164 milliards d’euros, 6% du PIB ! Jamais notre pays n’avait enregistré un tel déficit commercial. Bien sûr, les analystes (macronistes) à courte vue insisteront sur le rôle de l’énergie dans ce triste record. Mais il ne faut pas oublier que notre déficit hors énergie bat lui aussi un record historique et que, plus fondamentalement, ce déficit disqualifie l’ensemble de la politique économique de Macron.
L’incompétence bornée de Macron illustrée
Bien sûr, à chaque fois, certains disent que nous n’en avons pas fait assez, ce qui a justifié l’accélération de cette stratégie sous Hollande (CICE, pacte de compétitivité, loi Macron, loi El Khomri), largement poursuivie depuis 2017 (suppression de l’ISF, baisse de l’IS, baisse des impôts sur les revenus du capital, baisse des impôts de production, ordonnances Macron). Une grande partie de ce que demande le patronat a été obtenu. Mais ce qui est frappant aujourd’hui, c’est l’inefficacité complète de cette politique. Si elle marchait, nous serions en excédent. Malheureusement, l’échec était prévisible : se battre sur le coût est ridicule dans l’UE, où le SMIC peut être 80% plus bas. En outre, nous continuons à laisser entrer les produits étrangers, sans réciproque : les USA ne vont aider que les véhicules électriques fabriqués localement, avec des batteries également fabriquées localement, contrairement à la France…
Que dire également de la terrible sanction que ce déficit apporte à la politique énergétique de Macron, à tout point de vue. Notre pays, longtemps exportateur d’électricité, s’est retrouvé importateur au plus mauvais moment, quand les prix étaient très élevés, plombant plus encore notre déficit commercial. Macron est aussi ici responsable de cette situation, lui qui a laissé notre filière nucléaire s’appauvrir, allant jusqu’à fermer inutilement la centrale de Fessenheim, qui aurait permis de réduire la note… Idem sur les sanctions contre la Russie, qui ont surtout abouti à nous appauvrir en renchérissant le prix des hydrocarbures, tout en enrichissant une Russie dont les exportations ont battu des records du fait d’un boycott limité, et même contourné par l’UE par l’achat d’hydrocarbures russes raffinées par d’autres.
Pour couronner le tout, ce déficit disqualifie aussi la réforme des retraites de Macron. Son principe consiste à augmenter le nombre de personnes qui travaillent pour financer les retraites. Mais dans un pays qui a un tel déficit de production, le chômage de masse réel, une fois démaquillé des artifices statistiques de l’exécutif, ne pourra pas se réduire. En clair l’augmentation requise du nombre de personnes qui doivent travailler ne pourra pas être absorbée par un marché du travail d’ors et déjà beaucoup trop rétréci par des échanges où nous achetons beaucoup trop à l’étranger par rapport à ce que nous y vendons. En clair, cette réforme ne produira que davantage de chômeurs, et des pensions plus faibles. Une France avec un tel déficit commercial ne peut pas compter sur une véritable augmentation de l’emploi…
Bref, ce déficit colossal, le double du record déjà enregistré l’année d’avant, est la signature de l’échec complet du macronisme économique. Rien, dans les orientations économiques de l’exécutif, ne fonctionne. Ses choix ne sont que la prolongation de vieilles idées ne favorisant que les plus riches, dont l’inefficacité est démontrée depuis des décennies. Voilà ce que nous dit ce déficit commercial.
Habsb
RépondreSupprimerje suis d'accord avec vous sur le mauvais bilan économique du binôme Macron-le Maire. Mais la responsabilité du naufrage français ne saurait être limitée aux derniers cabinets. La part de PIB de nos manufactures est passé de 22% en 1970 à 11% en 2014
L'économie française a été erronément dirigée vers les services et l'immobilier, tout en dopant par des allocations diverses et variées un demande artificielle qui n'a pu que se diriger vers les produits d'importation.
Cela dure depuis 50 ans au moins, et le macronisme n'a rien fait d'autre que poursuivre telle quelle cette politique
Avec en plus l'erreur historique de la guerre économique (dixit leMaire) à la Russie qui nous condamne à une démultiplication de la facture énergétique. Nous sommes en effet loin de l'indépendance face aux USA toujours affichée par le Général, mais pourrions nous encore nous le permettre ? L'endettement monstrueux de l'état français nous lie pieds et poings au monde financier USA, auquel suffirait d'une nette dégradation de la notation (S&P, Moody's) de la dette française pour nous plonger dans des difficultés financières insurmontables. Quand on mange grâce aux prêts des autres, on peut rarement mener une politique indépendante...
