Comme on pouvait le craindre, les mesurettes annoncées en début d’année n’ont pas vraiment changé la vie de ceux qui nous nourrissent, et qui ne gagnent pas justement leur vie. Alors qu’une nouvelle révolte grandit sur fond de négociation d’un accord de libre-échange avec le Mercosur, le traitement des deux informations par les éditorialistes de RTL et de Radio France diverge sérieusement.
Humaniste pragmatique contre oligarques butés et méprisants
D’abord, le très détestable édito éco de Dominique Seux dans la matinale de France Inter. Passons sur le choix d’un tel journaliste pour être la voix de l’économie sur la première radio de France, qui en dit long sur la soumission mentale complète de France Inter à l’oligarchisme le plus obtus. Pour lui, « l’accord Mercosur (est) un coupable idéal ». Il parle d’une « coagulation de raisons diverses pour avoir envie de dire non : ceux qui n’ont jamais aimé le commerce international, ceux qui craignent que notre agriculture y perde, ceux qui n’aiment pas la viande et ceux qui s’inquiètent des pesticides » et parle de bouc-émissaire. Il minore l’impact qu’aurait cet accord en feignant d’oublier que quelques volumes de plus ou de moins peuvent lourdement peser sur les prix, et aboutir à une double peine pour nos éleveurs : perte de volume et baisse des prix. Et vouloir faire croire que notre réindustrialisation passe par le Mercosur est ridicule : toutes les exportations vers l’Amérique hors USA pèse 18 milliards, 0,6% de notre PIB.
Deux jours plus tard, Renaud Dély dans son édito politique sur France Info se demande « pourquoi tous les politiques caressent les agriculteurs dans le sens de la colère ». Les agriculteurs seraient « la seule corporation à jouir d’un tel soutien, dans l’opinion comme chez les politiques (…) Même les accès de violence sont pardonnés ». Et pour lui, « le souci du traitement de faveur accordé aux paysans, c’est qu’il les entretient dans l’illusion d’un monde disparu (…) sans concurrence internationale ». Il conclut en évoquant le « déclin d’une profession en voie de disparition ». Et le lendemain sur France Inter, Patrick Cohen poursuit par une chronique « Colères paysannes, bienveillance générale » et affirme que « quel que soit le gouvernement, le seuil de tolérance aux violences paysannes reste étonnamment élevé ». Au moins, il rappelle les différentiels de normes en pointant les pertes de nos producteurs de noisette, quand la France importe 95% de ses besoins à des pays comme la Turquie, qui utilise 200 pesticides…
Mais ce faisant, ces trois éditorialistes payés par les Français oublient tous de mentionner la souffrance d’une profession précarisée et paupérisée par l’ouverture excessive de notre marché. Un mot sur les revenus très insuffisants très agriculteurs (un tiers gagnant moins de 350 euros par mois) n’aurait pas été de trop. Ils auraient pu parler du succès des produits C’est qui le patron ?, qui garantissent une juste rémunération des agriculteurs. En outre, il est profondément mensonger de présenter l’ouverture des marchés comme un mouvement inéluctable. Bien des pays asiatiques ont réussi à s’ouvrir au monde tout en préservant une protection féroce de leurs marchés agricoles, suivant l’exemple du Japon, qui, plutôt que de se nourrir à bas coût à l’étranger préfère taxer à 300% le riz étranger pour garantir un prix rémunérateur à ses riziculteurs, modèle suivi par bien d’autres pays, de la Corée du Sud à la Chine. Ce n’est pas un monde disparu, c’est une protection qui a disparu de l’UE, et qui peut revenir, hors de l’UE.
Mais ce qui est effarant ici, c’est le traitement méprisant de ce
prétendu service public dont les éditorialistes font quasiment l’oraison
funèbre de nos agriculteurs, présentés comme des délinquants passéistes. Radio
France est une honte qui en vient à me faire
douter de l’utilité d’un service public de l’information. Merci
à François
Lenglet de relever le niveau. Vous donnez envie de revenir sur RTL.
Protectionnisme = protéger ceux qui sont ni performants ni compétitifs.
RépondreSupprimerOn comprend vite qui est pour le protectionnisme par intérêt personnel ou catégoriel....
Ridicule. C'est la raison pour laquelle ce sont les pays protectionnistes qui réussissent. Une économie forte est une économie diversifiée et non spécialisée. Les faits et les chiffres vous donnent tort.
SupprimerCe qui est intéressant, c'est que désormais une partie des comptes X RN sortent du bois et insultent les agriculteurs, traitent de "Ksos" les habitants de la ruralité (j'y au eu le droit).
