lundi 5 avril 2021

Chétif, hors délai, toujours pas validé : le plan de relance ridicule de l’UE

Papier publié sur le site du FigaroVox

 

Il n’y a pas que sur la vaccination que l’UE est en échec complet, avec à peine 12% de la population vaccinée, contre 60% pour Israël, 46% pour la Grande Bretagne et 31% pour les États-Unis. Le mini et tardif plan de relance pourtant scellé en juillet dernier, n’a toujours pas été validé par 11 pays, dont l’Allemagne, où la Cour de Karlsruhe se met en travers du chemin. Un nouvel exemple qui montre bien qu’avec l’UE, l’union ne fait pas la force, mais complexifie, ralentit, et…affaiblit.

 


Un plan de relance aussi raté que la campagne de vaccination

 

Coup de théâtre vendredi 26 mars : la cour de Karlsruhe, malgré le vote d’une très large majorité des élus, a décidé que le texte de loi portant sur le plan de relance européen ne devait pas être paraphé, dans l’attente d’une décision sur un recours. Pourtant Angela Merkel avait veillé à rassurer son pays en notant que le « fonds de relance est un instrument ponctuel, limité dans le temps et ses objectifs ». Problème : il manque encore la signature de 11 pays sur les 27 ! Au mieux, 40 milliards devaient être décaissés à la rentrée 2021. Il semble désormais possible que rien ne soit décaissé en 2021. En clair, avec l’UE, le minuscule plan de relance de la plus grave crise économique, démarrée début 2020, pourrait bien n’arriver que deux ans après le début de la crise : encore plus tardif que pour les vaccins !

 

En outre, il convient, encore et toujours de remettre en perspective les sommes affichées. Le cas des Etats-Unis permet de relativiser l’importance du plan de l’UE. En mars 2020, un premier plan de 2200 milliards avait été mis en place. En décembre, un complément de 900 milliards avait été ajouté sur la toute fin du mandat de Donald Trump, avant que l’administration Biden ajoute 1900 milliards en mars. Washington a ainsi engagé pas moins de 5000 milliards de dollars en 2020 et en 2021 pour relancer son économie et amortir le choc de la crise. Mieux, ces trois plans seront probablement dépensés avant qu’un centime du plan de l’UE ne soit décaissé. Et alors que Biden da annoncé un plan additionnel d’investissements de 2000 milliards pour les dix prochaines années, le plan européen, outre le fait d’être extraordinairement tardif, se révèle également être, dans les faits, incroyablement chétif.

 

Pire, les 750 milliards toujours affichés sont une présentation plus que flatteuse des choses. Dans le détail, le plan originel comportait 390 milliards de dépenses supplémentaires et 360 milliards de prêts que les pays peuvent utiliser, ou pas, sachant que les marchés prêtent à des conditions si favorables à tous les Etats européens actuellement qu’il n’est pas forcément intéressant d’emprunter auprès de l’UE, qui met des conditions byzantines aux prêts. A la rentrée, dans les méandres des discussions byzantines de l’UE, la somme de 390 milliards avaient été amputée de 20%, tombant à seulement 312 milliards de dépenses nouvelles. Ce montant est d’autant plus ridicule par rapport aux enjeux économiques que les 2% du PIB de l’UE sont à dépenser sur 3 ou 4 ans, quand les Etats-Unis ont mobilisé, en trois plans, 25% de leur PIB, qui seront dépensés en seulement 2 ans, d’ici la fin de l’année !

 

Pour couronner le tout, dans le maelstrom kafkaïen qu’est l’UE, ces petits fonds vont nécessiter des processus ubuesque de validation… La France, qui devrait garantir environ 70 milliards du total, tout en en touchant que 40, devrait ainsi faire valider les dépenses qu’elle souhaite faire ! Ne serait-il pas plus simple alors de dépenser soit même ces 40 milliards à notre guise, quitte à donner 30 milliards aux autres pays européens ? Et encore, il y a un moment, on peut se demander pourquoi notre pays devrait contribuer encore davantage à l’UE aujourd’hui, alors même notre contribution nette ne cesse d’augmenter, et alors que nous affichons un déficit commercial de plus de 100 milliards d’euros en 2020 avec nos partenaires, qui nous vendent 50% plus de produits que nous ne leur en vendons !

