lundi 25 novembre 2024

L’Europe, malade de l’UE

Le décrochage économique des pays européens est de plus en plus documenté, y compris dans les grands médias. La réalité a fini par rattraper l’idéologie. D’une part, il est réjouissant de constater que les critiques de l’UE se trouvent de plus en plus fondées et illustrées. Mais de l’autre, notre continent souffre et nos élites sont toujours incapables de faire le moindre mea culpa ou de changer de direction.

 


L’UE appauvrit les pays d’Europe de l’Ouest

 

Le constat est de plus en plus cruel. Les pays du continent européen ne se sont pas véritablement relevés de la crise de 2008-09, alors que celle-ci venait des États-Unis. La promesse de protection des euro-béats s’est non seulement révélée nulle et non venue, mais au contraire, l’UE, et tout ce qui va avec, a enfoncé la plupart des pays du continent dans une forme de stagnation économique dont nous ne sommes pas réellement sortis, si ce n’est quelques années où le contexte était extrêmement favorable (baisse des taux et du prix du pétrole). Il est frappant de constater que les chocs extérieurs sont doublés d’une réplique spécifique à notre continent, et à laquelle les États-Unis échappent. Il y a quatorze ans, ces derniers étaient sortis pour longtemps de la crise, et rien ne les freine depuis la fin de la crise du coronavirus.

 

A contrario, les pays européens avaient affronté une longue crise de la zone euro, de 2010 à 2014, faite de hausse des taux et de plans de refinancement combinés à des plans d’austérité monstrueux dans plusieurs pays. Plus de dix ans plus tard, si les Etats-Unis ont aussi connu un fort rebond temporaire de l’inflation, comme dans l’UE, elle s’est calmée et la croissance reste forte, quand la zone euro a vu sa croissance s’effondrer… La pseudo vertu d’un modèle engrangeant les excédents commerciaux, et plus frugal budgétairement (3,1% de déficit pour la zone euro en 2024, contre 6,9% aux Etats-Unis) semble moins claire aujourd’hui, d’autant plus que le chômage y est plus élevé (6,4% contre 4,1%). Bien sûr, les taux d’intérêt y sont nominalement plus faibles, mais la faible croissance les alourdit.

 

Bref, c’est tout le modèle économique de l’UE qui ne fonctionne pas, comme l’indique la gueule de bois d’une Allemagne qui stagne depuis 5 ans. La quête de compétitivité est destructrice dans un marché sans frontières : la quête du moins-disant social et salarial affaiblit la demande, paupérise la population (comme en Allemagne) et ne permet de développer que des emplois à faible valeur ajoutée, qui pèsent sur la productivité de l’UE. Pire les excédents commerciaux viennent d’abord d’une demande atone, et mettent le continent en position de faiblesse pour négocier des accords commerciaux avec l’extérieur, alors que nos pays sont déjà moins protégés et plus ouverts que la plupart des autres pays, accentuant une concurrence délétère dans un ensemble dont les salaires restent supérieurs à la moyenne mondiale.

 

Pour couronner le tout, l’UE prend des décisions complètement absurdes, comme la création du marché européen de l’électricité, un monstre bureaucratique qui a créé des rentes extrêmement juteuses en montant les prix de l’électricité de manière délirante. Le patron de Michelin pointe le « coût de l’énergie non compétitif » de l’UE comme une des raisons de la fermeture de deux usines en France. Comment espérer garder notre industrie dans de telles conditions ? Loin de nous protéger ou nous aider, l’UE est un boulet pour nos pays, qui, tout à la fois, nous plonge dans une concurrence de plus en plus brutale, avec toujours moins de protection (du fait des traités de libre-échange, comme celui en discussion avec le Mercosur) que bien des autres pays, comme le Japon, la Corée du Sud, la Chine et parfois les Etats-Unis, plus protectionnistes, en nous mettant des boulets aux pieds, avec une énergie artificiellement chère.

 

Et le bilan de cette UE se lit dans les statistiques de l’évolution du salaire médian, bien plus intéressant que la moyenne, actuellement gonflée par l’envolée des plus hauts salaires. Un commentateur du blog avait pointé il y a quelques jours cette statistique pour contredire mon discours. Mais il avait omis de prendre en compte l’inflation. Et les chiffres sur 2000-2024 sont extrêmement parlant : le salaire médian réel a baissé de 21% en France, de 17% en Italie, de 16% au Royaume-Uni, et même de 12% en Allemagne. Il a progressé en Pologne, ce qui n’est pas une surprise, puisque le pays profite de délocalisations et d’une démographie qui soutient l’évolution des salaires. De manière très intéressante, le salaire médian a progressé dans les pays nordiques, où l’État est resté plus présent, et l’ouverture plus modérée, démontrant a contrario la faillite du modèle très ouvert de politique de l’offre et de recul de l’État, comme en France.

 

L’UE mène les pays européens occidentaux vers le naufrage. La course sans fin au moins disant social et salarial de la politique de l’offre est mortifère, comme l’y montre le fort recul du salaire médian. L’UE appauvrit beaucoup d’européens et affaiblit nos pays dans une compétition internationale où elle nous handicape au lieu de nous aider. Il est temps d’en sortir.


1 commentaire:

  1. Article complètement farfelu sachant que les dépenses sociales n’ont jamais été aussi élevés que maintenant. Parler dans ce contexte de moins disant social est simplement ridicule !

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