samedi 31 décembre 2022

Macron / Le Pen : où était l’extrémisme ?

Contrairement à moi, pour certains, il n’y avait pas une hésitation à avoir le 24 avril, Macron valait forcément mieux que Marine Le Pen. Plus qu’une adhésion au président sortant, limitée, c’était le rejet plus fort suscité par Marine Le Pen qui s’exprimait pour deux principales raisons : ses origines d’extrême-droite et la plus grande compétence qu’aurait Macron. Qu’en penser huit mois après sa réélection ?


Ce réflexe qui a protégé un oligarchiste égocentrique, incompétent et radicalisé

 

Sur le premier point, moi qui me suis toujours opposé au FN/RN, je ne peux pas balayer d’un revers de main cet argument. Mais les cinq années passées ont fait évoluer mon jugement, y compris sur ce point. Bien sûr, le RN descend du FN de son père, mais il faut aussi reconnaître que le temps passe, que Jean-Marie Le Pen et les éléments extrêmes semblent être quasiment tous partis, et qu’il y a beaucoup moins à reprocher sur ce point au parti de Marine Le Pen depuis qu’elle est en charge. Aujourd’hui d’ailleurs, son entourage proche est largement composé d’ancien de Debout la République, qui ne sont en aucun cas d’extrême-droite. Certes, le passif du FN canal historique est très lourd, chose que j’ai souvent dénoncé, mais il faut aussi reconnaître que ce n’est pas parce que le RN en est le descendant qu’il est de la même nature. Les partis évoluent et changent complètement : nous l’avons bien vu avec le PS, passé d’un parti porteur de progrès social à un outil des politiques oligarchistes les plus anti-sociales sous Hollande.

 

Plus important que les questions d’héritage, le terme extrémiste est généralement employé à travers deux angles : la radicalité du programme politique, sur un axe gauche-droite, et la pratique du pouvoir, l’extrémisme renvoyant généralement à une remise en cause du fonctionnement des institutions démocratiques. Mais là encore, sous ce prisme, comment qualifier le RN de parti d’extrême-droite, si ce n’est par une forme de paresse biaisée en faveur du bloc au pouvoir ?

 

D’un point de vue du programme, le RN est tellement peu extrémiste que Marine Le Pen a pu dire au ministre de l’intérieur qu’elle aurait pu signer son livre et que celui-ci l’a jugé un peu molle dans ses propositions sur l’immigration ! Et plus globalement, le RN est un parti aujourd’hui plus à gauche que Macron sur l’économie, tout en se situant clairement à droite sur les questions de société, mais une droite qui fait généralement plus attention à ce qu’elle dit que ne le faisaient le RPR et l’UDF dans les années 1980. Programmatiquement, le RN n’est pas extrémiste. En revanche, Macron est un extrémiste dans la casse des services publics ou la poursuite d’une coûteuse et inefficace politique de l’offre oligarchiste.

 

Et tout le problème qu’a révélé le premier quinquennat Macron, c’est que dans sa pratique du pouvoir, ce dernier présente aujourd’hui bien plus d’éléments extrémistes que le RN. Une démocratie fonctionnelle, c’est un exécutif qui rend des comptes, qui se comporte de manière exemplaire, qui respecte et défend ses concitoyens, est ouvert aux autres opinions et qui assume ses responsabilités. C’est aussi un exécutif qui assure et renforce l’état de droit, et défend les libertés publiques. Derrière le qualificatif d’extrémiste, il y a le fait de ne pas, ou peu, rendre des comptes, le règne des copains, compétents ou pas, la porte ouverte aux affaires, à la violence, aux mensonges, ainsi que l’usage de bouc émissaires contre lesquels on dresse une partie de la population par intérêt personnel. On constate aussi souvent que les extrémistes ont un comportement plus cavalier, autocentré et moins respectueux des autres.

 

Bien sûr, on pourra évoquer la déclaration d’un député RN cet automne. Mais finalement, n’est-elle quand même pas beaucoup moins grave que la violence d’un député macroniste, qui a envoyé un collègue socialiste à l’hosto plusieurs jours en début de mandat, et qui a pu tranquillement finir son mandat et même envisager d’être candidat à nouveau. En matière de violence, c’est la macronie qui est à l’extrême de notre champ politique, tant par la pratique de ses élus, que par sa conception de l’ordre public, lors des Gilets Jaunes. Todd, peu suspect de complaisance avec Sarkozy, ayant pointé que les émeutes de 2005 avaient été gérés de manière bien plus humaine que sous Macron… Et parallèlement, il n’a cessé de protéger les oligarques de notre système, leur accordant un généreux secret des affaires, qui limite le nécessaire questionnement des pratiques contestables du monde des affaires par les journalistes.

