Papier publié mardi par le FigaroVox
Lundi, Macron a prononcé un discours devant le parlement de l’UE. Il s’y est dit favorable à une révision des traités ainsi qu’à une extension du recours à la majorité qualifiée, idées loin de faire l’unanimité au sein des pays. Par-delà le positionnement tactique à l’égard des électeurs de gauche les plus favorables à l’UE, on peut craindre que cela reste une priorité de son nouveau mandat.
Errare humanum est, perseverare…
Dans le cas de Macron, on peut soupçonner que son offensive européenne a à voir avec le calendrier électoral. En effet, alors qu’EELV et le PS ont fini par accepter de se ranger sous la bannière de Mélenchon pour les législatives, on peut y voir une tentative de ramener à lui ceux de leurs électeurs qui sont les plus favorables à l’UE. Néanmoins, on peut aussi penser qu’il surestime l’attachement des Français à l’UE, qui y sont sans doute plus résignés qu’autre chose, et que ceux qui y sont les plus attachés, sont, logiquement, déjà ses électeurs. Mais par delà la posture, on peut penser que l’agenda « européen » pourrait bien être l’horizon indépassable de son second mandat. Le relatif vide de son projet pourrait être rempli par l’UE, comme pour le second mandat de Mitterrand (Maastricht) ou de Chirac (TCE).
Ce faisant, Macron suit le chemin pris par ses prédécesseurs, sans grande originalité. Au menu du président, un nouveau pas fédéraliste avec une avancée des prises de décision à la majorité qualifiée, ce qui reviendrait pour notre pays à accepter de se faire dicter des politiques que nous ne souhaitons pas. Ce faisant, il tient la même position qu’Ursula von der Layen, la président de la commission, qui souhaite l’abandon du vote à l’unanimité dans des « domaines clés ». Deuxième grande idée : parce que l’Ukraine ne pourra pas rejoindre l’UE avant longtemps, créer une nouvelle institution dont elle pourrait faire partie, une « communauté politique européenne ». Néanmoins, dans une Europe qui comporte déjà de multiples institutions, dans l’UE ou en dehors, la création d’un nouveau machin bureaucratique apparaît comme un coûteux gadget révélateur de la propension des technocrates à complexifier nos institutions.
Il ne faut pas sous-estimer la capacité de l’UE à faire un nouveau pas fédéraliste, malgré sa gestion ratée de la crise sanitaire, avec l’approvisionnement tardif des vaccins et son mini plan de relance. Bien des dirigeants occidentaux y sont favorables et Ursula von der Layen a démontré une capacité assez incroyable à prendre des initiatives en dehors de ses responsabilités, que ce soit sur la vaccination, ou l’interdiction de RT. Un contexte de crise, économique, pourrait créer un sentiment d’urgence apte à faciliter ce nouveau pas. Pourtant, rien ne démontre la pertinence d’un nouveau recul des souverainetés nationales, auquel la plupart des peuples s’opposent, ou l’intérêt de ces politiques taille unique qui finissent par ne satisfaire personne à l’échelle nationale, mais ne conviennent qu’aux intérêts de l’oligarchie.
Bien sûr, cette revision des traités est loin d’être garantie, 13 des 27 ayant déjà signifié au président français qu’ils y étaient opposés. Mais il ne faut pas sous-estimer les capacités de la bureaucratie bruxelloise et des dirigeants européens les plus partisans de l’UE dans leur détermination à faire avancer la machine folle que représente ce projet. La guerre en Ukraine offre un narratif facile, même si, au contraire, la proximité trop grande de l’UE avec les Etats-Unis accentue les tensions avec Moscou. Et dans un contexte économique assombri par la remontée des taux d’intérêt, qui pourrait déclencher une vague d’austérité dans les prochaines années, l’UE peut offrir à des dirigeants européens sans imagination, sans agenda et sans projet positif une forme d’échappatoire politique pour des citoyens en colère.
