dimanche 3 novembre 2024

Ce que dit la limitation du périphérique à 50

Dimanche dernier, j’ai pu expérimenter la nouvelle idée de la mairie de Paris, tôt dans la matinée, avec un trafic minimal. L’idée de limiter à seulement 50 kilomètres par heure la vitesse sur un anneau comportant parfois quatre voies, alors que des départementales où les voitures se croisent à 90, sans terre-plein n’en apparaît que plus aberrante, mais aussi très révélatrice.

 


Une mesure arbitraire, autoritaire et xénophobe

 

La baisse de la limitation de vitesse sur le périphérique est une histoire ancienne : auparavant fixée à 90, elle a été abaissée à 80 en 1993, puis à 70 en 2014. Le passage à 50 est complètement aberrant pour une route qui peut comporter jusqu’à quatre voies, avec un terre-plein central protégeant des véhicules circulant en sens contraire. Quand le trafic est limité, c’est vraiment une mesure punitive et arbitraire pour les automobilistes, contraints de rouler à une vitesse complètement décalée par rapport à ce qui devrait être autorisé, notamment à des moments où le trafic est parfaitement fluide, comme cela était le cas un dimanche matin à 8 heures. Comment justifier une telle limite alors que des départementales à deux voies à sens opposé et se sans terre plein central, bien plus dangereuses, sont limitées à 90 ?

 

En réalité, ce n’est pas une mesure qui répond à un quelconque besoin, ou qui a la moindre justification par rapport à la réalité du trafic routier. C’est une mesure purement vexatoire à destination des automobilistes qui empruntent le périphérique, un fait des princes et princesses qui règnent sur l’Hôtel de Ville de Paris, ivres de leur pouvoir. Ils peuvent prendre des mesures complètement arbitraires et excessives et on peut même les soupçonner de prendre un certain plaisir à prendre de telles mesures. Cela révèle une nouvelle fois le caractère volontiers autoritaire et peu démocratique d’un pouvoir qui prend unilatéralement de telles mesures, profondément gênantes pour tous ceux, notamment les banlieusards, qui circulent en dehors des horaires où il y a du trafic, avec une justification rationnelle très faible.  

 

Mais derrière cette mesure, on peut y voir un calcul politique : à peine 33,5% des ménages parisiens possèdent encore une voiture, selon l’INSEE, contre 64,5% des ménages de la petite couronne. Par conséquent, deux tiers des ménages ne sont presque pas concernés par cette nouvelle mesure. La guerre menée par la municipalité actuelle est sans doute loin d’être anodine. En ciblant sans cesse une minorité toujours plus faible des habitants de Paris, elle trouve un bouc-émissaire idéal. Même si une nette majorité des automobilistes parisiens votent contre la majorité sortante, si elle parvient à rassembler une majorité des non automobilistes, elle est gagnante. Et c’est sans doute le calcul à l’œuvre avec cette mesure, absolument pas nécessaire : entretenir la guerre contre les automobilistes et montrer à tous ceux qui n’ont pas de voiture que la mairie de Paris continue de discriminer négativement les automobilistes.

 

Mais ce faisant, comment ne pas être pris de vertige par les façons de faire de cette municipalité qui se dit de gauche. Tant de prétendues valeurs de gauche sont piétinées par de tels choix. Si l’arbitraire du pouvoir est un trait des extrêmes, gauche comprise, cela ne devrait pas le cas d’un centre-gauche modéré qui prétend souvent défendre la liberté, et qui prend des mesures autoritaires et liberticides sans justification forte (le bruit ici). Pire, d’une manière plus globale, se dessine un vrai projet xénophobe visant à discriminer publiquement, et de manière vexatoire, tous les automobilistes, dans le but probablement conscient de s’attirer les faveurs des non automobilistes. Il est assez ahurissant de constater à quel point le centre-gauche prétendument bien-pensant peut produire une telle politique xénophobe.

 

Pour couronner le tout, la nouvelle limitation de vitesse est rabâchée à une fréquence assez redoutable sur le périphérique, une forme d’injonction permanente à se plier à cette nouvelle règle. Difficile de ne pas y voir également une nouvelle forme de la dérive liberticide au nom de notre bien-être (ici, la réduction du bruit est la seule promesse avancée pour justifier ce choix), qualifiée Big mother par certains.

19 commentaires:

  1. L'utilisation du terme xénophobe dans ce cadre est une honte ("La xénophobie est une hostilité de principe envers les étrangers."). Une partie importante de la population française (notamment ceux qui ont voté à l'extrême droite est manifestement xénophobe (et raciste). C'est donc un terme qu'il faut utiliser correctement et uniquement là ou il s'applique.

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  2. La meilleure solution serait de faire comme à Londres: introduire une taxe de 15 Euro/jour pour les voitures pour entrer dans Paris. Ceux qui n'ont pas assez d'argent pourront alors choisir entre: 1. Prendre les transports en commun. 2. Rester chez eux. 3. Gagner davantage.

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  3. L'utilisation du terme "racisme social" qui a été mentionné plusieurs fois ici est aussi une honte: le racisme concerne par définition uniquement les races humaines! Toute récupération de ce terme est inadmissible!

