Papier publié en avant-première sur Front Populaire
C’était annoncé en juin dernier, et largement attendu : la BCE a procédé à un nouveau tour de vis monétaire en remontant ses taux directeurs de 0,25 point. La chute, seulement récente, et encore limitée, de l’inflation justifie cette décision pour les faucons, quand les colombes pointaient le risque que cela fait peser sur la croissance, craignant une réaction excessive. Une double erreur.
Le retour de la malédiction de l’euro
Cela fait des mois qu’une hausse des taux est injustifiée pour ce pays. Mieux, une divergence des politiques monétaires, avec une fin anticipée de la hausse des taux pour Madrid, et une poursuite de la hausse des taux en Allemagne, aurait aidé Berlin pour son objectif, avec une montée du mark qui aurait poussé les prix des importations à la baisse et calmé plus rapidement l’inflation outre-Rhin. Mais la taille unique imposée par la monnaie unique impose une politique un peu trop modérée pour Berlin et bien trop aggressive pour Madrid, comme un miroir inversé du début des années 2000, quand elle était alors trop accomodante pour les pays d’Europe du Sud, et trop dure pour l’Allemagne. Bref, cette situation souligne encore le fait que la zone euro n’est absolument pas faite pour partager une seule monnaie.
Et au problème structurel de la zone euro, s’ajoute une erreur d’appréciation conjoncturelle, qui révèle, pour qui en douterait encore, le biais idéologique oligarchiste de la BCE. L’inflation a eu deux raisons : la hausse des prix de l’énergie, exagérée par les mécanismes délirants de fixation des prix de l’électricité à l’échelle de l’UE, et l’effet d’aubaine de beaucoup d’entreprises, qui en ont profité pour gonfler à l’excès leurs prix et leurs profits. Mais ce sont des causes temporaires et non reproductibles à ce niveau dans la durée. La rechute était attendue, elle arrive. Avec une inflation en fort recul (-0,6 point sur juin) et une zone euro proche de la récession, continuer à monter les taux d’intérêt n’a aucun sens et a toutes les chances d’accentuer un retournement économique qui n’en avait vraiment pas besoin.
Les banquiers centraux ne prennent pas suffisamment en compte les conséquences des hausses des taux passées, qui ne se matérialisent pas toujours immédiatement, mais en différé, par la chute des volumes de crédit. C’est ainsi que la demande de crédit des entreprises est au plus bas depuis 20 ans ! Le retournement du marché immobilier est également violent. Tout ceci va fortement peser sur la demande des prochains mois. En outre, la remontée des taux pèse également sur les marges de manœuvre des Etats en augmentant le coût de financement de la dette (d’autant plus que la monétisation a été arrêtée), ce qui va peser sur les autres budgets, et donc sur la demande publique. Tous les mécanismes d’un retournement économique semblent en place, avec une demande qui a fortement baissé en juillet.
Bref, le choix de la BCE est délirant. Nous sommes sur une inflation largement zombie, qui va fortement reculer dans les mois à venir et cette hausse risque d’amplifier encore le retournement économique. Ce faisant, on peut y voir tous les biais de cette banque centrale, qui tend trop souvent à mener la politique que souhaite l’Allemagne et ses satellites, au détriment des autres. Mais on peut aussi y voir un profond biais oligarchiste. Car qui s’inquiête d’un excès d’inflation ? Ce ne sont pas ceux qui n’ont pas ou pas beaucoup d’argent. Ce sont ceux qui en ont beaucoup, et qui n’apprécient pas que la valeur de leurs économies diminue. De même, Christine Lagarde justifie son action au regard de la hausse des salaires, prenant la défense d’un patronat rétrograde qui ne veut pas partager la richesse créée. Elle est prête à casser la croissance pour remettre l’économie dans une direction moins favorable aux salariés.
Cette décision malheureuse a le mérite de nous rappeler deux faits majeurs. D’abord, la monnaie unique n’a aucun sens économique et affaiblit tous ses membres. Ensuite, une banque centrale prétenduement indépendante est surtout un agent au service inconscient des intérêts de l’oligarchie. Voilà pourquoi il faut non seulement quitter l’UE et l’euro, mais aussi remettre le pouvoir monétaire dans le cadre démocratique, et donc dans les mains de politiques qui rendent des comptes au peuple.
La banque centrale doit etre totalement independante pour eviter toute tentation populiste des politiciens qui au lieu de prendre les bonnes decisions prendraient les decisions qui plaisent au bon peuple.
