Bien sûr, nous sommes encore loin de l’élection, et la campagne n’est pas au bout de ses surprises. Mais il est frappant de constater que les derniers sondages donnent Arnaud Montebourg entre 2 et 4%, et Eric Zemmour à 11%. L’ascension sondagière de rentrée du journaliste montre que les surprises sont probables dans cette élection. Que penser de son succès et de l’échec de Montebourg ?
Trump à la française et socialisme épuisé ?
Ce simple passage disqualifie tout ce que peut dire Montebourg. Evoquer un « besoin d’Europe » pour se protéger des grands empires ou des Gafa est totalement ridicule. Cela pouvait passer dans la campagne du PS pour Maastricht en 1992. Mais aujourd’hui, tout montre au contraire que l’UE nous soumet aux grands empires en laissant faire et entrer tout ce qu’ils souhaitent dans nos pays, devenus des friches à occuper. Alors que la Chine s’est protégée de Google, Amazon et Facebook, l’UE a offert son marché aux GAFA, tout en les laissant pratiquer une désertion fiscale absolument révoltante. Idem sur la Chine, que l’UE a laissé s’emparer de tous les marchés qu’elles souhaitaient conquérir, comme pour les panneaux solaires.Jamais l’UE ne nous a permis de nous affranchir des grandes puissances.
Dès lors, avec un discours qui n’est jamais que celui de l’aile gauche du PS, toujours prête à sacrifier ses grands principes de réindustrialisation et protection de notre pays pour les traités européens, les Français ont raison de ne pas avoir plébiscité le retour de Montebourg. A contrario, Eric Zemmour fait figure de grosse surprise de cette avant-campagne, avec des scores équivalents à Mélenchon et proches de LR. Il intrigue tellement les Français que son débat de jeudi avec l’Insoumis en chef a réuni près de quatre fois plus de téléspectateurs que les échanges d’éléments de langage en carton mâché de Pécresse et Darmanin, littéralement pulverisés à l’audimat. Il faut dire que le débat de BFM était bien plus intéressant, plus riche intellectuellement, et présentant deux visions différentes du monde.
Dès lors, alors que la candidature de Zemmour à la primaire de LR est évoquée, on peut se demander s’il ne serait pas le Trump à la française, aussi dissembables soient-ils. Leurs différences ne sont-elles pas une illustration des différences entre nos deux pays. Le trublion politque étatsunien est un milliardaire vulgaire, ancien héros de télé-réalité. Notre trublion est un journaliste et un intellectuel. Tellement français… CarI il y a de vraies similitudes dans leur positionnement, les deux étant vus comme des extrémistes par l’intelligentsia locale, la gauche les détestant qu’elle finit souvent par en perdre la raison, au point de les servir dans leur campagne. On peut voir aussi dans le titre du dernier livre de Zemmour un décalque du slogan gagnant de Trump. Plus globalement, il adopte lui aussi un discours très politiquement incorrect, largement centré sur l’immigration, même s’il le fait d’une manière plus érudite.
Mais là où Trump avait rencentré son discours économique, en s’affichant très protectionniste, de la campagne à son mandat, ou en changeant de pied sur le salaire minimum pendant la campagne, Zemmour s’en tient à un discours de droite basique et caricatural. Pour lui, les cotisations sociales sont des « charges qu’il faut réduire », Mélenchon lui ayant justement rétorqué que leur niveau ne vient que du choix d’une Sécurité Sociale essentiellement publique, évitant certaines dérives de coût d’un modèle plus privatisé. Il minore le problème des inégalités en s’appuyant sur le seul indice Gini, qui, en aggrégeant les 1% les plus riches dans un quintile cache les problèmes de notre époque moderne, que seul l’examen de la pointe de la pyramide permet de saisir. Ce faisant, ne risque-t-il pas de se couper des classes populaires et ne parler qu’aux classes moyennes supérieures et plus préoccupées par l’immigration ?
