence peu commune, à mille lieues de l’enfermement intellectuel de tant d’experts trop souvent incapables de sortir des rails du prêt-à-penser dominant. Elle avait également chevillée au corps la défense de l’intérêt général et du service public, ce qui l’avait poussé à combattre le projet de privatisation d’Aéroport De Paris de toutes ses forces, avec un vrai succès, jusqu’au déclenchement d’une procédure de référendum d’initiative populaire inaboutie, du fait d’une absence de couverture médiatique.
Elle nous laisse des livres remarquables. « Europe : les états désunis » souligne à quel point le projet de l’UE bute sur les différences entre nos pays, les accentuant au lieu de les réduire, et créant de nombreux effets pervers. Elle avait poursuivi sa réflexion avec David Cayla dans « La fin de l’Union Européenne », un livre de référence pour la synthèse critique du projet européen actuel. Enfin, dans « Le couple franco-allemand n’existe pas », elle déconstruisait avec une infinie richesse un des mythes les plus stupéfiants de notre vie politique. Tous ces livres sont passionnants, extrêmement riches et bien documentés. Je les conseille vivement à ceux qui ne les auraient pas encore lus, d’autant plus que Coralie avait une plume particulièrement alerte et vive, parfois malicieuse, qui donne un style rare à son propos. Elle alliait comme peu exigence du fond et élégance de la forme.
Et parce que son cœur politique battait clairement à gauche, elle aurait pu être une brillante chroniqueuse politique du service public audiovisuel. Las, le camp qui se se croit celui de l’ouverture est particulièrement fermé à toute personne qui remet en cause une partie de leur religion néolibérale et eurobéate, surtout quand cela est sincère, bien construit et bien dit. Merci à Coralie pour tout ce qu’elle nous laisse, notamment cette envie de se battre pour des idéaux humains et démocratiques.
J'ai appris la nouvelle ce matin en lisant dans le Figaro un hommage d'Alexandre Devecchio. Quelle tristesse de partir si jeune (44 ans!) Je l'appréciais beaucoup. Je lisais son blog « l'Arène Nue » et je suivais ses interventions dans le FigaroVox ou à la radio (elle intervenait quelquefois dans des émissions sur France-Culture). Elle était fine et talentueuse, c'est une grande perte.
RépondreSupprimerC'est dans Les Crises que j'ai appris également cette fort triste nouvelle, qui explique aussi pourquoi le blog L'Arène nue n'était plus alimenté depuis plus de deux ans.
RépondreSupprimerLa disparition précoce de Coralie Delaume est pour moi aussi regrettable que celle de David Graeber il y a quelques mois : les deux nous privent d'outils intellectuels indispensables, c'étaient deux images d'engagement qui forçaient le respect.
J'espère que ces témoignages de sympathie seront transmis aux proches, merci Laurent.
Francis.
C'est bien dommage de décéder à cet âge encore jeune, mais je n'étais pas du tout d'accord avec ses analyses politico-économiques. Elle avait du caractère, limite pète sec.
RépondreSupprimerJ'ai également appris le décès de Coralie Delaume sur le site 'les-crises.fr'. Elle était une voix singulière parmi toutes les autres : calme, posée, avec des arguments bien pesés, construits, souvent imparables. Le moins que l'on puisse faire est de continuer son combat contre l'hydre européen. Adieu Coralie.
RépondreSupprimerA causa del COVID-19 ho perso tutto e grazie a dio ho ritrovato il mio sorriso ed è stato grazie al signore Pierre Michel, che ho ricevuto un prestito di 65000 EURO e due miei colleghi hanno anche ricevuto prestiti da quest'uomo senza alcuna difficoltà. È con il signore Pierre Michel, che la vita mi sorride di nuovo: è un uomo semplice e comprensivo.
RépondreSupprimerEcco la sua E-mail : combaluzierp443@gmail.com