dimanche 5 janvier 2025

Le crépuscule suffisant du bloc central

Les premiers jours du gouvernement Bayrou ne risquent pas d’arranger l’image du bloc central. Rien ne semble fonctionner dans ce temps deux gouvernemental post dissolution, de la constitution de l’équipe, à la gestion des premiers dossiers, en passant par l’intervention présidentielle, le tout sur fond d’une actualité bien morne. Pourquoi changer une équipe et une méthode qui perdent ?

 


L’erreur système de la macronie

 

Devant l’impasse de leur politique, révélée par un dérapage budgétaire unique par temps aussi calme, les dirigeants du bloc central pourraient un peu se remettre en cause. En outre, quelques virages stratégiques permettraient de détourner l’attention des basses manœuvres politiciennes à l’œuvre actuellement, avec tous ces présidentiables qui mènent des stratégies purement personnelles de manière égoïste. François Bayrou pensait-il gagner un quelconque crédit à tordre le bras de Macron pour prendre Matignon. Bien sûr, l’impopularité du président pouvait être une circonstance positive, mais même pas : le patron du Modem est devenu le Premier ministre avec la cote de confiance la plus basse. S’il a obtenu ce qu’il voulait, aux forceps, il n’a pas gagné la moindre considération des Français.

 

Pire, en choisisant de se rendre à Pau pour un conseil municipal à l’agenda qui semblait moins prioritaire que celles qui s’accumulent sur son bureau parisien, particulièrement avec la catastrophe traversée par Mayotte, il a donné une mauvaise image de lui, très tôt. Sa place n’était pas à Pau le 16 décembre, mais à Paris et refuser de voir cette grosse erreur le ramène à l’arrogance typique de ce bloc central. Pour couronner le tout, longtemps après, quand il est finalement venu à Mayotte, face aux questions sur le retour du téléphone, Bayrou a trouvé pour seule réponse le déploiement de point Starlink, ignorant les efforts colossaux d’Orange qui avait déjà rétabli 75% de la couverture, au lieu de 25%. Ce faisant, il s’est attiré de nombreux commentaires négatifs, jusque de la part de cadres et dirigeants de l’opérateur…

 

Et ce ne sont pas les ministres qui l’accompagnaient qui allaient arranger les choses. Face à des enseignants désemparés exprimant leurs besoins de manière forte, Elisabeth Borne, la nouvelle ministre de l’éduction nataionale, a coupé court aux échanges, sans montrer la moindre compassion, pour passer à la prochaine étape de son déplacement. Mais la vidéo de cet échange tourne, accentuant encore la distance qui existe entre cette équipe et les Français. Bien sûr, le passage de Darmanin à la justice, en complément de Retaileau à l’intérieur, semble mettre fin à l’opposition entre les deux ministères et pourrait faire penser à un vrai virage sécuritaire. Mais l’ancien locataire de Beauvau est avant tout un homme de postures et de communication, et non un homme d’action, comme le montre son bilan calamiteux… Sans résultats, les Français pourraient bien ne pas être tendres avec ces ministres qui parlent si fort…

 

Cerise sur le gâteau, Emmanuel Macron s’est invité sur nos écrans le 31 décembre, dans un format modernisé et toujours plus communiquant. Mais les effets de forme rappellent que le fond n’y est pas. Le président s’est transformé en commentateur de l’actualité, y compris celle dont il n’était pas responsable. Et, faute de prise recul et de remise en question, il sonnait comme un disque rayé, avec un nouveau pseudo mea culpa, bien léger, et une nouvelle ouverture, non explicite, au référendum. Ce président semble totalement usé et dépassé et ses injonctons à l’unité sont à contre-temps complet. Qu’a-t-il vraiment fait pour rassembler PS et LR dans son équipe gouvernementale ? Il se contente d’injonctions moralisantes à rejoindre un radeau de la méduse qui se dirige vers une grosse tempête sans changer de direction…

 

La fin d’un règne présidentiel peut venir plus tôt que sa fin de mandat. C’est ce qui était arrivé à François Mitterrand, dont le crépuscule avait commencé avant même la très lourde défaite de 1993. Macron semble prendre la même direction : lui et son équipe ne pourront que gérer les affaires courantes d’ici à 2027 sans se remettre véritablement en question. Tourner la page n’en sera que plus facile…

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