lundi 31 mars 2025

Auto : les USA taxent l’UE, l’UE subventionne Tesla…

La semaine dernière, une nouvelle succession d’information est venue montrer toute l’absurdité du machin européen. Au même moment où Donald Trump annonçait une taxe de 25% sur les véhicules importés, dont les constructeurs européens seraient les premières victimes, l’UE validait le pool d’émission qui permet à Tesla de toucher des milliards de crédit des autres constructeurs.

 


L’UE : entreprise de destruction des pays européens

 

Bien sûr, les méthodes de Donald Trump sont brutales et bien de ses annonces sont hautement critiquables, mais pour le coup, vouloir rééquilibrer le commerce extérieur de son pays est un objectif juste. Il n’est pas sain pour un pays d’importer sans cesse bien plus qu’il n’exporte. Cela doit bien sûr prendre en compte l’ensemble des échanges, et il faut bien sûr considérer les échanges de service, positif dans le cas des États-Unis. Mais l’importance de l’industrie automobile fait qu’il est légitime de vouloir équilibrer ou protéger ce seul domaine. C’est d’ailleurs un pilier du modèle de développement de certains pays asiatiques (Japon, puis Corée du Sud, puis Chine aujourd’hui), qui ont fait de ce secteur un fleuron de leur économie, en se protégeant fortement pour permettre l’explosion de champions nationaux. De fait, ces pays ferment leur marché national aux importations, notamment en provenance des États-Unis.

 

Si le marché européen est généralement ouvert, les normes spécifiques européennes, plus contraignantes que les normes étatsuniennes, expliquent en partie que si les pays européens, essentiellement l’Allemagne, vendent beaucoup de voitures outre-Atlantique, l’inverse n’est pas vrai. L’ampleur du déficit commercial des USA vis-à-vis de l’UE dans ce domaine justifie en partie les mesures de Donald Trump. Mais dans ce bras de fer commercial, l’UE se révèle d’une impuissance effarante. A quoi bon unir nos politiques commerciales pour soit-disant peser davantage, si c’est pour s’aplatir comme nous le faisons. Et pour répondre aux mesures du président des États-Unis, outre des mesures dans des secteurs où les échanges se font en faveur des USA, il serait parfaitement possible d’agir sur les crédits réglementaires qui enrichissent Tesla depuis des années : ils représentaient près de 40% des profits de l’entreprise en 2024.

 

En effet, outre les subventions aux véhicules électriques, les malus des véhicules thermiques, les taxes sur l’essence, et les restrictions à la publicité sur le thermique, l’UE a ajouté un mécanisme technocratique redoutable. Elle fixe des objectifs d’émission particulièrement strictes, en baisse tous les ans, et des amendes colossales pour qui les dépasse, en fonction des volumes. C’est ce mécanisme qui aurait pu coûter la bagatelle de 15 milliards d’euros aux constructeurs en 2025 ! Ce dispositif favorise outrageusement les nouveaux constructeurs (Tesla et chinois), qui, en faisant le pari de l’électrique, échappent à toute amende, au contraire des constructeurs historiques européens, d’autant plus que les consommateurs européens ne se convertissent pas aussi vite aux véhicules électriques. Pire, jamais réticent à des schémas complexes, l’UE permet aux constructeurs de se grouper pour minimiser les amendes. C’est au titre de ce schéma que Tesla a touché des milliards des autres constructeurs en crédits réglementaires.

 

Dans un contexte de crise du secteur automobile, l’association des constructeurs européens avaient demandé une réforme des règles pour 2025, largement durcies. L’UE a annoncé une maigre réforme, instituant une moyenne de 2025 à 2027. Mais en réalité, c’est tout ce dispositif qui devrait être supprimé. Et sachant qu’il représente la grande majorité des 2,76 milliards de crédits réglementaires touchés par Tesla en 2024, un tel choix aurait montré aux USA que l’UE peut mordre dans le bras de fer imposé par Donald Trump. L’impact sur les profits de Tesla, dont l’action est malmenée depuis le début de l’année, aurait porté un nouveau coup majeur à l’entreprise d’Elon Musk, qui vit en partie des règles délirantes conçues par l’UE, qui imposent à Stellantis de subventionner Tesla pour réduire des amendes provoquées par le comportement des clients européens, qui tardent un peu trop à se convertir à l’électrique.

