mercredi 26 février 2025

Ce que disent les négociations actuelles sur l’Ukraine

Il y a trois ans, hier, la Russie envahissait l’Ukraine. Une guerre qui a fait des centaines de milliers de morts et dont l’issue semblait lointaine avant l’élection de Donald Trump à la Maison Blanche. Il faut reconnaître que depuis son investiture, les choses avancent vite, avec son flot de déclarations fracassantes et souvent effarantes. Mais l’issue semble proche, ce qui en dit long sur le monde, et l’Europe.


 

La fin des illusions multi-latérales de la globalisation

 

Bien sûr, l’échange entre la Russie et les Etats-Unis sur le futur de l’Ukraine, sans ces derniers, ne pouvait que rappeler au gaulliste que je suis les Mémoires de Guerre du Général, évoquant la façon dont les alliés traitaient, parfois très légèrement, notre destin national. En faisant le choix de parler aussi formellement avec la Russie, sans l’Ukraine, Donald Trump donne une prime au plus fort, et indique de facto que c’est l’Ukraine qui est en voie de perdre. Mais ce n’est pas seulement Kiev qui est mis hors jeu, c’est aussi tous les autres pays d’Europe, et notamment de l’UE, tenus pour quantité négligeable. Le rapport de force est clair en 2025 : la Russie de Poutine pèse bien plus lourd que l’UE pour les États-Unis de Donald Trump. Il s’agit d’un renversement géopolitique majeur par rapport à l’administration Biden, confirmé par le vote aligné des USA avec la Russie à l’ONU sur la guerre d’Ukraine de cette semaine.

 

Bien sûr, certains pourront regretter ce changement, et dénoncer l’oubli de ses valeurs par le camp de la liberté et de la démocratie. On pourra rappeler à ceux-là qu’ils ont souvent appuyé des opérations extérieures extrêmement sanglantes, souvent sans véritable justification, aux visées essentiellement impéralistes et dont le bilan quelques années après (en Afghanistan, Irak ou Libye) est calamiteux, notamment pour les peuples de ces pays. Et il n’est pas évident que les pays européens pourraient faire reculer la Russie en Ukraine, par delà les questions que poseraient une forme d’entrée en guerre plus explicite contre une puissance nucléaire comme la Russie. Bien sûr, ce raisonnement peut sembler donner un blanc seing à la Russie pour l’avenir, mais cela est plus complexe car l’Ukraine ne faisait, et ne fait pas partie, de l’UE ou de l’OTAN. L’offensive russe visait pour partie à bloquer l’extension de l’OTAN à l’Ukraine.

 

La guerre menée par la Russie de Poutine n’est pas la guerre de conquête menée par d’autres en d’autres temps. C’est la guerre d’une nation qui défendait des minorités russophones, maltraitées par l’Ukraine, la guerre d’un pays qui s’était vu promettre dans les années 1990, puis lors des accords de Minsk, une limite à l’OTAN et qui voyait cette limite remise en question. Dans un contexte où l’Occident n’a pas su, ou voulu, tendre la main sincèrement et équitablement, à Moscou, nous manquions des cordes de rappel qu’un effacement de l’opposition Ouest-Est aurait permis. Poutine est largement l’enfant de ce que l’Occident a fait à la Russie depuis la chute de l’URSS. Par notre comportement, de l’agenda économique délirant de la transition, qui a enfanté les oligarques, à l’absence de plan d’aide à la transition, au maintien de l’OTAN, et son extension, nous avons largement fait la Russie de Poutine.

 

Et il ne faut sans doute pas croire que la Russie ira beaucoup plus loin. La guerre d’Ukraine a été difficile, même si la Russie l’aborde après trois ans en position de force, contrairement aux prévisions effarantes de certains. Ce pays connaît particulièrement bien les dangers d’une expansion géographique inconsidérée, ayant repoussé Napoléon et Hitler et n’aurait rien à gagner à aller plus loin. L’Ukraine était encore une zone grise que la Russie pouvait encore empêcher de bascule dans le camp occidental sous influence US. Quel intérêt Poutine pourrait-il avoir à aller ailleurs en Europe, en créant un affrontement plus frontal ? A contrario, au-delà du flot parfois délirant de ses déclarations, Trump et les États-Unis ont un intérêt clair à réparer la relation avec la Russie. Le monde bouge, les BRICS recrutent, et ils créent de plus en plus une organisation alternative du monde, où les USA ne seraient plus aussi puissants.