RépondreSupprimerComment avoir un taux d’intérêt communs convenant à des pays dont l'inflation va de 1.6% (Belgique/Espagne) à 11.3% en Slovaquie? (Ou comment répondre à un choc asymétrique comme aurait dit M FRIEDMAN?) Impossible, c'est une solution médiane qui est toujours prise, la sainte monnaie devenant une machine à faire diverger les économies de la zone monétaire non optimale.
RépondreSupprimerSinon les autres banques centrales nationales S'ADAPTENT à la situation locale.
Inflation Suède 6.3% Taux : 3.75%
Inflation Danemark 2.4% Taux : 3.1%
Inflation Pologne 11% Taux : 6.75%
Inflation Hongrie 19.9% Taux : 13%
L'existence de monnaie nationale correspond à l’existence de différence entre les pays. La création du saint Euro germanique n'a pas fait disparaître par magie ces différences. Surtout que la géographie est un facteur non négligeable de compétitivité (D CAYLA l'explique très bien), et ce n'est pas un hasard si tous les pays périphériques de la zone monétaire ont décroché simultanément par rapport au centre au début des années 2000 (parités fixés le 1/1/1999).
LAURENT HERBLAY
RépondreSupprimerVotre analyse est fallacieuse sur plusieurs points
1° Vous écrivez justement que les pays d'Europe sont hétérogènes quant à inflation et croissance économique. C'est vrai. Mais très peu d'entre eux sont homogènes à leur intérieur. Quel rapport entre Ile de France et diagonale du vide, entre Länder de l'Est et Munich ou Hamburgh ? Entre Milan et Palerme ? Entre Barcelone t l'Estrémadure ?
Si vous aviez raison, alors il serait nécessaire de fractionner chaque pays en plusieurs zone économiques, dotées de différentes monnaies et politiques monétaires. Mais non, vous voulez qu'on utilise la même monnaie et politique entre Paris et la Réunion, mais pas entre Paris et Barcelone! Cela n'a aucun sens!
2° Vous continuez erronément à attribuer l'inflation aux prix de l'énergie. Or, on voit bien une baisse marquée de l'inflation en France de qui a chuté en un an de 6.08% à 4.3%, alors que les prix de l'énergie ne font que monter (+15% en février et +10% en août).
Pour justifier une théorie fausse, souvent on invoque un effet de retard, mais ici il vous faudrait plutôt invoquer un effet d'avance, car l'inflation s'écroule AVANT que le prix de l'électricité ne montrent la moindre acalmie!
3° Contrairement à vos propos, ce sont bien les classes défavorisées à être frappées violemment par l'inflation. Ceci parce que ni les salaires, ni les RSA et autres APL, ni les retraites ne suivent l'inflation, donc la seule issue pour ces classes est l'appauvrissement.
Les riches savent bien profiter de l'inflation grâce à la spéculation sur les matières premières, sur les actions et aux placements en obligations qui rapportent de plus en plus.
4° Depuis 1815 au moins le taux d'intérêt de la Banque Centrale française campe autour de 5%, à l'exception de la grande inflation des années 70, quand il a été propulsé à 15%.
Ne trouvez-vous pas déplacé de crier au loup face à ds taux qui a 4% sont encore beaucoup plus bas que la moyenne historique ?
@ Anonyme31 juillet 2023 à 18:57
RépondreSupprimerIl existe une grande différence entre d'une part un pays avec ses régions riches et pauvres, et d'autre part une zone monétaire comme l'€urozone. Dans un même pays, il y a une même fiscalité, un même système social, une mobilité des habitants, une redistribution par l'impôt avec des transferts des régions prospères vers celles qui le sont moins. Dans une zone monétaire, tout ça n'existe pas. Il y a certes un budget de l'UE, mais qui est ridicule (1 % du PIB environ) par comparaison avec celui d'un pays, et chaque pays a son propre système fiscal, social, etc. Il n'y a pas de véritable solidarité mais au contraire une compétition entre les pays de l'€urozone.
Anonyme 1aout 12h34
SupprimerMerci pour votre réponse.
Si la solidarité et les redistributions dont vous parlez avaient la moindre efficacité, nous n'aurions pas à la Réunion 39% des habitants en dessous du seuil du pauvreté, et 50% en dessous de 880€ de revenu mensuel, même après redistribution.
La réalité de la France est une disparité immense entre ses départements, bien supérieure à la disparité que nous observons entre pays européens.
@Anonyme1 août 2023 à 19:08
SupprimerJe n'ai pas dit que cette solidarité qui existe à l'intérieur d'un pays supprime toutes les inégalités, bien sûr, mais elle les atténue fortement.
