Papier publié en avant-première par Front Populaire
Au plus bas depuis 40 ans ! C’est l’histoire que raconte le gouvernement sur le taux de chômage pour inventer un actif à son bilan. Mais comme avec l’Argentine des Kirchner qui manipulait les chiffres de l’inflation, cette fable repose sur une manipulation statistique. Une note de l’INSEE, défendant la méthode du BIT révèle l’étendue de la manipulation et permet de calculer le vrai taux de chômage.
La persistance du chômage de masse
Il y a deux statistiques sur le chômage : l’enquête du BIT, sondage réalisé chaque trimestre sur quelques dizaines de milliers de personnes, et le décompte officiel des chômeurs, réalisé tous les mois par Pôle Emploi sur la base des déclarations des demandeurs d’emploi. Pour Pôle Emploi, il y a 3,05 millions de demandeurs d’emplois de catégorie A, et 5,39 millions de catégorie A, B et C. Théoriquement, les catégories B, C, et même D et E, comptabilisent des personnes qui ont une activité mais recherchent quand même un emploi, entre autres des personnes qui ont un emploi à temps partiel mais recherchent un temps plein. L’enquête qui suit la méthode du BIT indique un nombre de chômeurs de seulement 2,2 millions. Et comme par hasard, le chômage au sens du BIT aurait baissé de 30% depuis fin 2015, alors que les décomptes de Pôle Emploi indique une chute de 20% en catégorie A et à peine 6% sur le total A+B+C.
Selon la méthode du BIT, nous sommes au plus bas depuis 1982. Mais selon le décompte de la catégorie A, nous sommes au plus bas depuis 2012 seulement. Et sur les catégories A+B+C, nous sommes au plus bas depuis 2014. Sur le total A+B+C, le reflux enregistré depuis 2021 reste limité et nous laisse dans une situation où le nombre de demandeurs d’emploi reste un à deux millions plus élevé que dans les années 1990 et 2000 ! Bref, selon la statistique, les résultats n’ont strictement rien à voir. Et il est honteux que les média ne mentionnent pas les différences de résultat entre les méthodologies suivies, abondant de facto dans le sens du discours de l’exécutif, qui a tout d’une fable.
C’est sous Hollande que la façon de suivre le niveau du chômage en France a changé. Faute d’avoir réussi à infléchir la courbe du chômage, il a entrepris d’en changer la méthode de suivi, quand Emmanuel Macron était son ministre de l’économie… C’est en 2015 que le taux de chômage n’a plus été calculé sur la base du nombre de demandeurs d’emploi de catégorie A, mais sur la foi de l’enquête reposant sur la méthode du BIT, et donc une seule fois par trimestre, au lieu de mensuellement. Pour couronner le tout, le gouvernement peut jouer sur les frontières entre les différentes catégories, envoyer des chômeurs en formation (dans la catégorie E, en forte croissance…), ou encore multiplier les radiations, pour s’assurer que les chiffres sont plus flatteurs que la triste réalité de notre marché de l’emploi en France.
Mais quel est le vrai niveau du chômage en France ? Une note de l’INSEE, qui défend pourtant la méthode du BIT, donne les clés pour le calculer. Elle pointe qu’un chômeur sur 5 au sens du BIT n’est pas inscrit à Pôle Emploi, en donnant l’exemple de jeunes qui ne sont pas inscrits car ne pouvant pas prétendre à une indemnisation. Cela revient à ajouter 440 mille chômeurs de plus au total de la catégorie A, soit près de 3,5 millions de chômeurs, soit un taux de chômage de 11,4%, et non de 7,2%. Cette évaluation est confirmée par le fait que la note indique que « deux demandeurs d’emploi en catégorie A sur cinq ne sont pas classés comme chômeurs au sens du BIT ». Cela signifie qu’il faut ajouter un peu plus de 1,2 millions de chômeurs de catégorie A oubliés par la méthode du BIT à son total de 2,2 millions, ce qui donne à nouveau un décompte réel de près de 3,5 millions de chômeurs en France en 2023.
Outre le caractère très contestable, pour ne pas dire mensonger, de la propagande de l’exécutif, qui devrait faire rougir l’ancien consultant de McKinsey qu’est Paul Midy, ces manipulations statistiques posent aussi des problèmes politiques. En effet, depuis le 1er février, la durée d’indemnisation est réduite de 25% au prétexte que le taux de chômage est officiellement inférieur à 9%. Dès lors, il y aurait matière à contester cette évolution qui ne repose que sur une enquête infirmée par le simple décompte de Pôle Emploi ou le décompte plus complet que suggère l’INSEE. Pire, l’invisibilisation du maintien d’un chômage de masse pourrait permettre une énième réforme du marché du travail défavorable aux travailleurs et aux chômeurs, au prétexte totalement fallacieux que nous nous approcherions du plein emploi. C’est malheureusement ce que prépare l’exécutif, avec notamment le conditionnement du RSA à des activités…
Non, le taux de chômage n’est pas à 7,2%. Il est autour de 11,4% selon les analyses de l’INSEE, et on peut penser que la baisse enclenchée depuis 7 ans est assez limitée, loin des fables de l’exécutif. Les réformes de compétitivité, par la baisse des impôts des entreprises, ou la déconstruction des droits des travailleurs n’ont pas marché. Et par conséquent, aucune nouvelle attaque n’est justifiée.
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