 

Fondamentalement, le quinquennat Macron a marqué une forte dégradation de la pratique démocratique dans notre pays, de la manière volontiers autoritaire qui caractérise en général des partis qualifiés d’extrémiste. Macron, ce sont les affaires qui fleurissent dans tout le cercle exécutif, trop souvent sans conséquence, et dans des mélanges de genre qui interrogent pour deux ministres régaliens. Même si la Cinquième République a une dimension monarchique, Macron l’exploite au-delà de la décence et de principes démocratiques sains. Ses interventions sont soit des allocutions, dont il peut abuser, soit des interviews avec des journalistes très peu incisifs, en général sans donner une deuxième occasion, si ce n’est à Caroline Roux, dont la prestation le 14 juillet lui a valu deux émissions spéciales après, tant elle avait été à son service, taisant des polémiques (sur le Stade de France, ou les OATi) et appuyant même les propos du président sur le SMIC au lieu de l’interroger. C’est aussi un refus de faire campagne pour la présidentielle, par l’exploitation de la guerre en Ukraine et ainsi échapper au nécessaire questionnement démocratique.

 

Toujours dans sa pratique du pouvoir, à son passif, on peut pointer son usager immodéré du conseil de sécurité, qui lui permet de gouverner en toute discrétion, sans la transparence et le suivi démocratique habituel. On peut également l’usage immodéré, et souvent profondément malhonnête, des bouc-émissaires, à la manière d’un FN canal historique, notamment en matière sociale, à l’égard des chômeurs, trop souvent présentés comme des feignants vivant de notre générosité excessive. On peut également évoquer sa façon détestable d’incriminer les non vaccinés, qu’il a dit vouloir emmerder, quelques jours à peine après un faux mea culpa sur ses excès de langage. Macron n’a pas été moins outrancier et vulgaire que Trump dans la forme, ne cessant de mentir (les masques, Fessenheim, le chômage, les non vaccinés…), de mal se tenir (avec le Premier ministre du Japon, McFly et Carlito…).

 

Bref, aujourd’hui, s’il y a un extrémiste dans notre paysage politique, c’est bien plus Macron que Marine Le Pen. Et les huit premiers mois de son mandat confirment malheureusement ce constat calamiteux : c’est un Trump qui aurait fait l’ENA et mènerait une politique encore plus nocive pour son pays. D’ailleurs, ceux qui contestent ce jugement sont bien incapables de rentrer dans le fond des choses et des 10 raisons que j’avais avancées en avril pour lui faire barrage, préférant une confortable posture politiquement correcte plutôt que de vraiment s’interroger sur ce qui valait le mieux pour la France…

17 commentaires:

  1. Il s'agissait de voter contre la peste sans contre pouvoir ou contre le choléra avec des contre pouvoirs. Ce qu'on fait les DOM & TOM

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  2. "Aujourd’hui d’ailleurs, son entourage proche est largement composé d’ancien de Debout la République"

    Donc des crétins qui ont gobé les fariboles durant des annnées de Ducon Gnangnan qui est une petite ordure.

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    1. Le plus crétin est sans doute l'anonyme qui ne fait que déverser son fiel insultant sans le moindre début de commencement de raisonnement

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    2. Pour ce qui est du raisonnement, vous n'en avez aucun échantillon sur vous, pauvre benêt obscène.

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    3. Moi, au moins, j'écris des papiers avec des raisonnements et des arguments. Vous ne prenez même pas la peine d'en faire un seul...

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    4. Je ne vois pas un seul argument dans le vomi de l'inculte formaté anonyme, encore moins de raisonnement...

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    5. Achète toi un cerveau, Ducon !

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    6. Vos papiers ne sont même pas bons à nettoyer des culs, abstenez-vous.

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  3. Aucu rapport avec ce sujet mais que vous inspirent les aveux de Hollande que les accords de Minsk n'étaient qu'une duperie envers la Russie. N'a-t-il pas de la sorte bafoué l'Honneur de la France et durablement ébranlé la foi que les autres pays pouvaient avoir dans les traités qu'elle a signé ?

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    1. L'agression de la Russie n'était pas une duperie ? Pauvre con nationaliste.