Bien sûr, cela représente beaucoup d’électeurs, et cela pourrait être très dangereux pour des Républicains, qui vont se battre sur la même cible avec des propositions proches, en attaquant Macron sur l’immigration et sur son manque de rigueur économique, mais avec le passif de leur passage au gouvernement. Mais pour aller plus loin, ne faudrait-il pas parvenir à convaincre une partie de l’électorat populaire, comme ce qu’avaient réussi Trump et les partisans du Brexit. Outre d’autres limites, c’est bien cette coupure avec la France populaire qui pourrait condamner la candidature de Zemmour, qu’il aille au bout ou pas. S’il reste politiquement incorrect sur l’immigration, en gommant quelques excès, son discours est très conformiste sur l’économie ou l’UE, dont il veut seulement s’éxonérer de certaines règles, sans que le moyen de le faire soit très crédible. Il me semble qu’il ne va pas assez loin dans la rupture.
Le mérite de l’ascension de Zemmour, c’est de nous rappeler que les Français ont envie de dégager toute la classe politique actuelle. C’est pour cela qu’une personne venue de presque nulle part peut chambouler le paysage politique pour la présidentielle. J’ai tendance à penser que Zemmour n’ira pas beaucoup plus loin, mais s’il est le seul nouveau à émerger, on ne sait jamais…
L'insuccès (pour l'instant) de Montebourg s'explique à mon sens par le fait qu'il a quitté la vie politique il y a 7 ans pour fonder son entreprise. Il est très difficile de faire de la politique en dilettante. C'est ce qui a expliqué en partie son échec à la primaire de 2017 et qui explique également ses difficultés actuelles. Il n'a aucun appareil derrière lui, et il est parti dans la campagne plus tard que son principal concurrent Mélenchon avec lequel il a un grand retard.
RépondreSupprimerEn ce qui concerne Zemmour, je ne crois pas qu'il puisse faire ombrage à la droite LR. Les derniers sondages montrent qu'il prend des voix essentiellement à Marine Le Pen et à Dupont-Aignan. En affaiblissant le RN, il peut au contraire faire le jeu du candidat LR qui pourrait se retrouver devant Le Pen et se qualifier au second tour. Certains sondages donnent Bertrand à 15 % et Le Pen à 18% ou 19%, soit un écart assez faible, surtout si Philippot est également candidat, car même s'il ne fait que 1%, il prend surtout des voix au RN.
Depuis 50 ans le mensonge est institutionnalisé en politique. La corruption des "zélites" est partout. Les français anesthésiés le sentent bien mais, espérant que ça dure, s'accommodent plutôt bien du système. Montebourg est un faux jeton socialo comme les autres. Quel que soit le résultat de l'élection l'incivisme généralisé précédera la guerre civile.
RépondreSupprimerJe ne crois pas que Montebourg pâtisse du fait qu'il ne se définit pas comme souverainisme. Il a juste fait le constat, comme beaucoup d'autres, que les candidats qui arborent cette étiquette font de mauvais résultats (Philippot à 1% et Asselineau à <1% dans les sondages). On peut le regretter mais c'est ainsi.
RépondreSupprimerD'ailleurs, ce qui conforte mon analyse, c'est que Zemmour, qui a le vent en poupe, ne fait pas non plus une campagne souverainiste puisqu'il centre sa campagne uniquement sur l'immigration. A la limite, en parlant de relocalisations et de made in France, Montebourg est plus souverainiste que Zemmour, au moins dans le discours.
SupprimerSi je suis d'accord avec votre analyse sur le fait que les mauvais résultats de Philippot et d'Asselineau sont avant tout le signe d'une méfiance des Français envers le Frexit, en revanche je vous rappelle qu'Eric Zemmour n'est pas encore officiellement en campagne et qu'il a tout le temps pour marteler son message souverainiste, qu'il a de tout temps défendu et sur lequel il ne s'est jamais, sauf erreur de ma part mais cela m'étonnerait puisque je le suis très attentivement depuis 20 ans, renié.