Le niveau de vie médian mensuel à la Réunion était de 1250 euros en 2017 :
https://www.insee.fr/fr/statistiques/4292701
à comparer avec les revenus des autres pays de la région : par exemple, à Madagascar, le revenu par habitant est de 43 $...
https://www.journaldunet.com/business/salaire/madagascar/pays-mdg#:~:text=Le%20revenu%20mensuel%20moyen%20par,par%20habitant%20et%20par%20an.
Ce que je vous ai expliqué dans mon message d'hier, c'est la théorie des ZMO (zones monétaires optimales) :
https://fr.wikipedia.org/wiki/Zone_mon%C3%A9taire_optimale
@Anonyme2 août 2023
Supprimer"Le niveau de vie médian mensuel à la Réunion était de 1250 euros en 2017 :
https://www.insee.fr/fr/statistiques/4292701"
Nous sommes donc peu ou prou à la hauteur des pays européens les plus pauvres, comme le Portugal (13640€ annuels).
Alors pourquoi une seule monnaie serait bien pour la France mais mal pour l'Europe, si les inégalités sont du même ordre ?
Et qu'on ne me dise pas que la mobilité entre métropole et Réunion (ou autres Outre-Mer) est supérieure à celle entre France et ses voisins proches.
PS
l'article Wikipedia que vous citez est un chef-d'œuvre de partialité, vu qu'il ne présente que les arguments d' économistes keynésiens plus ou moins extrémistes. A croire qu'il n'y a rien d'autre à savoir en économie que ces théories fausses et obsolète qui ont provoqué la ruine de l'Europe.
« Alors pourquoi une seule monnaie serait bien pour la France mais mal pour l'Europe, si les inégalités sont du même ordre ? »
SupprimerD’abord elles ne sont pas du même ordre, ensuite je vous ai déjà expliqué les différences entre une zone monétaire optimale et une zone monétaire non optimale. Vous êtes bien sûr libre de ne pas vouloir comprendre et de rejeter une théorie économique pourtant bien étayée.
@ Anonyme 21h20
RépondreSupprimerUne banque centrale ne doit pas être indépendante, car quand elle l’est, elle tend naturellement à mener une politique dans le seul intérêt de l’oligarchie, comme même The Economist l’a reconnu
@ Anonyme 12h38
Un grand merci pour tous ces rappels
@ Anonyme 18h57
Bien sûr, il y a des différences au sein des pays européens, mais elles sont beaucoup moins grandes qu’entre pays. Il y a trois critères pour une Zone Monétaire Optimale, tous sont vérifiés à l’échelle nationale, aucun ne l’est à l’échelle de la zone euro :
- Intégration fiscale : les budgets nationaux sont bien plus importants que le budget européen
- Homogénéité économique : il y a un système social homogène à l’échelle de chaque pays, une organisation nationale de la distribution (avec le même prix partout), une unité de langue, un même salaire minimum, un même système éducatif…
- Mobilité de la population : la mobilité est bien plus forte au sein de chaque pays qu’à l’échelle de la zone euro (où la mobilité est moins forte qu’au niveau des USA)
La hausse des prix de l’énergie a un effet retard sur l’inflation, car c’est un des principaux facteurs derrière la hausse du prix de l’alimentaire.
Je n’ai jamais dit que les classes défavorisées étaient moins vicitimes de l’inflation. J’ai même écrit des papiers rapportant les études qui montrent justement l’inverse, à savoir que l’inflation est généralement plus forte pour elles et qu’elles en sont davantage victimes.
Un taux directeur ne se juge pas uniquement en valeur historique, mais sur son évolution (forte hausse) et même en niveau sur un temps plus court : le niveau est au plus haut depuis 2001…
@ Anonyme(s) 12h34 & 5h00
Un grand merci pour votre réponse
@ Anonyme 19h08
Je persiste, pour toutes les réponses exposées plus haut les disparités sont beaucoup moins fortes qu’entre pays de la zone euro, où il y a des écarts massifs de niveau de salaire, les langues… Le salaire minimum varie et de 1 à 3 au sein de la zone euro. Et le budget commun dépasse à peine 1%, alors que le niveau de dépenses publiques dépasse 30% dans tous les pays. Bref, comparer la situation à l’échelle d’un pays à la situation à l’échelle de la zone euro n’a strictement aucun sens, et n’est qu’un contre-argument superficiel et faux.