 

Que ce soit pour alléger le fardeau règlementaire de nos industriels pour affronter la concurrence, ou répliquer à Donald Trump, l’UE devrait mettre fin au dispositif d’amendes pour dépassement des émissions des véhicules vendus. Nous sommes le seul continent au monde qui persiste à pénaliser ses propres industriels et favoriser les étrangers quand Washington rejoint la logique protectionniste asiatique.

20 commentaires:

  1. Sur les droits de douane voulus par Trump deux choses sont à souligner :
    1° Les droits de douane sont toujours mauvais, comme l'ont prouvé à volonté Adam Smith, et bien d'autres. Mais seulement quand tous les pays jouent le jeux du libre marché, sans subventionner et aider leurs producteurs, sans introduire de normes contraignantes. Autrement cela devient un jeu de dupes, où les entreprises aidées gagnent toujours, en s'imposant sur le marché, ou grâce au béquilles de leur état. Dans ce cas, les droits de douane se justifient parfaitement

    2° Le consommateur français qui achète un produit USA paie 20% à l' état français au titre de la TVA , et 80% au producteur USA
    Le consommateur USA qui achète un produit français paie 100% au producteur français.
    A parité de tout le reste, les producteurs français peuvent extraire du marché USA beaucoup plus que les producteurs USA ne le peuvent du marché français
    Trump ne veut que rééquilibrer cet état des choses, manifestement déloyal.

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    1. Adam Smith et "la main invisible du marché" ! Quand on en est réduit à ce genre d'argument c'est qu'on a rien prouvé ! Par contre c'est une "théorie" qui arrange bien les partisans du "tout marché", un peu comme celle du "ruissellement" (jamais prouvée non plus!). On "oublie" trop souvent que l'économie n'est pas une science dure, contrairement à ce que beaucoup prétendent, prétention non dénuée d'intérêts.

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    2. Merci pour votre attention.
      Certes, l'économie n'est pas une science, c'est plutôt de la philosophie.
      Il reste que l'appropriation par l'état français (à travers la TVA de 20%) des prix de vente, impose à l'état USA une pareille appropriation à travers des droits de douance équivalents

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  2. Un pays qui voudrait équilibrer sa balance commerciale, au lieu d’introduire des taxes, devrait améliorer sa compétitivité par exemple en réduisant significativement les salaires!

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    1. Le plus simple serait de ne pas payer les travailleurs, on réduirait ainsi le "coût" du travail et on diminuerait drastiquement les importations.

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    2. Oui bonne idée!

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    3. Réduire les salaires signifie réduire la demande de biens produits par les entreprises, et en définitive l'argent qui retourne aux entrepreneurs grâce à la vente de leurs produits

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    4. Non, si on exporte 90% de sa production, la demande interne n’est pas un problème!

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    5. quels pays exportent 90% de leurs production ?

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  3. @ Anonyme 20h06

    1- Faux : c’est le protectionnisme qui a permis aux pays de se développer, comme même The Economist le reconnaît : http://www.gaullistelibre.com/2013/07/quand-le-modele-asiatique-contredit-le.html
    2- Faux encore : il y a aussi une TVA aux USA, donc la situation existe aussi outre-Atlantique
    @ Anonyme 21h47

    Sûr que baisser les salaires permet de réduire sa consommation, et donc les importations. C’est la voie prise par l’UE en un sens. Mais outre le caractère particulièrement inhumain et antisocial de cette suggestion, si tout le monde fait cela, tout le monde s’appauvrit et tout le monde perd

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    1. Il ne s'agit pas de baisser les salaires pour réduire les importations mais pour être compétitif dans la compétition mondiale!

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    2. 1 Nous avons déjà échangé sur le "protectionnisme asiatique" et ses merveilleux effets sur le Japon, en récession depuis 40 ans

      2. C'est vous qui avez faux. Pas de TVA aux USA. Il existe seulement une "sales tax" qui ne concerne que la vente finale (pas les intermédiaires) et qui ne représente que quelques %, sauf certains états où elle est de 0%. Une TVA européenne à 6%, je dirais oui. (et Trump aussi sans doute).