Mais ce calcul est très aléatoire, une constante avec Macron. D’abord, il n’a jamais montré une grande capacité à entrainer ses partenaires, sauf en leur faisant un gros chèque avec le plan de relance. Et les résultats du premier tour des présidentielles montrent clairement qu’il n’y a pas de majorité des citoyens pour soutenir un nouveau projet d’intégration de l’UE. Voilà pourquoi il sera critique de limiter le nombre de députés de la majorité en juin afin de ne pas lui laisser les mains libres sur l’UE et bloquer d’éventuelles révisions constitutionnelles nécessaires à une telle réforme…
"alors même que la bureaucratie bruxelloise nous a fait perdre des mois par rapport à la Grande-Bretagne et les Etats-Unis."
RépondreSupprimerOuais, mais c'est pas l'UE qui gérait le stock de masques en France ( la GB a aussi très mal géré cette épidémie ) qui a ciré les pompes de ce charlatan infect de Raoult grassement payé par mes impôts pour raconter que de la merde. En attendant, comparé à la Chine et sa couverture vaccinale totalement merdique, la France s'en sort nettement mieux. Vous êtes vraiment taré de mettre tout sur le dos de l'UE, la France a ses connards made in France qui n'ont pas besoin de l'UE pour faire chier le français.
On est bien d'accord pour dire qu'à la mauvaise gestion de l'approvisionnement en vaccins de l'UE s'est ajouté la mauvaise gestion globale de la crise par le gouvernement (masques, tests, Absurdistan autoritaire, mensonges...). On peut aussi incriminer l'UE pour le départ de la production de bien de nos matériels médicaux, avec l'assentiment des dirigeants français bien sûr.
SupprimerVous racontez n'importe quoi, le matériel médical est fabriqué dans de nombreux pays de l'UE, Allemagne, Suisse liée à l'UE, Danemark, Irlande... C'est juste que les dirigeants français des boites sont des gros nuls, aucun esprit techno-stratégie. Aucune boite française n'a été capable de proposer un vaccin digne de ce nom. Ce sont des boites US, Suisses, DE qui sont capables de faire le job. Les abruti(e)s que j'ai vu en France sortis d'HEC et autres sup de co étaient des nuls complets et d'une arrongance puante avec des résultats catastrophiques sur le moyen terme.
SupprimerLes règles UEpếenne interdisent de privilégier la production locale, c'est pourquoi la production de masque a filé en Chine. La sainte monnaie surévaluée pour la France accélérant le processus de désindustrialisation du pays (il suffit de regarder la balance commerciale). Valneva n'est-elle pas située en France? Quand au financier Sanofi, combien d'argent lui a t'on donné pour faire de la recherche alors qu'ils ont viré leurs équipes qui bossaient sur l'ARN messager?
Supprimer@LH:
RépondreSupprimerPour continuer la discussion: comment se fait-il que les électeurs du bord politique le plus attaché au social (la Gauche) soit celui qui chérit une Europe en forme d'obstacle majeur aux politiques sociales? Manque de culture des institutions européennes? Génie du "pour vivre heureux vivons cachés" de la Commission Européenne dont personne ne connaît les membres? Génie de la discrétion des Néerlandais et des Luxembourgeois appuyant Berlin sans jamais jouer le discours des "Latins fainéants" ? Effet du bourrage de crâne éducatif sur le thème "L'Europe c'est la paix"? Ou juste le fait que les bobos et les jeunes bénéficient des avantages de la libre circulation grâce au low cost? Seul un rapport différent à l'Europe pourrait permettre de dépasser le choix entre libéralisme destructeur et une social-démocratie virant libérale au pouvoir en se prenant (sans jeu de mots) le "Mur de Berlin".
JZ
@ Anonymes
RépondreSupprimerEn effet, les règles de l’UE, acceptées par nos dirigeants, permettent de privilégier le moindre coût, au détriment de certains pays de l’UE qui ont vu déserté une grande partie de leur production industrielle, par application trop dogmatique de ces règles (l’Allemagne la jouant plus finement).
@ JZ
Voir. Ce sont les électeurs du centre-gauche, comme ceux du centre-droit qui y sont le plus favorables. Certes, une partie de la gauche radicale semblent ambigües, mais une partie y est très hostile, souvent celle qui est la plus sociale (Ruffin, A Bernier).On peut sans doute y voir l’hostilité habituelle de ce camp politique à l’égard de la nation en France, qui les pousse forcément vers l’UE, quand ce n’est pas la planète (cf discours de Mélenchon pendant la campagne présidentielle, très riche et révélateur).