reponse à Laurent Herblay
Supprimer"Il y a trois critères pour une Zone Monétaire Optimale, tous sont vérifiés à l’échelle nationale, aucun ne l’est à l’échelle de la zone euro :
- Intégration fiscale :
- Homogénéité économique : il y a un système social homogène à l’échelle de chaque pays, une organisation nationale de la distribution (avec le même prix partout), une unité de langue, un même salaire minimum, un même système éducatif…
- Mobilité de la population"
1°L'intégration fiscale, le salaire minimum et le système éducatif n'ont malheureusement prouvé aucun effet sur l'égalité économique. En France, la plus forte oppression fiscale d'Europe s'accompagne à l'une des plus fortes inégalités de patrimoine, (mesurées par l'index de Gini). Quant à la langue, je ne vois pas son effet La Suisse utilise 4 langues, le Canada 2 et ils ne se portent pas moins bien que nous.
2° La mobilité de la population est certainement plus forte entre France et ses voisins européens que entre métropole et territoire français d'outre mer. Corse comprise.
3° Le même prix partout cela fait bien rigoler quand on compare les 11000€/m² de Paris aux 500€/m² de certaines campagnes. Et l'immobilier c'est bien le premier poste de dépense des français.
4° Les échanges commerciaux entre métropole et outre mer sont sans commune mesure avec ceux que nous entretenons avec l'Allemagne ou l'Italie.
Pour ces raisons, il est beaucoup plus raisonnable d'avoir une monnaie commune avec l'Allemagne et l'Italie, plutôt que avec la Réunion, la Guadeloupe ou la Guyane, ou la Corse, ou l'Aude etc...
"La hausse des prix de l’énergie a un effet retard sur l’inflation, car c’est un des principaux facteurs derrière la hausse du prix de l’alimentaire."
D'accord donc le même raisonnement appliqué à la baisse devrait conclure que l'inflation ne baissera qu'avec un certain retard par rapport à la baisse des prix de l'énergie.
Eh bien non, surprise! L'inflation en France s'est écroulée de 6.3% à 4.5%, alors que les prix de l'électricité continuent de grimper.
"Je n’ai jamais dit que les classes défavorisées étaient moins victimes de l’inflation."
LAURENT HERBLAY 30 juillet 2023 :
"Car qui s’inquiête (sic!) d’un excès d’inflation ? Ce ne sont pas ceux qui n’ont pas ou pas beaucoup d’argent. Ce sont ceux qui en ont beaucoup"
Sans commentaire.
"Un taux directeur ne se juge pas uniquement en valeur historique, mais sur son évolution (forte hausse) et même en niveau sur un temps plus court "
Certes, mais il reste à expliquer comment se fait-il que la France a fonctionné depuis 1815 avec des taux directeurs autour de 5% (et supérieurs à 10% aux années 80), et on irait maintenant à la catastrophe avec un taux à 4.25%
Enfin, pourquoi ne dites-vous pas simplement la vérité: que vous voudriez que la politique monétaire retourne à être décidé à Paris, pour qu'on puisse répliquer le délire inflationniste des Trente Glorieuses qui a décuplé le prix des logements entre 1950 et 1980.
L'économie française a été désindustrialisée et laminée mais les petits propriétaires immobiliers ont fait fortune avec leur parpaing.
@ Anonyme
RépondreSupprimerVous détournez le débat en parlant des inégalités, ce qui n’est pas le sujet, et que je n’avais pas évoqué. Bon point en revanche sur la Suisse et le Canada, mais ce sont un peu les exceptions qui confirment la règle, et ces pays satisfont aux trois critères d’une ZMO, contrairement à la zone euro. Bon point sur l’immobilier, mais cela existe dans tous les pays, et les écarts sont encore plus grand à l’échelle de la zone euro.
Sur la mobilité, vous détournez à nouveau le débat en vous concentrant sur des particularismes. La mobilité à l’échelle de la France reste bien plus forte que la mobilité au sein de la zone euro.
Vous ne démontrez absolument rien en prenant des micro-phénomènes. La réalité, c’est qu’il y a beaucoup plus de différences au sein de la zone euro qu’entre les parties de la France, sur les 3 critères que j’évoque. Et en quoi l’Aude ne devrait pas partager la même monnaie que le reste de la France ?
Vous avez un sens de l’écroulement assez intéressant. La baisse du taux d’inflation, c’est juste la non-reproduction de certaines hausses d’il y a un an, associée au recul d’autres éléments…
Sur les victimes de l’inflation, là encore, vous tordez mes propos pour avancer un discours que je n’ai pas tenu. Je parle « d’inquiétude d’un excès d’inflation ». Et j’ai consacré plusieurs papiers démontrant justement que les classes populaires souffrent davantage de la montée de l’inflation.
