L’analyse de cette élection présidentielle est complexe. A première vue, la réélection de Macron, avec plus de 58% des voix exprimées, et 5 millions de voix de plus que Marine Le Pen, peut donner l’impression que rien ne peut changer, renforçant la résignation de ceux qui ont justement le plus intérêt au changement. Mais par-delà ce score, qui paraît élevé par rapport aux sondages, beaucoup d’éléments montrent au contraire que la fin du temps de l’oligarchisme pourrait être très proche.
L’oligarchisme arrive dans une impasse
D’ailleurs, si les législatives de juin s’avéraient être une forme de 3ème tour revanche des présidentielles, la position de la majorité ne serait pas si facile, d’autant plus que son soutien est très concentré, et ne maximise pas les gains de sièges. Néanmoins, tout dépendra ici de la capacité de LR à refuser d’entrée dans l’orbite de la macronie, de la capacité de rassemblement des deux pôles radicaux, et de la la mobilisation des électeurs opposés à Macron, dont on sait qu’ils peuvent être plus tentés par l’abstention. Mais, dans le cas où LR irait de manière indépendante, avec deux pôles radicaux rassemblés, et une forte participation, de revanche, alors, la majorité ne serait pas assurée pour Macron. Bien sûr, ce n’est pas le schéma le plus probable, mais sa simple existence montre qu’il a des pieds d’argile…
D’ailleurs, ses scores ne sont pas si brillants, même s’il maintient Marine Le Pen à distance plus respectable qu’anticipée. En effet, la candidate du RN a divisé par deux l’écart en 5 ans. Ensuite, avec un peu plus de 38% des voix des inscrits, Macron signe le score le moins élevé d’un président de la Cinquième République, après Pompidou en 1969, dont le duel était bien moins dramatique. Il ne récolte en réalité que 53,5% des voix des votants contre 37,9% à Marine le Pen et 8,6% de blancs et nuls. Enfin, on ne peut pas dire que les plus de 40% d’électeurs de Mélenchon qui ont voté pour lui au second tour sont des grands soutiens, ce qui relativise à nouveau la force du mandat qu’il a obtenu dimanche. Encore une fois, Macron est un président par défaut. Certes, il a été réélu, mais sans grand enthousiasme ou adhésion des Français. S’il gagne, c’est parce qu’il était face à plus repoussant que lui au second tour.
Même si elle y est parvenu outre-Mer, Marine Le Pen n’a pas réussi à fédérer les opposants à Macron, dont la majeure partie de l’aile gauche a préféré reconduire le président sortant ou s’abstenir plutôt que franchir le Rubicon décrété par les élites. J’ai tendance à penser qu’elle paie le prix de sa droitisation sur les sujets économiques, alors que le discours plus social qu’elle tenait jusqu’en 2017, qui faisait dire qu’elle avait le même programme que Mélenchon, avec revalorisation du SMIC, rééquilibrage plus fort de la fiscalité des plus riches et des multinationales, et défense plus marquée des services publics et des fonctionnaires, aurait pu changer la donne. De même, elle aurait sans doute gagné à être plus incisive face aux mensonges et aux attaques de Macron lors du débat du second tour. Même si elle vaut mieux que Macron pour moi, elle est loin d’être la candidate idéale pour nous sortir de l’oligarchisme.
Mais cette sortie pourrait bien approcher, car ce nouveau mandat ne sera pas de tout repos pour les tenants de l’olilgarchisme. A moyen terme, le contexte économique devient périlleux. Macron n’a connu que des vents finalement assez porteurs : même dans la crise économique liée à la crise sanitaire, il a pu dépenser sans compter, lui donnant le beau rôle. Mais avec la remontée des taux dans un contexte plus inflationiste, et dans un cadre européen calamiteux pour notre pays, l’austérité guette alors même que notre déficit commercial bat des records. Sans protectionnisme, ni monnaie nationale, l’équation économique de la France de Macron risque bien d’être sans solution et si une crise financière venait à survenir, ce que beaucoup d’indicateurs avancés semblent prédire, le choc serait dur pour notre pays.
