dimanche 29 décembre 2024

Le bloc central et LFI offrent la France au RN

Marine Le Pen peut-elle ne pas être élue présidente de la République en 2027 ? Entre le risque d’inéligibilité et sa très relative défaite au second tour des élections législatives, beaucoup d’opposants au RN continuent à fermer les yeux sur une réalité et une trajectoire qui me semble de plus en plus claire : les Français voudront tourner la page du bloc central, et ne choisiront pas Mélenchon

 


Un choix devenu le moins repoussant

 

Bien sûr, le bloc central peut se rassurer avec le second tour des élections législatives de cet été, où le dit front républicain avait permis de contenir la progression fulgurante du RN au premier tour, en coalisant de Mélenchon à Retailleau. Mais le contexte était très différent alors : d’abord, la campagne avait été très courte, laissant finalement peu de temps aux Français pour faire leur choix, et permettant à des accords d’appareil de dernière minute (le NFP, puis les accords de désistement NFP-macronistes-LR) de jouer à plein, sans avoir le temps d’être questionnés. En outre, le RN présentait le très vert Jordan Bardella pour diriger ce grand virage, et les macronistes n’avaient pas encore été déconsidérés plus encore par le fiasco du budget 2024 et la gestion calamiteuse de l’après dissolution. Pour couronner le tout, depuis, le NFP est au bord de la rupture, le PS ayant fini par flirter ouvertement avec le Rubicon macroniste.

 

Pour preuve, ce sondage incroyable donnant Marine Le Pen à 38% au premier tout des présidentielles face à un Attal à 20% et Mélenchon à 12%, ou 36% face à un Edouard Philippe à 25%. D’ors et déjà, le monde politico-médiatique avait oublié un peu vite en juin dernier le coup de semonce que représentait un RN qui avait passé le cap de 30% (alors qu’il n’avait jamais passé les 25%), alors même que les troupes de Zemmour lui constituent une petite réserve. Passer le cap des 35% quelques mois après à peine montre bien que le grand vainqueur des 6 derniers mois est bien le RN de Marine Le Pen, dont l’ascension continue, à une vitesse proprement sidérante. Il n’y a que les chroniqueurs de Radio France, dans leur bulle, pour penser qu’elle a mal géré la censure, alors qu’elle a trouvé une position finalement bien plus habile qu’un Mélenchon, dont les rêves de second tour resteront à l’état de rêve dans deux ans.

 

La raison de ces mouvements est simple : LFI et le bloc central se sont déconsidérés et apparaissent comme finalement plus repoussants que le RN aujourd’hui. Et l’épisode des législatives anticipées va compliquer le dit front républicain, même si on peut penser que nécessité fera loi une prochaine fois, avec un RN encore plus fort. Mais les électeurs de gauche ne vont-ils pas se lasser des contradictions de leurs chefs ? Le PS a fait élire ses députés avec un programme de rupture avec sa pratique du pouvoir de 2012 à 2017, avant d’envisager de vrais compromis, y compris sur les retraites, pour bâtir une majorité avec Macron, avant de finalement dire non à Bayrou. Le pas de deux de la sociale-démocratie va-t-elle achever de la discréditer ou la relancer, et dans quelle alliance ? Un affrontement à la présidentielle pourrait laisser des cicatrices trop vives pour refaire le NFP, surtout avec un Mélenchon affaibli.

 

Outre la fin de course du Lider Maximo français, c’est tout le bloc central qui va aborder 2027 en grande difficulté : incapable de gérer la dissolution, en perdant un temps précieux cet été, incapable de gérer le budget, en mettant la poussière sous le tapis avant les élections européennes et les JO, incapable de s’entendre alors qu’ils font largement la même chose au pouvoir, et dans un contexte économique négatif, avec une remontée du chômage et une politique budgétaire de plus en plus contrainte, son échec semble écrit d’avance. Comment ne pas imaginer que les Français voudront tourner la page du macronisme en 2027 ? Et l’option d’une gauche bicéphale et contradictoire, moitié macron-compatible, moitié mélenchoniste ressort encore affaiblie après une censure qui l’a vu se déchirer. Seul le RN surnage en marquant son opposition tout en défendant ses idées d’une manière plus pragmatique.

 

Marine Le Pen me fait un peu penser au Chirac de 95, méprisé par les élites politico-médiatiques, dont les qualificatifs de facho avaient fini par perdre en force, et dont la persévérance avait fini par toucher les Français. Une seule option me semblerait à même de changer le cours des choses : un large rassembement des souverainistes, autour du Frexit, si possible de Ruffin à Philippot, qui aurait la force de reconfigurer notre débat. Il faut avouer qu’à date, ce n’est pas une option très crédible, malheureusement.