Sur la politique monétaire, c’est à la fois le niveau (le plus élevé depuis 20 ans) et le mouvement de hausse qui sont aberrants aujourd’hui, pour les raisons que j’expose.
J’ai déjà souvent écrit que je suis favorable à une politique monétaire nationale, décidée par l’exécutif. Les 30 Glorieuses, c’est 1945 à 1973. L’inflation, qui vient surtout après, s’explique par le choc pétrolier. Vous mélangez tout dans ces 2 dernières lignes. La désindustrialisation, c’est le laisser passer délirant mis en place par nos dirigeants et l’UE et l’envolée de la valeur des bien immobiliers, ce sont les années 1980, avec la politique de désinflation, puis 1997-2007, toujours avec cette politique de désinflation compétitive, puis le rebond arrivé à partir de 2014/5 du fait des politiques de taux très faibles. Si nous avions maintenu les politiques qui ont fait le succès des 30 glorieuses (protectionnisme, politique industrielle, politique monétaire équilibrée, sans quête de désinflation compétitive et régulation financière beaucoup plus forte – qui évite les bulles et krachs), alors nous ne saurions pas désindustrialisés et les prix de l’immobilier n’auraient pas évolué de manière aussi différente du pouvoir d’achat.
Reponse à Laurent Herblay
Supprimer"Vous détournez le débat en parlant des inégalités"
Je crois que la séparation des monnaies en Europe a été invoquée par vous et par d'autres ici sur la base d'une inégalité économique entre les pays européens. Alors qu'en France le "système social, la solidarité et la redistribution" garantiraient une égalité suffisante à une zone monétaire optimale.
Sauf que ces mécanismes ne garantissent pas du tout en France l'égalité, la France demeurant l'un des pays les plus inégaux pour la distribution des patrimoines avec un index de Gini supérieur à 30
"Sur la mobilité, vous détournez à nouveau le débat en vous concentrant sur des particularismes.
Vous ne démontrez absolument rien en prenant des micro-phénomènes. "
Ici je peux vous répondre que les inégalités économique invoquées à l'échelle de l'Europe sont aussi des "micro-phénomènes et particularismes", car à l'exception de quelques petits pays de récente acquisition, la majorité de l'Europe ne connait pas d'inégalité économique supérieure à celle observée à l'intérieur de la France elle-même.
"Et en quoi l’Aude ne devrait pas partager la même monnaie que le reste de la France ?"
Si l'inégalité économique préjuge du partage de la même monnaie, alors il est hors de question que Paris et l'Aude utilisent la même monnaie.
Si une monnaie commune peut s'accommoder d'une certaine inégalité économique, alors il est tout à fait acceptable que les différents pays européens utilisent la même monnaie.
"Vous avez un sens de l’écroulement assez intéressant. La baisse du taux d’inflation, c’est juste la non-reproduction de certaines hausses d’il y a un an, associée au recul d’autres éléments…"
Donc pour faire chuter une inflation de 6% à 4% il suffit que le prix de l'électricité monte seulement de 25% (augmentation en 2023 jusqu'à aujourd'hui)
Et si non, quels éléments voyez vous reculer au niveau des prix des matières premières ?
"Sur les victimes de l’inflation, là encore, vous tordez mes propos pour avancer un discours que je n’ai pas tenu. Je parle « d’inquiétude d’un excès d’inflation »."
Reconnaissez au moins qu'avoir écrit "qui s’inquiète d’un excès d’inflation ? Ce ne sont pas ceux qui n’ont pas ou pas beaucoup d’argent. "
signifie en français que ceux qui n'ont pas ou pas beaucoup d'argent ne s'inquiètent pas d'un excès d'inflation
(a suivre)
Réponse à Laurent Herblay (suite)
Supprimer"Les 30 Glorieuses, c’est 1945 à 1973. L’inflation, qui vient surtout après, s’explique par le choc pétrolier. "
Jamais de la vie.
Au plus haut du choc pétrolier en 1981 le pétrole a atteint $36. L'inflation était à 13.5%
En 2011, le pétrole a atteint $123. L'inflation était à 2%
L'inflation des années 70 s'explique avec la monumentale et débridée création de monnaie tout du long des Trente Glorieuses,
"La désindustrialisation, c’est le laisser passer délirant mis en place par nos dirigeants et l’UE"
La désindustrialisation en France s'est faite surtout lors de cette inflation monétaire, qui a gonflé les salaires, et rendu impossible produire en France. L'UE n'a rien à voir.
