lundi 2 décembre 2024

Dette de la France : la vraie menace, c’est l’euro, et le bloc central

Cette semaine, le gouvernement pourrait tomber. Les soutiens du bloc oligarchiste ne reculent devant aucune menace pour tenter d’éviter une telle issue, l’influenceuse du Medef, Agnès Verdier-Molinié, décrochant le comble du ridicule en affirmant que cela pourrait donner l’occasion au président de recourir à l’article 16 de la Constitution. Mais la vraie menace pour notre pays, ce n’est pas la censure, ce serait la poursuite des politiques de nos dirigeants, et le maintien du cadre délétère de la monnaie unique.

 


L’euro, doublement responsable de nos problèmes

 

Bien sûr, comme je l’ai développé samedi, nos dirigeants sont largement responsables de l’impasse dans laquelle nous nous trouvons. Et, à ce titre, il est particulièrement révoltant de les entendre appeler à la responsabilité des partis d’opposition, ou à menacer, comme Michel Barnier l’a fait la semaine dernière, d’une grave crise s’il était censuré. Ce sont les politiques qu’ils ont choisies qui nous ont mené, une nouvelle fois, à une grave crise. Et voilà qu’ils nous menacent d’une crise si on ne laissait pas au pouvoir pour gérer, avec les mêmes vieilles recettes du passé, qui ne résolvent rien, la situation dans laquelle ils nous ont mis. Au contraire, nous avons besoin de tourner la page des partis oligarchistes du bloc central, dont l’échec est plus que clair, et passer enfin à autre chose, en espérant que ceux qui leur succèderont sauront sortir du cadre étroit des politiques actuelles qui nous ont menés dans cette impasse.

 

L’hypothèse d’Emmanuel Macron utilisant l’article 16 en cas de censure est ridicule. Nul doute que tous les partis ou presque s’y opposeraient : on peut même se demander si Gabriel Attal apporterait son soutien à une telle manœuvre abusive, pour prendre le minimum de distance avec ce président si impopulaire. La colère des gilets jaunes pourrait n’être qu’un petit mouvement d’humeur par rapport à ce que déclencherait un tel abus de pouvoir, d’autant plus que le président est responsable de la situation actuelle, ayant tout à la fois largement décidé du cap économique de notre pays depuis plus de dix ans et fait le choix de la dissolution qui a ajouté à l’impasse économique une impasse politique. Des censures répétées pourraient au contraire pousser à sa démission, que la seule issue des législatives pouvait justifier. Et la crise actuelle aura le mérite de mener à une clarification politique sur la base de qui censure, ou pas.

 

Mais par-delà la responsabilité globale de l’UE dans l’impasse économique actuelle, il faut aussi souligner le rôle majeur de l’euro. De manière très intéressante, comment ne pas voir dans la capacité des pays nordiques à faire progresser le salaire médian, et ainsi assurer une meilleure répartition de la richesse économique créée, une conséquence de leur moindre intégration économique, la Suède et le Danemark n’ayant pas rejoint l’euro, et la Norvège s’étant carrément abstenue de rejoindre l’UE. A rebours complet de la propagande des euro-béats, ne pas faire partie de l’euro apporte de grands avantages économiques. D’’abord, cela permet une adaptation du cours de la monnaie à l’économie. Il est profondément néfaste que l’Allemagne, avec son énorme excédent commercial, et la France, avec son déficit colossal, aient la même monnaie. Celle de notre voisin devrait s’apprécier, quand la nôtre devrait baisser. La monnaie unique impose une politique taille unique qui ne convient à personne et empêche toute adapation par la monnaie.

 

Deuxième problème posé par l’euro : l’incapacité à mener des politiques de monétisation de la dette publique différente par pays. Libre à l’Allemagne, traumatisée par son passé, d’être très réticente à son usage, mais les autres pays devraient pouvoir suivre l’exemple du Japon. Il est tout de même frappant que constater que le Japon de Shinzo Abe a relancé son économie en 2012, malgré un déficit de 8% du PIB et une dette publique plus de deux fois plus importante que la nôtre. De même, les États-Unis ne se posent pas la question de l’austérité, avec un déficit deux fois plus important que la zone euro. En fait, l’euro pousse intrinsèquement les politiques budgétaires vers une gestion austéritaire. Hors de l’euro, nous pourrions sortir de notre impasse par le haut, en relançant l’économie, avec le soutien de la banque centrale, au lieu de pouvoir couper les dépenses et augmenter les impôts pour réduire le déficit, affaiblissant l’économie…

 

Loin de nous protéger de quoique ce soit, l’euro est un énorme poids pour la France. Non seulement il est trop cher pour un pays comme le nôtre, avec un fort déficit commercial, et il empêche notre monnaie de baisser pour compenser, du fait des excédents des autres membres de la zone euro. Mais en outre, il limite fortement les possibilités de monétisation qui permettrait d’éviter une austérité très destructrice.

11 commentaires:

  1. Vous répétez toujours les mêmes bêtises. La politique monétaire de Shinzo Abe n'a résolu aucun problème. De même, si la France sortait de l'Euro et dévaluerait sa monnaie aucun problème de fond ne serait résolu. C'est vraiment triste de lire de telles bêtises!

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  2. Le vrai problème est que les Français vivent depuis des décennies très loin au dessus de ce qu'ils méritent. Des hommes et les femmes politiques faibles ont été leurs complices en écoutant trop le peuple paresseux et en faisant plein de bêtises, juste parce que les électeurs le demandaient. La vraie solution serait d'ajuster très sérieusement à la baisse le pouvoir d'achat et le niveau de vie de tous les français jusqu'à ce que la dette de l'Etat français soit remboursé. Maintenant il s'agit de trouver un homme ou une femme politique ayant assez de lucidité et surtout le courage pour dire la vérité aux français......

