Dimanche dernier, le lynchage médiatique ridicule autour du nouveau JDD m’a poussé à l’acheter. Ce premier numéro d’une nouvelle ère a réveillé les ayatollahs du politiquement correct, qui ont attaqué l’interview d’une secrétaire d’Etat dimanche dernier. Ce déchainement d’intolérance et de parti-pris arrogants me pousse donc à exprimer à nouveau mon soutien à la nouvelle équipe.
Les censeurs ne sont-ils pas les vrais extrémistes ?
Mardi, France Info a invité Alain Minc pour lui permettre de déverser son fiel sur le JDD, et la secrétaire d’Etat qui s’ y est exprimée dimanche dernier, avec une suffisance incroyable. Sa thèse : il ne devrait pas être possible de changer la ligne éditorial d’un média (du moment qu’elle est bien oligarchiste, d’extrême centre-gauche ou centre-droit). En clair, il n’y a guère le Figaro qui est toléré à droite, et les autres devraient être ignorés ou même interdits. L’oracle de l’oligarchisme ne voit même pas la contradiction complète qu’il y a à dire « compte tenu de l’idéologie du macronisme, du libéralisme qui le caractérise je crois que c’est un domaine où il aurait fallu agir immédiatement », contradiction que la journaliste de France Info n’a pas relevé bien évidemment. Au nom du libéralisme, il faudrait donc restreindre la liberté du nouveau propriétaire du JDD et éviter une plus grande diversité d’opinion dans la presse !
Clément Beaune a lui aussi sorti une énormité incroyable : « on peut parler de tout mais pas avec n’importe qui. Ce n’est pas le choix que j’ai fait. Chacun fait des choix en conscience » au sujet de l’interview de Sabrina Agresti-Roubache au JDD. Voici donc un ministre qui trouve normal de ne pas rendre des comptes auprès d’un média du fait de sa ligne politique. Pourtant, un tiers des Français ont pour une ligne proche de celle du nouveau rédacteur en chef du JDD lors du premier tour des élections présidentielles en 2022 : curieuse conception de la démocratie que de vouloir être ministre et ne pas répondre à des médias d’opposition, et se contenter de parler dans des médias qui sont sur une ligne proche de la sienne ? Et qu’aurait-on dit de personnalités de droite si elle avait fait la même déclaration au sujet de média marqués à gauche ? Clément Beaune n’aurait-il pas jugé cela intolérant et antidémocratique ?
J’ai été assez peiné de constater que le rédacteur en chef de Charlie Hebdo, Gérard Biard, s’est joint à la meute, en réaction aux déclarations de la secrétaire d’État, qui avait justifié son interview au JDD par le fait d’être Charlie, dénonçant « le cynisme, l’amateurisme et l’inculture politique » de Sabrina Agresti-Roubache. Pour un journal qui fait de la liberté de penser, d’écrire ou de caricaturer son essence, en quoi rejoindre la meute qui attaque une nouvelle secrétaire d’État pour avoir osé répondre à un journal qui vire à droite peut-il être Charlie ? Drôle de réaction que de rejoindre celle des intolérants, des sectaires, et finalement des xénophobes. Et si un rédacteur en chef de Charlie Hebdo pouvait parfois ne pas être Charlie dans une de ses réactions, dans une époque où l’on réagit peut-être un peu trop vite ?
Au final, ce qui ressort de cet épisode, c’est l’hystérie du parti de l’oligarchisme (PS/LREM/LR) quand il perd un média qui suivait la ligne de l’extrême-centre. Pourtant, le JDD, c’était à peine plus de cent mille exemplaires vendus, soit une audience finalement assez limitée. Mais, les centristes extrêmes doivent se sentir aujourd’hui suffisamment acculés pour réagir de manière aussi excessive quand un milliardaire décide de changer la ligne d’un journal qu’il a racheté. Il faut dire que les 75% de leurs candidats en 2007, passés à 65% en 2012, se réduisent encore plus vite avec Macron : 50% en 2017 et 34% en 2022. Ils s’accrochent pour défendre l’uniformité de traitement de l’information de la plupart des médias et refusent que certains voient dans cette évolution une opportunité pour des média sortant de cette ligne.