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    2. @imprécateur de service qui s'autorise à traiter les aVous ne savez rien de sérieux, au-delà de la lecture paresseuse d'un article sur Wikipedia, du passé de l'Ukraine et de l'implication des nationalistes de l'OUN et de leur organisation armée (UPA) dans l'extermination de centaines de milliers de Juifs et de 35 000 polonais. J'ai lu, en anglais, la synthèse toute récente (2021) d'un universitaire canadien, John Paul Himka, sur le rôle de l'OUN et des combattants de l'UPA dans la Shoah en Ukraine. C'est un travail universitaire très sérieux, très documenté, très objectif. Il est accablant pour les nationalistes ukrainiens que l'idéologie officielle du régime actuel transforme en héros de l'indépendance ukrainienne et en martyrs, y compris lorsqu'ils ont été tués sous uniforme SS ou exécutés par les Polonais après avoir été condamnés comme criminels de guerre. On baptise en masse des squares, des rues, des avenues ou des places à leurs noms, on exalte leurs actions dans les manuels scolaires ukrainiens, on fait de l'anniversaire de leur naissance un jour férié. Et à chacune de ces occasions, on défile en masse, officiels en tête, sous des drapeaux qui portent des insignes de la Schutzstaffel, au milieu de militants dont les pancartes ou les t-shirts ont ressuscité le vieux mot d'ordre nationaliste d'avant-guerre : "Tabassons les Juifs et libérons l'Ukraine". Pour célébrer quels exploits ? Avoir massacré des civils à coup de pelle ou de crosse de fusils (les combattants de l'UPA manquaient de munitions, qu'ils préféraient économiser pour combattre les Russes ou les partisans pro-russes ; les Juifs et les Polonais étaient donc, autant que possible, tués à l'arme blanche) ? Avoir découpé les cadavres des Juifs qu'ils avaient auparavant torturés, dépouillés, assassinés, pour en suspendre les quartiers dans des arbres, avec des écriteaux portant l'inscription "Ceci est de la viande juive" ? Libres à vous d'angéliser les gens qui se réclament de cette Ukraine-là. Je ne ferai pas partie de cette confrérie dont on aurait du mal à préciser quel est le ciment, entre la stupidité la plus bornée et le cynisme le plus vulgaire.

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    3. Le début de mon message a été tronqué. Il s'adressait à l'imprécateur de service qui traitait un autre intervenant de pauvre con nationaliste. C'est effectivement à la fois désolant et comique au regard de ce qu'est actuellement le nationalisme ukrainien.

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    4. Crétin, Les historiens jugent Joseph Staline responsable, à des degrés divers, de la mort de trois à plus de vingt millions de personnes. Et la collaboration en France on en parle ? Sans même parler des crimes de la colonisation comme celle de la Russie-URSS, les viols de femmes par les troupes russes à Berlin et maintenant en Ukraine.

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    5. Mes mercenaires du groupe Wagner aux ordres de
      Poutine et dirigés par Dimitri Outkine surnommé Monsieur Wagner et se revendique du nazisme. Les troupes Wagner font des massacres en Afrique et maintenant en Ukraine.

      https://www.geo.fr/geopolitique/wagner-larmee-fantome-et-illegale-de-poutine-208592

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    6. Les crimes de Staline ou du groupe Wagner n'excusent pas les tendances fascisantes du nationalisme ukrainien. Quant à l'antisémitisme génocidaire ukrainien, il remonte au moins à l'insurrection de Bohdan Khmelnytsky au XVIIe siècle, où de 50 000 à 100 000 Juifs ont été massacrés. Les Ukrainiens en ont fait un héros national. Parler des crimes du stalinisme ou de la brutalité du groupe Wagner n'est qu'une tactique de fuite aussi bête que lâche pour nier le problème que pose le soutien occidental à un pays qui reste obstinément aveugle sur son passé antisémite comme c'est le cas de l'Ukraine.

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    7. Les accords de Minsk ont été inclus dans le droit international par la résolution 2202 des Nations unies.
      C’est ainsi que les représentants autoproclamés de "l'ordre fondé sur des règles" respectent le droit international ?
      Pendant des années, ils ont répété le mantra selon lequel les sanctions contre la Russie ne seraient levées que si les accords de Minsk étaient pleinement appliqué alors qu’en réalité ces accords n'étaient que duperie et paroles en l'air.
      Pour le reste des pays du monde quel est encore la valeur d'un accord avec les représentants de l'Occident, s'il faut supposer qu'ils ne respecteront leurs signatures que dans la mesure où cela sert à réaliser leur agenda caché?
      Il faudra des années pour restaurer la confiance envers « l’occident global » après les fourberies dignes d’un Ribbentrop de Hollande et Merkel.

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  4. « Bref, aujourd’hui, s’il y a un extrémiste dans notre paysage politique, c’est bien plus Macron que Marine Le Pen. »


    Vous prêchez un convaincu car j'avais fait cette analyse dès 2017... Ce qui brouille encore les perceptions et induit que Macron ne soit pas considéré comme un extrémiste par une majorité de Français, ce sont principalement ses positions pro-lgbt, pro-immigration (et pro-Israël bien entendu). L'extrême-droite étant toujours assimilée à l'exclusion des minorités.

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