Que pourrait donc faire M. Macron pour éponger le déficit commercial ? L'achat d' hydrocarbonés russes n'est pas une décision de son ressort. Pour réduire la consommation de produits étrangers, il faudrait réduire la consommation tout court, avec baisse de toute allocation, retraite et, pour encourager l'épargne, une forte hausse des taux qui malheureusement ne se décide plus à Paris mais à Francfort. Mais un tel appauvrissement rapide des classes populaires est hors de question si son parti veut conserver le pouvoir.
Pour augmenter les exportations de biens, il faut déjà en produire davantage, mais le pays manque du capital privé excédentaire indispensable à la création d'entreprises sérieuses. Ce capital est pompé par la fiscalité plus onéreuse du monde, nécessaire pour entretenir un état hypertrophié, un budget militaire proche de celui de la Russie et des allocations et aides diverses et variées surtout à ceux qui n'en ont point besoin...
Augmenter le nombre de personnes qui travaillent pour financer les retraites.... TOUT A FAIT D'ACCORD ! Mais en réduisant drastiquement le chômage .... C'est lui qui tue otre économie ! ! !
RépondreSupprimeril suffirait de réduire le chômage des seniors au même niveau que les autres pays européens pour qu'il n'y ait plus de problème à financer les retraites.
Supprimeravant de comparer l'âge de retraite en France aux autres pays européens, comparons d'abord le taux d'emploi de senior en France et en Europe!
@ Anonymes
RépondreSupprimerCe qui a été le plus dopé finalement, ce sont les aides aux entreprises, qui ont doublé en 10 ans, passant de 100 à 200 milliards par an… L’indépendance aurait pu être maintenu si nous avions continué à investir dans le nucléaire depuis 10 ans ou n’avions pas fermé Fessenheim.
Sur la dette, attention au catastrophisme exagéré : notre dette est bien inférieure à celle de l’Italie, sans même parler du Japon, qui n’a guère de problème avec ses 250% de PIB de dette brute.
Pour réduire le déficit commercial, il faut du protectionnisme, une clé du développement asiatique. Pas de marchés publics pour les produits étrangers (cf les peluches de Paris 2024 ou les anoraks de la ville de Grenoble). Et des mesures ciblées, pour protéger nos agriculteurs, ainsi que des secteurs stratégiques (il est effarant que nous subventionnons l’achat de panneaux solaires faits en Chine, tout comme de voitures produites aux USA ou en Chine, alors que ces pays se protègent).
Le pays ne manque pas de capital privé excédentaire : les profits sont à des niveaux historiquement très élevés. C’est leur emploi qui n’est pas le bon, du fait de la voracité d’actionnaires qui en veulent toujours plus, sans que cela n’ait aucun intérêt pour eux. Fiscalité la plus onéreuse ? C’est faux : notre taux marginal d’IR est dans la norme, idem pour l’IS. L’état n’est pas hypertrophié, comme le montrent notre système de santé ou notre système éducatif. On peut sans doute admettre en revanche un excès de bureaucrates. Et le problème sur les aides aujourd’hui, c’est surtout sur les aides aux entreprises, qui ont doublé en 10 ans, passant de 100 à 200 milliards par an.
Pour réduire le chômage, il faut réduire notre déficit commercial. Si nous conservons un fort déficit, alors nous conserverons un chômage de masse.
réponse à M. Pinsolle
Supprimermerci pour votre réponse
la différence avec l'Italie et le Japon est que la dette de ces pays est détenue en grande partie par leurs nationaux. Pas en France, où la plus grande partie des créditeurs se trouve à l'étranger
le protectionnisme n'est plus un décision à la portée du gouvernement français. Du moment qu'on adhère à des organismes comme l'UE et le FMI on en retire des avantages, mais aussi des contraintes, et les pays qui exportent comme l'Allemagne et l'Italie n'accepteront jamais de perdre leurs exportations pour soulager l'échec français
si les profits sont à des niveaux élevés, les recettes fiscales le sont aussi, avec une augmentation de 2020 à 2021 de 38 milliards
Les classes moyennes qui devraient alimenter la petite entreprise et les embauches étouffent sous le poids des impôts et de prix immobiliers délirants et sans commune mesure avec le faible niveau des salaires
Il est paradoxale parler de voracité des actionnaires français quand le dividende moyen est en France de 2.9% contre 3.2% au Canada, 3.7% en UK et Allemagne, et 4.6% en Australie. Tous pays en manque de capitaux ?
Pour la fiscalité, ce n'est pas le taux marginal qui compte, payé par un tout petit nombre de français.
Ce sont les taux inférieurs, déjà à 30% pour des salaires très modestes, proches du SMIC allemand!
C'est l'impôt supplémentaire de la CSG/CRDS, de plus en plus lourde.