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    1. Je doute que faire baisser le PIB améliore le ratio dette sur PIB. Brüning a essayé cette voie avec les conséquences que l'on connaît.

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  3. Oui c'est toujours la faut des autres, jamais des choix politiques souveraines de la France. C'est vraiment la fin des haricots là. Les haricots bios que vous avez promu pour détruire l'agriculture française

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  4. Je suis d'accord à 80% avec votre analyse, mais :
    1. constater que l'euro est néfaste ne signifie pas qu'il est facile d'en sortir, et on voit bien qu'un 'euroxit' qui était envisagé par certains partis il y a une dizaine d'années ne semble plus à l'ordre du jour aujourd'hui, à l'exception de groupuscules.
    2. On pourrait très bien imaginer, dans le cadre de la zone euro, des politiques monétaires différenciées. La BCE pourrait par exemple racheter la dette de certains états en difficulté sans faire un QE pour l'ensemble des pays de la zone euro.
    3. Le RU qui n'est pas dans l'eurozone a des taux d'intérêt supérieurs aux nôtres.

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    1. 1- En effet, ce n’est plus à l’ordre du jour, mais cela ne signifie pas que cela est difficile d’en sortir (bien des études, que j’ai détaillées, montre le contraire). C’est juste que les grands partis n’ont pas le courage de le défendre, par paresse, et par mauvais calcul électoral, qui en dit long sur leurs convictions…
      http://www.gaullistelibre.com/search?q=euro
      2- Bien d’accord, une autre politique pourrait être menée. D’ailleurs près d’un quart de notre dette publique a été monétisée. Mais l’euro pose un triple problème : d’abord, il impose une politique unique à des pays trop différents pour partager la même monnaie (sans elle, le mark se serait apprécié, et le franc se serait déprécié, ce qui aurait stimulé notre économie). Puis, nous nous alignons sur le plus petit dénominateur commun, souvent tardif et chétif (c’est poussé dans leurs derniers retranchements que les Allemands ont accepté le QE). Et problème fondamental, la BCE est indépendante, ce qui est inacceptable démocratiquement
      3- Juste, mais leur inflation est un peu plus forte, et il est possible que la Banque d’Angleterre pratique davantage la monétisation. Là, il faudrait une étude plus poussée pour étudier cette question

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    2. 1 Si les banques centrales nationales ont été conservées, c'est pour pouvoir revenir en arrière. D'ailleurs quand la planche billets a été activée pour faire baisser les taux d’intérêts, les dettes des états étaient achetées par leur banque centrale respective.
      2 Les politique monétaires différentes ce n'est plus vraiment l'Euro ou le rachat des dettes pourries par les autres pays ne sera accepté que par les pays en mauvaise forme
      3 Le taux sera peut-être par moment plus haut que ce qu'il serait avec le calcul actuel tu taux, mais il sera ADAPTE à une situation donnée et non une moyenne de 20 pays. Les pays n'utilisant pas l'Euro avaient des taux de chômages supérieurs à ceux de l'eurozone au début du siècle, les courbes se sont croisées maintenant.

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  5. @ Trolls : décidément, niveau argumentation, cela ne vole pas haut… « La politique monétaire de Shinzo Abe n’a résolu aucun problème », dites-vous. C’est tout l’inverse.

    En 2012, le Japon avait deux principaux problèmes. Le premier, une incapacité à sortir de la déflation. Et le second : une dette publique très importante. Même si les taux restaient bas et que sa possession, d’abord japonaise, en limitaient les inconvénients, 250% du PIB, cela restait important. La politique monétaire décidée par Abe les a résolus les deux. Le pays est sorti de la déflation. Et aujourd’hui, plus de la moitié de la dette publique du pays est détenue par la Banque du Japon, ce qui signifie que la majorité de la dette du pays est une dette en partie factice, puisqu’elle revient à se devoir de l’argent à soi-même. Plus de la moitié de la dette publique du pays, plus de 100% du PIB de dettes souveraines ont ainsi été rachetées, un cas frappant qui montre qu’une monétisation bien conçue peut ne pas générer d’hyperinflation.

    Enfin, je vous renvoie aux nombreux papiers que j’ai consacré à l’euro et au Japon, parce que quand j’avance quelque chose, je me base sur des faits, je ne répands pas mes humeurs comme vous le faites :
    http://www.gaullistelibre.com/search?q=japon

    Cas assez frappant de haine de ses propres compatriotes. Le simple cas du Japon montre que nous ne vivons pas au-dessus de nos moyens quand on a tous les leviers de politique économique entre ses mains. Discours effarant sur la baisse du niveau de vie. Par-delà le caractère inhumain déjà révoltant, économiquement, cela n’aurait pas de sens, en alourdissant le poids de la dette. C’est tout l’inverse qu’il faudrait faire, comme le Japon, relancer et monétiser.

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  6. Bravo! L'éléphant dans la pièce que personne ne veut voir est enfin désigné: l'euro! Vous nous donnez ce soir un des meilleurs articles qu'on puisse lire en ce moment sur la situation en France. Merci à vous.

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  7. Le mieux serait d’introduire un impôt spécial de 15% sur tous les salaires, retraites, pensions, allocations, revenus de tous les français jusqu’à ce que la dette soit complètement remboursée.

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