Les effarants débats des derniers jours sur la situation budgétaire ont du mérite. D’abord, cela discrédite plus que jamais une macronie qui est touchée au cœur de son ADN politique de prétendus bons gestionnaires de notre économie. De l’autre, cela permet de révéler plus encore le positionnement des différents partis, avec un camp présidentiel qui vogue à l’extrême-droite fiscalement.
Entre postures et impostures
Sur le fond, ces hausses limitées sont plutôt habiles : cibler les 0,3% les plus riches n’effraie même pas les lecteurs du Figaro, qui sont plus de 60% à soutenir la mesure. Et une augmentation temporaire et limitée des taxes sur les profits de quelques grandes entreprises semble évidente devant la montagne de profits que réalisent certains secteurs, et les records de dividendes versés aux actionnaires. Bien sûr, ce sont surtout des symboles puisque ce qui sera pris à tous les Français sera bien plus important, mais ce très léger rééquilibrage du poids de l’austérité sur les plus riches peut la rendre un peu plus acceptable et équilibrée. En outre, venant d’un Premier ministre LR, ancien commissaire européen, qui se place plutôt à droite de sa famille, ces choix, plus symboliques qu’autre chose, ne devraient pas susciter d’opposition du camp présidentiel, d’autant plus qu’il est composé de personnes théoriquement plus à gauche.
Mais non ! Gabriel Attal, pourtant ancien socialiste, s’était déjà ému de la perspective d’augmentation des impôts et avait signifié son opposition à une telle idée, avant de se faire moucher par le Premier ministre lors de son discours de politique générale. Il était quand même extravagant qu’un ancien socialiste attaque un homme de droite qui envisage de légèrement et temporairement augmenter les impôts alors qu’il lui a laissé un trou de 50 milliards. Comment peut-il déclarer s’opposer à des hausses d’impôts qui ne toucheraient, très légèrement, que les plus riches ! Son discours n’est qu’une grossière posture qui a tout de l’imposture, tant politique qu’économique tant ces gestes sont limités. Un nouveau signe de l’oligarchisme extrême de la macronie qui ne voit le monde qu’à travers les yeux de la toute petite élite qui sera touchée par les hausses d’impôts envisagées par Michel Barnier et son gouvernement.
Autre imposture effarante : Gérald Darmanin, qui annonce carrément qu’il est prêt à ne pas voter le budget s’il y a des hausses d’impôt, alors que ces hausses ne concernent a priori que les plus riches et les grandes multinationales. Comment peut-il vouloir réconcilier la macronie avec les classes populaires si son premier coup d’éclat est la défense des intérêts des 0,3% les plus riches ? Darmanin aurait dû appeler son mouvement « Oligarchistes » plutôt que « Populaires »… Mais venant d’un personnage qui a fait de son séjour place Beauvau une succession de postures pour les médias, tout en abandonnant les Français à l’explosion de l’insécurité et de l’immigration, sans jamais avoir posé la moindre réflexion solide ou mesure concrète pour traiter ces sujets, faut-il être surpris ? La macronie se résume largement à des ambitieux auto-centrés sans intérêt pour les questions de fond et qui se contentent de postures médiatiques…
Faute de réflexion, les hiérarques macronistes se contentent de nous servir un prêt-à-penser daté oligarchiste, un thatchérisme fermant les yeux sur les ravages provoqués par les politiques du ruissellement et de l’offre. Ce faisant, il suffit à Michel Barnier et LR de prendre des mesures largement symboliques pour apparaître plus modérés que les macronistes, de facto renvoyés à l’extrême-droite économique.
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