Ce sont les taxes sur les carburants : on paie en France l'essence la plus chère de la zone Euro hors Finlande.
C'est le nombre absurde et surréaliste d'impôts et taxes levés en France, on parle de 360 et plus..
Finalement c'est plutôt en permettant à plus de français de travailler qu'on produira plus de biens et on améliorera notre balance commerciale, et pas l'inverse.
Bloquer les biens étrangers (même si c'était licite) n'aurait d'effet que de faire licencier ceux qui travaillent dans l'import, et de faire bloquer par nos clients étrangers nos exportations, avec encore plus de licenciements et chômage.
Les seuls à gagner seraient les producteurs et marchands français qui pourraient commander des prix plus élevés pour leurs biens désormais en régime de monopôle. Pendant que les consommateurs devraient réduire encore plus leur niveau de vie et leur épargne.
Relisez donc Adam Smith ! :-)
Comment pouvez-vous écrire "Si les classes moyennes ont perdu du pouvoir d’achat, c’est justement à cause de ce laisser-faire et laisser-passer, qui met en concurrence leurs emplois et permet aux grandes entreprises de moins les payer…" ?
SupprimerLe laissez-faire et laisser-passer impliquent le libre accès en France des entreprises étrangères, qui viennent donc offrir des jobs et font monter les salaires se disputant les salariés français.
Allez donc voir ses effets dans les banques de tout le monde installées à Genève ou Luxembourg, dans les géants high tech en Silicon Valley, ou en Irlande, dans le sociétés oil&gas en Ecosse ou Norvège...
En France on se bat contre l'installation des champions du monde dans chaque domaine, que ce soit Walmart dans la distribution, JPMorgan dans la banque, TSMC dans les semiconducteurs, Brookfield dans l'immobilier, J&J dans le pharma, Gazprom dans le gaz etc
les manufacturiers français en profitent deux fois: payant moins cher une main d' œuvre que personne d'autre ne peut recruter, et en vendant plus cher des produits qu'ils sont les seuls à fournir.
Le résultat de ceci (combiné à une fiscalité vexatoire et à des prix immobiliers délirants) une classe active qui peine à épargner et à former le capital privé indispensable à la formation de nouvelles entreprises qui recrutent.
Les chiffres pèsent lourd: dans le classement mondial de l'épargne en 2020 la France partage la 75eme place avec la Lituanie car l'épargne français n'a été que de 21.8% du PIB: loin du 44% de la Chine et du 61% de l'Irlande
A méditer.
Le laisser-faire et le laisser-passer dans un pays comme le nôtre, avec des niveaux de salaire assez élevés, un marché où tout (bien ou services de pays à prix du travail beaucoup plus bas), ou presque, peut rentrer, un pays sans protectionnisme ou politique industrielle, c’est un pays en déficit structurel, et où les créations d’emplois des entreprises étrangères sont beaucoup plus faibles que ce qui est perdu par les délocalisations.
SupprimerGenève ou Luxembourg : ce sont des parasites fiscaux, donc bien sûr que ces pays attirent du monde, mais c’est avec des politiques non reproductibles. En quoi Walmart créerait le moindre emploi en France s’ils s’installaient ? Les entreprises françaises ne sont nullement protégées et ne bénéficient presque jamais d’un système où elles pourraient vendre plus cher qu’ailleurs.
Il n’y a pas de manque de capitaux privés : c’est d’ailleurs leur quantité importante qui fait monter les prix de l’immobilier. La classe active, notamment moyenne, souffre de la concurrence étrangère et d’un marché du travail structurellement déséquilibré en faveur des entreprises, avec 20% de la population active qui cherche un travail (6 millions de demandeurs d’emplois A, B, C, D, E). Je veux bien le lien sur l’épargne : les chiffres irlandais n’ont aucun sens du fait du parasitisme fiscal massif de ce pays. Pas sûr que 21,8% soit insuffisant.
cher Monsieur
Supprimeron ne peut pas, comme on le fait en France, pratiquer les impôts les plus élevés du monde, et accuser le reste du monde de parasitisme fiscal comme vous le faites.
C'est un peu comme si la Corée du Nord accusait le reste du monde d'anarchie et laxisme sécuritaire.
La plupart des pays du monde imposent leurs contribuables bien moins que l'état français et pourtant font leur devoir sécuritaire, éducatif, médical souvent bien mieux que la France.
En quoi Walmart créerait le moindre emploi en France s’ils s’installaient ?
Je vous rappelle que WalMart demeure de loin le premier employeur mondial, avec 2million300mille salariés. A croire que tout le monde en bénéficie sauf les chômeurs français , et les consommateurs français qui ne bénéficient pas de ses bas prix