9 commentaires:

  1. MLP en prison et inéligible, c’est le moins qu’elle mérite !

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  2. Un large rassemblement des souverainistes ferait 1%, dans le meilleur des cas!

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  3. Avec MLP elue presidente, il y aurait toujours la Commission Européenne, le Conseil Constitutionnel, le Conseil d’Etat, la CEDH, la CJUE, etc etc pour l’empêcher de faire des conneries et c’est très bien ainsi.

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  4. Fort heureusement qu'une éventuelle présidence et gouvernement RN pourraient travailler à modifier progressivement la composition de ces organismes que vous citez.
    Le RN continuera à progresser dans les sondages tant que la suite interminable de gouvernements d'opérette formés par une macronie ultra-minoritaire ne s'attaquera sérieusement aux quatre problèmes qui angoissent la majorité des français.
    1° le taux de criminalité plus haut d'Europe
    2° l'entrée incontrôlée d'immigrants irréguliers
    3° les déserts médicaux et un nombre de lits d'hôpital par habitant digne des pays africains les plus pauvres
    4° le risque inconsidéré d'être cobelligérante contre la Russie, en dépensant inutilement des milliards qui pourraient être bien plus utiles ailleurs

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    1. Le RN continuera a monter dans les sondages tant qu‘il ne sera pas au pouvoir. Apres, il degringolera de maniere spectaculaire car evidemment il ne reussira a resoudre aucun de ces problemes.

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  5. Le gouvernement Meloni en Italie a pourtant réussi à baisser de 65% le nombre d'immigrés!

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  6. Le RN est désormais adulé dans les médias car il est rentré dans le rang comme parti bourgeois :

    - Abandon des mesures sociales de son programme ;

    - Vote des scories néolibérales et oligarchiques main dans la main avec la macronie à l'AN ;

    - Abandon de leur programme en faveur des services publics, retour à la puanteur pro-Thatcher et Reagan des années 1980 ;

    - Abandon du rééquilibrage territorial en faveur des villages et des campagnes face aux métropoles + Julien Odoul qui ricane du suicide des agriculteurs et n'est même pas viré.

    - Revirement israéliste et zélenskyste. graffiti écrit sur un mur par des crétins du RN : "Hitler s'est trompé d'ethnie".

    - Abandon de la critique de l'UE

    Et des militants de base complètement crétinisés qui n'ont que 3 mots de vocabulaire à tout propos sur les RS : "islamo-gauchiste" et "woke".

    C'est le retour de Monsieur Thiers + base d'abrutis racistes, avinés, abreuvés par C-Niouzes et LCI. On est loin du programme de Marine en 2017 qui avait des accents gaullistes social. Une déchéance qui les rend aussi cons que chez Reconquête et chez l'autre s'pèce de coùnásse de Marion Maréchal avec son école de marketing de mes 2...

    Le système fait désormais de LFI le paria. Reste à savoir ce que cela signifie...

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  7. @ Anonymes

    9h54 : Pourquoi elle, et pas Bayrou, sans parler des innombrables affaires du bloc central…

    9h55 : Un large rassemblement des souverainistes deviendrait une force majeure instantanément si ce rassemblement était large car il reposerait une question fondamentale à laquelle les Français tiennent, et pour laquelle ils sont prêts à changer de vote.

    11h18 : bien d’accord, il y aurait quelques améliorations (c’est ce qui a motivé mon choix de 2022. En revanche, je constate aussi une dérive droitière impulsée par Jordan Bardella et une remise en cause toujours plus limitée du système économique actuel

    12h09 : ce n’est pas le destin de Meloni, ni même de Trump. La faillite complète du bloc central ouvre un boulevard au RN, non seulement une victoire probable en 2027, mais aussi une forme de relative réussite (par rapport au fiasco complet des années Macron)

    @ Rodolphe

    Adulé, c’est un peu fort, voir le tir de barrage assez nourri lors des législatives… Disons qu’ils sont davantage acceptés, du fait, en effet, qu’ils sont rentrés dans le rang sur bien des sujets (euro, UE, système économique) vs l’époque Philippot. Sur les militants, je ne les connais pas suffisamment, mais, avec 31% des voix, j’imagine que la base est très diverse et doit aussi comporter des éléments valables.

    LFI est davantage le paria, mais il faut dire qu’entre la fureur et la colère de JLM & co et la modération presque chiraquienne de MLP, ce n’est pas si illogique. Reste qu’entre les deux tours des législatives, bien des média appuyaient le pseudo front républicain comprenant LFI, contre le RN.

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  8. N’importe quoi : les souverainistes sont des clowns qui ne racontent que des bêtises. Si vous pensez qu’ils seraient soutenus par beaucoup de français, cela veut dire que vous avez une très mauvaise opinion de leur intelligence !

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