RépondreSupprimerLa crevure Julien Odoul avec son "j'espère qu'au moins la corde était française' était-il un cas isolé ? En tout cas, ils ne l'ont pas viré, ce qui aurait été la moindre des choses. Et ils ont supprimé de leur programme, depuis les dîners de cons avec Edouard Philippe, tout ce qui ressemble aux idées inspirées par Guilluy.
Il y a une législative partielle dans mon coin dans 8 jours : désormais, j'évoque ces faits avec les électeurs potentiels du RN qui semble être devenu le bouclier de la macronie.
De toute façon, les idées inspirées par Guilluy ne sont pas très intelligentes....
SupprimerHERBLAY
RépondreSupprimerUne tirade agressive contre le Mercosur.
Mais il serait intéressant de mettre sur la table du blog les volumes de produits agricoles intéressés par cet accord.
Combien en pourcentage du marché agricole français ?
Si ce pourcentage se révélait petit, il serait dommage d'en faire tout un... fromage!
Il serait mieux d’avoir beaucoup moins d’exploitations agricoles, mais beaucoup plus grandes, efficaces et performantes. Encore un domaine où le modèle français a complètement échoué!
RépondreSupprimer@ Anonymes
RépondreSupprimerProtectionnisme : préserver sa souveraineté, défendre des savoir-faire, permettre aux Français de gagner leur vie d’une manière suffisante, se protéger de produits de piètre qualité, toxiques et dangereux
Guilluy est un penseur majeur, tant ce qu’il a écrit s’est révélé juste. La France périphérique, c’est la France qui vote RN et aux USA, on retrouve la même chose avec le vote Trump
Sur le bœuf, c’est un quota supplémentaire équivalent à 1,6% de notre consommation. Mais c’est largement suffisant pour faire baisser les prix plus encore, et ce sont encore des volumes de moins
Pourquoi faire des exploitations toujours plus grandes ? La taille poser aussi des problèmes : l’uniformisation des variétés, rendant le système agricole plus sensible aux nuisibles et maladies. Je crois qu’il faut plus s’inspirer des pays qui protègent leur agriculture, comme le Japon ou la Suisse. L’essentiel, c’est la souveraineté, des produits de qualité et la juste rémunération des agriculteurs
La rémunération des agriculteurs est le moindre des soucis: s’ils ne sont pas contents, ils ont toujours l’option de choisir un métier qui paye beaucoup mieux!
SupprimerLa France périphérique qui vote RN est la France de la honte!
Supprimer"un quota supplémentaire équivalent à 1,6% de notre consommation. Mais c’est largement suffisant pour faire baisser les prix"
Supprimerque l'entrée sur le marché de 1.6% en plus de viande de boeuf soit capable de modifier les prix est une hérésie économique qui ne s'est jamais vérifiée dans aucun secteur et que aucun économiste n'oserait défendre.
C'est le gros problème des débats politiques en France: de l'idéologie et de l'idéologie et pas de discussions chiffrées et de sens commun.
A Anonyme24 novembre 2024 à 16:19.
RépondreSupprimerSombre idiot, ils vous nourrissent !
@Troll de 16h19 : par delà le manque complet d’humanisme à l’égard des personnes qui nous nourrissent, comment ferions-nous pour nourrir si une crise arrivait dans un pays qui nous nourrirait ? Votre message est un condensé de bêtise et d’agressivité
RépondreSupprimer@ Troll 17h33 : l’éructation assertive ne démontre rien. Il suffit de peu pour faire baisser les prix d’une matière première. Et même à supposer que cela ne provoque qu’une baisse des prix de 3%, l’addition de l’effet volume et de l’effet prix baisserait de 5% les revenus des éleveurs de bœuf. Etant donnée la détresse de beaucoup d’éleveurs, c’est déjà suffisant pour dire que c’est inacceptable
Le problème c'est que vous avez vous même largement participé à pourrir la vie des agriculteurs en relayant toutes les fakes news anti-pesticides. Résultat, plein de filières françaises mortes suite à l'interdiction de pesticides que la France a décidée TOUTE seule. Sans parler de votre défense de l'étude BIDON, scientifiquement FAUX de Séralini. Bref on ne peut pas avoir le beurre et l'argent du beurre. Vous voulez un agriculture sans pesticides ? Très bien mais alors il faut accepter que celle-ci soit uniquement une agriculture pour une petite élite et que le reste des produits viennent de l'étranger. Car le bio, qui par ailleurs lui aussi utilise des pesticides, n'est pas en mesure de nourrir la population française. Bref inutile de faire croire que vous êtes du côté des agriculteurs quand vous avez largement participé à ce mouvement délirant qui les accuse d'être des empoisonneurs
RépondreSupprimerLes agriculteurs français reçoivent déjà des dizaines de milliards de subventions chaque année et cela suffit toujours pas?
RépondreSupprimerVoilà un grand potentiel d’économies…