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    3. "Il ne s'agit pas de baisser les salaires pour réduire les importations mais pour être compétitif dans la compétition mondiale!"

      dans un libre marché, personne n'empêche personne de baisser les salaires, et payer par exemple un chirurgien de clinique privée, ou un ingénieur ou un trader au SMIC.
      Le seul problème sera de trouver preneur pour ces postes

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    4. Laurent Herblay12 avril 2025 à 09:56

      @ Anonyme

      C’est une course sans fin extraordinairement malsaine et antisociale pour les pays dits développés

      Le protectionnisme asiatique, c’est l’ascension économique du Japon, de la Corée du Sud, puis la Chine : la démonstration de son efficacité est éclatante. Sur la performance du Japon, avant même le rebond permis par les Abenomics, The Economist pointait que sur la décennie 2000, la croissance du PIB par habitant du Japon était plus forte qu’aux USA et dans l’UE. Et le Japon a amélioré sa performance depuis…
      http://www.gaullistelibre.com/2011/12/un-autre-regard-sur-la-crise-japonaise.html

      Et pourquoi donc baisser la TVA ?  

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    5. "The Economist pointait que sur la décennie 2000, la croissance du PIB par habitant du Japon était plus forte qu’aux USA"

      Propos à peine croyable dont je n'ai pu trouver la source dans votre message (le lien que vous avez posté renvoie à un thread de votre blog où il n'existe qu'un lien au site Economist en accès payant).
      Ce que je sais est que d'après ChatGpt le PIB du Japon est passé de 4968B USD en 2000 à 4070B USD en 2024, alors que le PIB USA est passé de 10252B USD en 2000 à 29185 USD en 2024
      Tout commentaire ultérieure me paraît superflu

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    6. Laurent Herblay12 avril 2025 à 18:36

      ChatGPT : vous êtes presque convaincant...
      Encore une fois, The Economist avait pointé que la faible croissance du Japon doit être mise au regard de sa démographie, et que, prise en compte, la performance économique du pays est en réalité bien meilleure qu'on ne le pense. Cela était dit en 2011, avant même le rebond des Abenomics.
      Votre chiffre doit être regardé à Parité de Pouvoir d'Achat car les prix ont beaucoup augmenté aux USA comparativement au Japon dans la période et le dollar s'est renforcé par rapport au yen

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    7. Jr crois plutôt qu'on échange la cause avec l'effet.
      Ce n'est pas la démographie défaillante à provoquer des mauvais chiffres de PIB, mais plutôt le mauvais fonctionnement de l'économie à saboter la démographie, avec des Japonais(es) trop surmené(e)s et découragé(e)s pour faire et élever des enfants.
      Quoiqu'il en soit, la société japonaise ne fonctionne pas bien.
      Ceci dit, la TVA au Japon a un taux faible de 10%, ce qui autorise une consommation solide.
      Quant aux services publics japonais, en France on en rêve.

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  4. parce que comme le producteur peut choisir le pays où vendre pour cher les marchandises produites dans le pays à bas salaire, également le travailleur peut choisir le pays où vendre pour cher sa propre force travail

    Et la compétitivité de vos bas salaires se brise contre le manque de main d' œuvre qualifiée.
    Combien d'ingénieurs et médecins manquent en France ?

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  5. "Et pourquoi donc baisser la TVA ?  "

    Parce que c'est la plus injuste et la plus contre-productive des taxes.
    Elle ne tient pas compte de la capacité contributive de chacun, comme si l'on exigeait une dure journée de labour dans les champs de la part de tout un chacun, les jeunes athlètes comme les vieilles infirmes.
    Elle soustrait d'importantes ressources à la consommation et au retour dans le cycle productif pour les égarer dans les méandres de la bureaucratie en encourageant le gaspillage et les mauvais investissements publics.

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    1. La TVA est en effet injuste! Si vous achetez une voiture de 100000 Euro, vous payez beaucoup plus de TVA (en Euro) que si vous achetez une voiture de 20000 Euro. On pénalise encore une fois ceux qui ont rempli leur contrat social, cad s’enrichir légalement!!!

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