 

C’est bien cette raison, rationnelle et légitime, qui a pu pousser Trump à changer la position de son pays. Les faucons qui semblaient aux manettes sous Biden, poussaient une grande partie du monde à vouloir se détacher des Etats-Unis, et du dollar. En renouant avec la Russie, Trump enfonce un (petit) coin dans les BRICS, d’autant plus que Moscou n’a probablement guère envie de devenir un satellite de Pékin et préfère sans doute une position plus équilibrée, entre les deux, ce qui est aussi l’intérêt de Washington plutôt que le renforcement d’un axe qui pourrait s’opposer de plus en plus frontalement à l’Oncle Sam. Bien sûr, Trump reste impérialiste, comme le montrent les discussions effarantes sur les ressources minières de l’Ukraine. Mais son très relatif isolationnisme peut aussi avoir une justification géopolitique, et pourrait, mieux défendre ses intérêts nationaux en affaiblissant l’axe Pékin-Moscou.

 

Ce faisant, l’UE ne sort pas grandie de l’épisode ukrainien. Ses innombrables paquets de sanction semblent avoir eu un impact négatif plus important sur sa propre économie que sur l’économie russe, ce qui en dit long sur les capacités d’action du machin européen. L’histoire du monde s’écrit sans les pays européens, malgré les déclarations de Macron et compagnie, comme le révèle l’élection de Trump. L’UE n’a aucune capacité d’action autonome des USA, s’étant toujours conçue comme la pointe avancée de la sphère d’influence des Etats-Unis. Et le renversement de la position de l’Oncle Sam démontre son impuissance complète au monde. Même poussés à l’union, la réunion d’il y a une semaine à l’Elysée s’est conclue des prises de position assez contradictoires entre Paris, Berlin et Rome, rappellant les limites structurelles de l’UE. Il n’y a pas d’intérêt général européen, mais des intérêts nationaux très divergeants.

 

Cette guerre d’Ukraine est comme un rappel à la réalité pour les élites occidentales cosmopolites en plein hubris, qui ne voyaient pas de limites à leur agenda, malgré l’échec patent de leur vision finalement impéraliste du monde. Les nations ont surtout des intérêts, qui ne sont pas toujours ceux de ces élites. Et ce faisant, les nations nous rappellent que ce sont elles qui peuvent avoir le dernier mot.

22 commentaires:

  1. Excellent résumé.
    Jamais de Gaulle - qui admirait la Russie et les Russes (mais certainement pas le bolchévisme !) - n'aurait permis que les Anglo-Saxons (ne pas oublier le rôle d'une Grande-Bretagne enragée) fassent en sorte que se déclenche cette guerre fratricide entre Slaves russophones, une guerre visant à vassaliser à outrance l'Allemagne et la France à leurs intérêts.

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  2. Bien sûr que l'invasion de Ukraine est une guerre de conquête. Vous êtes dans le négationnisme ! Et ce n'est pas en rappelant les guerres menées par les Occidentaux que vous pouvez justifier l'injustifiable !

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    1. Franchement, je crains beaucoup pour vous et vos semblables (bellicistes à la petite semaine) la grosse décompensation psychologique. Dans peu de mois maintenant, l'affaire sera enfin pliée : la Russie aura gagné sur tous les tableaux (y compris économique : 5% de croissance le mois dernier en année glissante ; dans les 5 premières nations mondiales dans 20 ans selon CIA - Banque Mondiale - FMI), l'Ukraine utile à nouveau russe, et le croupion restant, infesté de néo-nazis, vidé de ses habitants partis travailler ailleurs et neutralisé pour de bon. Trump, tout content, tentera alors de faire ami-ami avec Poutine contre les Chinois, en quoi il se trompe puisque personne n'a jamais pu faire alliance avec les USA sans en subir, tôt ou tard, les plus graves conséquences.
      Et nous, pauvre Roropéens menés par des zélites zabsurdes, nous allons en subir, nous en subissons déjà les conséquences (énergie follement chère, submersion migratoire, déficits commerciaux et technologiques grandissants)...