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  4. @ Anonyme

    La xénophobie, c’est l’hostiilté de principe à l’égard de ce qui est étranger. Il n’y a pas d’exclusive au racisme (sinon, l’ajout de ce terme n’aurait aucune utilité). Ici, c’est l’hostilité de principe à l’égard de ceux qui ont des voitures par ceux qui n’en ont pas, orchestrée par la mairie de Paris, qui reprend une recette typique d’extrême-droite. Que l’on cible des personnes d’origine étrangère ou les automobilistes, le procédé est le même… Intéressant de voir à quel point certaines personnes veulent restreindre l’hostilité à l’étranger à la seule hostilité aux étrangers et au racisme, alors que les mêmes mécanismes sont à l’œuvre, soit à l’égard des classes populaires (la xénophobie sociale) ou des automobilistes, dans le cas de la mairie de Paris.

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    1. Vous ne semblez pas connaître les définitions: on peut être xénophobe par rapport à un belge ou un espagnol et raciste par rapport à un africain mais pas l’inverse. La xénophobie s’applique donc pour ceux qui ont une autre nationalité et le racisme pour ceux qui ont une autre race, et rien d’autre !

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    2. La xénophobie se détermine principalement selon la nationalité, l'origine géographique, l’ethnie, la race ( ie : couleur de peau), le faciès, la culture, la religion. Vouloir étendre le sens du mot "étranger" à tout et n'importe quoi (l'automobiliste est un étranger pour le non-automobiliste) n'a pour but que de coller la supposée infamie du terme "xénophobe" à une opposante politique. C'est de la très basse manœuvre. C'est encore pire quand on essaie de justifier cette position.

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    3. L'anonyme est une caricature de la moraline et de la bien-pensance bobo intra-muros.
      La priorité serait de taxer son immonde SUV bien obèse dans lequel il veut rouler seul sans être gêné par les ploucs extérieurs à Paris.

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  5. Cette banalisation des termes « xénophobie «  et « racisme «  est absolument choquante et inadmissible. Parler de xénophobie à l’égard des automobilistes égoïstes qui ne pensent qu’à leur petit confort personnel en négligeant l’avenir de la planète est simplement incroyable !

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  6. @ Anonyme

    « Vous ne semblez pas connaître les définitions » : bonne blague ! Vous en inventez une qui convient à votre interprétation étroite de la véritable défintion « hostilité de principe à l’égard de ce qui est étranger ». La réalité c’est que la xénophobie peut viser tout ce qui est étranger à un groupe. C’est ainsi qu’une partie des élites développe une xénophobie sociale (« les gens qui ne sont rien »), et que l’on peut parfaitement appliquer les mêmes ressorts, plus souvent utilisés contre des extra-nationaux ou des races, dans d’autres circonstances. C’est ce qui s’est passé contre les personnes non vaccinées pendant le covid, ou ce que fait la mairie de Paris à l’égard des possesseurs de voitures.

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  7. Il n’y a pas de “xénophobie sociale “ en France! Au contraire, les classes populaires sont traitées beaucoup mieux que ce qu’elles méritent!

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    1. Macron est l'exemple même de ce qu'est la xénophobie sociale par de nombreuses déclarations (ceux qui ne sont rien, traverser la rue pour trouver un emploi...) Bien des médias versent aussi dans ce travers en stigmatisant de manière caricaturale les classes populaires

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    2. Macron est beaucoup trop diplomatique vis-a-vis des classes populaires. Quand on voit qu'elle votent très majoritairement à l'extrême droite, on ne peut que noter avec effroi la déchéance morale et éthique des classes populaires!

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  8. Introduisons une taxe de 15 Euro/jour pour les voitures pour entrer dans Paris et les problèmes de traffic routier seront largement résolus.

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  9. On apprend la mise en place d'une zone à trafic limité (ZTL) pour les 4 premiers arrondissements parisiens. Le mot "xénophobe" ayant déjà été appliqué à Mme HIDALGO pour la limitation à 50 km/h sur le périphérique parisien, qu'envisagez-vous comme signifiant pour sa ZTL : antisémite ? Avec la varape verbale dont vous êtes coutumier, vous allez bien arriver à justifier cet usage.

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  10. @ Anonyme

    L’antisémitisme est une forme de xénophobie, à l’encontre des juifs. Les ZTL sont simplement une nouvelle forme de xénophobie à l’égard des automobilistes, plus marquée encore à l’encontre des non parisiens.

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    1. Quel honte de banaliser ainsi la xénophobie !

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    2. Vous vous êtes totalement déconsidéré en tentant de justifier votre insulte à l'encontre d'Hidalgo. Votre entêtement est indigne; il montre simplement que vous utilisez les même ressorts que vos collègues politiciens : ne jamais rien reconnaitre. Vous acceptez ainsi de vous voir juger comme eux : déconnectés, sectaires, malhonnêtes. Vous ne devriez pas utiliser le mot "libre" en exergue de votre site : vous ne l'êtes pas, vous êtes prisonnier de votre obstination.

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  11. Ceux qui sont maltraités en France sont ceux qui ont une nationalité étrangère (xénophobie) ou sont de race différente (racisme), mais certainement pas les automobilistes ni les classes populaires !

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