Supprimer@ Moi
RépondreSupprimerQu’il ait quitté la politique peut-il le pénaliser étant donnée la mauvaise image des politiques professionnels ? Je n’y crois pas trop. Je crois que ce parcours lui donne au contraire une différentiation qui pourrait être utile. Plus globalement, je crois qu’il a un problème de lisibilité : il est entre Hidalgo et Mélenchon, soit un espace assez restreint d’autant plus que l’intérêt d’être plus modéré que Mélenchon me semble très discutable. Il n’a aucun espace politique solide avec un programme tiède. Son aventure me semble condamné.
Zemmour prend pas mal à droite également, sur les électeurs Fillon. J’ai l’impression que son discours très droite classique finalement pourrait limiter le mal fait à MLP, à moins qu’il parvienne à parler aux jeunes et aux classes populaires qui votent RN. D’accord en revanche sur la complexité de l’accès au second tour que cela introduit, qui pourrait finir par toucher Macron
Sur le souverainisme, pas d’accord du tout. Nous sommes 30 à 40% à être favorable au Frexit avant campagne et près de 50% à avoir choisi un candidat proche du Frexit au premier tour de 2017. C’est une question fondamentale et je crois que ce sont surtout les carences de FA qui font qu’il ne dépasse pas 1%. Le potentiel de rassemblement des partisans d’un vrai changement sur cette question me semble considérablement sous-estimé. Philippot, on verra ce qu’il donne en campagne en 2022 s’il va jusqu’au bout. Je pense qu’il est trop tôt pour s’arrêter aux sondages actuels.
Certes, les sondages ne donnent qu'une image à un moment donné et les choses vont évoluer. Mais je doute que des candidats qui font aujourd'hui 1% dans les sondages puissent faire 30% ou 40% dans 7 mois...
SupprimerMerci pour cet article. Je repère une faute de frappe à un passage qui m'intéresse par ailleurs, lorsque tu écris : "Mélenchon lui faisant justement rétorqué que" à mon sens tu aurais voulu écrire "lui ayant justement rétorqué" et j'écrirais même plutôt "avec justesse".
RépondreSupprimerSur ce sujet, j'ai bien lu ton article (même si je n'ai pas eu le temps de lire tous les liens...), mais cela n'invalide pas ce que dit Eric Zemmour, lequel, dans le débat, a d'ailleurs accepté la critique de Jean-Luc Mélenchon, mais en limitant sa concession aux seuls Etats-Unis... Je serais vraiment intéressé de voir des comparaisons avec d'autres pays, les Etats-Unis étant très particuliers (c'est peut-être un préjugé à la con, mais je pense que les Américains ont en moyenne une plus mauvaise santé qu'en France, avec des taux d'obésité très importants ou bien encore une espérance de vie inférieure... On ne peut malheureusement jamais raisonner "toutes choses étant égales par ailleurs" : il y a tellement de variables que l'exercice en devient vain).
Personnellement, sans être un ultra-libéral, je pense qu'Eric Zemmour a complètement raison de fustiger le poids des charges, et je le suis tout à fait lorsqu'il dit qu'il faut les baisser, quitte à faire payer un peu plus l'usager de la santé.
Plus largement, je suis évidemment très intéressé par la candidature d'Eric Zemmour, qui à mon avis va rendre à court terme la candidature de Nicolas Dupont-Aignan impossible qui devrait logiquement le rallier très rapidement.
Je ne suis absolument pas d'accord avec toi lorsque tu dis qu'Eric Zemmour tiendrait un discours conformiste sur l'économie ou sur l'UE. Simplement, comme il le dit partout, il faut choisir ses priorités et il juge que l'immigration est un problème plus urgent que l'économie ou bien les empiètements de l'UE sur notre souveraineté.
Je sais que tu contestes cette analyse, mais reconnais que son approche n'est pas incohérente, d'autant que pour le moment il n'est pas encore candidat : pour le moment il tape le plus fort possible sur ces thèmes immigration-identité-islam, avec des slogans d'une violence inouïe pour la bien-pensance, et il monte. Il a bien le temps de se calmer et d'aborder ces autres sujets ensuite.