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    2. Si le souverainisme consiste à soutenir des dictateurs infâmes comme Poutine et Trump, c'est un peu être collabo, non ?

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    3. Cher Anonyme 2 mars... Trump, un dictateur ? vous avez vu son raz-de-marée électoral ? ...Poutine est certes un autocrate mais pas un dictateur : personne n'obligeait les Russes à aller aux élections où il a été ratifié.. quant à Xi Jing Pin, son parti, le PCC, reprend le mandat du "Fils du Ciel", l'empereur tout-puissant pour autant que le peuple soit "en harmonie". Chine, Russie, deux autocraties, certes, mais qui réussissent, elles, quand nos démocratures (il n'y a plus de démocratie réelle en France, les signes surabondent depuis 2005, la mise au pas des médias, un président élu minoritaire mais tout-puissant, etc.). C'est comme ça, le monde, il faut vous y faire... l'Europe doit d'abord s'effondrer et se débarrasser de ses idéologies délétères droits-de-l'hommistes et libérales-libertaires, avant que de se reconstruire enfin dans la véritable Europe des Nations, chère à de Gaulle dont les principes sont plus que jamais d'actualité...

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    4. (suite 3 mars 7:32) ...oubli du verbe : "quand nos démocratures (........) s'effondrent objectivement"

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    5. Trump a été élu avec 49,80 % des voix et avec une participation de 65%, ce qui fait un peu moins d'un tiers des électeurs. Ce n'est pas ce que j'appelle un « raz-de-marée électoral ». Il faut regarder les faits et les chiffres et ne pas se laisser embarquer dans la propagande.
      Oui, c'est un dictateur en puissance, parce qu'il a contesté les résultats en 2020 et qu'il a tenté un coup d'état avec l'assaut du Capitole. Ensuite, parce que, maintenant, qu'il est élu, il tente d'instaurer un régime illibéral en s'appuyant sur des oligarques comme Musk.
      Quant à Poutine, c'est un dictateur de facto puisque les élections en Russie ne sont pas pluralistes et que les opposants sont persécutés.

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    6. Le système électoral USA est indirect et basé sur les grandes électeurs, le chiffre de 49,8% que vous donnez n'a donc aucune valeur. En tous cas, sa victoire a été beaucoup plus nette de celle de Biden en 2020, qui était en plus entachée d'irrégularités. C'est pourquoi Trump avait alors justement contesté les résultats, comme le fit en 2000 Al Gore, qui eut droit à un mois de recomptages et procédures judiciaires, niés à Trump.
      Je ne commente même pas l'ineptie que le milliardaire Trump, qui aurait eu moyen de financer milices privées et militaires professionnels, aurait tenté un coup d'état avec les personnages folkloriques qui ont manifesté devant le Capitol.
      Les USA un régime "illibéral" (sic!), alors qu'en France on légifère depuis un an à coups de 49/3 ?
      Pour votre information, Musk a contribué à la campagne de Trump avec une donation de $75milion, face au milliard de dollars reçus par Kamala Harris.
      Les élections russes sont aussi pluralistes qu'en France, et également à double tour.
      En 2024 ont participé Poutine, Kharitonov, Sloutski et Davankov, qui ne sont pas du tout persécutés.
      Encore une fois, en France on donne des leçons de libéralisme alors qu'on interdit des télévisions comme C8 et NRJ12.
      Il faut remarquer que Russia Today est interdite en France alors que France 2 t France 3 ne le sont pas en Russie ? Il est où le fascisme ?