Car plus que la volonté de mener un combat idéologique, il y a sans doute un calcul économique de la part de Vincent Bolloré. Derrière la ligne de CNews, Europe 1 ou du JDD, il peut y avoir la volonté d’exploiter une opportunité économique : le décalage croissant entre la ligne de la grande majorité des médias (extrême centre oligarchiste, légèrement à gauche ou à droite) et l’opinion des Français. Bien sûr, changer d’audience est un exercice délicat, mais à la lecture du premier numéro de ce nouveau JDD, la transition ne semble pas infaisable. Pour l’avoir lu dans sa totalité, le contenu n’a pas à rougir avec celui de bien d’autres médias et la tonalité n’est clairement pas d’extrême-droite. Les interviews sont équilibrées d’une manière très classique et sans la moindre personnalité un peu radicale, entre Luc Ferry, Sabrina Agresti-Roubache et une ancienne secrétaire d’Etat de François Hollande. A ne pas oublier quand les perroquets hurleront à la moindre interview d’une ou deux personnalités assez marquées à droite…
Le lynchage d’une classe médiatique dominante volontiers intolérante et xénophobe à l’égard de journalistes marqués à droite me pousse donc à exprimer tout mon soutien à Geoffroy Lejeune et à son équipe. Aujourd’hui encore j’achèterai le JDD et j’espère que cette nouvelle formule sera un succès pour apporter un plus grand pluralisme à notre paysage médiatique, qui en a bien besoin.
Le fait qu'un tiers des Francais sont pour une ligne politique proche de celle de Geoffroy Lejeune est tout simplement une honte pour les francais et la France!
RépondreSupprimerJe suis d'accord avec vous, c'est une véritable honte. Il en faudrait les deux tiers.
SupprimerBravo pour votre article et entier soutien à Geoffroy Lejeune !
RépondreSupprimerPar contre n'oubliez pas que LFI soutient cet extreme centre que vous dénoncez puisque ils ont appellé à voter Macron.
En effet l'extreme gauche est largement bénéficiaire de ce système à travers la politique d'immigration actuelle et les subventions aux médias publics tels que France Inter, France Info, France 5 etc...
La politique d'immigration actuelle ne risque pas de changer.
SupprimerCependant, M. Herblay, vous ne répondez pas à la principale question qui est posée par cette affaire et qui mérite réflexion : faut-il donner des droits aux journalistes pour préserver leur indépendance, en particulier lors du rachat d'un titre par un nouvel actionnaire ? Cela existe pour certains titres comme le Monde dont les statuts prévoient que la nomination du directeur de la rédaction doit impérativement être votée par au moins 60 % de la rédaction des journalistes.
RépondreSupprimerréponse a anonyme 14 août 5h35
RépondreSupprimer"Cela existe pour certains titres comme le Monde dont les statuts prévoient que la nomination du directeur de la rédaction doit impérativement être votée par au moins 60 % de la rédaction des journalistes."
Il s'agît d'une flagrante violation à la fois des principes de liberté, de propriété (des actionnaires) et d'égalité (avec les autres travailleurs, de l'industrie ou de l'administration qui ne jouissent pas de ce privilège).
Le socialisme français n'est à pas cela de près dans son chemin tout tracé vers le corporatisme fasciste
Ce n'est pas sympa de vous en prendre à Alain Minc. Je l'ai trouvé limite gâteux la dernière fois que je l'ai vu à la télé, en train de radoter son préchi-précha libéral européiste. Pitié pour les séniles !
RépondreSupprimer@ Anonyme 13h01
RépondreSupprimerMerci. En effet, en 2022, LFI a marqué une préférence surprenante. Qu’ils en soient bénéficiaires, je ne suis pas si sûr : ils ne sont que la 3ème force politique du pays et sont probablement devenus la force politique la moins appréciée des 3…
@ Anonyme 5h35
Ici, il me semble que c’est à chaque journal de faire comme il le souhaite. Je ne suis pas favorable à tel droit par principe : je ne vois pas pourquoi les journalistes y auraient droit mais si certains actionnaires sont heureux avec un tel arrangement, libre à eux de le mettre en place
@ Anonyme 13h24
;-)
Réponse à Laurent Herblay
Supprimer"si certains actionnaires sont heureux avec un tel arrangement, libre à eux de le mettre en place"
et libre aux contribuables de financer ou moins avec l'argent de leur impôt un journal qui met cela en place ?