dimanche 20 octobre 2024

Le marché de dupes de la vente de Doliprane

Devant la polémique sur la possible vente de la filiale de Sanofi à un fonds états-unien, la présidente de Sanofi France a dit « garantir la pérennité des emplois des sites de production ». Et le nouveau ministre de l’économie a également affirmer que « le Doliprane continuera à être produit en France ». Mais quelle crédibilité accorder à de telles déclarations sachant le lourd passif que la France a dans le domaine ?

 


Les promesses n’engagent que ceux qui les écoutent

 

Il est assez incroyable que la plupart des médias se contentent de rapporter de tels propos sans les mettre en regard des déclarations de nos dirigeants lors des rachats de Pechiney, d’Alstom, d’Alcatel, de Technip, de Lafarge… A chaque fois, nous avons droit au même cinéma de dirigeants qui promettent monts et merveilles à la conclusion de l’affaire, et assurent avoir des garanties, parfois même écrites. Et à chaque fois, quelque temps plus tard, l’acheteur oublie ces déclarations car il n’a que faire des opinions publiques et ne rend des comptes qu’à ses actionnaires, qui veulent rentabiliser au mieux l’opération, souvent au prix du dépeçage de la proie pour maximiser toujours plus sa rentabilité, quitte à fermer des usines qui devaient rester ouvertes. Il y a toujours une bonne justification pour renier ses engagements…

 

Le nouveau ministre de l’économie peut bien dire ce qu’il veut : il ne sera plus en fonction quand le nouveau propriétaire reviendra sur les promesses de maintien de l’emploi et de l’usine. Idem pour la présidente de Sanofi, qui aura touché son bonus, et qui sait que les grandes entreprises ne sont que rarement questionnées par des médias trop dépendants de leurs subsides. Et elle pourra dire qu’elle avait reçu toutes les assurances, mais qu’elle n’est plus aux manettes, à supposer qu’elle soit encore à ce poste. En effet, une telle vente pourrait lui valoir une promotion qui l’éloignerait du questionnement sur le devenir des salariés de sa filiale quand le nouvel actionnaire voudra en tirer toujours plus d’argent… Bref, les défenseurs de cette vente savent probablement qu’ils n’auront pas vraiment à assumer leurs dires…

 

Dans ce cadre, le rachat par un fonds d’investissement états-unien est particulièrement inquiétant. Les fonds d’investissement ne sont généralement que des investisseurs de passage, qui cherchent à revendre au bout de cinq ans en moyenne, en ayant augmenté la rentabilité de leur proie pour pouvoir la revendre plus cher. En clair, tout fonds d’investissement voudra réduire les coûts fortement, ce qui représente une lourde menace pour l’emploi en France. Et la nationalité états-unienne est encore plus inquiétante, car le fonds n’a aucun lien avec notre pays et se souciera encore moins des conséquences sociales en France. En fait, ill ne faut surestimer la capacité de PAI Partners à préserver l’emploi dans notre pays… En outre, nul ne sait à qui le fond français pourrait revendre Opella après 5 ans et ce qu’il en ferait…

 

Bref, alors que les macronistes ne cessent de vanter leur bilan dérisoire sur la réindustrialisation et ont vanté de nombreuses fois notre besoin de souveraineté, notamment en matière sanitaire, ne rien faire est inexcusable. La dernière chose à faire serait de laisser faire le rachat de la filiale de Sanofi par un fonds états-unien, et le gouvernement devrait fermer la porte à une telle issue, comme pour Alstom (sous Sarkozy, une de ses rares bonnes décisions), Danone, ou Carrefour (sous Macron, de même). Cela est d’autant plus urgent que la direction de Sanofi semble vouloir aller dans ce sens, alors que la nouvelle offre de PAI Partners expire aujourd’hui. Laisser faire au nom de garanties totalement illusoires, c’est placer les salariés d’Opella sous la menace de nouveaux plans de coupes de coûts et postes.

 

Tout doit être fait pour bloquer cette vente dangereuse pour la France et les salariés de cette flliale. Et alors que même la macronie n’avait pas laissé faire le rachat de Carrefour par une entreprise canadienne, ce serait un signe extrêmement négatif que ce nouveau gouvernement ajoute un nouvel épisode dans le démembrement de notre industrie nationale avec le fabricant du Doliprane.

5 commentaires:

  1. Il faut arrêter de demander ou de donner des garanties dans un cas pareil: Sanofi est propriétaire et vend à celui qui offre le plus et le nouveau propriétaire fait ce qu’il veut!

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    1. D'après les principes juridiques acceptés dans les démocraties occidentales, la propriété comprend les droits (usus, abusus..) de vendre sa propriété à qui l'on souhaite.
      De surcroît cela fait belle lurette que le Paracétamol, principe actif du Doliprane n'est plus produit en France, où l'on ne fait que le "packager" dans de jolies comprimées et boîtes en carton.
      Il n'y a donc rien de stratégique dans cette vente

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    2. En plus, s'il n'y a pas de promesses, personne ne pourra être déçu si les promesses ne sont pas respectées.

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  2. @ Anonymes

    Sanofi est propriétaire, mais touche aussi beaucoup d’aides, profite de sa position en France. Les droits viennent avec des devoirs, et Arnaud Montebourg avait fait voter un texte permettant à l’Etat d’intervenir en cas de cession de filiale ou de vente à l’étranger. Beaucoup de pays se permettent de refuser des ventes quand cela ne correspond pas à leurs intérêts.

    Le principe actif va commencer à être à nouveau produit en France prochainement et l’usine française de Sanofi doit être un client des usines de principe actif qui vont ouvrir. Voilà pourquoi il est stratégique d’agir.

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  3. "L’usine française de Sanofi doit être un client des usines de principe actif qui vont ouvrir": n'importe quoi, il peuvent acheter ou ils veulent.

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