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    7. Vous dites des contrevérités : la victoire de Biden en 2020 était plus nette que celle de Trump en 2024. Biden avait obtenu 51,31 % des voix contre 49,80 % pour Trump en 2024. Trump a contesté les résultats parce que ce n'est pas démocrate. S'il avait perdu en 2024, il les aurait encore contestés, cela ne fait aucun doute. Il n'a aucun souci de la vérité, on a pu une nouvelle fois le constater lorsqu'il a affirmé que c'est l'Ukraine qui a déclenché la guerre en 2022.
      Comment pouvez-vous dire que les élections russes sont aussi pluralistes que les élections en France ? C'est invraisemblable. En Russie, les opposants sont emprisonnés ou tués. Vous êtes comme Trump, vous n'avez aucun sens de la réalité et de la mesure et vous dites n'importe quoi.

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    8. "la victoire de Biden en 2020 était plus nette que celle de Trump en 2024. Biden avait obtenu 51,31 % des voix contre 49,80 % pour Trump en 2024."

      Vous ignorez peut-être que le système électoral USA est indirect et ne compte pas le pourcentage de votants, mais celui de grands électeurs donc c'est vous qui dites des contre-vérités.

      En quoi les élections françaises seraient plus pluralistes que les russes ? Les trois adversaires de Putine aux dernières élections n'ont été ni emprisonnés ni tués.

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  3. @LH:
    C'est un conflit dans lequel lorsqu'il y avait eu un traité Russes et Ukrainiens lui avaient marché dessus le lendemain. Un conflit dans lequel la manière dont Gorbatchev a été trompé par l'Oncle Sam (pas d'ex-membres du bloc communiste à l'OTAN si fin communisme soi disant) sert de justification à l'impérialisme poutinien. Un conflit dans lequel l'Ukraine a des exigences impossibles (des missiles à quelques kilomètres de la Russie, c'est du pain bénit comme justification pour Poutine). Un conflit trouvant une partie de sa source sur le fait que les Ukrainiens aient cédé au moment de l'indépendance sur le fait de laisser aux Russes Sébastopol, lieu d'importance historique et stratégique que les Russes ne voulaient pas céder. Le ver était dans le fruit. Et sinon comment Obama avait-il osé qualifier la Russie de petit pays sans penser que ça pouvait avoir des conséquences ? Ce qui est scandaleux pour les Européens dans la Russie, c'est que son destin post-soviétique inflige un cruel démenti à l'idéologie de la libéralisation économique porteuse automatiquement de prospérité économique pour tous et de cheminement vers un libéralisme sociétal.

    JZ

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    1. Cessez de trouver des excuses à Poutine. Ce qu'il fait en Ukraine est criminel.

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    2. Toutes les guerres sont criminelles, celle commencée par Moscou en Ukraine en 2022, celle commencée par Kiev dans le Donbass en 2014 (14mille morts civils tout de même!), celle de Obama en Lybie, celle de Bush en Iraq, celle de Clinton n Serbie etc etc
      Si l'on a les moyen de les empêcher, on le fait, Si on n'a pas les moyens, on subit.

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    3. Le Donbass est ukrainien, cela s'appelle le droit international. La guerre dans le Donbass est une guerre menée par la Russie. C'était le cas en 2014 et c'est toujours le cas depuis 2022. Vous êtes un négationniste.

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    4. Le droit international sur le respect des frontières n'est appliqué ni fait appliquer par aucune entité.
      Nous l'avons vu en Yougoslavie, en Iraq, en Lybie, en Syrie, à Gaza, dans nombre de pays africains, au Kosovo. Alors pourquoi devrait on appliquer en Ukraine ce que l'on n'a pas appliqué en Lybie , en Iraq, en Yougoslavie ?
      Le droit international est (a toujours été) le droit du plus fort. Voulez-vous l'appliquer ? Allez donc au Donbass et tirer sur les russes.

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  4. SolonLePlusSiJeune4 mars 2025 à 14:40

    Les défenseurs de Poutine, vous pensez vraiment qu'une Ukraine intégrée à l'OTAN aurait essayé d'envahir la Russie ?

    Poutine a déclenché un conflit injustifié point. Après on peut reprendre les arguments de l'agresseur pour se donner bonne conscience. On peut aussi considérer que la France et le RU n'auraient pas dû déclarer la guerre au IIIe Reich et que Hitler ne faisait que "se défendre"...