"l’envolée de la valeur des bien immobiliers, ce sont les années 1980"
pas du tout! L'envolée des prix immobiliers s'est faite à partir de 1948 (fois 10 de 1948 à 1968).
@ Anonyme
SupprimerSur les inégalités : je n’ai pas parlé d’inégalité au sujet de la Zone Monétaire Optimale. J’ai juste écrit qu’il y a un besoin d’homogénéité économique. La France est beaucoup plus homogène que ne l’est la zone euro (où le salaire minimum varie de 1 à 3, où les systèmes sociaux varient grandement, où les niveaux d’imposition sont considérablement différents, les langues ne sont pas les mêmes – et il y en a bien plus qu’en Suisse -…). Je n’ai jamais dit que le système français garantissait l’égalité : cela fait 16 ans que je décris et dénonce la hausse des inégalités sur mon blog. Bref, faute de pouvoir argumenter sur le concept de Zone Monétaire Optimale de manière argumentée et sérieuse, vous déformez ce que je dis et inventez un discours que je n’ai pas tenu pour tenter de défendre la monnaie unique. Mais cela montre surtout que vous êtes à court d’argument sérieux.
« La majorité de l’Europe ne connaît pas d’inégalité économique supérieure à celle observée à l’intérieur de la France elle-même » : affirmation gratuite, qui ne repose sur aucune source et contredite par des études montrant que la France est plus égalitaire que la moyenne des pays européens (cf tweet d’hier reprenant un papier de The Economist qui montre les vertus du modèle français)
Vous vous enfoncez sur l’Aude. Ce n’est pas l’inégalité le sujet, mais l’homogénéité. Paris et l’Aude ont la même langue, le même salaire minimum, des fonctionnaires payés sur les mêmes grilles, des chaines nationales de distribution qui vendent au même prix… Et la mobilité entre Narbonne et Paris est réelle et simple. Enfin, les parties moins riches de Frane bénéficient de transferts budgétaires centraux. Les trois critères de la ZMO sont vérifiés. CQFD
Sur l’inflation, je vous renvoie à la note de l’INSEE : https://www.insee.fr/fr/statistiques/7649749
Les prix des produits pétroliers sont en recul de 17,2% sur un an notamment, ce qui compense la hausse des prix de l’électricité puisque les prix de l’énergie sont en recul de 3% sur un an (ils étaient encore en hausse en mai).
Encore une fois, vous tordez mes propos, et les décontextualisez sur l’inflation. Ce que j’ai écrit était tiré d’un papier sur la politique monétaire de la BCE et je rappelai que ce sont les plus riches qui tendent à s’inquiéter de la perte de la valeur de leur épargne, poussant à des politiques de désinflation compétitive. Il est bien évident que les moins riches sont préoccupés de l’inflation quand leurs salaires ne suivent pas, ce qui est le cas dans des pays avec un chômage de masse comme le nôtre, mais la crainte n’est pas la même. Les plus riches s’inquiètent de la perte de valeur de leur épargne, les moins riches de leur pouvoir d’achat.
Sur l’inflation, plusieurs points :
- D’abord, ce qui compte, c’est le niveau d’augmentation des prix : ils ont été multipliés par 4 en 1973 et 3 en 1979, une hausse violente qui explique l’envolée des prix, alors que la hausse des prix jusqu’en 2011 a été plus lente (+50% en un an). En outre, la comparaison avec les prix nominaux de 1979 et de 2011 n’a aucun sens. Les 36$ de 1979 équivalent à plus de 100 dollars aujourd’hui
- Ensuite, le contexte économique global : en 1973, nous sommes en plein emploi et en forte croissance avant le choc. La hausse de 300% du prix du pétrole, par sa violence, se transmet rapidement aux autres prix. Enfin, le niveau optimal d’inflation n’était pas vu à 2% au début des années 1970 : nous partions d’un peu plus haut qu’aujourd’hui
Bref, ce n’est pas du tout la création monétaire qui explique l’inflation, mais d’autres raisons. Soit dit en passant, il y a eu beaucoup de création monétaire dans les années 2000…
Sur la désindustrialisation, vous racontez n’importe quoi : la production industrielle progresse dans les années 1970, stagne de 1980 à 1985. Le point de rupture est plutôt l’arrivée de l’euro au tournant du siècle, bien plus tard : https://institutdeslibertes.org/indice-de-la-production-industrielle/
Réponse à Laurent Herblay
Supprimer"La France est beaucoup plus homogène que ne l’est la zone euro (où le salaire minimum varie de 1 à 3, où les systèmes sociaux varient grandement, où les niveaux d’imposition sont considérablement différents, les langues ne sont pas les mêmes – et il y en a bien plus qu’en Suisse -…"
Point par point:
1° le salaire minimum n'a aucun effet sur l'économie. La preuve : en Italie il n'existe même pas. Est-ce que l'économie italienne est foncièrement différente de la française ?
