Dans le monde virtuel et parallèle de l’exécutif, nous nous approcherions du plein emploi et il aurait protégé le pouvoir d’achat. Mais ces fables s’évaporent au contact d’une réalité tout autre : la pauvreté ne cesse de progresser, comme le montrent malheureusement les demandes croissantes au Secours Populaire ou aux Restos du Cœur, ou la récente note de la fondation Jean Jaurès.
De l’échec économique au désastre social
Cela fait 15 ans maintenant qu’une politique de déconstruction de tous les droits sociaux et du travail, couplée à une baisse massive des taxes des entreprises, est menée par le duopole LR-PS, qui a logiquement enfanté Macron. Quinze trop longues années que de lourdes réformes se sont empilées, permettant l’uberisation de notre économie, la précarisation des travailleurs, dans un contexte de fort déficit d’emplois, produit de notre déficit commercial croissant. Malheureusement, il était prévisible que ces politiques ne donnent aucun résultat, dans un espace comme l’UE, où notre pays et nos travailleurs sont en concurrence avec des pays où le coût du travail est plus bas de 80%... La baisse du taux de chômage, limitée, n’est que le fruit d’une manipulation statistique, le nombre de demandeurs d’emplois baissant à peine.
En somme, la précarisation, les emplois ou pseudo-emplois à temps partiel, et la stagnation du SMIC, combiné à la baisse du salaire réel de nombreuses professions (permis par le maintien d’un fort niveau de chômage), ont produit un vrai appauvrissement d’une partie de la population. C’est ce que pointait l’INSEE dans une note à la rentrée, pointant « un sentiment de déclassement ». Le Secours Populaire souligne que pour 34% des Français, « leurs revenus leur permettent juste de boucler leur budget ». La Fondation Jean Jaurès vient de publier une note « Classes moyennes en tension. Entre vie au rabais et aides publiques insuffisantes », nouvelle illustration de l’appauvrissement des Français, avec une nette hausse du renoncement aux vacances (42% vs 31% en 2010) ou aux achats de produits alimentaires…
Très concrètement, cela se traduit aussi par une augmentation du nombre de personnes qui recourent aux Restos du Cœur ou au Secours Populaire : retraités, étudiants, travailleurs pauvres… Ce faisant, il est clair que la politique économique menée depuis trop longtemps ne marche pas : tout ce qui est fait au nom de la compétitivité ne produit qu’une précarisation et un appauvrissement des classes populaires et des classes moyennes, et ne contribue qu’à augmenter les profits des grandes entreprises et la rémunération de leurs dirigeants. C’est aussi ce qui s’était passé en Allemagne après les réformes Harz (très proches des politiques suivies depuis le rapport Attali en France), avec un appauvrissement d’une partie de la population. Les mêmes politiques produisent les mêmes résultats, détestables socialement.
Mais ce faisant, cela contredit l’histoire racontée par l’exécutif : non seulement nous ne sommes pas proches du plein emploi, mais la qualité des emplois se dégrade, entre temps partiel et salaire en baisse (comme le rappelle la grêve des livreurs Uber Eats). Et s’il y a eu des gestes pour limiter la baisse du pouvoir d’achat, c’était insuffisant et pour corriger des choix aberrants sur l’électricité.
Excellent article.
RépondreSupprimer"couplée à une baisse massive des taxes des entreprises" ?? Ah bon ? Monsieur Herblay découvert via Vincent Lapierre ne doit pas avoir beaucoup dirigé d'entreprises depuis 30 ans ! On reste stupéfait de lire une telle énormité. Quand on sait en plus, que globalement ce pays est le plus lourdement taxé en Europe, et même à l'échelle internationale, sans compter son niveau stratosphérique de corruption systémique. Le Général de Gaulle ne s'associe sûrement pas à une telle affirmation sortie de l'imaginaire. Décevant.
RépondreSupprimerMerci Rodolphe
RépondreSupprimer@ Anonyme
Il se trouve que j’ai été patron d’entreprise (que j’ai créé), pendant 3 ans, et que je travaille dans le secteur privé depuis plus de 25 ans. Les aides aux entreprises représentaient un budget de moins de 100 milliards en 2012. Aujourd’hui, il représente environ 200 milliards, du fait du CICE, pacte de compétitivité et autres exemptions de cotisations sociales décidées par l’Etat : https://www.alternatives-economiques.fr/aides-aux-entreprises-coutent-une-fortune/00104729
Je vous rappelle que Hollande a mis en place le CICE et le pacte de compétitivité. Macron y a ajouté la baisse de l’IS, le PFU et la baisse des impôts de production…
Si vous me lisez régulièrement, vous verrez que je ne m’avance jamais à la légère
Je crois que M. Herblay a raison.
RépondreSupprimerL'impôt sur les sociétés en France a été finalement reconduite à de niveaux similaires aux autres pays comparables comme Allemagne, Italie, Pays Bas.
Toutefois le niveau de taxation déraisonnable qui grave sur les particuliers (CSG, IR, TVA, énergie, succession...) et le niveau également déraisonnable des prix immobiliers mène à une consommation atone, à un investissement faible et à un appauvrissement progressif des français.