    Mais franchement, après avoir milité pour la sortie de l'euro et de l'UE, je dois bien constater que l'avenir doit être à la fabrication d'une puissance et d'une armée européenne. Croire que Poutine n'attaquera pas la Finlande, la Roumanie et que sais je encore sauf si on dispose d'une armée commune capable de le dissuader relève de la plus grande naïveté.

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    1. La construction d'une vraie communauté européenne de défense n'a pas besoin de Poutine pour être nécessaire depuis toujours. Elle a été négligée par les élites européennes qui ont toujours cru que le parapluie américain suffirait. Le mérite involontaire de Trump est au moins de mettre en évidence leur naïveté atlantiste. Même sous Obama, l'Europe était un objectif militaire secondaire pour la Maison Blanche par rapport à l'Asie. Trump ne fait qu'y aller plus franco.

      JZ

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    2. "Les défenseurs de Poutine, vous pensez vraiment qu'une Ukraine intégrée à l'OTAN aurait essayé d'envahir la Russie ?"

      Une Ukraine intégrée à l'OTAN n'aurait pas envahi la Russie, mais elle aurait réussi à exterminer les russes du Donbass.
      D'après l'ONU les bombardement de Kiev au Donbass de 2014 à 2022 (avant l'invasion russe) ont fait 14mille morts civils.
      Le génocide aurait été perpétré sans que les russes puissent intervenir, à moins de faire guerre à l'OTAN.

      Je vous pose une question.
      Si la Belgique, ou le Canada bombardaient pendant 8 ans leurs populations francophones, en causant 14mille morts, la France ne ferait rien du tout ?
      Et si le Mexique entrait dans une alliance militaire avec la Russie pouvant donc installer des missiles nucléaire à la frontière du Texas, les USA ne feraient rien du tout ?
      Vous avez la réponse dans l'histoire, en 1962 les russes commencèrent la construction de missiles à Cuba. La réponse immédiate des USA fut une action militaire de blocus de l'île.

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  5. En lisant certains commentaires, je me surprends à regretter l'obligation du service militaire...Je suppose que les soutiens à la poursuite de la guerre et surtout l'indifférence seraient beaucoup plus modérés par la crainte d'être mobilisé pour un conflit qui ne nous concerne que de très loin ,la Russie peu peuplée ne peut absolument pas envahir l'Europe...L'"Europe "unie était soi-disant une promesse de paix;;;alors comptez les conflits souvent très lointains auxquels elle a été mêlée...L'afghanistan menaçait-il d'envahir l'Europe?????

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  6. Personne ici ne soutient Poutine. Mais certains ont la mémoire de la manière dont des dirigeants peu recommandables se retrouvent transformés en nouvel Hitler au nom d'intérêts géopolitiques/économiques américains. Saddam Hussein étant l'exemple le plus connu. A côté de cela il y a des figures pas plus recommandables que Poutine jamais élevées au statut de Mal absolu par les médias parce que, par exemple, le pays qu'elles dirigent est un allié stratégique des Américains (Arabie Saoudite...). L'Arabie Saoudite est-elle plus respectueuse des droits des femmes, des LGBT..., plus démocratique que la Russie? Ni la Chine ni les pétromonarchies ne sont pointées comme l'incarnation du Mal pour des raisons économiques évidentes. Condamner l'hubris d'un dirigeant russe ne signifie pas forcément être dupe d'une certaine "fabrique géopolitique du Méchant".

    PS: Sinon rien à voir mais l'UE n'aurait jamais dû accepter les anciens membres du Pacte de Varsovie. Mais fallait faire plaisir à Berlin...