2° système social: c'est quoi? Cela veut dire tout et rien à la fois.
3° niveau d'imposition: en quoi cela gênerait la monnaie unique? En Suisse l'imposition est différente (parfois de beaucoup) pour chaque canton.
4° langue: si la Suisse ne vous suffit pas, en Inde il existe 22 langues officielles: cela n'empêche d'avoir une seule monnaie et un PIB en parité de pouvoir d'achat qui est en 2022 trois fois supérieur à celui de la France.
"la France est plus égalitaire que la moyenne des pays européens"
c'et exactement le contraire: la France est plus inégalitaire que la moyenne et même la plupart de pays européens, vu qu'elle a un index de Gini sur les patrimoines supérieur à 30
(à suivre)
@Anonyme6 août 2023 à 13:18
SupprimerIl est faux de dire qu'il n'y a pas de salaire minimum en Italie, c'est juste que ce n'est pas centralisé comme en France. Le salaire minimum en Italie dépend de la catégorie professionnelle et du niveau de formation. En 2021, pour les travailleurs non-qualifiés, le salaire minimum est de 8,71 euros bruts par heure. Cela correspond à un salaire minimum mensuel d’environ 1 300 euros bruts.
https://www.presentation-cv-simple.com/quel-est-le-montant-du-smic-en-italie/
Le niveau des salaires est capital dans une économie et le SMIC est un indicateur de ce niveau. La productivité est également importante. Ce sont des facteurs qui jouent sur la compétitivité d'un pays, tout comme le système social (assurance chômage, assurance maladie, retraite...) et la fiscalité.
réponse à Laurent Herblay (suite)
Supprimer"ce sont les plus riches qui tendent à s’inquiéter de la perte de la valeur de leur épargne"
du moment qu'un compte bancaire en liquidités n'est garanti par la FGDR que pour un très faible montant (100000€), il est évident que les plus riches investissent leur épargne en patrimoine, entreprises, actions, etc Ils sont donc automatiquement protégés de l'inflation. Ou croyez-vous peut-être que M. Arnault ou M. Musk angoissent face à l'inflation ?
"ce qui compte, c’est le niveau d’augmentation des prix : ils ont été multipliés par 4 en 1973 et 3 en 1979, une hausse violente qui explique l’envolée des prix, alors que la hausse des prix jusqu’en 2011 a été plus lente (+50% en un an)."
Objectivement faux: il vous suffit de regarder les données dans https://fr.wikipedia.org/wiki/Cours_du_p%C3%A9trole#/media/Fichier:Crude_oil_prices_since_1861.png
pour reconnaître que le pétrole fit un fois 9 de $4 à $36 de 1972 à 1981 (9 ans) et un fois 8 de $12 à $96 de 1998 à 2006 (8 ans). La hausse a donc été tout aussi violente.
"Les 36$ de 1979 équivalent à plus de 100 dollars aujourd’hui"
Vrai. On peut donc considérer que le niveau réel atteint est le même et la vitesse de la hausse aussi la même. Toutefois dans un cas, inflation à 13%, dans l'autre à 2%. La différence est dans la création monétaire débridée des trente glorieuses
"Sur la désindustrialisation, vous racontez n’importe quoi : la production industrielle progresse dans les années 1970, stagne de 1980 à 1985."
Objectivement faux.
la part de l'industrie dans l'économie française qui est encore de 42.2% en 1959, s'écroule à 20.8% en 1979 (Insee) https://www.insee.fr/fr/statistiques/2121532
Les politiques de création monétaire débridée des trente glorieuses gonflent les salaires et rendent non compétitive la production française. Résultat une délocalisation progressive de la production.
@ Anonyme sophiste 13h18 & 18h33
Supprimer« Le salaire minimum aucun effet sur l’économie » ! C’est tellement plus simple d’évacuer un problème de raisonnement avec une affirmation péremptoire qui n’a aucun sens… Le salaire minimum permet d’assurer un minimum de pouvoir d’achat à ceux qui le touchent d’abord. Ensuite, il permet à l’Etat d’avoir un rôle dans l’évolution du pouvoir d’achat. D’ailleurs la répartition des salaires en France montre qu’il protège notre marché de l’emploi, qui, du fait de la persistance d’un chômage de masse, produirait naturellement des bas salaires encore plus bas.
