Cette semaine, le Figaro a publié un long portrait de Bernard Arnault, patron de LVMH, l’homme le plus riche au monde. Ce faisant, l’auteur du papier, outre son éloge permanent du grand patron, fait un bien mauvais procès aux Français, évoquant notre « rage partageuse », une « guerre civile larvée », des « imprécations haineuses », pouvant « finir dans le sang ». L’occasion de déconstruire ces caricatures de critiques pour disséquer les vrais problèmes que posent le succès de LVMH.
Réussite bienvenue, remarquable mais aussi problématique
Il est donc clair que c’est une chance pour la France d’avoir cette industrie du luxe. Alors que notre commerce extérieur ne cesse de se dégrader, heureusement que nous avons des LVMH, Kering, Hermès, Chanel ou L’Oréal, qui produisent largement en France et exportent en grande quantité des produits de grande valeur, compensant en partie l’effondrement de notre solde dans quasiment tous les autres domaines. Pour le coup, Bernard Arnault a raison de souligner la grande contribution qu’apporte son groupe à l’emploi dans notre pays, et plus généralement à notre richesse, par les exportations à forte valeur ajoutée qu’il réalise. Sans ces groupes, nous serions sensiblement moins riches, avec un chômage encore plus fort, et avec encore moins d’argent pour financer des services publics qui en manquent cruellement depuis si longtemps. En clair, la réussite de LVMH, et des autres, apporte beaucoup à la France.
Mais l’extraordinaire réussite économique de son groupe, qui l’a mené à la place d’homme de plus riche de la planète, ne l’exonère pas de ses devoirs de citoyen. Car la réussite de certains grands patrons peut aussi les pousser à vouloir s’exonérer de leurs devoirs, comme Carlos Ghosn, qui a échappé à la justice japonaise et s’est plaint abusivement de son traitement par la France. Et pour LVMH, les emplois et les exportations ne sauraient faire oublier quelques zones d’ombre, comme l’espionnage mené contre Fakir et François Ruffin lorsqu’il préparait son film sur le groupe, ou certaines pratiques qualifiées d’optimisation fiscale. Ce n’est pas parce que l’on paie beaucoup d’impôts que l’on en paie sa juste part, tant nos politiques laissent faire des pratiques, prétenduement légales, ou pas, qui ont considérablement appauvri nos Etats et ont privé nos services publics d’un financement dont ils auraient bien besoin.
Autre point oublié par Jean-Marie Rouart, c’est ce que représente l’extraordinaire succès des groupes de luxe dans des pays dits développés comme le nôtre, où une grande partie de la population peine financièrement. C’est un symbole de l’explosion des inégalités, où une petite minorité dépense sans compter alors que beaucoup trop ont du mal à joindre les deux bouts. N’est-il pas un peu obscène à ce que les ventes des groupes de luxe progressent de plus de 20% par an, que ces groupes ne cessent de monter leur prix, et dépensent des sommes folles alors que le nombre de personnes qui dépendent de l’aide alimentaire a triplé en 10 ans ? Le succès du luxe est aussi un symbole des dysfonctionnements du modèle économique de nos sociétés modernes. Bien sûr, il vaut mieux pour nous que les produits vendus soient fabriqués en France. Mais le décalage de fortune entre les plus riches et la grande majorité n’en reste pas moins choquant et c’est pour cela que Bernard Arnault et LVMH suscite des critiques.
Enfin, on pourrait rappeler que les prises de position politique exposent légitimement à la critique. En effet, en 2017, entre les deux tours, Bernard Arnault avait cru bon prendre publiquement position pour Macron. Bien sûr, c’est son droit, mais, encore une fois, on ne peut pas s’exposer de la sorte et se plaindre ensuite des critiques politiques qu’il suscite. Il a pris le parti de celui qui a baissé ses impôts de plus de moitié en supprimant l’ISF et en réduisant l’impôt sur le revenu sur les dividendes de LVMH à seulement 12,8%. Parallèlement, Macron a réduit les APL, les droits des travailleurs et des chômeurs, tout en continuant à baisser le salaire réel de bien des fonctionnaires. Quand on prend le parti d’un homme qui fait souffrir les Français du haut d’une immense fortune encore augmentée par celui-là, pas étonnant que des critiques se fassent jour. Et encore, elles sont souvent moins dures que ce que raconte Jean-Marie Rouart.
Bref, si sa réussite est exceptionnelle, y compris à l’échelle de la planète, et fait du bien à notre pays, la critique de Bernard Arnault et LVMH est parfaitement légitime. D’abord parce que la fortune extraordinaire du luxe renvoie aux inégalités de notre monde, où une petite minorité dépense sans compter alors qu’une majorité souffre. Ensuite, parce que certains choix de Monsieur Arnault l’exposent à la critique.
Ce genre de discours (celui de Monsieur Rouart à propos des critiques portant sur Monsieur Arnault) n'est ni plus ni moins que de la propagande renforcée par de l'intimidation qui vise à créer une sorte de réflexe conditionné au niveau mental, réflexe conditionné associant toute critique de l'organissation actuelle des choses à un discours non pas seulement illégitime mais plus encore discréditant. Dans un premier temps, le préjugé ainsi soigneusement fabriqué se portera sur un type de discours. Dans un second temps, il se portera sur quiconque se permettra une critique de fond de l'organisation actuelle des choses. Ainsi, toute personne qui se risquera à une telle critique sera, par cela même, définitivement discréditée sans qu'on ait même à examiner les discours portés par ces personnes.
RépondreSupprimerCe processus a déjà cours sur d'autres thématiques, l'une des plus évidentes étant la possibilité de critique de la politique l'état d'Israël qui est largement d'emblée assimilée à de l'antisémitisme, ou amalgamée à lui.
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