Et l’équation politique de Macron n’est pas simple non plus. Il peut confirmer son penchant droitier pour tenter d’asphyxier définitivement LR, avec un Premier ministre qui en serait issue, mais cela pourrait braquer l’électorat de gauche qui lui a donné la victoire face à Marine Le Pen, ce qui pourrait le mobiliser aux législatives, … En outre, en penchant du côté des communautaristes dans l’entre deux-tours pour plaire à une partie de l’électorat de Mélenchon, on peut se demander s’il n’a pas durablement hypothéqué une partie de cet électorat. Mais de même, s’il continue à pencher légèrement à gauche, il laisse un espace politique à LR et il n’y a plus grand-chose à gagner sur l’électorat du PS... Voilà qui rend presque crédible l’option Bayrou, peu évoquée, et qui fait acte de candidature dans le Figaro.
En conclusion, même si le scénario de sortie de l’oligarchisme est tout sauf clair à date, celui de la crise finale de l’oligarchisme semble déjà écrit. Entre une équation économique insoluble, et les limites de plus en plus claires du « en même temps », Macron 2 pourrait être le chant du cygne des oligarchistes. Reste à espérer que le sujet fondamental du Frexit soit le catalyseur du changement.
@LH:
RépondreSupprimerSauf que Macron c'est quand même le triomphe de l'oligarchie, celui d'une fédération des strausskahniens, fabiusiens, bayrouistes, juppéistes... Et aussi du fait de sa clientèle électorale qui fut faiseuse de roi comme elle le fut pour Sarkozy en 2007: une France âgée bien garnie rayon patrimoine votant pour le VGE new look. La faute aux mélenchonistes? Cela aurait pu être pire pour MLP car il y a 15 ans les mêmes auraient voté Macron en masse. Son échec, c'est l'incapacité à rassurer les retraités aisés pour cause de faiblesse de stature présidentielle et de programme trop social. Cette élection montre qu'il est impossible, comme ça l'était pour PCF, pour le FN de conquérir le pouvoir tout seul et qu'il ne peut le faire qu'en retirant sa candidature pour laisser la place à un oligarque de LR.
Quant au futur proche: encore plus de sarkozystes venant à la soupe macroniste, des législatives où LREM aura une majorité relative, Macron qui gouvernera au 49.3 mais s'en foutra car il n'a pas de mandat à défendre.
JZ
J'attendais impatiemment les élections depuis la répression scandaleuse des G.J (quoiqu'on pense des G.J) dans l'espoir de se débarrasser de ce dangereux président. Alors j'avais bien besoin de cette note d'espoir Mr Herblay.
RépondreSupprimerDeja il y'a cinq ans j'avais cette idée du chant du cygne du mondialisme financier, replié sur un parti unique, qui n'a plus que les medias et les grandes fortunes avec eux. Mais dieu que cette agonie est lente !
Profitons en pour reflechir à une transition pacifique sans haine lepéniste, ni délire anti-France pseudo-progressiste.
@ JZ
RépondreSupprimerC’est pour cela que je dis « chant du cygne » : il a gagné, mais quand on voit l’effondrement des partis maastrichiens en 10 ans, et le gros temps qui vient, on se demande si l’ensemble PS-LREM-LR pourra peser beaucoup plus de 20% en 2027.
Pour Marine Le Pen, je crois que, même si elle a fait une meilleure campagne par certains aspects, en revanche, il y a l’erreur de la droitisation du discours économique. Avec une ligne plus proche de celle de 2017, c’est elle qui aurait récupéré plus de 40% de l’électorat mélenchoniste. Idem, je pense qu’elle aurait gagné, lors du débat, à être plus dur avec Macron, pour souder l’électorat anti-Macron. Là, elle a été trop timide, ce qui ne permettait pas de souder l’électorat radical. Mais pour le faire, il fallait être solide sur ses arguments, ce qu’elle n’est pas toujours.
C’est clair que les 5 prochaines années pourraient bien n’être guère riantes. J’espère, encore un petit peu, de l’issue des législatives, en fonction des alliances. LR ne semble pas mordre à l’hameçon, ce qui pourrait faire du mal à LREM car ils ont des élus bien implantés, et cela peut bloquer des qualifications au second tour.
@ D.T.
Merci. Le passage, en 5 ans, de 50 à 34% du camp maastrichien est frappant. Bien d’accord sur la réflexion pour la construction d’un camp alternatif au RN ou à LFI. C’est là que Chevènement aurait sa place, pas dans la majorité présidentielle !