Système social : toute la sécurité sociale (retraites, maladie, chômage, famille), un budget plus important que le budget de l’Etat…
Votre 3ème point, comme souvent, est une déformation de mes propos. C’est l’existence d’un budget central assez important qui est un des 3 critères clés d’une ZMO, ce qui n’est pas le cas dans la zone euro
4 : la langue n’est qu’un sous-critère d’un des 3 critères d’une ZMO. Alors, vous pouvez ergoter sur un sous-crtière avec quelques exceptions (où les autres critères sont vérifiés), cela ne change rien au fait que la zone euro n’est PAS DU TOUT une Zone Monétaire Optimale
Un seul indice, non mis en perspective avec cet indice dans les autres pays, ne veut rien dire, mais les sources et vous, cela fait deux…
Une source : c’est un miracle ! Mais je ne vois pas en quoi elle infirme mon discours. Je parlais de choc violent, donc une forte hausse sur une seule année. Là, vous changez le sujet sur des hausses de prix sur 8-9 ans, ce qui n’est pas le même sujet. En outre, il faut mettre en perspective ces hausses par l’évolution des années précédentes (prix stables pour la première, prix en baisse pour la seconde). Bref, vous ne démontrez, ni n’infirmez rien.
Vu votre propension à des affirmations gratuites, en quoi pouvez-vous dire qu’il y avait une création monétaire débridée pendant les 30 Glorieuses ? Et la différence, c’est la force des chocs pétroliers : un triplement des prix sur quelques mois, ce n’est pas la même chose que sur plusieurs années. Les effets sont lissés. En outre, autant nous n’avions pas substitut facile dans les années 1970, autant maintenant, le mix énergétique est plus diversifié, avec une possibilité d’ajustement plus grande…
Je vous parle de production industrielle, pas de part de l’industrie dans le PIB, ce qui n’est pas la même chose. Le PIB de 1979 est beaucoup plus important que le PIB de 1959 : la production industrielle a donc fortement cru dans l’intervalle. Et le décrochage sur le niveau de la production est bien plus dans les années 2000.
Votre discours sur la création monétaire ne repose sur aucun fait : en quoi aurions nous davantage créé de monnaie que les autres dans l’intervalle ?
réponse à Laurent Herblay
RépondreSupprimer"Le salaire minimum en Italie dépend de la catégorie professionnelle et du niveau de formation"
S'il est vrai que les contrats collectifs italiens prévoient un salaire minimum, il est tout aussi vrai que il n'y a aucune obligation pour l'employeur de signer un contrat collectif, qui d'ailleurs ne valent pas en cas des très nombreux contrats individuels.
De plus, plus que la moitié des contrats collectifs italiens enregistrés ne sont pas utilisés par les employeurs
https://www.ticonsiglio.com/salario-minimo-italia/
Finalement, l'Italie n'est pas la seule, car Autriche, Suède, Danemark et Finlande n'ont pas non plus de salaire minimum.
Le salaire minimum est une absurdité: soit il est égal on inférieur à la valeur de marché du travail effectué, et dans ce cas là il est inutile, soit il est plus élevé et il est alors contreproductif.
C'et au marché et non pas à des politicards de fixer les prix des biens et des salaires.
@ Anonyme
RépondreSupprimerJe vous renvoie à ma réponse au troll sur le salaire minimum. Libre à vous de sanctifier le seul jeu du marché et donc la loi du plus riche. Moi, je crois à un intérêt général qui n’est clairement pas produit par le laisser faire
Réponse à Laurent Herblay
Supprimer"Libre à vous de sanctifier le seul jeu du marché et donc la loi du plus riche."
La loi du marché n'est pas la loi du plus riche, mais la loi de celui qui a quelque chose à offrir aux autres. Et qui est toujours préférable à la loi de celui qui a tous les pouvoirs grâce à son contrôle sur les médias, qui déterminent les résultats des élections.
"Moi, je crois à un intérêt général qui n’est clairement pas produit par le laisser faire"
L'intérêt général est la somme des intérêts particuliers, qui ne peuvent se concrétiser qu'en l'absence de contraintes absurdes et vicieuses.
Le salaire minimum est une absurdité:
- soit il est égal ou inférieur à la valeur de marché du travail effectué, et dans ce cas là il est inutile, parce que le salaire payé sera supérieur au SMIC
- soit il est plus élevé et il est alors contreproductif parce que le travailleur sera licencié, ne pouvant offrir une valeur ajoutée à la hauteur du SMIC