    JZ

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  7. Laurent Herblay7 mars 2025 à 18:56

    @ Anonyme 8h04

    Je maintiens : « la guerre menée par la Russie de Poutine n’est pas la guerre de conquête menée par d’autres en d’autres temps ». Au cas où vous ayez raté la référence, je parle d’Hitler, ou même de Napoléon, et des guerres de conquête sans fin qu’ils ont menées…

    Trump, dictateur ? Il a assez largement gagné le vote populaire et les électeurs lui ont également donné la Chambre et le Sénat. Après, d’accord, il détruit certains contre-pouvoirs ce qui affaiblit son narratif de défenseur de la liberté, mais c’est un point que j’avais anticipé, et déjà dénoncé. En effet, il a des tendances autocratiques, mais il n’est pas un dictateur. Il ne faut raconter n’importe quoi. Il n’a pas tenté un coup d’état avec l’assaut du Capitole : ses partisans ont mené un assaut essentiellement symbolique contre le Capitole, qui n’avait rien d’un coup d’état. Le pouvoir n’a pas été renversé et ne risquait pas de l’être.

    Faux sur la victoire de Biden en 2020 : elle se joue à quelques dizaines de milliers de voix près seulement. La victoire de Trump est bien plus confortable en 2024.

    Soit dit en passant, il est toujours intéressant de se poser des questions sur ce qui peut mener un pays à déclencher une guerre d’invasion sur un autre. Ce n’est pas chercher des excuses, c’est chercher à comprendre. C’est plus compliqué que découper le monde en méchant et gentil, et cela permet de progresser

    @ JZ

    Bien d’accord, les accords ont été violés de part et d’autre et certaines demandes (l’OTAN pour l’Ukraine) ne sont pas acceptables. La Russie de Poutine est le produit de ce que l’Occident a fait à ce pays depuis 35 ans.

    Rappel intéressant de ce qui s’est passé dans le Donbass. Avez-vous des références relativement neutres et largement acceptées sur le sujet ?

    Bien d’accord : personne ne soutient Poutine ici. Nous cherchons juste à avoir une discussion qui dépasse le stade du méchant / gentil. Et je suis bien d’accord pour dire que le traitement de la Russie pose question quand nos pays sont aussi indulgents avec des pays comme la Chine ou l’Arabie Saoudite…

    @ Solon

    Je n’ai jamais dit qu’une Ukraine intégrée à l’OTAN aurait attaqué la Russie.
    Je pense qu’il est intéressant de comprendre pourquoi la Russie a pris une décision si grave, et je pense malheureusement que l’Occident a une part de responsabilité non négligeable dans le choix de Poutine.
    Une armée européenne est illusoire : le plus petit dénominateur commun est l’OTAN. Il faudrait acheter des F35… Et bien des pays n’ont pas du tout la même vision des choses.
    Emmanuel Todd rappelle que la doctrine militaire de la Russie est claire : les délires sur une invasion de la Finlande ou de la Roumanie ne sont que des illusions complètes. Il y avait des raisons pour aller en Ukraine, pas pour aller dans ces deux autres pays. Et la Russie n’aurait sans doute pas les moyens humains et techniques pour faire cela (elle est bien placée pour savoir qu’aller trop loin mène au désastre).

    Suite demain...

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  8. J'avais bien compris vos références, et je maintiens de mon côté que la guerre de Poutine est une guerre de conquête. Il veut reconstituer l'empire soviétique. Il y a eu la Géorgie en 2008, la Crimée en 2014, la tentative d'envahir toute l'Ukraine en 2022, et nous savons bien qu'il ne s'arrêtera pas là.

    Vous dites que Trump n'est pas un dictateur en puissance, pourtant, vous reconnaissez qu'il détruit les contre-pouvoirs... Il y a deux façons de devenir un dictateur : un coup d'état immédiat, et un grignotage progressif des contre-pouvoirs et des libertés politiques. C'est la seconde méthode qui a permis à Poutine de devenir le dictateur qu'il est aujourd'hui, et Trump suit son modèle.

    Sur les scores de Biden en 2020 et de Trump en 2024, je vous invite à regarder les chiffres. Biden a obtenu 51,31 % des voix et Trump 49,80 %.

    https://fr.wikipedia.org/wiki/%C3%89lection_pr%C3%A9sidentielle_am%C3%A9ricaine_de_2020#R%C3%A9sultats

    https://fr.wikipedia.org/wiki/%C3%89lection_pr%C3%A9sidentielle_am%C3%A9ricaine_de_2024#R%C3%A9sultats

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