Les GAFA et les Démocrates ressuscitent Trump

Le mandat de Donald Trump aurait pu se terminer sur ses échecs à contester l’élection de Biden, son appel à marcher sur le Capitole, suivi du spectacle effarant de l’envahissement du parlement états-unien, le tout sur fond d’une envolée de la crise sanitaire. Une fin de règne peu glorieuse, qui aurait assombri son échec sur le fil début novembre. Las, les GAFA et certains Démocrates semblent décider à vouloir relancer sa carrière politique, ou celle de sa famille, par des manœuvres effarantes.

 

Entre censure des GAFA et destitution inutile

 

Bien sûr, l’envahissement du Congrès par les partisans de Trump est choquant et en dit long sur l’état de décrépitude avancée de la démocratie états-unienne. Le président encore en fonction porte une lourde part de responsabilité par son appel à marcher sur le Capitole juste avant, lors d’un meeting. Mais ce qui aurait pu être seulement une manœuvre disqualifiante pour le clan Trump, qui aurait pu achever de déconsidérer ce président, pourrait bien ne pas marquer la fin de son emprise sur la vie politique outre-Atlantique. En plein pic épidémique et arrivée de la nouvelle administration, Nancy Pelosi trouve utile de consacrer l’énergie du pays pour tenter le destituer alors même qu’il quitte ses fonctions le 20 janvier et que la procédure ne pourra s’achever qu’après son départ ! Le simple bon sens et le calendrier devraient pousser les Démocrates à abandonner une idée qui n’a aucune chance d’aboutir.

 

En effet, les Démocrates savent bien qu’il faut une majorité des deux tiers du Sénat pour sanctionner Trump et donc rallier un tiers des sénateurs républicains. L’échec précédent devrait les inciter à renoncer à une telle procédure, vouée à l’échec : ils n’ont convaincu que 5% des députés... Pire, à peine 48% de la population soutient la destitution et 49% s’y opposent : Nancy Pelosi a réussi à trouver un angle d’attaque de Trump tellement effarant qu’elle se rend minoritaire ! Schwarzenegger s’est ridiculisé en faisant une comparaison totalement déplacée avec la Nuit de Cristal. Les Républicains ne suivront pas, car ceux qui le feraient en subiraient les conséquences aux prochaines élections primaires (dès 2022 pour certains), et perdraient sans doute leur siège. Plus globalement, les Démocrates devraient laisser la justice faire son travail, s’il y a lieu, et se concentrer sur leur travail législatif, pour ne pas rapidement donner envie aux citoyens de les renvoyer dans l’opposition et d’élire ensuite une majorité trumpiste…

 

Pour couronner le tout, les géants d’Internet ont décidé d’une extravagante purge de leurs réseaux sociaux, supprimant les comptes personnels de Donald Trump. Le président en fonction des Etats-Unis, qui a réuni plus de 70 millions de voix en novembre, plus qu’Obama en 2008 et 2012, aux dizaines de millions d’abonnés, a été viré comme un malpropre. Ce choix est révoltant car les GAFA se sont de facto placés en censeurs biaisés de la démocratie, sans accorder la moindre importance aux votes de millions de citoyens. C’est une chose, déjà choquante, de remettre en perspective les tweets de Donald Trump, alors que d’autres tweets, pas moins contestables, ne le sont pas. C’en est une autre de bannir de l’espace public un président en exercice, aussi irresponsable soit-il. Et le blocage du réseau Parler par les GAFA est un cas de censure totalitaire qui ne déparerait pas en Chine. Pour couronner le tout, les censeurs de Trump se montrent bien tolérants en France avec des porteurs de haine…

 

Il est heureux que dans notre pays, une immense majorité soit choquée par ce geste, de la majorité à l’opposition. Sur Twitter François Ruffin s’est distingué par une critique extrêmement solide. On peut aussi évoquer la tribune de Christophe Deloire, de Reporters Sans Frontière, dans le Figaro. Ceux qui soutiennent cette censure devraenit se dire que ce qui est fait à Trump aujourd’hui pourrait leur être fait demain. Et quelle opportunité en or pour le camp Trump de se présenter en victime, lui permettant de sortir de l’épisode de l’envahissement du Capitole par le haut. Ne pourrait-il pas être le vainqueur final de cette séquence médiatique. Après ce bannissement, ses électeurs pourraient bien être confortés dans leur choix. Et cela va, pas illégitimement, alimenter les discours les plus complotistes. Il ne faut pas oublier que l’élection de Biden s’est jouée à quelques dizaines de milliers de voix seulement…

 

Le bilan électoral de l’élection de novembre laissait déjà présager une influence durable de Trump sur le parti républicain. La gestion effarante de l’après-envahissement du Capitole par les Démocrates et les GAFA lui fournit une occasion en or, non seulement de renforcer son emprise sur les Républicains, mais aussi d’organiser sa revanche, en 2022, ou, pourquoi pas, en 2024. En revanche, point positif, cela pourrait amener nos politiques à se poser davantage la question de la régulation des GAFA.