@LH:
SupprimerLe problème est que si on prend le PS sa chute ne signifie pas que ceux qui le quittent sont devenus critiques vis-à-vis de l'Europe. Les succès municipaux des Verts sont juste un effet de transferts d'anciens électeurs de centre gauche vers un parti pro-européen. JLM aujourd'hui? Ce n'est pas forcément un effet d'adhésion, plus une logique libérale pour pousser celui qui avait de bons sondages. L'un des fils d'Hidalgo a même avoué avoir voté JLM parce que ça lui semblait le choix le plus efficace. Le souverainisme n'a pas vraiment d'avenir dans une Gauche sans électeurs des classes populaires, une Gauche de sensibilité mondialiste, dont les électeurs voudraient l'Europe ET pas de rigueur budgétaire, l'Europe ET pas de loi El Komri. A Droite, il y a
Suite du message précédent:
SupprimerA Droite il y a la Macronie qui a capté les libéraux de feu LR (dont la France des retraités aisés). Et le RN avec une fracture Nord/Sud: le RN Hauts de France de sensibilité sociale et le RN méditerrannéen économiquement Macron-compatible. Avec tout cela LREM peut diviser pour régner... au national. Mais il sera entravé dans son action par les turbulences au local.
JZ
Vous ne parlez jamais du réchauffement climatique, alors qu'il s'agit d'un enjeu mondial. C'est pas votre France nationaliste toute rikiki qui va résoudre le problème. Je vous rappelle que rien que le réchauffement climatique va provoquer des problèmes gigantesques sur le plan national et international, vos frontières merdiques ne répondent en rien à ce défi que jamais l'humanité n'a eu à gérer. Vous êtes ridicule, pas du tout à la hauteur des enjeux planétaires. Vous êtes un mythomane malaisant et nostalgique de la période gaulliste qui n'avait rien de merveilleux.
Supprimer@ JZ
SupprimerC’est juste sur les transferts. Mais on peut imaginer que ceux qui ont voté LFI ne sont quand même pas des ayatollahs de l’UE. Il n’y a guère que ceux qui votent pour les Verts qui sont probablement oligarchie-compatibles, même s’il y a des contradictions dans leur démarche. D’accord pour dire en revanche que cette gauche qui se coupe des électeurs populaires par certains choix, qui suivent en partie les idées de Terra Nova.
La fracture des RN est probablement moins forte avec Zemmour, qui a capté les conservateurs de droite, centrant le RN sur les classes populaires. LREM peut diviser pour mieux régner, comme Macron l’a montré cette année, mais si son cœur électoral perd au moins 10 points tous les 5 ans, en 2027, alors son socle électoral risque bien d’être trop petit…
@ Troll
Ce n’est pas mon sujet de prédilection, en effet, mais je vous invite à découvrir la fonction recherche du blog, en tapant les termes « environnement », « écologie » ou « réchauffement climatique » pour voir que j’en parle. J’y consacre plusieurs pages dans mon livre également.
Vous n’avez rien compris au lien entre frontières et lutte contre le réchauffement climatique. Et le moins que l’on peut constater, c’est que le traitement à une échelle mondial de ce problème est un échec complet, depuis longtemps. C’est le manque de frontières qui nous fait échouer parce que tout pays qui va plus loin que les autres se retrouvent défavorisé dans la compétition internationale. C’est si les frontières étaient plus marquées qu’il serait alors possible d’avancer plus vite. C’est si et seulement si chaque pays pouvait fixer des règles environnementales locales, qui frapperaient également toute importation, que l’on pourrait progresser dans un cercle vertueux. En abaissant les frontières, la compétition prime sur l’environnement.
Gros troll nationaliste
Supprimer"Vous n’avez rien compris au lien entre frontières et lutte contre le réchauffement climatique."
Le réchauffement climatique ne s'arrête pas plus aux frontières qu'un nuage radioactif. Votre nationalisme étriqué n'y changera rien du tout?
Au 34% de l'extrême centre, j'ajouterai les presque 5% des nationalistes UEpéens prétendument écologistes. Ça reste néanmoins une grosse baisse en seulement 5 ans alors que la planche à billet à tourné à plein régime et qu'elle commence tout juste à montrer ses effets délétères. Quand les plans d'austérités vont être mis en place, la baisse va s'accélérer, et les sauterelles vont (enfin) ressentir les effets de leur vote.
