Dans deux semaines, nous sommes appelés aux urnes pour le premier tour des élections législatives. Le coup de poker du président semble déjà perdu tant le RN est en position de force et la gauche s’est rassemblée, faisant du camp présidentiel le maillon faible de l’élection à venir. La macronie risque de passer de bénéficiaire à victime du vote utile, tant Macron et son exécutif sont détestables.
Une tri-polarisation qui écrase le centre
Pourtant, la ligne Glucksman était proche de la ligne de l’exécutif, mais le PS a pensé à ses propres intérêts. Olivier Faure ne craint pas de soutenir une ligne très éloignée de la politique menée sous Hollande et même d’accepter la possibilité que Mélenchon s’installe à Matignon. Macron ne peut plus compter que sur le ralliement d’une partie des cadres de LR, comme dans les Hauts de Seine, mais l’apport risque d’être marginalisé par les dizaines de candidats de l’accord avec le RN, passé par Eric Ciotti. LR est en voie d’implosion avec pas moins de 4 lignes différentes, entre pro-Macron, indépendants, pro-Lisnard (combien de divisions ?) et pro-RN. La centrifugeuse politique à l’œuvre pourrait bien venir à bout de ce parti. Un des aspects positifs de cette séquence qui pourrait participer à clarifier le paysage politique. Les dits républicains sont trop proches de la macronie sur le fond, en dehors de postures électoralistes qui ne trouvent pas d’actions concrètes quans ce parti est en charge des affaires.
La macronie mène une campagne ubuesque, allant jusqu’à appeler à prendre en compte les JO pour le vote. Elle caricature outrageusement l’élection à venir pour tenter d’apparaître comme le seul choix raisonnable, et éviter d’avoir à parler de son bilan calamiteux dans tous les domaines (insécurité, immigration, déficit commercial, déficit budgétaire, faillites d’entreprises, chômage de masse, effacement diplomatique, services publics à l’abandon, entre une école qui apprend de plus en plus mal, et un système de santé qui a de moins en moins les moyens de soigner). La conférence de presse de Macron ne lui fera pas gagner une voix tant le président était arrogant et condescendant, réduisant le vote des Français à un acte colérique. En nous parlant comme si nous étions des enfants qui avions fait une crise, et qu’il fallait remettre sur le droit chemin, il oublie que ce langage moralisateur et infantilisant ne prend plus, et, au contraire, pourrait bien mobiliser plus encore les Français contre son camp lors des élections législatives.
Et que dire du délai ahurissant entre la dissolution et l’élection, à peine trois semaines, contesté par plusieurs recours déposés au conseil constitutionnel ? Le caractère cavalier de ce choix rajoute une ligne au lourd passif du président, même si le conseil ne remet pas en cause le calendrier. Encore une fois, comme en 2022, Macron esquive le débat en le réduisant à trois petites semaines, comptant sur le choc et la sidération pour gagner. Mais ce raisonnement est absurde quand on réunit moins de 15% des voix aux élections européennes. Il est devenu le maillon faible de la tri-polarisation de la vie poliltique française. Certains macronistes venus de la gauche pourraient être tentés de voter pour le Nouveau Front Populaire pour éviter le RN. Et d’autres, venus de la droite, ou allergiques à Mélenchon, pourraient juger le vote RN plus efficace pour éviter LFI. Sept ans de Macron ont accéléré la chute du bloc central, qui pourrait bien avoir perdu la taille critique pour subsister. Et si la macronie s’effondrait littérallement après ces législatives ?
Mais ce faisant, Macron pourrait aussi passer la patate chaude de la gestion du pays à d’autres, alors que l’impasse économique dans laquelle il a placé notre pays devient bien plus complexe à gérer. Ainsi, il n’aurait pas à assumer l’équation budgétaire inextricable qu’il a mis en place, échappant pour partie aux conséquences de ses actes, tout en lui permettant d’essayer de redorer son image. Mais au final, sa défaite serait aussi une mise à la retraite anticipée, ce qui serait extrêmement réjouissant.
Meme si l'extreme droite arrive au pouvoir, il restera evidemment (et heureusement) Ursula, le Conseil Constitutionnel et la CEDH pour eviter qu'un nouveau gouvernement ne fasse des conneries!