 

Bref, comme pour les vaccins, l’UE montre à nouveau toutes ses limites dans cette crise. Alors que la crise est plus forte dans l’UE (repli du PIB de 7% contre 3% aux Etats-Unis comme le souligne Jacques Sapir), les pays de l’UE soutiennent bien moins leurs économies (de 4 à 10% du PIB) contre 15% en Grande-Bretagne et 25% déjà aux Etats-Unis. Y-a-t-il un sujet sur lequel l’UE parvient à nous aider ?


4 commentaires:

  1. Si j'ai bien compris la France devrait recevoir 40 milliards d'euros et en rembourser le double! Donc si ce plan est abandonné, c'est plutôt une bonne nouvelle pour les contribuables français. Merci Karlsruhe! Je me pose beaucoup de question sur ces plans de relance qui font pleuvoir des milliards sortis de nulle part. Laissons les gens travailler librement l'économie sera beaucoup plus aine.

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  2. En 2017, vous avez laissé élire un type qui *veut* fondre la France dans l'UE.
    Donc ce n'est pas la peine de vous agiter ensuite stérilement, pour déplorer qu'il déroule son programme.

    Si vous ne voulez pas que la France se fasse avoir dans les différentes mesures européennes, vous devriez commencer par vous assoir, et par revoir calmement vos divers présupposés en matière de stratégie politique. Car manifestement, la ligne que vous avez suivie jusqu'ici dans ce domaine ne marche pas. Et l'horloge tourne.

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    1. Et, pour répondre par avance à votre défausse habituelle, non : ce n'est pas pareil, et ce n'est pas neutre.

      Ce n'est pas pareil d'élire un Tsipras, qui se fait plus ou moins tordre le bras à appliquer la politique de l'UE, et d'élire un type qui veut tout faire pour empêcher un retour en arrière.

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  3. @ Antoine

    Bien vu. Ce serait une très bonne nouvelle pour nous. Après, je crains que ce soit peu probable.

    Ces milliards ne posent pas problème dans un contexte où les pays ont redécouvert les avantages de la monétisation, à des niveaux raisonnables. Plus que de pseudo libertés, données par les différentes réformes du droit du travail, je crois qu’il faut surtout assurer une demande suffisante et défendre l’offre locale.

    @ Troll

    « Laissé élire » ? Non, j’ai voté blanc, n’ayant pas pu choisir entre deux maux.

    D’abord, notez que l’élection était jouée : Macron a réuni deux fois plus de voix que Le Pen, donc l’enjeu était limité.

    Ensuite, je n’ai strictement aucune confiance en Marine Le Pen pour mener une meilleure politique. Bien sûr, son programme d’alors était meilleur, mais :
    - Les programmes qu’elle a défendus ont tellement variés qu’il est difficile de leur accorder un grand crédit (d’ailleurs, elle a abandonné la mesure phare qu’elle défendait depuis 7 ans pendant l’entre deux tours)
    - Elle est incapable de défendre la plupart des idées originales qu’elle défendait alors, ce qui l’a poussé aujourd’hui à gommer tous les angles durs, allant même jusqu’à ne plus réclamer une sortie de Schengen…
    - Notez également que ce sont souvent ceux qui se placent théoriquement à l’opposé d’une idée qui peuvent aller le plus loin. Je pense au PS qui choisit le franc cher plutôt que l’emploi, en 83 et en 91, ou qui choisit l’Acte Unique. Je pense aux gaullistes de pacotille qui ont soutenu Maastricht (passé grâce à Chirac) ou le Traité de Lisbonne). Bref, partir du postulat que Le Pen défendrait mieux que Macron la France est au mieux incertain. Elle aurait pu laisser Carrefour être croqué par Couche-Tard…

    Et pourquoi Marine Le Pen ne se ferait pas tordre le bras, comme Tsipras ? D’abord, je pense que son passé montre qu’elle a le bras au moins aussi souple que celui de Chirac, tant elle a défendu d’idées différentes. Elle est bien du même bois que Tsipras.

    Plus globalement, je pense que depuis 30 ans, la famille Le Pen empêche le changement dont le pays a besoin, en affaiblissant certaines idées essentielles (baisse drastique de l’immigration, sortie de l’euro et de l’UE, protectionnisme…). Et les dernières années, si elles m’ont convaincues qu’elle peut accéder au pouvoir en 2022, me donnent de plus en plus l’impression qu’élue, la politique qu’elle mènerait pourrait être très proche des politiques actuelles, dans tous les domaines. Remettre des frontières devrait être au cœur de son projet : non seulement elle garde l’UE et l’euro, mais aussi Schengen, qui serait à peine ajusté, on ne sait pas trop comment.

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