RépondreSupprimerEn effet, on peut aller jusqu’à 39%, mais cela représente une chute de plus de 10 points en 5 ans, malgré un contexte paradoxalement favorable (guerre en Ukraine, qui ressoude les conservateurs sur Macron, le quoi qu’il en coûte avec des taux au plancher, qui lui donne le beau rôle). Les 5 années à venir promettent d’être différentes, avec des taux au plus haut depuis 5 ans…
SupprimerEn même, le choix d'EELV pour les législatives ne les place pas vraiment dans le camp de l'extrême-centre, même s'il faut reconnaître qu'en Grèce, la gauche dite radicale a montré sa capacité à se convertir au pire des politiques oligarchistes
SupprimerCe commentaire a été supprimé par l'auteur.
RépondreSupprimerVotre nationalisme est obsolète pour la simple raison historique qu'il s'agit encore pour un futur technologique interplanétaire de sortir de la religion, des traditions héritées comme seul fondement, au profit d'un universel moral et scientifique que nous partagerions même avec d'hypothétiques extra-terrestres dans tout l'univers, sans rien de commun pourtant (ni gènes ni origine) à part la raison. Ce passage de la croyance à la raison, de l'homme religieux communautaire (transmission) à l'homme de science universel (expérimentation), constitue une tâche de longue haleine, qui est depuis le début la tâche de l'histoire de la philosophie et n'est donc pas achevée 2 500 ans après, encore encombrée de religions, de nationalismes, de racismes, bien que ces vestiges du passé soient de plus en plus troublés par l'universel concret de la technique qui nous change, nous homogénéisant malgré nous.
RépondreSupprimer@LH:
RépondreSupprimerDisons que ce qui me frappe à Gauche c'est que beaucoup de ceux avec qui je discute sous-estiment la question des contraintes européennes. Beaucoup pensent que FH aurait décidé en toute souveraineté de se renier. Or même s'il a une grosse part de responsabilité la question des contraintes européennes fait partie des éléments expliquant le rétropédalage social-libéral. La question de la pression de Berlin ne semble pas exister pour ces électeurs. Au nom d'un certain passé historique (l'Europe c'est la paix), l'idée que l'Europe fait partie des problèmes de la Gauche a du mal à se diffuser dans son électorat. Le made in France de Montebourg a eu plus de succès que sa critique de l'Europe. Peut être aussi parce que, si l'UE porte un libéralisme économique plombant la social-démocratie, elle incarne un internationalisme qui sied à ces électeurs? Et du coup une majorité de cet électorat se retrouve à déplorer les effets antisociaux dont elle chérit les causes.
PS: Petit aparté sur JLM. En égotisant sa campagne législative il semble avoir oublié que les Français peuvent s'agacer de voir toujours les mêmes aux avant-postes. Base tactique que connaissaient Chirac, Sarkozy et Hollande.
JZ
Addendum: Le compromis LFI/Les Verts est un bel exemple de synthèse hollandaise. Ne pas sortir de l'UE et de l'Euro mais éventuellement désobéïr en cas de blocage. Mais l'Union restera-t-elle les bras croisés face à un comportement de passager clandestin? Surtout ce choix évite la question de savoir comment construire un rapport de force plus équilibré avec les pays du Nord dans l'UE.
SupprimerJZ
@ JZ
SupprimerTrès juste sur beaucoup d’électeurs de gauche. D’accord également sur Mélenchon, qui, s’il dénonce la Cinquième République pour le rôle trop important du président, ne semble pas tenir compte de ce jugement dans sa façon de gérer LFI…
Pas faux sur l’accord, mais l’UE a quand même des moyens de pression limités sur la France : certes, il y a l’euro, mais entre notre contribution nette au budget et notre déficit commercial abyssal avec nos partenaires, nous sommes en partie en position de force s’il y a une vraie volonté de ne pas suivre ses règles les plus folles. Bien sûr, cela ne disqualifie pas un Frexit pur et simple, qui serait plus efficace et juste.
LE PRÊT ENTRE PARTICULIERS EN LIGNE SANS FRAIS
RépondreSupprimerBonjour Monsieur/Madame
J'octroie des prêts entre particulier allant de 1.500€ à 15.000.000€ a
un taux de 2% pour une durée maximum de 30 ans .
Ne vous inquiétez pas ecrivez nous via eledgefinance@gmail.com
Voici les domaines dans lesquels je peux vous aider:
* Financier
* Prêt immobilier
* Prêt à l'investissement
* Prêt automobile
* Dette de consolidation
* Marge de crédit
* Deuxième hypothèque
* Rachat de crédit
* Prêt personnel
Si vous êtes intéressés, faites moi savoir le montant désiré..
Voici notre adresse mail : eledgefinance@gmail.com