RépondreSupprimerUrsula n'a aucun pouvoir sur la France, la CEDH peut condamner la France mais pas abroger une loi ses arrêts sont déclaratoires pas exécutoires. Donc il reste le Conseil Constitutionnel mais aussi le Président de la République
Supprimer"Mais au final, sa défaite serait aussi une mise à la retraite anticipée, ce qui serait extrêmement réjouissant"
RépondreSupprimerJe ne vois pas ce qu'il y a d'extrêmement réjouissant quand on pense d'abord à l'intérêt du pays, si les alternatives sont encore plus terrifiantes que lui. Perso je lui en veux d'avoir dissous maintenant. Il aurait pu attendre septembre au moins
@LH:
RépondreSupprimerLe bloc central ressuscitera d'une manière ou d'une autre. Simplement l'avenir de la politique française n'est peut-être plus dans des partis politiques de longue durée de vie, victimes de leurs guerres d'égos. Mais dans des mouvements construits autour d'une seule personne voués à disparaître politiquement avec elle. Un mouvement autour d'un comique leader politique improvisé par exemple.
Le calcul macroniste cynique est peut-être effectivement de faire supporter au RN l'impopularité de la cure d'austérité annoncée, cure dont Macron est responsable. D'autant que le RN ne bénéficiera pas de la même mansuétude de la
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SupprimerD'autant que le RN ne bénéficiera pas de la même mansuétude de la part de Berlin et des milieux d'affaires proches de Macron. Surtout si la CDU revient aux affaires d'ici là.
JZ
PS: Tombé sur un papier du Figaro reprochant presque aux Américains de ne pas être raccords des bons chiffres du bilan économique de Bidden, mettant ça sur le compte du "ressenti". Mais quand le plein emploi est en partie dû à une désertion par certains/certaines du marché du travail je ne sais pas si c'est du ressenti. C'est juste que la croissance ne résume pas la situation économique d'un individu. La croissance indienne fait des jaloux mais ne crée par exemple pas assez d'emplois pour le nombre de jeunes arrivant sur le marché du travail. Du coup les concours d'entrée dans la police sont pris d'assaut. Sans compter l'expatriation bien sûr. De même, si les anciennes têtes de Turc "du Sud" (Grèce, Espagne) de Berlin tirent la croissance européenne actuelle, je doute que ce qui a été perdu avec la crise ait été ratrappé.
@ Anonyme
RépondreSupprimerExtrêmement réjouissant car ce serait se débarasser de la pire équipe de la Cinquième République. Le pire, c’est peut-être Macron.
@ JZ
Présidentielle après présidentielle, le bloc central s’affaiblit, fortement. Bien sûr, il ne disparaîtra pas, mais la tendance depuis 2007 est claire et nette : l’effondrement.
Si je ne pensais pas que Macron était capable de croire à la victoire, ce que certains proches du pouvoir disent, on aurait pu croire qu’il abandonnait le pouvoir quand cela devenait ingérable, mais je ne crois pas que cela soit le cas : il tient trop au pouvoir, au point de penser à une coalition NFP – Macron- LR…
Le problème, ce sont aussi des analystes à courte vue qui se base sur des moyennes qui cachent des évolutions complètement différentes : aux USA, le revenu moyen a progressé de 13% de 1973 à 2012 avec une baisse pour 90% de la population par exemple… Idem sur l’inflation, qui n’est qu’une moyenne, qui peut varier selon les profils de ménages : le CSP+ parisien qui ne prend pas sa voiture tous les jours, vs une personne qui gagne le SMIC mais habite en périphérie, vit dans un petit pavillon ancien et mal isolé, et qui doit faire 50 kms tous les jours pour aller au travail… La moyenne a son intérêt, mais elle peut être trompeuse.
Nous sommes peut-être devant la pire crise institutionnelle de notre histoire. En effet, si le RN arrive en tête, mais sans avoir la majorité absolue, Bardella refusera Matignon. Le pays sera ingouvernable, sans aucune majorité, et sans possibilité de dissoudre avant un an. La Ve république, qui a été conçue pour éviter les crises ministérielles que l'on a connues sous la IVe, sera prise en défaut. Cette Ve république a été voulue par le générale de Gaulle pour renforcer le pouvoir de l'exécutif, mais on arrive aujourd'hui à la situation paradoxale où le pouvoir est impuissant et bloqué, sans solution. Cela va donner des arguments à ceux qui réclament une VIe république.
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