Si NDA était malin (et malgré ses défauts, nous savons tous deux qu'il l'est), il se précipiterait pour claironner qu'il soutiendra Eric Zemmour si ce dernier fait ses inflexions et tenter d'en tirer le bénéfice.
A voir en tous les cas, mais pour ma part mon choix est fait : bien que n'épousant pas certains de ses propos, Eric Zemmour aura volontiers ma voix si mon parti le soutient, comme je pense que c'est inéluctable.
"Notre trublion est un journaliste et un intellectuel."
RépondreSupprimerMais êtes d'une débilité incroyable, après avoir soutenu le débile mental NDA, vous faites l'éloge de Zemmour qui est une sale merde pourrie. Herblay, vous êtes un puatain de crétin de merde, et un jour vous devrez payer la facture de votre stupidité, fermez votre gueule, abruti !
https://twitter.com/Padre_Pio/status/1442419215902941185
Supprimer"Zemmour est en train de réussir à imposer dans le débat public toutes les vieilles lunes collabos sur Pétain. C'est invraisemblable d'entendre de pareils mensonges négationnistes sans que ça ne bouge sérieusement."
@ Moi
RépondreSupprimerJe peux me tromper, mais je pense qu’un bon candidat prônant le Frexit aurait le potentiel d’être au second tour du fait que nous sommes déjà 30 o 40% à y être favorable à froid.
@ Tythan
Merci. J’ai modifié le texte. Dans les liens, il y a un texte qui renvoie à ma critique d’une chronique de D Seux sur France Inter qui faisait la même lecture que Zemmour sur la base d’une étude de l’OCDE. Sauf que cette étude de l’OCDE, quand on prend le temps de la lire, montre que les dépenses sociales sont à un niveau très proche dans les pays, ce qui change étant surtout le mix entre les dépenses publiques et privées. Les USA sont les plus extrêmes dans la proportion des dépenses privées, et du coût global… Sur la santé, ils dépensent près de 2 fois plus que nous ! Même poids de dépenses de santé publiques et d’énormes dépenses privées, avec tous les problèmes qu’elles posent…
Le transfert du public vers le privé ne marche pas dans la plupart dans les services publics de la santé et la retraite. Cela augmente le coût, sans améliorer le service, et finit par renforcer les inégalités. Après, on peut réfléchir à en ajuster le financement, réduire la part de financement sur les salaires, en transférer une partie sur la TVA, ou sur une taxe sur les transactions financières par exemple.
Zemmour complique énormément la tâche de NDA, c’est clair : le positionnement est le même. Je persiste sur le caractère conformiste : parler de charges sociales et dénoncer leur poids, tout le monde le fait, de France Inter à Europe 1… Idem sur l’UE, il critique sans vouloir rompre. Pourtant, j’ai du mal à voir comment il pourrait mettre en pratique son programme sur l’immigration dans l’UE, sans frontière extérieure pour notre pays, et tous les traités qui nous entravent… La base, c’est le Frexit, sur l’économie, mais aussi l’immigration.
@ Troll
En quoi ne serait-il pas un journaliste ou un intellectuel ? Merci de bien illustrer mon propos sur ces adversaires de Trump qui finissaient par le servir en s’opposant n’importe comment à lui.
Zemmour est un sale con qui ne comprend rien à l'histoire de pétainiste et vous êtes également un con qui ne comprenez rien. Zemmour n'est ni un journaliste, ni un intellectuel, et encore moins un historien, c'est un propagandiste pourri :
Supprimerhttps://twitter.com/BFMTV/status/1442786203686916101
Par pitié, fermez votre boite à camembert sur des des sujets auxquels vous ne comprenez rien à rien.
Ciao a tutti. Conoscevo il signore Virgolino Claudio creditore in particolare in un forum che è davvero onesto e veloce, non posso che ringraziarvi per il vostro lavoro serio, ma file elaborato in meno di una settimana e ho ottenuto un credito di 45.000 euro. Testimonierò anch'io per aiutare i bisognosi. Il suo indirizzo e-mail: virgolinoclaudio7@gmail.com
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